Publié le 25 Novembre 2017

BUG, le commencement de la fin...

13 décembre 2041, la terre continue de tourner tant que bien que mal ! Et si le monde numérique venait à s'effondrer brusquement, bouleversant la vie des terriens ? C'est à partir de cette fiction que l'auteur complet Enki Bilal va transporter le lecteur dans une histoire des plus terrifiantes, d'autant plus que la perte de mémoire de tous les disques durs de la Terre coïncide avec le retour d'un cosmonaute atteint d’un alien qui anesthésierait ses émotions. A cela s’ajoute une hypermnésie, phénomène mal connu de nos scientifiques mais qui, en la disparition des mémoires numériques, deviendrait un enjeu planétaire…

La liste des dérèglements ne cesse chaque heure de s’allonger, du plus risible avec les répertoires téléphoniques désespérément vierges pour des terriens qui ont oublié depuis fort longtemps de faire fonctionner leur mémoire, au plus dramatique lorsque les hôpitaux déplorent la perte d’un nombre incalculable de patients pour lesquels les opérations assistées par ordinateur ont échoué, les chirurgiens n’étant plus formés pour pratiquer des opérations sans la béquille numérique.

L’auteur complet Enki Bilal s’ingénie à travers un scénario des plus apocalyptiques à faire réfléchir le lecteur sur sa condition de dépendance aux nouvelles technologies, chaque jour de plus en plus omniprésentes, et dont on a du mal à mesurer si elles ne vont pas mener la planète à sa perte. Et si sa vision du monde n’était pas si farfelue que ça [ajouter une virgule], et que sa vision s’apparentait plutôt à un lancement d’alerte ?

On ne présente plus le trait puissant et acéré d’un dessinateur qui restera un des auteurs majeurs du 9ème art, rehaussé par des couleurs électriques qui font de ce thriller un petit bijou.

Soulignons aussi qu’une version grand format dotée d’un ex-libris permettra aux inconditionnels de l’artiste de profiter pleinement des dessins.

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 24 Novembre 2017

Entretien avec Théo Caneschi, à l'occasion de la sortie de MURENA T10

Après le Pape Terrible, le trône d’argile, le tome 10 de Murena, pourquoi votre registre bd s’inscrit plutôt dans la bd historique, y-a-t-il une préférence de faire de la bd historique ?

C’était un peu mon destin, je crois ! C’est vrai que je suis un grand passionné d’histoire mais c’est vrai aussi, que j’ai commencé un peu par hasard par faire le trône d’argile puisqu’on me l’a proposé de le faire. Puis mon nom a commencé à être connu comme dessinateur de bd, peut-être un bon dessinateur. Puis, ensuite, tout s’est enchaîné, le pape terrible avec Jodorowski où j’ai pu à chaque fois, développer mon style. Ce sont les 2 séries qui m’ont permis de faire connaître mon talent, même à Philippe Delaby qui en avait parlé à Jean Dufaux et donc voilà, c’est un fil rouge qui a relié tout ça.

C’est comme ça que vous avez été approché par Jean Dufaux ?

C’est Dargaud, en accord avec Jean Dufaux, avec Yves Schirlf, éditeur de Dargaud Bénélux, éditeur de la série. En fait, les deux grands amis qui ont créé avec Philippe Delaby, le grand succès qu’est Murena. Ils m’ont appelé et ont complètement bouleversé ma vie, ma carrière, mon planning…

Je suppose que ce doit être important dans une vie d’auteur d’avoir une telle proposition, une série phare orchestré par des maîtres de la bd ?

C’est ça, l’annonce de la mort de Philippe Delaby m’avait choqué parce que c’était quelqu’un que je n’avais, hélas, jamais eu la chance de le rencontrer physiquement. Pour moi, il était là depuis toujours, en grand dessinateur. Pour moi, avant de commencer ma carrière de dessinateur, alors que j’étais illustrateur à l’atelier à Florence, nous avions déjà tous les albums de Philippe comme référence en matière de décors, de personnages. J’ai travaillé pour les musées, notamment pour des reconstructions historiques, on avait besoin de quelques références romantiques, Philippe était déjà là !

Il avait déjà parlé de mon talent à Jean Dufaux et malheureusement quand ils ont eu besoin de trouver un autre dessinateur pour continuer la série, la phrase de Philippe sur moi était déjà dans les souvenirs de Jean Dufaux.

Alors, je suppose que vous avez senti une grande pression, une grand responsabilité ?

Oui, oui, ce n’était pas facile du tout d’accepter ces changements dans ma vie, dans ma carrière parce que j’avais envie de terminer les autres séries commencées. J’ai demandé du temps qu’ils m’ont donné le temps nécessaire. De plus, reprendre le travail d’un autre dessinateur, c’est plonger dans son univers. C’était vraiment dans ma tête un conflit, un chaos intérieur. Le matin, c’était ok, tout bon tu vas faire ça sans problème, c’est facile. L’après-midi, c’était non, je n’aime pas faire ça, c’est trop difficile !

Qu’est-ce qui est le plus contraignant en fait, de reprendre les personnages, de s’approprier l’histoire et à la fois, garder son style ? C’était un challenge ?

C’était plus compliqué que ça, je vais t’expliquer que c’était mon identité qui était en danger. Pas seulement au niveau artistique, c’était un moment dans ma vie, un grand changement général et l’arrivée de Murena a marqué ce moment, voire 3 ans de travail sur l’album, des changements complets. Je dirai, sans exagérer, que j’avais peur de perdre mon identité et j’avais raison. J’ai dû arriver à voir et travailler sur cette peur et transformer cette peur en une énergie positive et créative.

Là, ça se voit dans l’album, vous gardez votre identité et vous êtes rentrés pleinement dans l’histoire...

Merci,  c’était un voyage, un apprentissage même en étudiant le style de Philippe, j’ai eu besoin de temps pour faire des tests, des croquis naturellement et donc, au début j’étais très concentré sur le souci de donner au lecteur quelque chose de déjà connu…

Une certaine continuité...

Voilà, mais après heureusement je ne suis pas capable de faire des copies. Donc, de façon naturelle, mon style poussait pour retourner sur la page mais c’était mon nouveau style parce que moi aussi avec les rencontres avec Philippe, j’essayai la plume, les pinceaux, au niveau technique, il m’a inspiré. Mon style même a beaucoup changé.

Avez-vous eu des contacts avec Philippe Petitqueux qui avait terminé l’opus 9 ?

Oui, Jérémy m’a écrit, c’était une grande gentillesse de sa part de me conseiller tout doucement, de reprendre la série. Il a terminé l’album des complaintes des landes perdues. J’imagine que c’était trop difficile émotivement de reprendre Murena. C’était aussi le moment de se détacher un petit peu du maître. Pour moi, c’était différent au niveau psychologique, c’était pas facile mais différent. Tout doucement, j’ai pu rencontrer une première fois la famille de Philippe, la famille Dargaud aussi. Yves Shrilf et tout le monde chez Dargaud qui ont beaucoup souffert de la perte d’un ami, pas seulement d’un acteur du catalogue.

 Après Jodorowsky, les méthodes de travail de Jean Dufaux sont-elles différentes ?

Pas trop, car tous les deux me laissent une grande liberté !

Comment ça se passe, vous recevez une partie du scénario ?

Jean avait envoyé les douze premières pages pour commencer. Après, il m’a écrit et c’était une très bonne nouvelle, j’ai retrouvé le plaisir de raconter des histoires de notre personnages lucius et les autres. Et ce n’était pas vraiment automatique après l’arrêt si tragique de la série et après nous n’avons plus parler des scènes, des expressions des personnages, du défi que représentait l’album pour nous deux. C’était donc un échange très riche.

Avec cet album, c’est quelque part la renaissance de Murena puisqu’il est reconnu par l’empereur.

Est-ce que vous avez prévu de réaliser d’autres opus ensemble ?

Oui, le projet était prévu en 16 tomes avec 4 cycles de 4 albums. Il a très clairement en tête la suite et ce qui me plait, il est en train de changer le récit du prochain album. Je ne sais pas s’il a des idées précises déjà pour le prochain album. Apparemment, il ya des personnages qui vont prendre plus d’importance, notamment les personnages féminins comme les Muria que j’ai dû créer. Il m’a dit quand j’ai parlé avec toi, partager des expériences parce que c’est toujours un jeu de miroir de projection, de transfert de la hauteur dans les personnages. Je me suis dit, que certains personnages me ressemblent un peu au niveau physique. Et les Muria représentent quelque chose de plus  qu’un personnage de fiction. C’est très intéressant de voir comme dans la tête de ce grand auteur qu’est Jean Dufaux, toute sa réalité, il aide à créer des situations, il développe les personnages et c’est très intéressant.

Est-ce vous qui faites le découpage ? Quel rapport avez-vous avec le scénariste par rapport à la construction de l’album ?

En fait, une fois le scénario en main, Je savais qu’il était  là,  mais il ne m’a pas suivi trop présent.

C’est une marque de confiance.

Avec Jodorowsky, c’est la même chose ! Ils me font confiance ! Je fais des scènes que j’envoie à Dargaud, ils en discutent ensemble. Ils ne m’ont presque rien dit, seulement au début où on a parlé un peu. Je crois qu’il avait envie de découvrir le Murena de Théo et c’est tout. Même avec mes problème de langue, je suis arrivé à bien représenter le scénario.

Est-ce qu’au niveau dessin, couleurs, il y a eu un traitement différent par rapport à vos autres séries ?

 

Oui, bien sûr c’est une grande nouveauté ! Notre énorme défi que j’ai choisi de relever, c'est-à-dire, la couleur directe sur mes originaux, sur mes encrages. C’est Lorenzo Pieri, le maître de l’aquarelle et mon ami, à l’atelier de Florence. C’était une des clés les plus importantes afin d’accepter de faire le projet.

J’ai envie de prendre le projet mais est-ce que tu accepterai de reprendre les pinceaux, les aquarelles, les beaux papiers que nous avons choisi à Florence et c’était à la fois un défi, de faire une collaboration très stricte avec un ami, ce n’est pas toujours facile parce qu’on ose pas toujours faire des remarques. Il est aussi le coloriste du tronc d’argile qu’il fait à l’ordinateur et c’était du coup, complètement différent. Nous avons eu plusieurs fois du mal à parler d’une façon ouverte. Maintenant avec la pression de tout le monde qui attendait les pages, nous avons travaillé finalement de manière facile, sans pression. Je lui ai laissé une confiance totale. Nous travaillons ensemble dans le même atelier, dans un tout petit atelier florentin.

Je lui ai laissé tout sa place, avec un travail pour moi à la plume, plus clair, dans le style de Philippe Delaby contrairement à mes albums précédents qui demandaient un encrage plus important.

C’est un crayonné jeté ou plutôt poussé avant l’encrage ?

J’ai fais comme vous allez le découvrir dans l’édition noir & blanc de l’album, c’est des crayonnés au petit format, celui de la création. J’ai besoin de travailler la page en petit format, c’est mieux pour moi pour trouver l’équilibre.

C’est un report ensuit à la table lumineuse ?

C’est une impression de gris, à peu près la même chose. Après, encore du crayon  car j’ai besoin d’élargir les crayonnés et rajouter des détails et après c’est l’encrage à la plume, un peu de pinceaux, du crayonné couleurs aussi même après l’aquarelle. En fait, c’est un mixte des techniques que j’ai appliqué pour cet album. Ce sera à vous de juger.

Pensez-vous que cet album a été plus difficile à réaliser que les autres ? 

Chaque album est un voyage dans nous-mêmes, une remise en question. La naïveté, ça m’a aidé beaucoup à me rapprocher de la bande dessinée franco-belge sans en imaginer les difficultés, les problèmes, la surproduction. Après, j’ai eu envie de faire quelque chose de plus. Chaque album, c’est plus difficile que le précédent. Pour Murena, c’était incroyable, une vraie crise générale dans ma vie, pas de la faute des Murena, Jean Dufaux, Dargaud et autres mais j’avais besoin de vivre ça, une métamorphose qui m’attendait. Le prochain sera le pape terrible, le suivant le onzième album de Murena. Je suis très content de l’équilibre que m’aura donné cet album, m’aura forcé à trouver, entre la vie, famille, boulot.

Comment de temps a-t-il fallu pour réaliser cet album ?

Presque deux années de travail, le temps de trouver mes marques. Ce sera certainement plus facile pour le prochain mais on verra, chaque suffit sa peine.

La couverture qui représente une tête de cochon interpelle, c’est votre idée ?

C’est effectivement moi qui ai pris le cochon comme élément déjà présent dans les pages de Jean parce que dans le style de Philippe, j’avais besoin  d’un gros détail à montrer sur la couverture. Si on regarde mes touts petits croquis, tests pour la couverture, la tête de cochon était la toute première. J’aimai tellement, ainsi que mon ami Lorenzo Pieri mais Jean Dufaux a tellement l’idée qu’il a modifié le titre de l’album nouveaux horizons pour le rebaptiser le banquet. L’équipe artistique était prête à proposer ce projet à l’équipe éditoriale. Au début, ils ont eu quelques soucis au niveau de la communication de cette image mais lors du festival d’Angoulême 2017, j’ai envie de faire une reprise forte, pas une reprise timide, tendre. Alors, je comprends votre peur que j’ai eu également quand j’ai accepté le défi. Il faut que l’on transforme notre peur en envie de communiquer. Si on a une image un peu choquante pour communiquer, il faut encore plus la pousser. Le directeur marketing a compris rapidement mes attentes et voilà, la tête de cochon, elle fait parler tout le monde, les amis italiens, la presse, le public…

Propos recueillis par Bernard Launois le 28 octobre 2017 Quai des bulles 2017

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Publié le 19 Novembre 2017

Remise du 4ème prix de la BD aux couleurs du blues le 18 novembre 2017 à l’espace Maurice Béjart de Verneuil s/Seine dans le cadre du festival Blues s/Seine

Depuis 2014, la volonté des associations Bulles de Mantes et Blues sur Seine de mettre en évidence les connexions entre le blues et la bande dessinée se réalise notamment dans la création du Prix de la bande dessinée aux couleurs du blues.

Pour ce vote, près d’une vingtaine d’albums parus entre juin 2016 et juin 2017 ont été examinés par un comité de lecture de Bulles de Mantes, pour sélectionner cinq titres dans la liste finale:

  • Avery’s blues (Angus et Tamarit) éditions STEINKIS
  • L'amour est une haine comme les autres (Lionel Marty, Stéphane Louis) éditions GRAND ANGLE
  • Le petit livre Black Music (Bruno / Bourhis) éditions DARGAUD
  • Skip James (Rannou, Bourguignon) éditions BDMUSIC
  • Strange fruit (Mark Waid, J.G. Jones) éditions DELCOURT

Le Prix de la BD aux couleurs du blues récompense le meilleur album illustrant une thématique du blues ou des musiques afro-américaines qui en sont dérivées, ou encore illustrant le contexte social et historique en relation.

Le très réussi album Avery ‘s Blues des auteurs espagnols Angus et Nuria Tamarit, paru chez Steinkis, a remporté les suffrages du jury, qui lui a décerné le prix 2017.

La cérémonie de remise du prix a eu lieu au début du concert de Martha High, samedi 18 novembre à 21heures, dans l’espace Maurice Béjart de Verneuil-sur-Seine. Les auteurs sont spécialement venus d’Espagne pour recevoir le prix des mains de Ghislain LIMELETTE, Président de Blues s/Seine et Bernard LAUNOIS, Président de Bulles de Mantes. Les deux auteurs se sont livrés à une séance de dédicaces pendant l’entracte qui a remporté un franc succès.

Deux expositions des planches de AVERY’BLUES sont présentées, du 10 au 26 novembre 2017, respectivement aux médiathèques, Georges Duhamel de Mantes-la-Jolie et Verneuil s/Seine.

Bernard LAUNOIS

 

 

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 19 Novembre 2017

Calypso, ou l’art et la manière de noyer le poisson

Gus, la soixantaine, aura passé une partie de sa vie dans des chantiers à faire des terrassements. Alors quand il se vante, lui le Gus, auprès de ses petits copains ouvriers d’avoir très bien connu Georgia Gould, la célèbre actrice qui a crevé l’écran avec le mythique film Le Calypso, autant vous dire qu’il crée l’hilarité et pourtant… Voilà que cet amour de jeunesse va refaire surface lorsque cette dernière, en cure de désintoxication pour diverses addictions dans un bel établissement surplombant le lac Léman, lui propose un drôle de marché, et sa vie de futur retraité va en être bouleversée.

On ne doutait pas un seul instant que l’auteur complet Bernard Cosey, grand prix du festival bd d’Angoulême 2017, n’avait pas mérité son titre. Il le prouve encore de manière magistrale avec ce nouvel opus noir et blanc, tout en sensibilité. Avec un scénario remarquablement ciselé, Bernard Cosey balade le lecteur tout le long de la centaine de pages que comporte Calypso, le noyant de temps à autre dans des méandres, pour un final des plus inattendus.

 

Le dessinateur Bernard Cosey avait habitué le lecteur à la palette d’aplats de couleurs, souvent pastel, qui renforcent son trait acéré. Ici, s’impose un Cosey avec des encrages profonds nous rappelant qu’à travers un dessin épuré son talent crève l’écran. Dans Calypso, pas besoin de couleurs pour représenter tant les paysages montagnards suisses que les profondeurs abyssales, ou encore les buildings New-Yorkais.

Indispensable…

 

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 14 Novembre 2017

Interview de Benoît Sokal et François Schuiten à l'occasion de la sortie d'AQUARICA t1

A l’occasion de la sortie du premier tome du diptyque « AQUARICA » aux éditions RUE DE SEVRES, François Schuiten et Benoit Sokal ont répondu à ces quelques questions.

Comment est né ce projet, comment avez-vous décidé de vous lancer dans cette aventure ?

François Schuiten : Je ne sais pas si on a vraiment décidé ce projet par certain côté, on passe

souvent une partie de nos vacances ensemble dans le Sud de la France et comme on dessine ensemble, on continue nos récits, on est quand même attaché à nos tables de dessin, c’est notre destin,  très vite, on évoque des histoires, des scénarios. Benoit a évoqué un petit pitch, une petite ligne narrative avec une idée que j’ai tout de suite trouvée emballante et puis j’ai l’impression que c’était parti.

Benoit Sokal :  Au début, on ne savait pas trop où on allait, écrire une histoire et comme on avait tous les deux un lourd passé dans la bande dessinée, on s’est dit, on va essayé de trouver un terrain neutre comme par exemple le cinéma pour raconter ce genre d’histoire ; On a commencé avec une sorte de brainstorming dessiné car nous ne sommes pas des purs littéraires, des purs scénaristes. On n’est pas non plus des dessinateurs monomaniaques. L’histoire, la construction de mondes imaginaires, le scénario nous tient à cœur aussi. On a fait ça comme des scénaristes graphiques et un petit dessin vaut mieux qu’un long discours.

Au niveau du storyboard, vous avez travaillé à 4 mains ?

François Schuiten : Au départ un projet de film, donc beaucoup de dessin, beaucoup d’esquisses, d’études de personnages, de costumes, de situation, on a un nombre de dessin invraisemblables, on aurait de quoi faire 3 art book.

C’est donc un projet qui a mûri longuement ?

François Schuiten : Oui, ’est très intéressant les projets qui maturent car du coup, quand on y revient, on regarde un peu d’un autre œil, beaucoup d’acteurs sont intervenus qui ont bousculé le système. Ce qui reste, c’est l’os. A travers le temps, à travers 10 ans de pérégrinations, de script doctor (note de la rédaction : dans le milieu audiovisuel, une personne à laquelle on fait appel pour améliorer un scénario). Ce qui reste, ça c’est décanté  et ce qu’il reste, c’est solide, c’est la moelle.

Les univers de François sont plutôt concentrés sur les villes, qu’est-ce qui vous a donné envie de situer votre récit sur le monde maritime ?

François Schuiten : c’est effectivement une image que je véhicule mais je ne fais pas que ça, je dessine plein d’autres choses, je travaille actuellement sur le nouveau blake et Mortimer. Les villes, c’est peu une étiquette mais ce n’est pas ça qui m’anime, c’est plutôt l’étrangeté, le fantastique et c’est ce qu’il y a au cœur d’Aquarica.

Benoit Sokal : En fait, on est surtout des topographes imaginaires quelque part. Je parle sous le contrôle de François mais je pense surtout que c’est de rendre crédible de nouveaux territoires.

Je vous sais sensible à la nature, avez-vous l’intention de laisser un message dans cette série ?

Benoit : Non, le principe de base pour nous, c’est de dire dans la bande dessinée, dans tous les récits populaires, on délivre plus facilement des princesses que des messages. Le plaisir pour nous, c’est l’aventure.

Si je comprends bien, le storyboard, vous l’avez fait de concert ?

Benoit Sokal  : on a été approchés par des producteurs, très vite travaillé avec des script doctor pour l’aspect cinématographique des choses qui nous ont parfois été d’un grand secours ou parce qu’ils nous ont fait travaillé. Dans le meilleur des cas, on peut les assimiler à des accoucheurs qui nous forçaient à nous dépasser.

François Schuiten : c’est un très très bon exercice, je trouve que l’on aurait tous à gagner d’avoir dans les maisons d’édition des coachs de scénarios, des script doctor , ce que l’on appelle au Japon, des Tentochas pour un peu bousculer un certain nombre de facilité, de confort scénaristique. Quand Benoit a entamé le récit, la difficulté c’est que je ne savais plus où on en était, tellement il y avait eu de couches de scénarios ; je ne savais plus lire le scénario tellement ça se mélangeait à toutes les arborescences qui avaient été développées mais enfin, comme il connait son métier, il avait au moins, des potentiels exprimés qui allaient lui permettre de tracer plus facilement.

Benoit Sokal  : Une partie des raisons qui m’ont poussé à faire cette bande dessinée plutôt que d’écrire un autre scénario, c’est que la matière était là et il suffisait de faire le ménage dans les différentes couches accumulées, ce que j’ai fais.

Au niveau du dessin, c’est vous Benoit qui avait réalisé l’album, vous avez évoqué au début de l’interview que vous aviez fait des dessins chacun de votre côté…

François Schuiten  : Nous avons beaucoup fait de dessins ensemble qui ont été des éléments qui ont servis pour nourrir la préparation de l’album.

Benoit Sokal  : l’idée en fait c’est que je pense qu’il est très facile de faire une illustration à deux, on en a fait, la page de garde a été faite à quatre mains. Par contre, la bande dessinée répétitive, c’est un autre dessin. D’ailleurs c’est pour ça que souvent, il y a des très grands illustrateurs mais dès qu’ils doivent se coltiner à la bande dessinée, ils s’effondrent parce que c’est vraiment un autre exercice. C’est quand même un dessin très particulier, beaucoup de répétitions, ces descriptions très exigeantes. On n’a pas toujours le choix du cadrage, faut que ça suive l’histoire.

On veut toujours un peu creuser les choses derrière pour être sûr que l’on ne fabule pas totalement, qu’on ne parte pas en vrille totalement.

Oui, il y a un côté fantasmagorique, néanmoins, il y a une base solide…

Benoit Sokal  : Ce qui nous intéresse, c’est plus le fantastique littéral, dans son acception la plus littérale, c'est-à-dire, une espèce de glissement très ténu mais d’autant plus inquiétant par rapport à la réalité. C’est un peu notre religion.

Quelle technique a été utilisée pour la réalisation d’AQUARICA ?

Benoit Sokal  : Tout, en fait, c’est des aquarelles, des encres, des crayons.

Comme vous avez réalisé des jeux vidéo qui supposent un traitement numérique…

Je considère l’ordinateur comme un crayon de plus. Je scanne toutes les cases que je fais, directement et à peine sèches et je les remodifie encore, la tonalité, les contrastes, la luminosité.

Interview réalisé par Bernard LAUNOIS le 4 octobre 2017 à la maison d'édition RUE DE SEVRES

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 12 Novembre 2017

24 ème rencontre diner-dédicaces avec Philippe Jarbinet, le 1er décembre 2017

L’association Bulles de Mantes, en partenariat avec Le Domaine de la Corniche, a l'honneur de recevoir pour sa troisième rencontre de l'année 2017 et sa vingt-quatrième depuis le lancement de ce concept novateur en 2010, l’auteur complet Philippe Jarbinet, notamment de la série « Airborne 44 ».

Il vient présenter le tome 7 d’AIRBORNE 44 son dernier album qui sortira au moment de la rencontre, aux Editions CASTERMAN.

Aussi, l'association Bulles de Mantes est ravie de recevoir, pour notre plus grand plaisir, cet artiste de talent, dans le cadre prestigieux du Domaine de la Corniche le vendredi 1 décembre 2017.

Alors, pour ceux qui découvrent le concept, ces rencontres sont des moments privilégiés réservés aux seuls membres de l’association (c'est donc le moment ou jamais d'adhérer à l'association : adhésion annuelle 2017 de 15 €), dans le cadre prestigieux du « Domaine de La Corniche » de Rolleboise au restaurant « Le Panoramique », partenaire historique du festival Bulles de Mantes.

Tout commence par une séance de dédicaces de l’auteur invité, suivi d’un cocktail et d’un dîner/débat que nous partageons avec lui, dans ce superbe endroit.

Chaque adhérent inscrit à la rencontre peut se faire accompagner d’une personne de son choix, qui participera au dîner, mais n’aura pas droit à dédicace.

Les dédicaces commenceront à 16h00, le cocktail sera servi autour de 20 h, le dîner étant prévu après et un débat sera engagé en fin de repas.

Le tarif d’inscription à cette rencontre diner-dédicace est fixé à 54,50 € (40.00 € le repas + 14,50 € l’album), pour les adhérents. Ce tarif comprend le repas (cocktail, entrée, plat et dessert, boisson), le dernier album paru de l’auteur (Plutôt plus tard) ainsi qu'une carte souvenir n° et signée, agrémentée d'une illustration.

Le tarif d’inscription au repas seul pour les accompagnants est fixé à 50,00 € (sans album ni dédicace mais avec une carte souvenir).

Le nombre de dédicaces étant limité à 20 (1 par adhérent), il faut impérativement s’inscrire préalablement à la rencontre en envoyant un courriel à  contact@bullesdemantes.fr pour la pré-réservation.
Les inscriptions sont acceptées dans l’ordre d’arrivée des courriels pendant la période d’inscription, du 13 au 25 novembre 2017, et dans la limite des places disponibles (*règlement à demander à contact@bullesdemantes.fr). Dépêchez-vous donc ! Ce délai très court pour la réponse s'explique par une mise en place tardive de la manifestation.

Les règlements seront à envoyer au siège de l’association Bulles de Mantes (2, impasse Jean de Béthencourt à  Mantes-la-Jolie – 78200), après que vous ayez reçu une réponse par courriel confirmant votre demande.

Pour ceux qui désireraient réserver une chambre à l’occasion de cette manifestation, le Domaine de la Corniche vous proposera uniquement ce vendredi soir un tarif spécial « bulles ».

Domaine de la Corniche, restaurant Le Panoramique, 5, route de la Corniche 78270 ROLLEBOISE : 2 toques dans le guide gastronomique Gault et Millau et sélection table distinguée d'Alain Ducasse en 2010.

http://www.domainedelacorniche.com

Bernard LAUNOIS

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Publié le 12 Novembre 2017

Les Bidochon remettent le couvert au musée avec le tome 5 !

Qui a dit que les Bidochon n’aiment pas l’art au point de consacrer cinq albums à laprésentation d’une vingtaine de toiles ? Ornant les musées les plus prestigieux, du National Gallery de Londres au Museum of Modern Art de New York en passant par les musées du Louvre ou encore d’Orsay, des frères LENAIN à Albrecht DÜRER en passant par Gustave KLIMT, la sélection des œuvres plutôt éclectiques donne une belle unité à ce cinquième opus.

Décidément Christian BINET excelle dans l’exercice et chaque album au musée est vrai régal. Les facéties sont toujours au rendez-vous et cette fois, l’auteur s’attache tout particulièrement à rendre Raymonde totalement excédée par les remarques bassement matérielles de Robert. Voilà qu’il s’en prend à sa triste condition de visiteur de musée, regrettant qu’on puisse attacher plus d’importance à chouchouter les œuvres sur les murs plutôt qu’à s’assurer de son confort.

Pour la cinquième année consécutive, le lecteur va pouvoir allier culture et humour en se délectant des commentaires de nos deux franchouillards de service devant des œuvres à découvrir ou redécouvrir.

Le lecteur s’attardera plus particulièrement sur les commentaires, ô combien érudits et pertinents de Patrick RAMADE, ancien Conservateur du Musée des Beaux-Arts de Caen, et Pierre Lacôte, Médiateur conférencier au Musée des Beaux-Arts de Lyon, qui ont su de belle manière remettre dans leur contexte la réalisation des œuvres pour les rendre accessibles à chacun.

Présentées dans un bel écrin au format carré, les œuvres sont couchées sur un beau papier glacé et l’amateur peut aisément s’enorgueillir de voir trôner l’objet parmi les beaux volumes trouvés chez son libraire.

Voilà de bonnes raisons pour concilier culture et ‘poilade’.

Indispensable notamment pour remplir la hotte du père Noël !

UN 5ème JOUR AU MUSEE AVEC LES BIDOCHON RAMADE/LACÔTE/BINET Editions FLUIDE GLACIAL 88 pages, 25,00€

Bernard LAUNOIS

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Publié le 11 Novembre 2017

Tango T1 ou la valse des ennuis

John Tango, sur un coup de tête, a décidé de fuir sa vie tumultueuse, faire table rase sur son passé pour rejoindre la Cordillère des Andes. Un coin de désert, quelques amérindiens par qui il s’est fait accepter, Agustina une jeune veuve dont il s’est amouraché et puis Diego, le fils d’Anselmo qu’il affectionne et avec lequel il arpente le désert à bord de son pick-up : bref une petite vie bien tranquille qui, hélas, ne va pas le rester ! Il suffira de l’arrivée d’un détective privé chez Anselmo et d’une bagarre d’où personne ne sortira indemne. Que vient donc faire un enquêteur dans cette pampa où les âmes qui vivent se comptent sur les doigts d’une main ? Et comme les ennuis n’arrivent jamais seuls, voilà que d’anciennes connaissances informées de la rixe, s’intéressent tout particulièrement à sa nouvelle vie…

Le talent de Matz éclate encore avec cette nouvelle série prometteuse, où chaque personnage a son importance dans un puzzle dont les opus suivants nous révéleront certainement toutes les facettes. Des dialogues percutants aux découpages efficaces, le scénariste sert assurément un de ses meilleurs scénarios à l’émérite dessinateur Philippe Xavier.

Le lecteur va rapidement être plongé dans une atmosphère des plus délétères avec le dessin hyperréaliste dont Philippe Xavier a le secret. Le trait est vif et les encrages plutôt moins marqués que dans ses précédentes séries, rendant l’ensemble plus dynamique.

On doit adresser une mention toute particulière pour les belles couleurs réalisés par Jean-Jacques Chagnaud, renforçant le trait du dessinateur et rendant si bien les ambiances arides de ce premier tome.

Indispensable pour les amoureux d’aventure et de suspens prometteuse [ajouter une virgule], au point de se demander pourquoi n’ont-ils pas collaboré plus tôt ensemble pour réaliser ce superbe thriller dans les déserts de la Cordillère des Andes ?

A noter, une version noir et blanc qui permettra au lecteur d’apprécier tout le travail du dessinateur.

TANGO T1 Un océan de pierre MATZ/XAVIER Editions LE LOMBARD 72 pages, 14.45€

Bernard LAUNOIS

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Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

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