Publié le 30 Mai 2016
Toute son existence, Louise Brooks aura couru après la vie. Déstabilisée par une mère qui n’a jamais cru en elle, jusqu’à l’humilier au plus profond de son être, elle n’aura de cesse de brûler* la chandelle par les deux bouts mais également de braver les interdits. Beau brin de fille plutôt cœur d’artichaut, particulièrement délurée dans une Amérique des années 20 où le fait d’être volage ne peut s’apparenter qu’à être une catin, la belle Louise n’en a pas moins un caractère bien trempé.
Alors que ses débuts dans le cinéma muet vont être fulgurants, elle finira par se mettre à dos tout Hollywood en refusant de jouer la version sonore de « Canary Murder », la condamnant à s’exiler en Europe. On apprendra que Loulou, réalisé en 1929 par Georg Wilhelm Pabst, sera le rôle qui se rapprochera le plus de sa vie tumultueuse et amoureuse.
La scénariste Chantal Van den Heuvel narre avec délicatesse et sensibilité le parcours de cette jeune femme écorchée vive, qui aura inlassablement tenté durant sa vie d’en oublier les premières années. Construit tout en flashbacks, le récit est plutôt alerte et remarquablement mis en image par le dessinateur Joël Alessandra. Habitué des récits d’aventures et des carnets de voyages, Joël Alessandra nous fait admirer de nouvelles facettes de son talent, alternant de remarquables noir et blanc avec les couleurs chatoyantes dont il a le secret. Sa sublimation des femmes est toujours aussi omniprésente et ce pour le plus grand bonheur du lecteur. Enfin, on appréciera un découpage soigné, donnant tout le rythme à cette belle biographie.
A lire instamment, pour (re)découvir la vie de cette artiste.
LOUISE, LE VENIN DU SCORPION VAN DEN HEUVEL/ALESSANDRA Editions CASTERMAN 128 pages 22 €
Bernard LAUNOIS