Publié le 20 Décembre 2020

Greetings from Azur, retour sur la grande bleue, pas si bleue que ça

De La Grande-Motte, station balnéaire créée sur des marais insalubres, jusqu’à Menton, la reine des agrumes, en passant par les Saintes-Maries-de-la-Mer, la belle camarguaise, les auteurs Maxime Gueugneau et Simon Bournel-Bosson entrainent le lecteur dans un périple dont la grande bleue constitue le leitmotiv. Ils font cinq étapes dans des stations de villégiature  qui ont capitalisé leur renommée autour de deux couleurs, le bleu de la mer et le jaune du soleil qui brille tout au long de l’année, attirant des hordes de touristes, particulièrement d’avril à septembre. Mais peut-on s’arrêter à ces clichés véhiculés, depuis la révolution des congés payés, sur les villes du Sud ? Aux trois villes précitées s’ajoutent Fos-Sur-Mer et Port-Grimaud, et en avant pour arpenter ces bourgades à la rencontre des autochtones qu’ils ont su faire parler et ce, sans filtre, à la manière de la célèbre émission belge « Striptease ».

Si l’on peut être surpris dans un premier temps par le concept de l’album, composé pour chaque étape respectivement d’un reportage avec photos dessinées, de pages bd entrecoupées par une carte postale recto-verso, d’un commentaire à la Tripadvisor, d’une missive manuscrite, etc.,on se fait rapidement au rythme des plus plaisants imposé par le scénariste Maxime Gueugneau.  Ainsi le lecteur pouvant lire les étapes dans l’ordre qu’il désire, il retrouvera toujours le même concept et se surprendra peut-être à le lire par item. Mais il ne faut pas se méprendre, ce n’est assurément pas un énième guide touristique mais plutôt un ressenti des habitants qui y vivent à l’année, sans langue de bois auxquels les auteurs auront glissé quelques onces de fiction, histoire de broyer les pistes.

Avec un dessin semi-réaliste, rehaussé par des aplats de mêmes couleurs associées à chaque étape, Simon Bournel-Bosson donne rapidement le ton d’un album clairement atypique, mais tellement attachant qu’on ne peut que s’y plonger dans ce grand bleu… Azur.

GREETINGS FROM AZUR Maxime GUEUGNEAU/ Simon BOURNEL-BOSSON Editions KIBLIND 144 pages, 26,00 €

Bernard Launois

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Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

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Publié le 12 Décembre 2020

A l’approche des fêtes de fin d’année, voici des idées de cadeaux avec quelques albums BD parfaits pour se détendre ou occuper les longues soirées du couvre-feu : autant de titres incontournables à offrir ou à s’offrir et qu’il ne faudrait pas avoir manqués cette année. Nous vous proposons un choix de nos chroniqueurs...

La sélection de Jérôme Boutelier :

Les romans graphiques

  • Swan / tome 2 Le Chanteur espagnol (par Nejib, éditions Gallimard) : les débuts de l’impressionnisme dans une magistrale évocation romancée absolument passionnante, racontée avec une maestria étourdissante.
  • Géante (par Jean-Christophe Deveney et Nuria Tamarit, éditions Delcourt) : une jeune fille de taille gigantesque découvre sa différence en voyageant dans des contrées merveilleuses. Un conte initiatique et féministe au dessin naïf et poétique, dans un superbe album de 200 pages.
  • Peau d’homme (par Hubert et Zanzim, éditions Glénat) : en pleine Renaissance, une jeune italienne de bonne famille revêt une peau d’homme et découvre incognito l’amour et la sexualité dans un hymne à la tolérance aussi élégant que subtil.
  • Celestia (par Manuele Fior, éditions Atrabile) : dans une Venise post-apocalyptique au milieu d’un monde dépeuplé, l’épopée onirique de deux jeunes amoureux en quête de sens. Un univers graphique admirable sublimé par les couleurs, d’une merveilleuse poésie.

Un peu d’histoire

  • Bella Ciao, uno (par Baru, éditions Futuropolis) : une histoire populaire de l’immigration italienne en France à travers des souvenirs de famille mêlant réalité et fiction. Toute la maitrise de Baru dans son univers familier, avec son regard humaniste porté sur la société.
  • Le Banquier du Reich, tome 2 (par Pierre Boisserie, Philippe Guillaume et Cyril Ternon, éditions Glénat) : l'histoire de Hjalmar Schacht, banquier génial aux positions ambigües qui fut ministre d’Hitler, puis jugé et condamné à Nuremberg. Une très intéressante évocation historique menée avec dynamisme et joliment servie par un dessin réaliste minutieux.

Pour les amateurs de SF

  • Mécanique céleste (par Merwann, éditions Dargaud) : en plein monde post-apocalyptique une petite cité agricole tente d’éviter l’annexion par une ville puissante en acceptant de lier son avenir aux résultats d’un match entre leurs champions. Un rythme trépidant, un dessin maitrisé et dynamique, de belles couleurs, tout pour faire un album réussi.

 

Rien ne vaut un bon polar

  • Purple Heart / tome 2 Projet Blue Bird (par Eric Warnauts et Guy Raives, éditions du Lombard) : un privé enquête dans le Hawaï de l’après-guerre sur la mort d’un fils de bonne famille new-yorkais. Une intrigue captivante dans un scénario sans temps mort, avec le superbe dessin réaliste du duo d’auteurs et les couleurs splendides des tropiques.
  • La Dernière rose de l’été (par Lucas Harari, éditions Sarbacane) : dans une villa au bord d’une plage, un écrivain débutant est témoin des frasques d’une mystérieuse voisine. En vrai maitre des atmosphères l’auteur signe avec sensibilité un polar d’ambiance très réussi, au dessin ligne claire et au découpage efficace.

BD documentaire

  • Tropiques toxiques (par Jessica Oublié, Nicola Gobbi et Vinciane Lebrun, éditions Steinkis / Les Escales) : une enquête extrêmement fouillée et complète sur le scandale du chlordécone, un pesticide utilisé dans les bananeraies de Martinique et de Guadeloupe de 1972 à 1993 et ayant dramatiquement pollué les terres pour des centaines d’années.

 

Pour les plus jeunes (et les grands aussi)

  • Charbon / tome 1, L’Espoir (par Michel Colline, éditions Paquet) : sur une planète minière polluée à l’extrême et où toute trace de nature a disparu depuis longtemps, un enfant découvre une feuille au fond d’une mine. Mêlant science-fiction, écologie et combat contre les tyrannies, un excellent récit tout public et bien servi par un dessin efficace et de belles couleurs sombres.
  • Croc-Blanc, un monde sauvage (par Pierre-Emmanuel Dequest, Editions du Rocher) : une superbe adaptation en BD du célèbre roman de Jack London. Le scénario restitue parfaitement l’émotion,  le dessin très réaliste est splendide et les couleurs somptueuses. Un très bel hymne à la nature.

Le coin des tout-petits

  • La Famille Passiflore, Pirouette & Nymphéas (par Loïc Jouannigot, éditions Daniel Maghen) : l’adorable famille de petits lapins s’aventure dans les jardins de Giverny. Un magnifique album illustré aux aquarelles subtiles et délicates, pour un grand moment de douceur.

     

La sélection de Bernard Launois :

Les romans graphiques

  • Aldobrando (par Gipi et Luigi, éditions Casterman) : Un grand récit d’initiation picaresque, savoureux et poignant que n’aurait pas renié l’écrivain Rabelais. L’histoire est originale, fort bien construite avec un suspense qui est maintenu tout au long de l’album.

Un peu d’histoire

  • La bombe (par Alcante, LF Bollée et Denis Rodier, éditions Glénat) : Assurément un ouvrage de référence pour (re)découvrir la genèse de la bombe qui a changé la face du monde lors de la dernière guerre mondiale.
  • Hitler est mort ! T1 (par Jean-Christophe Brisard et Alberto Pagliaro, éditions Glénat) les dessous d’une bataille entre les services d’espionnage soviétiques pour faire main basse sur la dépouille d’Hitler, réalité ou fiction.

 

Pour les amateurs de SF

  • Carbone et silicium (par Mathieu Bablet, éditions Ankama) : Derniers nés des laboratoires Tomorrow Foundation, Carbone et Silicium sont les prototypes d’une nouvelle génération de robots destinés à prendre soin de la population humaine vieillissante.
    Élevés dans un cocon protecteur, avides de découvrir le monde extérieur, c’est lors d’une tentative d’évasion qu’ils finiront par être séparés. Ils mènent alors chacun leurs propres expériences et luttent, pendant plusieurs siècles, afin de trouver leur place sur une planète à bout de souffle où les catastrophes climatiques et les bouleversements politiques et humains se succèdent...
  • La chute (par Jared Muralt, éditions Futuropolis) : Dans un futur plus ou moins proche, un virus s’apparentant à une grippe estivale sévit aux Etats-Unis et n’en finit pas de faire des ravages dans la population. C’en est au point que le gouvernement finit par instaurer une loi martiale, afin de juguler des conflits qui finissent par ressembler à un état de guerre civile. Cela ne vous rappelle rien ? Paru avant la pandémie, cet album ne serait-il pas prémonitoire ?

Rien ne vaut un bon polar

Il faut flinguer Ramirez acte II (par Nicolas Petrimaux, éditions Glénat) : Assurément la révélation 2018 qui confirme avec l’acte II, tout aussi tonitruant, d’un homme muet poursuivi à travers l’Arizona par une horde de tueurs à gages. Il n’est pas seulement le meilleur vendeur du célèbre aspirateur Robotop, mais il a aussi une double, voire triple vie… sans parler de son ascendance qu’il traîne comme un boulet.

 

Manga :

  • Sengo (actuellement 4 fascicules parus)  (par Yamada Sansuke, éditions Casterman) : Avec un premier album paru toute fin 2019, c’est le récit sur Les Pieds Nickelés chez Tardi. De retour du front, le mutique Kawashima, pourtant bien né, n'a jamais cherché à renouer avec les siens. Une rencontre inattendue avec une femme fait ressurgir le passé houleux d'un homme qui n'a jamais trouvé sa place au sein de sa famille. Dialogue enlevé, dessin hyperréaliste de belle facture, cette série a déjà reçu de nombreux prix mérités au Japon et en France, à commencer par le prix manga de l’ACBD. 

Pour les plus jeunes (et les grands aussi)

  • Le roi des oiseaux (par Alexander Utkin, éditions Gallimard Bande Dessinée) : La pomme, toujours la pomme. Ce fruit aura généré bien des soucis au cours de l'histoire ! Parce qu'une souris trop gourmande croqua dans un de ces délices sucrés en omettant d'en proposer à son ami le moineau, la guerre entre animaux à ailes et spécimens à poils est déclarée ! Ainsi commence cette histoire slave envoutante qui se lit au coin de la cheminée. (prix ACBD jeunesse 2020).

 

 

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Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Chronique de Jérôme BOUTELIER, #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

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Publié le 8 Décembre 2020

Carnets secrets 2004-2020, l’univers d’André Juillard dévoilé…

Après Entracte, paru aussi aux éditions Daniel Maghen, où l’on avait pu déjà découvrir de multiples facettes du talent d‘André Juillard à travers une dizaine de cahiers graphiques mêlant essais, recherches pour une bande dessinée et autres aquarelles, Carnets secrets 2004-2020 enrichit considérablement notre connaissance sur l’un des assurément plus talentueux artistes de sa génération.

Dans mon adolescence et plus tard, au cours de mes études aux arts déco, j’ai beaucoup dessiné dans des carnets de croquis… Par la suite, j’ai plutôt privilégié la bande dessinée qui m’occupait 10-12 heures par jour… Mais dans le même temps j’accumulai des carnets de croquis raconte l’auteur André Juillard dans la préface du présent volume. Ce besoin de dessiner, de faire ses gammes ou tout simplement de se délasser après des heures de concentration sur la réalisation d’un album,  semblent être un dénominateur commun chez les dessinateurs. André Juillard n’y fait pas exception en noircissant, tout au long de l’année, bon nombre de carnets de différentes textures et grammages mais également de formats.

Ces trésors auraient pu rester jalousement cachés dans un coin du bureau de l’auteur, avec une diffusion pour le moins très confidentielle. C’était sans compter sur les talents de l’éditeur et galiériste Daniel Maghen de décider l’auteur à rendre publiques ces petites pépites rassemblées dans un beau et généreux livre de plus de 400 pages, regroupant pas moins de 17 carnets de croquis de dessins tout aussi beaux les uns que les autres.

Du carnet vert réalisé en 2004 au carnet à spirale n°2 commencé en 2013 et pas encore achevé, André Juillard transporte le lecteur dans un univers graphique qu’il n’a pas souvent l’habitude de montrer dans ses bandes dessinées, comme s’il s’était débarrassé du carcan des cases mais également des personnages qui composent son univers.

Les carnets se succèdent, les compositions également, du fusain au pinceau en passant par la mine graphite : tout n’est qu’enchantement et ravissement, et s’il fallait faire un choix parmi ces 17 carnets, il s’avérerait bien difficile.

Une mention spéciale est à signaler pour un tirage limité à 300 exemplaires de ce bijou comportant un coffret relié sous une couverture toilée portant une vignette collée, un carnet inédit de 32 pages et un tiré à part signé par André Juillard.

Amoureux du dessin d’André Juillard, et du dessin tout court, c’est l’occasion de vous perdre dans cet opus qui marquera les esprits comme l’avait déjà fait Entracte à sa parution.

Carnets secrets 2004-2020 André JUILLARD Edition DANIEL MAGHEN, 426 pages, 59,00€

Bernard Launois

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 5 Décembre 2020

Blake et Mortimer T27, Le Cri du Moloch

Délires et rédemption.

 

Les dégâts causés par les expériences passées du Professeur Septimus sont encore présents dans tous les esprits, et Mortimer cherche à tirer de sa léthargie son vieil ennemi Olrik, enfermé dans un asile psychiatrique. Mais il se laisse entrainer dans un laboratoire secret étudiant une seconde épave d’engin extra-terrestre, qui abrite une mystérieuse et menaçante créature venue d’ailleurs, toujours vivante. Blake et Mortimer parviendront-ils une nouvelle fois à sauver Londres du terrible danger qui s’annonce ?

 

Les codes traditionnels de la série créée par Edgar P. Jacobs sont respectés, mêlant une science-fiction mâtinée de fantastique à une enquête rondement menée par nos deux gentlemen. Pour autant, le scénario de Jean Dufaux s’écarte de l’habituelle opposition binaire de héros « tout bons » vs leurs adversaires « tout méchants », pour donner une consistance plus étoffée et complexe aux principaux protagonistes du récit. La paire Blake et Mortimer reste plus unie que jamais mais tout en roulant chacun de leur côté, le capitaine se permettant de désobéir aux ordres et le professeur de jouer à l’apprenti sorcier, tandis qu’Olrik se révèle héroïque.

Tous les amateurs de Blake et Mortimer replongeront avec délice dans le Londres de La Marque Jaune, l’ambiance de ses rues et de ses maisons et l’atmosphère so british de ses clubs ou des entrevues avec Sa Majesté. Le dessin est réalisé à quatre mains par un duo qui se complète harmonieusement : Etienne Schréder a imaginé le découpage et créé les décors typiquement « jacobsiens » tandis que les personnages, fidèles aux modèles de leur inventeur mais sans en être une copie servile, ont trouvé de la chair sous le coup de crayon élégant d'un Christian Cailleaux excellent. Les couleurs de Laurence Croix complètent efficacement l’ensemble pour dépeindre l’univers sombre et glauque des faubourgs industriels et des caves abandonnées.

 

S’il vaut mieux avoir préalablement relu L’Onde Septimus, paru sept années plus tôt et dont la lecture gagne d’ailleurs en sens à la lueur ce dernier album, le Cri du Moloch offre un nouvel éclairage intéressant et réussi sur des héros mythiques et familiers que l’on retrouve ici avec beaucoup de plaisir.

 

Blake et Mortimer T27, Le Cri du Moloch

Scénario Jean Dufaux / dessin Christian Cailleaux et Etienne Schréder

Editions Blake et Mortimer, novembre 2020

56 pages couleur, 15,95 €

 

Illustrations : Dufaux, Cailleaux et Schréder© Blake et Mortimer, 2020

Jérôme Boutelier

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Rédigé par Jérôme Boutelier

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Publié le 2 Décembre 2020

Il faut flinguer Ramirez, acte II, c’est de la dynamique !

Alors directeur de création dans la pub, Thierry Ardisson avait réalisé un très remarqué clip promotionnel de la barre Ovomaltine en jouant avec les mots dynamite et dynamique. Le même jeu peut assurément s’appliquer à cet acte II d’une des séries les plus tonitruantes du moment : rythme endiablé,  explosions diverses et variées, tous les ingrédients d’un bon polar sont présents dans Il faut flinguer Ramirez.

L’auteur Nicolas Petrimaux embringue le lecteur dans un road-movie haletant et sanguinolent écrit et mis en scène comme un scénar de film, où l’on ne s’ennuie pas un seul instant. Puis, quand le rythme s’emballe, quelques pages d’intermèdes composés de fausses pub reposent le lecteur avant de repartir de plus belle. L’humour n’est pas loin pour détendre et relativiser une atmosphère pesante où les scénarios catastrophe, notamment pour Jacques Ramirez, se succèdent à vitesse grand V.

Dans ce deuxième et avant-dernier acte le lecteur découvre que Jacques Ramirez, poursuivi à travers l’Arizona par une horde de tueurs à gages, n’est pas seulement le meilleur vendeur du célèbre aspirateur Robotop mais qu’il a aussi une double, voire triple vie… sans parler de son ascendance qu’il traîne comme un boulet.

 

Le dessin et les mises en couleurs de Nicolas Petrimaux sont à la hauteur de son superbe scénario : scènes fouillées, personnages tout en mouvement, qui donnent un rythme diabolique. Cette impression de se retrouver dans un film, déjà constatée avec l’acte I, s’avère encore plus efficiente dans ce nouvel opus.

Il aura fallu patienter plus de deux ans et demi pour suivre cette aventure haletante mais le jeu en valait vraiment la chandelle, tellement c’est bon !

IL FAUT FLINGUER RAMIREZ, ACTE II Nicolas PETRIMAUX Editions GLENAT 192 pages, 22,95 €

Bernard Launois

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Rédigé par Bulles de Mantes

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