Publié le 26 Février 2018

LE TROISIEME ŒIL T1, le salutaire retour de Violine

Initialement parues sous le titre de Violine, aux éditions DUPUIS, les aventures de cette jeune adolescente aux pouvoirs surnaturels reviennent en force chez les éditions CASTERMAN. Si l’auteur complet Tronchet reste aux commandes du scénario, c’est le dessinateur Baron Brumaire qui prend les crayons.

Violine, comme toutes les jeunes filles de son âge, vit avec son temps, partagé entre les cours au lycée et les virées avec les copains et copines. Seulement, à la différence de tous ces adolescents, Violine a la faculté de lire dans les pensées des gens qu’elle rencontre, rien qu’en les regardant dans les yeux. Autant dire qu’elle ne s’en prive pas, des corrigés du prof de maths au directeur du magasin dans lequel elle vient de commettre un énième larcin.

L’amnésie doublée de crises de terreur de Tampsa, un jeune garçon hindou réfugié dans l’hôpital où travaille la mère de Violine, est une véritable énigme et l’aide de la jeune prodige pourrait être déterminante !

Tronchet emmène le lecteur, comme il en a le secret, dans une aventure où les rebondissements sont légion. Les dialogues sont tout aussi rythmés que les courses poursuites que va entreprendre Violine pour comprendre les errements du jeune garçon et déjouer tous les pièges qui lui seront tendus.

Le dessinateur Baron Brumaire reprend avec talent un nouveau cycle de la série Violine avec un dessin vif et alerte, parfaitement adapté au récit.

A (re)découvrir instamment !

LE TROISIEME ŒIL LE SOMMEIL EMPOISONNE BRUMAIRE/TRONCHET  Editions CASTERMAN 56 pages, 11.50 €

Bernard LAUNOIS

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Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

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Publié le 24 Février 2018

Cintré(e)

A qui perd gagne

 

C’est un dessinateur de bande dessinée en galère et sans contrat,  solitaire et un peu déprimé, timide et complexé, faible. Signe particulier : obèse. Elle est une jeune artiste touche-à-tout, excentrique et imprévisible, schizophrène et incontrôlable. Signe particulier : anorexique.

Hasard ou destin ? Poussé par la faim, il se résout à accepter un poste de chef illustrateur dans une agence de pub, charge à lui d’encadrer la fille de son patron, une jeune femme cherchant à émerger d’un long épisode psychiatrique. Ils se découvrent et apprennent à se connaitre, chacun habité par ses propres hantises et en conflit avec son propre corps. Mais en fait, qui secourt l’autre ? L’aide-t-il à recouvrer sa stabilité perdue ? Et elle, entraine-t-elle son mentor vers le bas, ou l’accompagne-t-elle pour qu’il trouve sa rédemption ?

 

Dans une histoire romancée sombre et drôle en même temps, Jean-Luc Loyer dévoile avec délicatesse et tendresse un moment de sa vie. A travers les scénettes plus ou moins courtes, il esquisse le portrait d’une relation plus complexe qu’il n’y parait par petites touches tout empreintes de pudeur et de lucidité à la fois. Son dessin rond, cantonné dans les nuances de gris, laisse toute la place à son propos tout en l’habillant de l’atmosphère grave qui lui convient.

Quel album émouvant, qui saura toucher chacun ! Jean-Luc Loyer nous a habitués à ses romans graphiques dont le regard porté sur la société en raconte souvent les malaises. Il fallait toute sa sensibilité pour aborder le sujet douloureux d’une dramatique maladie psychiatrique et de sa place dans les rapports sociaux et intimes, tout en sachant rester dans le domaine de l’émotion plutôt que de vouloir y donner une valeur documentaire.

Cintré(e), je vous disais.

 

 

Cintré(e)

par Jean-Luc Loyer

Futuropolis, février  2018

20 €

 

Illustrations © Futuropolis 2017

 Jérôme Boutelier

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Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Chronique de Jérôme BOUTELIER

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Publié le 18 Février 2018

Contes ordinaires d’une société résignée, à des années lumière des mille et une nuits

Et si pour réussir, il fallait ne plus porter de couleurs sur soi ? Voilà que toute la population va bientôt être touchée par cette aberration dictée par les médias et un « politiquement correct » poussé à l’extrême.

Et s’il suffisait à un gynécologue d’examiner les échographies d’un embryon pour révéler le futur métier auquel il est prédestiné lorsqu’il sera adulte ?

Et si l’on s’évertuait à promouvoir les bienfaits de la viande humaine qui serait vendue plus ou moins cher selon que l’on serait un paysan bio, un comptable parisien ou encore une vedette du show bizz ?

 

C’est sous forme d’une quinzaine d’historiettes de 5-6 pages que l’auteur complet Ersin Karabulut embarque le lecteur interloqué, tout au long de 80 pages, dans un univers allant du plus loufoque au plus terrifiant.

Se promenant du récit satyrique à l’histoire cynique, Karabulut va faire découvrir au lecteur

une société pessimiste, souvent terrifiante mais peut-être pas si loin de celles qui se profilent pour les générations futures. Mais au-delà, c’est également sa manière à lui de décrire sa Turquie natale qui vit aujourd’hui une époque des plus déroutantes tant du point de vue économique que politique.

Avec un dessin semi-réaliste, rehaussé par des couleurs tout aussi singulières que les récits narrés, Ersin Karabulut caricature ses personnages, les rendant souvent le plus hideux possible pour mieux les sublimer.

Assurément, la lecture de cet album ne pourra laisser le lecteur indifférent, tant par la violence des propos, que par les scènes parfois dérangeantes dans une science-fiction des plus réalistes.

Voilà un album qui trouve sans aucun doute sa place auprès de l’édition Fluide Glacial, souvent si proche du magazine Uykusuz, l’hebdomadaire satyrique turc.

A découvrir instamment !

 CONTES ORDINAIRES D’UNE SOCIETE RESIGNEE KARABULUT Editions FLUIDE GLACIAL 80 pages, 16.90 €

Bernard LAUNOIS

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Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

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Publié le 14 Février 2018

Mickey et l’océan perdu, l’aventure continue avec panache…

 

Alors que les bruits des bottes et canons se sont estompés, place à la reconstruction et à la récupération des épaves bourrées de ressources techniques qui jonchent les océans dont la fameuse coralite, matière de plus en plus rare et précieuse. Voilà un travail tout trouvé pour nos trois compères, Mickey, Minie et Dingo mais… c’était sans compter sur la ténacité de l’affreux Pat Hibulaire, toujours prêt à jouer les trouble-fêtes. Nos trois amis ne cessent de développer des trésors d’ingéniosité afin de ne pas se faite doubler par Pat, hélas souvent en vain. Enfin, la chance leur sourit et la découverte au fin fonds d’une faille d’un mystérieux cube va transformer leur existence.

Le scénariste Denis-Pierre Filipi entraîne le lecteur dans une histoire que Disney n’aurait pas renié, où l’on retrouve avec plaisir, ce qui fait le succès de cet univers, les méchants qui ne font rien qu’embêter les gentils ! A ces ingrédients, on rajoutera un brin d’indiana Jones et un découpage feuilletoniste où chaque fin de page suscite l’effroi, l’interrogation, le désir fou de tourner la page pour poursuivre l’aventure de ces petits personnages qui peuplent encore les rêves d’enfants.

A ce bon scénario, il suffisait de rajouter l’excellent dessin de Sylvio Camboni qui ne pourra renier sa dizaine d’années chez Disney à dessiner des petits Mickeys et autres créatures, pour obtenir un des meilleurs albums de la collection Mickey que les éditions Glénat ont eu la très bonne idée de développer. C’est dans un décor fantasmagorique que vont évoluer nos jeunes héros où tout chacun se régalera de l’univers du dessinateur que l’on avait eu déjà grand plaisir à partager avec le voyage extraordinaire chez Vents d’Ouest.

MICKEY ET L’OCEAN PERDU CAMBONI/FILIPPI collection Collections Originales Editions GLENAT 64 pages, 15,00 €

Bernard LAUNOIS

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 8 Février 2018

Le Suaire

La peste, celle qui ronge les âmes

 

En l’hiver 1357 l’abbaye de Lirey abrite Lucie, une jeune et jolie nonne ballotée entre amours refoulées et quête mystique, soignant miséreux et pestiférés. Son cousin Henri, l’évêque de Troyes, cherche à la dissuader de demeurer dans les ordres, pendant que son protecteur Thomas, le prieur de l’abbaye, s’échine à poursuivre la construction d’une abbatiale destinée à accueillir une relique rapportée de Jérusalem. Sur fond de processions des Flagellants et d’épidémie rampante de peste, se noue une intrigue où les passions dévorantes croisent les ambitions tout humaines : et le Suaire va apparaitre.

 

Les scénaristes Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, écrivains et réalisateurs de documentaires télévisés traitant du christianisme, se sont emparés de l’énigmatique histoire du Suaire de Turin pour créer une série en trois volumes. Le Suaire parcourra les siècles et les pays et incarnera la passion amoureuse des trois personnages. Le premier épisode nait ici dans un Moyen-âge décrit dans tous ses excès et ses laideurs, maladie et misère disputant à violence et libations, scènes de flagellation à débordements fanatiques autour de l’ostension de la sainte relique.

 

Éric Liberge s’est naguère révélé au public avec la superbe série en noir et blanc Monsieur Mardi-Gras Descendres, et le lecteur est depuis longtemps habitué à ses magnifiques albums et à ses couleurs directes. Le dessinateur s’est ici dépassé en revenant au noir et blanc pour livrer d’époustouflantes planches, dont les encrages sublimes transcendent le récit et transportent le lecteur au cœur de l’action. Du très grand art !

 

Tandis que les polémiques resurgissent régulièrement au gré des publications quant à la nature du Suaire de Turin, les plus fervents partisans de son authenticité seront sans nul doute déçus du parti-pris des auteurs d’en faire le résultat d’une supercherie, qui plus est purement mercantile. Mais ne serait-ce pas une erreur de penser qu’ils ont fait de ce point de vue une hypothèse de scientifique, alors qu’il ne serait que le postulat nécessaire au développement d’une grande fiction romanesque, servant d’écrin aux passions les plus folles ?

 

 

Le Suaire, premier tome Lirey 1357

par Gérard Mordillat, Jérôme Prieur et Eric Liberge

Futuropolis janvier  2018

17 €

 

Illustrations © Futuropolis 2017

 

 Jérôme Boutelier

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Publié le 7 Février 2018

3 fois dès l’aube

Rêve ou réalité ?

 

Une valse à trois temps, qui s’offre encore le temps… chantait Brel. Trois scènes pour évoquer deux personnages qui s‘y croisent à différents moments de leur existence; trois rencontres improbables, à l’heure où la nuit n’est plus tout à fait nuit et où le jour tarde encore un peu à poindre, chacune marquant un tournant dans la vie des deux interlocuteurs. Ce pourrait être une histoire banale, mêlant un incendie, un meurtrier, une scène de ménage… Mais la cohérence attendue s’évanouit devant l’âge de chacun des deux protagonistes, un âge qui évolue de façon distincte pour défier toute logique.

 

En une centaine de pages le scénariste Denis Lapière a parfaitement su tirer la substantifique moelle du roman éponyme d’Alessandro Barrico dans une adaptation magistrale, qui laisse au lecteur la déroutante impression de ne plus avoir de repère temporel et de flotter dans un rêve. Qui sont-ils ? Où et quand vont-ils ? Avec brio, Denis Lapière croise et entremêle l’évidence de chaque rencontre et l’énigmatique destin des personnages.

 

Le style de la dessinatrice Aude Samama montre encore sa pertinence dans cette nouvelle  association avec Denis Lapière. Par ses planches soignées tout empreintes de sensualité et de vigueur à la fois, elle donne chair au récit pour l’extirper de sa construction un brin évanescente. Reprenant avec talent une technique particulière et peu souvent utilisée dans la bande dessinée, elle peint à l’acrylique sans crayonné préalable, apportant de la densité aux scènes pour mieux inviter le lecteur à prendre le temps de la découverte.

Une histoire subtile et grave à la fois qui vous empoigne et vous entraine dans un tourbillon  jusqu’à ses dernières pages : à ne pas manquer.

 

3 fois dès l’aube

par Denis Lapière et Aude Samama, d’après Alessandro Barrico

Futuropolis février  2018

20 €

 

Illustrations © Futuropolis 2017

 

 Jérôme Boutelier

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 4 Février 2018

Bouncer T10, l’incroyable retour !

La sortie d’un nouveau Bouncer, assurément l’un des westerns les plus réussis de sa génération, reste toujours un événement et ce premier épisode d’un nouveau diptyque ne fait pas exception. Cette fois, François Boucq prend les rênes de l’histoire et son scénario n’a pas à rougir des précédents opus.

L’histoire commence alors que Gretel, fille de l’horloger, vient d’être sauvagement scalpée. Serait-ce le forfait d’un de ces Indiens qui peuplent le village de Barro City ? Hélas, l’énigme serait trop simple ! Voilà que plusieurs indices concordants ne vont pas tarder à mettre la puce à l’oreille de Bouncer : il va rapidement comprendre que le tatouage qui ornait la tête de Gretel était le même que celui de Panchita, sa meilleure amie, laquelle vient de se faire enlever depuis que Gretel repose dans son cercueil.

L’atmosphère chevaleresque, enrobant une histoire des plus rocambolesques, s’avère parfaitement réussie et le lecteur va vite rentrer dans un road movie endiablé qui va mener notre héros Bouncer au Mexique, au cœur du désert Sonora, à la poursuite d’El Cuchillo, le mercenaire sans foi ni loi à la recherche d’un butin planqué.

Dans des décors somptueux, dignes des meilleurs westerns spaghetti, l’auteur complet François Boucq nous replonge avec talent dans cette atmosphère délétère où argent et stupre règnent en maîtres. Les personnages, tantôt patibulaires, tantôt charismatiques habitent cette histoire des plus palpitantes, où les bons poursuivent inlassablement les méchants pour le plus grand plaisir du lecteur.

Heureusement,  les éditions GLENAT ont eu la riche idée de faire paraître l’ensemble du diptyque sur deux mois, ne laissant pas ainsi le lecteur languir trop longtemps de ce récit haletant.

Immanquable !

BOUNCER T10 L’OR MAUDIT BOUCQ Editions GLENAT 80 pages, 18.00 €

Bernard LAUNOIS

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Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

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