Publié le 26 Août 2022

UN AUTOMNE EN BAIE DE SOMME, un polar « Belle époque » bien singulier

Voilà que le riche industriel Alexandre De Breucq est retrouvé au petit matin sur son bateau échoué en baie de Somme, seul et baignant dans son sang. C’est la panique dans les ministères qui ne vont pas tarder à lancer leur plus fin limier sur les traces du ou des meurtriers, en la personne de l’inspecteur Amaury Broyan. A peine celui-ci débarqué en baie de Somme et après les constats d’usage, le verdict tombe : Alexandre De Breucq a été empoisonné et de quelle manière, par un de ces poisons qui vous tuent à petit feu dans les souffrances les plus atroces.

Qui peut bien avoir réalisé le forfait ou l’avoir commandité ? Sa veuve héritière semble être la coupable toute désignée mais… Ce serait trop simple ! L’inspecteur va rapidement apprendre qu’Alexandre De Breucq, bien que n’ayant pas d’ennemis connus, menait néanmoins une vie dissolue et passait notamment la plupart de ses nuits avec Axelle Valencourt une des modèles du célèbre peintre Alfons Mucha. Serait-elle impliquée dans cette disparition, aurait-elle été mise dans la confidence sur des sujets compromettants ?

Le scénariste Philippe Pelaez déroule son scénario en distillant des indices tout en prenant un malin plaisir à brouiller les cartes, rendant le lecteur, de temps à autre, bien perplexe. Situer le récit dans la période de la Belle Époque s’avère une belle idée d’autant plus que l’auteur a su placer son histoire dans l’Histoire. Cela a également permis au lecteur de se (re)plonger dans une période riche en progrès sociaux, économiques, technologiques et politiques mais aussi culturels.

Il n’en fallait pas plus au talentueux dessinateur Alexis Chabert pour se lancer dans l’aventure avec brio. À son dessin réaliste s’ajoutent ses superbes aquarelles qui magnifient le scénario faisant de leur album, un des plus réussis de ces derniers mois.

 

UN AUTOMNE EN BAIE DE SOMME Philippe PELAEZ/Alexis CHABERT collection GRAND ANGLE Éditions BAMBOO, 64 pages 15,90 €

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 15 Août 2022

SOIXANTE PRINTEMPS EN HIVER, mieux vaut peut-être tard que jamais !

Rien ne va plus ! Alors que Josy s’apprête à souffler les bougies de ses soixante ans, entourée des siens, voilà qu’elle refuse de les éteindre et finit par leur dire qu’elle part ! Adieu famille et surtout mari, Josy a envie de tourner la page et elle va en prendre les moyens. Au volant de son combi Volkswagen, à elle la nouvelle vie et ses découvertes au gré de ses pérégrinations ;

elle fuit un environnement dont elle ne veut plus. Seulement, on ne quitte pas une quarantaine d’années de vie commune en ayant fondé une famille simplement en claquant la porte de son van : pressions, intimidations des siens n’auront de cesse jusqu’à ce qu’elle rejoigne le cocon familial. Mais, malgré le tsunami qu’elle a engendré, Josy s’avère déterminée, elle ne reviendra pas !

Après un stage sur un parking, c’est quelque peu désorientée par cette nouvelle existence, qu’elle finira par trouver compréhension et sérénité auprès du club des vilaines libérées, où elle finira par trouver l’amour.

La scénariste Ingrid Chabbert aborde, avec sensibilité, un sujet encore rarement traité, celui de la crise de la soixantaine, une crise qui il y a encore quelques années surgissait plus communément à la quarantaine, évoquant cette envie de tout plaquer pour espérer un monde meilleur alors que les années sont comptées. Des tiraillements avec la famille aux rencontres déterminantes faites au sein du club, la scénariste brosse le portrait d’une femme mûre qui ose briser ses chaînes au mépris d’un passé qu’elle veut oublier.

Le dessin réaliste d’Aimée de Jongh, tout en rondeur, sied parfaitement au récit et le lecteur appréciera de s’approprier les personnages et tout particulièrement l’héroïne Josy.

SOIXANTE PRINTEMPS EN HIVER Ingrid CHABBERT/Aimée DE JONGH Collection AIRE LIBRE, Éditions DUPUIS 120 pages 23,00 €

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 10 Août 2022

DE SEL ET DE SANG, pour ne pas oublier…

Fortes chaleurs et labeur n’ont jamais fait bon ménage, et à l’heure où les pouvoirs publics français tentent d’adapter dans la législation les conditions de travail aux conditions climatiques, force est de constater que c’était le cadet des soucis des gouvernements à la fin du 19ème siècle. Pour gagner sa croûte à cette période, il ne fallait pas hésiter déjà à traverser les frontières et accepter des travaux de force. Les conditions de travail déplorables, les jalousies des ethnies entre elles et la chaleur pour exacerber les tensions n’ont pas tardé à déclencher ce qui est encore considéré à l’heure actuelle comme l’un des plus grands massacres d’étrangers que la France ait tristement connu.

Aigues-Mortes, août 1893, ouvriers français et italiens triment dur dans les marais salants à extraire le sel pour un salaire de misère : cadences infernales, pénibilité maximale avec des charges inhumaines à transporter… Engendrant une fatigue qui ne sera même pas atténuée par des nuits réparatrices. Aussi, il suffira qu’un ouvrier français traite un ressortissant transalpin de fainéant pour mettre le feu aux poudres et relancer des querelles racistes.

En s’appuyant sur des faits historiques, le romancier et scénariste Frédéric Paronuzzi met en scène, avec talent, cette tragique histoire en la rendant vivante. Si l’on comprend très rapidement que tous les ingrédients sont réunis et qu’il suffira d’une étincelle pour tout embraser, le lecteur appréciera les dialogues fournis, les descriptions des protagonistes ainsi que les prises de position des représentants de l’État, dont le seul objectif était de ramener la paix sociale sans se soucier des dégâts collatéraux pouvant être engendrés. Sans oublier, bien sûr, les riches propriétaires surfant sur les querelles des ouvriers, voire les entretenant pour leur unique profit, montrant une fois encore que la lutte des classes s’avère un éternel recommencement.

Avec un dessin semi-réaliste de belle facture aux couleurs caractéristiques d’un Midi écrasé par la chaleur, Vincent Djinda traduit bien cette ambiance pesante et survoltée.

On notera la présence d’un cahier historique illustré qui vient compléter le récit d’un bien triste fait divers.

DE SEL ET DE SANG Frédéric PARONUZZI/ Vincent DJINDA Éditions LES ARENES BD 144 pages 22,00 €

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 5 Août 2022

AGATA T3 où le dénouement d’un mélodrame qui ne peut laisser indifférent !

Le grand banditisme new-yorkais règne toujours sur la ville mais pour combien de temps encore ? L’étroite collaboration entre une police des plus efficaces et la ténacité d’un procureur vont finir par faire tomber tous les gros bonnets et Lucky Luciano, le roi de la pègre, s’avère être dans le collimateur !

Ayant épuisé toutes les ficelles et les pressions diverses et variées, le roi de la pègre doit se résoudre à se planquer, mais ce n’est pas le seul. C’est également le cas d’Agata, la jeune femme dont il est éperdument amoureux mais qui s’est toujours refusée à lui, préférant les bras de James. Elle prend la fuite vers Chicago avec ce dernier, espérant ainsi échapper à tout le tumulte d’affaires nauséabondes qu’elle a subi.

Seulement, sa fuite s’avèrera-t-elle salutaire, et Agata ne finira-t-elle pas par être rattrapée par une mafia qui ne pardonne rien ? Et Lucky Luciano arrivera-t-il à se dépêtrer de ses affaires de justice avec notamment un trafic de proxénétisme qui lui colle à la peau ?

Toutes ces questions, et bien d’autres encore, vont trouver des réponses dans ce dernier opus, mené tambour battant par un Olivier Berlion toujours en verve et qui aura su, comme il en a le secret, tenir en haleine son lectorat tout au long d’un triptyque aux couleurs de l’époque sombre de la prohibition.

Avec son dessin hyperréaliste, agrémenté de belles couleurs, Olivier Berlion s’est attaché à rendre le plus réaliste possible une série extrêmement documentée.

On regrettera simplement de quitter des personnages attachants dont le lecteur aura eu plaisir à suivre les pérégrinations menant parfois, à un bien funeste destin.

Alors, c’est le moment de se (re)plonger dans cette ambiance, si bien mise en scène, qui devrait ravir tout bon amateur de polars.

AGATA T3 L’étoile du sud Olivier Berlion Collection 24X32 éditions GLENAT 88 pages, 18,00 e

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 1 Août 2022

LES CŒURS DE FERRAILLE T1 mais assurément, pas de pierre !

À l’ère où les humains se sont adjoints les services de robots, l’adolescente Iséa devrait avoir tout pour être heureuse dans sa belle maison avec tout le confort matériel. Mais c’est sans compter avec le manque d’affection de sa mère qui la pousse à se réfugier dans son film préféré, Cyrano de Bergerac. Malgré tout, heureusement qu’elle a Debry , sa robot-nounou, qui lui apporte tout son amour mais cet équilibre fragile ne va pas tarder à s’écrouler lorsque Iséa apprend que sa mère a renvoyé Debry.

Vite remise de ses émotions, voilà qu’Iséa décide d’aller à la recherche de son amour de robot-nounou ; flanquée de Tilio, un camarade d’école, elle part en direction de la ville de Tulpa où seraient envoyés au rebut tous les robots usagés.

Arriveront-ils à temps avant que son robot-nounou ne rejoigne l’épaviste pour destruction ? Comment sa mère réagira-t-elle devant la fugue de sa fille ?

Dans un décor rétrofuturiste, nos deux jeunes adolescents bravent tous les dangers, animés par l’espoir pour Iséa de se blottir, à nouveau, dans les bras de Debry.

Sur un scénario bâti à la manière d’un road-movie, l’auteur Beka aborde, avec finesse, les difficiles rapports mère-fille souvent compliqués dans la période de l’adolescence.

Le sujet est des plus intéressants, et il est de plus magnifié par une remarquable mise en images réalisée par Munuera où les personnages évoluent dans de superbes décors aux accents sud-américains.

Décidément, après l’excellente reprise des Tuniques bleues, le duo Beka/Munuera fait à nouveau merveille avec ce premier opus d’une série qui devrait assurément captiver le lecteur.

Une belle découverte à découvrir instamment !

LES CŒURS DE FERRAILLE T1 Debry, Cyrano et moi collection Beka/Munuera « Tous public » Éditions DUPUIS 72 pages, 13,50 €

Bernard LAUNOIS

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Rédigé par Bulles de Mantes

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