Publié le 8 Juin 2011
MOJO, quel drôle de titre pour un album ! Le personnage principal, Slim Whitemoon, nous en parle dès les premières planches ! On naît avec un bon Mojo ou un mauvais ! Assurément, son copain Charley fraîchement enterré n’en avait pas un bon !
Quant à lui, le fait de rester vivant s’avère un gage de bon Mojo ! Mais à quel prix ? Nous sommes au début du 20ème siècle, au fin fond du Mississipi où naitre de couleur noire n’est pas un bon plan ! Slim Whitemoon, personnage inventé de toutes pièces par le talentueux scénariste de cet album, n’a qu’une seule compagne, sa guitare, avec laquelle il va parcourir le nouveau continent, vivant de petits boulots, de larcins mais également de son talent de guitariste de blues.
C’est ainsi, qu’au cours de son périple, il va faire des rencontres improbables grâce à son instrument, de Blind Jefferson à Robert Johnson en passant par Sonny Boy Williamson.
Seulement la vie est courte et alors qu’il est déjà à l’automne de sa vie, une éphémère gloire va lui permettre d’effectuer une tournée européenne.
Je ne vais pas vous en raconter plus et vous laisser découvrir la fin de l’album mais sachez que ce personnage, né de l’imagination du scénariste Rodolphe, est criant de vérité et va permettre de nous faire (re)vivre l’Amérique du blues, cette musique de désespoir d’une vie d’esclave, soumis aux dictats du peuple blanc, mais également d’espoir d’une vie meilleure dans l’Amérique qu’ils n’ont pas choisie !
Nous ne présentons plus le dessin du talentueux Georges Van Linthout ! Néanmoins, il faut tout de même souligner la force de son trait ! On avait découvert son travail en noir & blanc avec l’album Conquistador, déjà sur le thème du blues ; il nous avait bluffés avec l’album « Braquages et bras cassés » ! Cette fois encore, avec la même technique d’encrage, il a su donner le ton à cet album qu’on en redemande !
Alors, ne soyez pas effrayé par l’épaisseur de l’album ! Ce sont 192 pages qui se lisent d’une seule traite et si la vie de ce personnage imaginaire avait encore pu durer, je vous assure que l’on en aurait bien encore « dévoré », tellement l’histoire nous transporte !
MOJO Van Linthout/Rodolphe Editions Vents d'Ouest 192 pages 20,00 €
Bernard LAUNOIS