coup de coeur bernard launois

Publié le 4 Décembre 2024

LE PÈRE LACHAISE, « Chat » alors, s’il m’était conté

Rares sont les personnes qui n’ont jamais entendu parler du célèbre cimetière du Père Lachaise. Mais combien en connaissent l’origine et l’histoire des personnages célèbres qui y reposent ?

Fort de ses trois millions de visiteurs par an, ce cimetière parisien fait partie de ceux qui sont les plus arpentés. Mais assurément, ceux qui en ont fait leur terrain de prédilection, ce sont bien les chats gambadant parmi les 70 000 concessions que compte le célèbre cimetière. Aussi, c’est sûrement une des raisons pour lesquelles le scénariste Sébastien Floc’h a tenu à ce que cet animal familier soit le fil rouge des seize récits qui composent ce collectif.

De François d’Aix de la Chaize qui aura donné son nom au cimetière au chanteur des Doors Jim Morrison, une des tombes les plus visitées depuis son enterrement le 7 juillet 1971, le scénariste Sébastien Floc’h fait (re)découvrir la vie de seize pensionnaires qui ont atterri dans leur dernière demeure dans l’une de ces concessions. En retenir seize parmi les 500 recensées n’a pas dû être simple mais celles-ci, par leur niveau de célébrité, leur parcours parfois atypique, leur sépulture parfois insolite, les profanations diverses et variées que certaines ont pu subir ou encore la manière dont elles sont célébrées journellement, s’avèrent un choix des plus judicieux.

Énumérer les seize dessinateurs qui ont agrémenté les récits et ce, de fort belle manière, n’aurait guère d’intérêt dans ces propos car l’important reste de se délecter de leurs illustrations.

Que ce soit au niveau du scénario ou du dessin, cet album collectif ne laissera pas le lecteur indifférent, en l’instruisant, en l’intriguant, en l’amusant mais certainement en lui donnant l’envie d’arpenter les allées d’un cimetière hors du commun.

LE PÈRE LACHAISE Légendes, célébrités et sépultures insolites Sébastien FLOC’H/COLLECTIF Éditions DELCOURT, 162 pages, 23,50 € (13/11/2024)

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 1 Décembre 2024

JAADUGAR, LA LEGENDE DE FATIMA, sur les traces des femmes mongoles dans l’histoire

Déportée de Perse et vendue comme esclave alors qu’elle n’est encore qu’une enfant, Sitara s’avère ne pas être née sous une bonne étoile pour prétendre à une vie de petite princesse. Néanmoins, cela pourrait être pire car la famille qui désire l’acquérir a bien l’intention de lui apporter une bonne éducation afin qu’elle puisse servir ses maîtres et qui sait, en tirer un bon parti. Seulement, c’est sans compter avec le caractère de la bougresse qui, sous ses airs de gentille petite fille, cache un fort caractère, refusant la famille notamment parce qu’elle n’a pas l’intention de servir de singe savant.

Il suffira, par contre, de quelques jours auprès de ses nouveaux maîtres et plus particulièrement Mohammed, le plus jeune d’entre eux, pour lui faire comprendre que sa seule planche de salut réside dans l’apprentissage du savoir. Commence alors une formation des plus rigoureuses afin notamment d’être à même de réciter le Coran mais aussi de découvrir la science et l’art grâce à la lecture de livres détenus par ses maîtres savants.

Avec ce premier opus d’un triptyque, on découvre la relation que tisse Sitara avec son entourage et plus particulièrement avec Fatima, sa maîtresse qui va rapidement l’intégrer dans ses activités journalières jusqu’à se fasse entendre le bruit des bottes et son cortège de malheurs. Quel avenir pour Satira et Fatima alors que leur ville ne tarde pas à être assiégée ?

S’appuyant sur des faits historiques, l’auteur Tomato Soup fait revivre au travers de son manga les conditions de vie au XIIIème siècle au sein de l’empire Mongol et plus particulièrement celles des femmes, dans un récit mis en valeur par un dessin semi-réaliste de bon aloi.

Une belle intrigue, sur fond historique, qui mérite d’être découverte. 

JAADUGAR, LA LEGENDE DE FATIMA T1 Tomato SOUP, collection Seinen Éditions GLENAT 10,95 € (18/09/2024)

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 17 Octobre 2024

L’HÉRITAGE  FOSSILE, en route pour un aller simple

Un vieillard amoindri escorté d’une jeune enfant arpente un terrain des plus hostiles qui pourrait s’apparenter à un désert, balayé par les vents. Ainsi débute le récit qui se situe quelques 20 000 ans après le départ de la navette L’Héritage one pour rejoindre l’exoplanète Geminae. À son bord, quatre astronautes, Ryoko, Chana, Onye et  Reiz leur commandant, un milliardaire philanthrope, sans oublier la myriade d’embryons humains destinés à naitre sur Geminae. Seulement, comment rejoindre cette planète susceptible de pouvoir accueillir des humains après un voyage de 20 000 ans ? La solution réside alors dans l’utilisation de la biostase qui permettra de mettre l’équipage en léthargie avec des réveils tous les 25 ans afin de s’assurer que tout se passe bien dans la navette. Sauf que ce serait trop simple si le voyage se déroulait sans anicroche raconte Reiz, le père de Nova, la jeune enfant qui l’accompagne alors dans ses pérégrinations sur Geminae.

Qu’a-t-il pu se passer pendant tout ce trajet, que sont devenus les compagnons de Reiz ? Des questions que Nova ne pourra s’empêcher de poser…

Si le scénariste Philippe Valette nous a habitués au récit humoristique là, le registre ne s’inscrit pas dans la franche rigolade. Mais ne boudons pas notre plaisir de découvrir un scénario de science-fiction plutôt bien ficelé où la grande aventure promet son lot de surprises avec des retournements de situation et ce, jusqu’au mot fin.

Alors, à l’heure où le secteur privé s’engage à coup de milliards dans la course effrénée de la conquête spatiale pour des raisons assurément mercantiles, Philippe Valette amène le lecteur à s’interroger notamment sur le devenir de telles entreprises. Mais c’est aussi une réflexion sur l’avenir de notre planète et cette soif de découvrir, qui sait, un monde meilleur à des milliers de kms.

Développés et réalisés comme un film, le script comme le dessin donnent la belle impression que l’on va pouvoir prolonger l’aventure sur la toile. Avec une réalisation totalement numérique, le dessinateur Philippe Valette transpose ses personnages dans un paysage en 3D avec des passages hyperréalistes que ce soit dans les tempêtes de sable sur Geminae que dans le vaisseau spatial, rendant le récit encore plus envisageable mais aussi plus terrifiant.

Assurément, un des meilleurs romans graphiques d’anticipation de cette année à dévorer sans plus attendre.

L’HÉRITAGE FOSSILE Philippe VALETTE collection Neopolis Éditions DELCOURT 288 pages, 34,95 €

Bernard LAUNOIS

 

 

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Publié le 13 Octobre 2024

D’ORS ET D’OREILLERS, un conte bien singulier et pas si enfantin

Pour devenir la future épouse de Lord Handerson, rien n’est plus simple que de passer une nuit seule dans son château de Blenkinsop. Mais quel curieux stratagème que de proposer de coucher seule dans un lit perché si haut et à quel dessein ? Toujours est-il que toutes les prétendantes se voient renvoyées dans leurs foyers, sans aucun commentaire car elles ne font pas l’affaire sauf… Sadima, simple femme de ménage qui réussit l’épreuve.

Comment a-t-elle pu réussir ce test quand toutes les jeunes filles de bonne famille ont échoué ?

Mais à peine remise de son succès, voilà qu’elle apprend que cet exercice n’était qu’un hors-d’œuvre et qu’il va lui falloir franchir deux autres étapes pour se faire passer la bague au doigt. Reste à Sadima à poser ses conditions pour tenter les nouvelles épreuves, car elle est attendue pour faire la bonniche et voudrait des assurances d’être reprise par sa patronne à son retour si elle n’était pas retenue.

Voilà un bien singulier conte écrit par la romancière Flore Vesco, intrigant où le fantasmagorique a toute sa place. Alors que l’on s’attend à une histoire bien gentillette, le lecteur va très vite s’apercevoir qu’il n’en est rien et découvrir que les rôles de chacun des protagonistes ne sont pas toujours établis.

Initialement paru aux éditions de l’École des Loisirs, ce roman de littérature jeunesse qui s’adresse plutôt aux adolescents et aux adultes a remporté un fort succès à sa sortie. Il arborait une couverture illustrée par la dessinatrice Mayalen Goust, et l’on se doute que sa lecture avait suscité en elle un intérêt tout particulier au point de le mettre maintenant en image et ce, de quelle manière !

La dessinatrice Mayalen Goust nous a déjà ravis par ses séries Kamarades ou encore La Guerre de Catherine mais cette fois, son dessin casse, avec talent, les codes de la bande dessinée en s’affranchissant des cadres traditionnels, déroutant ainsi le lecteur autant qu’a pu l’être Sadima, l’héroïne du roman dans sa découverte du château et de ses habitants. Quelle sensualité dans ce dessin remarquablement mis en couleurs qui colle parfaitement au récit de Flore Vesco et à n’en point douter, cet opus devrait donner envie de (re)lire le roman.

D’ORS ET D’OREILLERS Flore VASCO/Mayalen GOUST Éditions RUE DE SEVRES 184 pages, 20,00 € 18/09/2024

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 10 Octobre 2024

LES ENFANTS DE L’EMPIRE, une adolescence bien singulière

Issues de la noblesse coréenne déchue et heureusement sauvés de la misère et de la déchéance, le jeune Jun Seomoon et sa mère doivent leur salut au riche marchand Monsieur Jo qui décide de les accueillir sous son toit avec sa fille unique Arisa.

Si Jun reçoit par sa mère, une éducation coréenne des plus traditionnelles, on ne peut guère en dire autant pour Arisa, attirée par les cultures japonaises et occidentales. Adulée par son père qui n’a plus qu’Arisa, celui-ci s’avère plutôt permissif tant sur les tenues vestimentaires que sur les fréquentations et le fossé entre Jun et Arisa ne va tarder à se creuser. Difficile de réunir ces deux univers diamétralement opposés, entre une Corée paysanne emprunte de coutume, souvent pauvre et une Corée tournée vers l’avenir, aisée.

Jun se sent redevable auprès du père d’Arisa et développe un sentiment d’infériorité, d’être un « bouseux » comme il le dit et surtout quand il se sent incapable de faire face à Arisa, cette jeune effrontée mais tellement attachante mais plutôt insouciante dans sa manière de vivre.

Après l’excellent Ciel pour conquête l’autrice coréenne Yudori nous gratifie d’une belle romance adolescente, sur fond de l’histoire d’une région qui va basculer dans la modernité.

Avec des dialogues souvent vifs qui témoignent de la fugue de la jeunesse qui les animent, ces deux adolescents que tout sépare mais également que tout rapproche, apparaissent comme chien et chat. Au travers de leur histoire, c’est tout un pan de la Corée où tradition et modernité s’affrontent que l’autrice fait découvrir au lecteur.

Bien mis en images et en couleurs, le trait fin et précis de Yudori sert parfaitement le récit dans le premier opus prometteur de ce diptyque.

LES ENFANTS DE L’EMPIRE YUDORI Hors Collection Éditions DELCOURT 224 pages, 19,99 € 09/10/2024

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 8 Octobre 2024

MITSUO, un émouvant voyage en monde intérieur

Sacha a décidé que sa vie tournerait autour de Mitsuo, sa bande dessinée préférée mais ce choix s’avère incompatible avec une scolarité dite normale. Alors que peuvent faire des parents désemparés lorsqu’on les convoque pour les inciter à mettre Sacha dans un établissement spécialisé car l’Éducation Nationale n’a pas les structures pour le prendre en charge ?

Si Malo, le père de Sacha, semble résolu à l’envoyer dans un établissement spécialisé, il n’en est pas de même pour Emma, sa mère qui refuse de voir son fils abruti par des médicaments et sans perspective d’avenir.

Emma reste convaincue que Sacha a besoin de vivre pleinement dans son univers d’enfant et que la seule planche de salut, serait pour elle de tenter de rentrer dans le monde de son fils pour mieux pouvoir l’en sortir ensuite. Elle décide alors de s’enfuir quelques jours avec Sacha pour vivre une expérience qu’elle espère salutaire pour tous. Elle est hébergée par une grand-mère qui comprend rapidement le désarroi d’Emma alors que Sacha vit dans son monde, et tout le monde joue le jeu pour s’intégrer dans l’univers de Sacha.

Seulement, le retour à la réalité va revenir comme un boomerang, cette absence injustifiée dans l’établissement spécialisé ne tardant à déclencher la machinerie administrative…

Le scénariste Jérôme Hamon aborde avec délicatesse et poésie un thème rarement évoqué en bande dessinée, les TDHA (troubles de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) qui handicapent les enfants atteints par leur impossibilité de rentrer dans le moule d’une scolarité traditionnelle et qui plongent les parents dans la culpabilité et la volonté de faire que leur progéniture puisse être comme leurs petits camarades. C’est aussi un plaidoyer pour qu’enfin, les moyens soient donnés pour que notre système éducatif puisse intégrer ces enfants et accepter qu’il leur faille plus de temps pour s’épanouir au sein de ces structures.

Entre rêves assumés par Sacha et réalité non acceptée par Emma, Jérôme Hamon entraine le lecteur dans leurs mondes jusqu’à que soit dévoilées à la fin du premier tome de ce diptyque les raisons qui expliqueraient son état.

Qui de mieux pour rentrer dans cet univers que le dessinateur de la série jeunesse La boite à musique que Jérôme Gillet, alias Gigé. De l’univers fantasmagorique de Sacha à la triste réalité des parents qui doivent faire face aux troubles de leur enfant, Gigé magnifie le récit avec son dessin alerte, sans parler d’une mise en couleurs chatoyante.

Une belle réussite pour ce premier opus d’un diptyque qui ne devrait laisser personne indifférent.

MITSUO partie 1/2 Jérôme HAMON/GIGÉ Éditions LE LOMBARD 200 pages, 22,50 € 27/09/2024

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 29 Septembre 2024

SHINKIRARI derrière le rideau, la liberté A la recherche d’une émancipation

Shinkirari élève Chika et Sachi ses deux filles depuis leur naissance et constate depuis quelques semaines que ces dernières grandissantes ont de moins en moins besoin d’elle. Alors quel avenir s’imagine-t-elle sinon continuer à tenir sa maison et être à la disposition d’un mari continuellement absent et qui visiblement ne fait pas grand cas de son épouse ? Comme elle se lamente à le dire, « je connais tout de lui, de la taille de ses caleçons aux actrices qui ont sa faveur en passant par ses plats préférés » mais lui, que connait-il d’elle et surtout a-t-il envie d’en connaître ?

Reste à Shinkirari à voler de ses propres ailes… Et si son émancipation passait par une vie professionnelle, lui permettant de se réaliser et enfin d’exister autrement qu’au travers des tâches ménagères ?

La mangaka Murasaki Yamada s’immisce dans l’intimité de cette famille japonaise au gré du quotidien de Shinkirari, entre ses petites joies notamment avec ses filles et sa grande peine de ne pas avoir une vie plus épanouie. Avec des dialogues directs où mari et femme ne s’épargnent, Murasaki Yamada n’y va pas par quatre chemins surtout quand on apprend que ce recueil a été publié au Japon dans les années 80. On découvre au fil du récit son caractère novateur pour une époque où la liberté d’expression n’était pas de mise particulièrement quand elle concernait les femmes, le récit permettant de revenir sur une société japonaise encore embourbée dans un paternalisme notoire.

Avec un dessin réaliste de bon aloi dépourvu quasiment de décors, Murasaki Yamada incite le lecteur à se concentrer sur les personnages

Une mention spéciale est à apporter à la trentaine de pages consacrées à Murasaki Yamada permettant de mieux comprendre son cheminement et de revenir sur son parcours.

À découvrir instamment !

SHINKIRARI derrière le rideau, la liberté Murasaki YAMADA Éditions KANA 384 pages 18,50 € 30/08/2024

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 27 Septembre 2024

LA FABRIQUE DES NEWS, l’envers du décor d’une chaine d’info

Ouah, intégrer la rédaction de NewsTV, le graal pour Guillaume, alors fraichement sorti d’une grande école de journalisme, de pouvoir embrasser une carrière à la télévision et qui sait devenir un grand reporter. Catapulté dans le service de la matinale, le voilà confronté, aux cadences de travail infernales, aux horaires matinaux coincé derrière son écran à rédiger des sujets dont l’intérêt s’avère souvent piètre. Son rêve de partir sur le terrain enquêter s’estompe jour après jour et ne parlons pas de mettre en pratique ce qu’on lui a enseigné et qui sait, un jour ressembler à son idole, le journaliste Albert Londres.

Néanmoins, son rédac’ chef finit par le faire sortir, chaperonné par Gérard Picard surnommé « papa » un des plus vieux caméramen de l’équipe, un vieux briscard plutôt désabusé, nostalgique d’une période où il parcourait la terre entière et toujours prompt à ramener Guillaume à la triste réalité du journalisme d’aujourd’hui où un scoop en pousse un autre.

Avec ce récit, le scénariste et journaliste Pierre Millet-Bellando dresse un portrait des plus satiriques du métier actuel de journaliste et plus particulièrement celui des chaines d’information en continu. Dès les premières cases, le ton sarcastique s’impose, se moquant du pauvre Guillaume qui débarque dans un univers qu’il était loin d’imaginer même dans ses plus grands cauchemars. Ses collègues et de sa hiérarchie, toujours prompts à fournir de l’image et du son qui permettront d’avoir le meilleur audimat, en prennent pour leurs grades. Avec des dialogues alertes, les situations peuvent tour à tour s’avérer cocasses ou pathétiques et plonger le lecteur dans un abîme de perplexité de découvrir les coulisses de show médiatique.

Avec un dessin bien dans le ton du récit, M. Lerouge croque tout ce petit monde dans l’univers d’une salle de rédaction, sans parler des escapades dans la France profonde.

Avec cet album, le lecteur ne devrait plus regarder plus les chaines d’info de la même manière.

LA FABRIQUE DES NEWS Un reporter à la chaîne Pierre MILLET-BELLANDO/M. LEROUGE Éditions STEINKIS  168 pages, 20,00 € 19/09/24

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 18 Septembre 2024

PILLOW MAN, L’HOMME DE NOS RÊVES un récit à ne pas dormir debout…

En chômage pour des problèmes de dos, Jean ex-chauffeur routier peine à retrouver du travail, ce qui n’est pas pour arranger son insomnie chronique. Aussi, il n’hésite pas à répondre positivement à l’annonce d’une société qui recherche des insomniaques. Et le voilà engagé pour le plus grand plaisir de Marianne sa femme qui se demandait s’il allait retrouver un jour un travail.

Il faut avouer que servir d’« oreiller vivant » avec pour seul outil de travail, son pyjama s’avère une activité professionnelle peu commune et assez inavouable mais plutôt lucrative.

Le succès aidant, Jean est de plus en plus demandé et se complait à vivre ses nuits dans des palaces auprès de riches clientes. Dorénavant, il n’a plus guère de nuit passée dans le lit conjugal et au fur et à mesure que son bas de laine s’étoffe, son appréhension de dire la vérité à sa femme s’agrandit.

Comment lui expliquer que son activité de surveillance s’avère si rémunératrice, comment va-t-elle réagir quand elle va apprendre qu’en fait de veilleur de nuit, en tout bien tout honneur, son mari couche tous les soirs dans le lit d’une cliente ? Et si elle s’opposait à son travail ?

Le scénariste Stéphane Grodet sert une comédie des plus originales et des plus touchantes, mettant en scène un homme en perpétuel questionnement, partagé entre le sentiment de trahir sa compagne et le désir d’exister, notamment par sa contribuation au budget du ménage et par l’utilité de sa mission permettant à des personnes de recouvrer un sommeil perdu depuis parfois fort longtemps.

Le dessin de Théo Calméjane, plutôt épuré, tout en rondeur et associé à des couleurs aux tons pastel et chatoyants, sied parfaitement au récit.

Une belle surprise de rentrée à compulser… Au fond de son lit.

PILLOW MAN, L’HOMME DE NOS RÊVES Stéphane GRODET/ Théo CALMEJANE collection 1000 Feuilles Éditions GLENAT 208 pages, 26,00 € Parution le 18/09/2024

Bernard LAUNOIS

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Publié le 17 Septembre 2024

LA BELLE DE MAI, Fabrique de révolutions, quand les ouvrières font un tabac…

Être cigarière en 1886 à la Manufacture des tabacs de Marseille, voilà un travail des plus harassants : des horaires interminables, un labeur épuisant notamment à cause d’installations vétustes et surtout, cerise sur le gâteau, l’omniprésence d’un petit chef raciste et misogyne qui règne sur des ouvrières qui ne peuvent se contenter que d’un salaire d’appoint, sans espoir d’avenir.

Pour elles alors que faire, se taire et continuer à subir, ou réagir en mobilisant les ouvrières et déclencher une grève sur le tas afin que les bureaux de Paris prennent conscience des conditions de travail et surtout soient  incités à muter le petit chef sur une autre usine.

Mais nous sommes au crépuscule du 19ème siècle et se lancer dans un tel bras de fer à fortiori quand on n’est pas syndiquées et quand de plus on fait partie de la gent féminine s’avère périlleux, voire suicidaire.

La scénariste Mathilde Ramadier met en lumière un combat peu connu qui s’est déroulé dans le quartier phocéen de la Belle de Mai. Avec des dialogues enlevés colorés notamment par la gouaille des jeunes femmes, la scénariste entraîne le lecteur à vivre au cœur du conflit avec ces courageuses, emmenées par trois ouvrières d’origine italienne, qui ont décidé de ne plus se laisser faire. Le scénario s’avère bien construit, montant en puissance au fur et à mesure de la mobilisation et de ses doutes, ses remords, mais aussi avec la peur d’y perdre beaucoup.

Avec son trait noir, à l’image du récit, rehaussé quelquefois de bleus pour casser le rythme, la dessinatrice Elodie Durand croque les personnages avec talent.

Avec cet opus, fort de près de 150 pages, faire un focus sur ces femmes couillues permet une fois encore de montrer que le combat féminin ne date pas d’aujourd’hui et que c’est grâce à ces premières luttes que leur condition s’est améliorée, même si elle nécessite encore un combat de tous les instants.

LA BELLE DE MAI, Fabrique de révolutions Mathilde RAMADIER/ Elodie DURAND Editions FUTUROPOLIS 144 pages, 22,00 € 21/08/2024

Bernard LAUNOIS

 

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