Publié le 9 Avril 2024

YAN T1, une musique qui n’adoucit pas vraiment les mœurs

Après avoir passé de nombreuses années entre les barreaux pour des crimes qu’elle n’a pas commis, la jeune Yan Tiehua devenue adulte n’a qu’une obsession en tête, celle de retrouver le ou les assassins de sa famille alors sociétaire de l’illustre troupe de l’Opéra de Pékin et de les venger et ce, à n’importe quel prix !

Comment réagir après un procès sommaire puis un emprisonnement au secret dans un centre pénitentiaire de recherche ? Pourquoi et pour qui a-t-elle servi de bouc émissaire et que représentait sa famille d’artistes pour avoir été froidement éliminée ?

C’est ce que va chercher Yan, tout au long de ce triptyque en y mettant toute son énergie et son intelligence. Grimée et revêtue du costume théâtral traditionnel comme l’étaient les membres de sa famille, Yan n’a pas l’intention de faire dans la dentelle et gare aux maîtres chanteurs qui risquent d’y laisser des plumes. L’enquête va apparaitre quelque peu compliquée mais pour Yan, sa détermination reste indestructible.

Avec ce premier tome d’un prometteur triptyque, l’auteur taiwanais Chang Sheng bouleverse les codes du Seinen en projetant son héroïne dans un univers pékinois entremêlant avec talent un théâtre hyper classique avec un univers ultra-moderne, voire désaxé. Le récit s’avère rythmé avec des dialogues percutants voire grossiers quand le besoin s’en fait sentir, concentré sur Yan et sa détermination à obtenir toutes les réponses aux questions qui l’obsèdent depuis son drame personnel.

Le dessin hyperréaliste et fouillé de Chang Sheng entraine le lecteur dans un décor urbain au rythme du scénario, c’est-à-dire tout aussi trépidant. Les courses-poursuites comme les échauffourées semblent tout droit sorties d’un polar en noir et blanc.

Alors, prêt(e)s à suivre la belle Yan dans les dédales de Pékin ?

YAN T1 Chang SHENG collection Seinen Éditions GLÉNAT 352 pages, 14,95 €

Bernard LAUNOIS

 

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 8 Avril 2024

3ème BULLES EN VILLE 2024

Pour Bulles de Mantes, les années impaires sont celles consacrées à son grand  festival biennal Bulles de Mantes sur le Parc des expositions de Mantes-la-Jolie. La 9e édition en juin 2023 n’a laissé que des bons souvenirs, et la BD, on en redemande.

Alors en 2024 année de transition, place à Bulles en Ville le salon BD qui se tient dans le centre ville, histoire de ne pas frustrer les Mantais et ne pas les laisser privés de l’ambiance des dédicaces qu’ils aiment tant.

Donc re-belote, ce 3e Bulles en Ville aura lieu toute la journée du 27 avril 2024 et reprendra la même formule que les précédents : 12 à 15 auteurs BD répartis en trois endroits du centre ville dans deux rues piétonnières, la rue de Colmar devant la librairie Tonnenx et la rue du Vieux Pilori devant la librairie L’Illustrarium, et enfin sur le parvis de la Médiathèque Duhamel dans le parc derrière la mairie.

Et de nouveau trois expositions BD en plein air devraient être présentées, réparties dans les trois quartiers de Mantes-la-Jolie, une au centre ville, une autre à Gassicourt, et la troisième au Val Fourré et que nous développerons dans un prochain post.

Enfin, comme nous l'avions organisé au premier Bulles en Ville, en partenariat avec l'association Cœur de Mantes, un concours dénommé Chasse aux livres.

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 6 Avril 2024

DELTA BLUES CAFE, un retour salutaire dans le pays du blues

Mais que diable Laup, jeune acteur noir de Antilles Française auréolé dans son rôle de Robert Johnson, allait-il faire dans ce bled du Mississipi sinon rencontrer le professeur Gordon Kyle Moore qui a critiqué ouvertement sa prestation ?

N’avait-il pas bien joué le rôle du célèbre musicien ? A l’issue de la projection du film Laup veut en avoir le cœur net en s’entretenant avec ce vieil homme blanc, spécialiste des musiques afro-américaines du début du XXème. Hélas, la rencontre n’a pas lieu car le vieil universitaire quitte la réunion de manière tonitruante. Vexé et contrarié, Laup n’en reste pas là et décide d’aller à la rencontre de ce vieux bougon pour arriver à avoir le fin mot de l’histoire.

Seulement, le bougre s’avère d’un abord difficile et la seule solution que trouve Laup pour l’amadouer, c’est de le suivre dans ses pérégrinations pour récupérer des vieux disques oubliés, au risque d’avorter sa campagne de promotion.

Les voilà donc sur les routes du Mississipi qui ont vu vivre bon nombre de bluesmen à commencer par Robert Johnson. Et alors qu’ils se rendent au Delta Blues Café, haut lieu des fans de blues et tenu par l’incroyable Jezie, le professeur demande à faire une halte auprès d’un personnage tout aussi grincheux que lui. Que veut-il à ce dernier, pourquoi s’emporte-t-il comme il a pu le faire lors de ses premières rencontres avec Laup ? Au fil de leur périple, Laup arrivera peut-être à comprendre les raisons de l’accueil désagréable qu’il avait reçu.

Quel plaisir de retrouver le duo formé par le scénariste Philippe Charlot et le dessinateur Miras pour cette sixième collaboration ! Abordant des thèmes comme la passion de la musique, les amitiés et puis l’état du Mississipi, berceau du blues, leur album ne laissera pas indifférent les lecteurs.

Si bon nombre de bandes dessinées consacrées au blues s’évertuent à être éditées en noir et blanc, on ne peut pas en dire autant de Delta Blues café dont les couleurs éclatent de la première à la dernière page.

Enfin, on attribuera une mention spéciale au cahier qui clôt le volume, rendant hommage aux personnages qui ont existé à la période où est située la fiction des auteurs.

DELTA BLUES CAFE Philippe CHARLOT/MIRAS collection Grand Angle Éditions BAMBOO 72 pages, 16,90€

Bernard LAUNOIS

 

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 3 Avril 2024

LA ROUTE, un chef-d’œuvre incontournable de la noirceur pour une remarquable adaptation

L’apocalypse s’est déversée sur cette bonne vieille Terre qui ne ressemble alors plus qu’à un amas de cendres et où la mort se retrouve à chaque coin de rue. Au début du récit, on ne sait encore ce qu’il reste comme survivants sinon, a minima, un père et son fils qui décident de fuir l’endroit où ils vivent pour le Sud, avec peut-être l’espoir d’y trouver une terre nimbée de clarté. Il faut dire qu’il n’existe plus que des dégradés de gris. Et, c’est flanqué d’un caddie rassemblant ce qu’il leur reste qu’ils entreprennent de prendre la route vers le Sud.

Dès les premiers kilomètres, les ennuis commencent et ce dont le père est intimement convaincu, c’est qu’ils ne vont aller que de Charybde en Scylla. Le froid, la faim, la fatigue sont le lot quotidien des deux pauvres hères qui tentent de survivre dans ce cloaque où finalement, ils finissent par tomber sur des myriades de sauvages prêts à en découdre pour assouvir leur faim quitte à dévorer leur prochain.

« Aller droit dans le mur », voilà peut-être la phrase qui pourrait le mieux qualifier l’œuvre de Cormac Mc Carthy, et d’autant plus quand l’auteur Manu Larcenet met en images cette histoire post-apocalyptique.

Depuis Blast, son mythique quadriptyque et l’adaptation de Le rapport de Brodeck, Manu Larcenet apparait au sommet de son art mais c’était sans compter sur La Route remarquablement adapté qui, tout en respectant le texte de Cormac Mc Carthy, apporte un supplément d’âme notamment dans les silences si pesants qui en disent long sur l’état de souffrance des deux personnages.

Grâce à un dessin hyperréaliste, le lecteur se retrouve rapidement immergé dans l’atmosphère irrespirable qui transpire dans chaque case allant jusqu’à le mettre mal à l’aise. L’auteur Manu Larcenet réussit à retranscrire le moindre souffle, la moindre émotion avec son trait ciselé, tel un scalpel qui tranche dans le vif des émotions.

Quelle claque en lisant cet album qui devrait assurément faire date dans le monde du 9e art !

LA ROUTE Cormac MC CARTHY/Manu LARCENET Éditions DARGAUD 160 pages, 28,50 €

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 2 Avril 2024

Londres, septembre 1940 alors que les bombardements font rage, la jeune Mary de retour d’une pension écossaise échappe aux accompagnateurs, allant à la recherche de sa maman qui devait la récupérer.

Elle tombe devant un vieux monsieur dénommé Isaac et celui-ci s’enquiert instamment de connaitre les raisons de la course effrénée de cette gamine sur les trottoirs de Londres. Alors qu’il tente de la rassurer et de prendre la mesure de l’évènement, la sirène d’une alerte aérienne retentit à leurs oreilles, les incitant à se réfugier dans le métro, abri le plus proche.

Les voilà assis dans les couloirs du métro, blottis l’un contre l’autre et Isaac pour calmer les angoisses de Mary et créer diversion, décide de lui narrer un conte fantasmagorique qui tourne autour de l’arbre aux mille couleurs qui se coloriseraient grâce aux oiseaux se posant sur ses branches. Il faut souligner que le vieil Isaac est un jardinier londonien en retraite et que toute sa vie a été consacrée à la nature et l’importance qu’elle revêt dans une métropole. Mary ne tarde pas à être subjuguée par le récit d’Isaac et finit par oublier, ne serait-ce qu’un instant, les affres du Blitz qui sévit sur Londres.

Les demandes réitérées auprès de Scotland Yard pour savoir si la mère de Mary s’est manifestée auprès des autorités pour la perte de sa petite fille restent vaines et Isaac s’avère décontenancé, se demandant ce qu’il va bien pouvoir faire de cette enfant apeurée.

Après l’excellent La Fée assassine scénarisé par Sylvie Roge, son épouse, Olivier Grenson s’empare de fort belle manière du récit touchant d’une rencontre improbable entre cette enfant et un vieillard qui pourrait être son grand-père. On s’émouvra de la complicité qui va naitre entre les deux êtres, l’insouciance de l’enfance transportée par le conte et la dure réalité de la guerre que la vieillesse tente de faire oublier par sa fiction.

Les dialogues forts sont remarquablement mis en images, et Olivier Grenson emporte le lecteur dans son univers féérique contrastant avec une ville vivant aux rythmes des bombes. Clairement, une belle réussite comme sait si bien le faire cet auteur.

LE PARTAGE DES MONDES Olivier GRENSON éditions LE LOMBARD 240 pages, 25,90 €

Bernard LAUNOIS

 

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 2 Avril 2024

TROMPE-L’ŒIL, un coup à ne pas se voir en peinture

L’adage dit que l’on ne choisit pas sa famille, mais qu’on choisit ses amis et cette maxime pourrait aller comme un gant à ce polar plutôt bien ficelé.

À peine sortie de prison, voilà que Jade n’a pas compris la leçon, ne rêvant que de casses du siècle avec toute l’adrénaline que ça engendre et surtout l’oseille que cela doit rapporter. Et c’est avec une ancienne codétenue, son amie Fiona et avec la famille de celle-ci, les Williams  qu’elle va revenir à ses premières amours et ce, dans une histoire de tableaux volés. Tout semble aller comme sur des roulettes, mais Fiona a bien l’intention de la jouer en solo avec la complicité de son père, un faussaire repenti, en multipliant les copies pour les revendre en sous-main, au nez et à la barbe de la famille Williams jusqu’au grippage de la belle machinerie.

Comment va réagir la famille Williams quand elle va se sentir dupée ? Que penser du rôle de son amie Fiona ? Et au-delà, comment concilier des êtres que tout oppose, les caractères comme les attitudes face à des situations inattendues ?  C’est ce que le scénariste Damien Martinière s’attache à montrer en plantant un tableau guère reluisant où les ambitions de chacun sont tout aussi démesurées et où le maitre-mot, c’est de réussir à s’élever dans l’échelle sociale quitte à marcher sur les plates-bandes des autres.

Avec des dialogues enlevés où la violence omniprésente tranche avec des situations parfois cocasses, le suspens ne cesse d’aller crescendo jusqu’à son funeste dénouement.

Le dessin semi réaliste et plutôt coloré de Paul Bona s’avère efficace notamment en adoucissant les situations souvent grinçantes.

TROMPE-L’ŒIL Damien MARTINIERE/Paul BONA Éditions JUNGLE RAMDAM 128 pages, 19,95 €

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 27 Mars 2024

QUELQUE CHOSE DE FROID, comme dans un film noir

Ohio 1936, la prohibition fait rage et son lot de truands en tous genres gravite autour du pactole que représente notamment l’alcool prohibé.  Après avoir trahi le parrain de la pègre de Cleveland, Ethan Hedgeway n’a eu d’autre solution que de quitter au plus vite Cleveland pour le Mexique. Il n’a pas pu, hélas, prendre sa femme avec ses bagages et… Celle-ci lui revient en petit morceaux.

La vengeance est un plat qui se mange froid et n’ayant pas l’intention de laisser ce crime impuni Ethan revient sur le terrain pour en découdre. Il est vite repéré par la police, qui espère lui soutirer un maximum d’informations et l’installe dans un piteux hôtel, un établissement qui recélant des personnages tout aussi insolites les uns que les autres et surtout Victoria Jordan, une captivante unijambiste qui ne le laisse pas indifférent.

Son retour s’avère éclipsé par d’autres faits divers qui défrayent la chronique et sèment la panique dans le quartier pouilleux de Kingsbury Run, avec la découverte de cadavres mutilés qui seraient l’œuvre d’un tueur en série.

Sans se départir de la mission qu’il s’est fixée, Ethan se débarrasse des sbires de Milano en s’inspirant des méthodes du tueur en série mais ce dernier ne va-t-il pas réagir face à cette concurrence effrontée ?  Ethan va-t-il pouvoir étancher sa soif de vengeance ?

Philippe Pelaez sert au lecteur un scénario bien ciselé et tout aussi tranchant que les surins utilisés par deux individus qui sèment la terreur dans Cleveland. Avec un suspense sans cesse grandissant, des dialogues alertes, teintés de cynisme, Philippe Pelaez tient en haleine et avec brio le lecteur.

Quant au dessin, il s’avère à la hauteur de l’intrigue, bien noir et remarquablement exécuté par Hugues Labiano qui s’est emparé du récit de fort belle manière : un trait réaliste pour les personnages comme pour les décors, qui donne l’impression de se retrouver avec bonheur dans un film des années 60. Les couleurs de Jérôme Maffre complètent le tableau en renforçant le côté sordide de l’histoire.

QUELQUE CHOSE DE FROID Philippe PELAEZ/Hugues LABIANO/ collection 24X32 éditions GLENAT 64 pages, 15,50 €

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 25 Mars 2024

Il Y A LONGTEMPS QUE JE T’AIME, mais peut-être pas toute l’éternité

C’est par « jamais je ne t’oublierai » que se complétait le refrain de la chanson A la claire fontaine mais qu’en est-il dans ce récit remarquablement mis en scène et en images par Marie Spénale ? La vie s’avère parfois bizarre et ses aléas la transforment dans des proportions souvent inattendues.

Alors qu’Annie vit en couple depuis de forts longues années, voilà qu’en naviguant avec Alain son mari, elle tombe du bateau et se retrouve seule naufragée sur une ile déserte. Enfin, pas tout à fait puisque qu’un jeune indigène dans la fleur de l’âge y séjourne également. Passée la panique de devoir se débrouiller sans son mari auquel elle pense bien souvent, elle décide de découvrir l’ile mais aussi le jeune autochtone puisque les chances d’être repérée par quelque embarcation s’avèrent bien hypothétiques.  

Le quotidien se révèle ponctué par la recherche de nourriture, la construction d’un abri pour faire face aux tempêtes récurrentes mais aussi l’apprentissage entre ces deux êtres que semble tout opposer à commencer par la différence d’âge, la culture et le langage qui ne peut s’effectuer que par celui des mains puisque le jeune éphèbe ne parle pas.

Les jours s’égrènent et plus le temps s’écoule, moins elle pense à Alain son mari sinon pour se questionner sur son couple et particulièrement sur l’emprise qu’a son conjoint sur elle. Et si la rencontre de ce jeune homme pour lequel elle éprouve une forte attirance lui donnait l’occasion de vivre rien que pour elle ?

La scénariste Marie Spénale plante avec justesse le décor de son récit sur une ile (presque) déserte lui permettant de placer Annie, son héroïne, dans une situation peu ordinaire, propice à la fois à la réflexion sur sa place dans son couple mais également au présent qu’elle est bien disposée à croquer à pleine dent.

Le dessin réaliste et les couleurs de Marie Spénale ne sont pas en reste pour dynamiser le récit, le rythmant tantôt par des couleurs plutôt flashy sur cette ile apparaissant paradisiaque et tantôt des couleurs sombres matérialisant la nuit, propice à l’introspection et à l’intimité.

IL Y A LONGTEMPS QUE JE T’AIME Marie SPENALE collection Nouvelle signature Editions CASTERMAN 128 pages 24,00 €

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 23 Mars 2024

WHISKY SAN quand la ténacité finit par payer

Concevoir du whisky au pays du soleil levant relève de la gageure et c’est pourtant l’intention de Masataka Takersuru, alors héritier d’une prestigieuse lignée de brasseurs de saké.

Mais d’où vient cet engouement pour une boisson honnie par son père car issue d’un pays étranger qu’il considère comme décadent ? En partie grâce à son grand-père qui lui en a parlé alors qu’il l’avait apprécié quelques années plus tôt, mais surtout après l’avoir goûté en cachette avec le fils d’un futur doctorant écossais venu faire sa thèse sur l’économie portuaire au Japon.

Masataka intègre rapidement la distillerie de saké de son père et ne tarde pas à faire sa fierté car il a développé très rapidement ce que l’on appelle un nez, capable de trouver tous les ingrédients et les saveurs en humant et goûtant les breuvages qu’on lui présente à l’aveugle.

Mais ce talent, il n’a pas l’intention de l’exercer pour la boisson nationale mais plutôt pour le fameux whisky qu’il rêve de produire sur ses terres, au grand dam de son père qui le chasse de chez lui. Dépité mais tout autant déterminé, il décide de faire équipe avec Shinjiro Torij un marchand de vins et spiritueux tokyoïte mais ce dernier, voyant que les qualités du jeune homme risquent de lui porter ombrage, décide de faire cavalier seul. Que faire alors sinon de se lancer seul dans l’aventure en rejoignant l’Ecosse pour apprendre à distiller le breuvage qu’il affectionne tant ? Ne va-t-il pas retrouver sur sa route son ex-associé ?

Les scénaristes Fabien Rodhain et Didier Alcante distillent un récit plutôt intéressant, ne serait-ce que pour faire découvrir ou rappeler que les Écossais n’ont pas l’apanage du meilleur whisky et qu’à force de ténacité mais aussi d’opportunité, on finit par arriver à ses fins. Le scénario s’avère limpide, permettant de suivre pas à pas le cheminement de ce Japonais qui n’a pas hésité à s’intégrer en Ecosse à une période où la démarche était loin d’être commune.

La dessinatrice espagnole Alicia Grande, découverte en France avec son dessin réaliste sur le diptyque Retour de flammes, s’attache avec talent à mettre en image le récit avec des décors fouillés, et le lecteur prendra plaisir à suivre les aventures de ce diable de Japonais tant sur sa terre natale que dans la vieille Europe.

WHISKY SAN Fabien RODHAIN/Didier ALCANTE collection GRANDE ANGLE Éditions BAMBOO 136 pages, 24,90 €

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 20 Mars 2024

URBANCE T1 De l'amour à la haine ou son contraire, qui sait ?

Quel avenir pour une population interdite de plaisirs charnels sous peine d’en perdre la vie ? C’est le triste constat que des insulaires font alors qu’un virus affecte l’ensemble de la population.

Alors que faire, s’insurger, braver les interdits au risque d’en payer cash les conséquences ? Toujours est-il qu’une haine farouche entre les hommes et les femmes s’est instaurée au point de séparer physiquement les deux sexes avec un mur a priori infranchissable.

Prévue en quatre tomes, la série démarre sur les chapeaux de roue avec un premier album où l’auteur Joël Dos Reis Viegas campe très rapidement le décor de Neopolis : sur cette ile urbaine maudite les protagonistes s’organisent sous forme de milices pour protéger chacun leur territoire et au-delà pour cultiver la haine qu’ils éprouvent envers le sexe opposé.

Que ce soit Junk Town, celui des garçons ou Tech city, celui des filles, les deux territoires abritent de jeunes adultes toujours prêts à en découdre mais… Pas tous ! Kencell, le DJ plutôt rêveur se réfugie dans la musique pour oublier ce monde de violence et Lesya, récemment intégrée dans la milice des « sœurs » n’aspire qu’à ce que l’on lui foute la paix.

Qu’adviendra-t-il d’eux alors que ces deux êtres apparaissent complétement décalés par rapport à l’ambiance délétère qui règne de chaque côté du mur ?

Avec un dessin aussi vif que le récit, l’auteur Joël Dos Reis Viegras transporte le lecteur dans un univers urbain aux relents apocalyptiques où évoluent des personnages tout aussi atypiques les uns que les autres et qui n’en sont que plus attachants.

Enfin, bonne nouvelle pour ceux qui ne se seraient pas encore faits au sens de lecture des mangas, les éditions Ankama éditent ce récit à la manière européenne.

URBANCE T1 JOËL DOS REIS VIEGAS collection Ankama Manga Éditions ANKAMA 192 pages, 7,95 €

Bernard LAUNOIS

 

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