Calypso, ou l’art et la manière de noyer le poisson
Publié le 19 Novembre 2017
Gus, la soixantaine, aura passé une partie de sa vie dans des chantiers à faire des terrassements. Alors quand il se vante, lui le Gus, auprès de ses petits copains ouvriers d’avoir très bien connu Georgia Gould, la célèbre actrice qui a crevé l’écran avec le mythique film Le Calypso, autant vous dire qu’il crée l’hilarité et pourtant… Voilà que cet amour de jeunesse va refaire surface lorsque cette dernière, en cure de désintoxication pour diverses addictions dans un bel établissement surplombant le lac Léman, lui propose un drôle de marché, et sa vie de futur retraité va en être bouleversée.

On ne doutait pas un seul instant que l’auteur complet Bernard Cosey, grand prix du festival bd d’Angoulême 2017, n’avait pas mérité son titre. Il le prouve encore de manière magistrale avec ce nouvel opus noir et blanc, tout en sensibilité. Avec un scénario remarquablement ciselé, Bernard Cosey balade le lecteur tout le long de la centaine de pages que comporte Calypso, le noyant de temps à autre dans des méandres, pour un final des plus inattendus.

Le dessinateur Bernard Cosey avait habitué le lecteur à la palette d’aplats de couleurs, souvent pastel, qui renforcent son trait acéré. Ici, s’impose un Cosey avec des encrages profonds nous rappelant qu’à travers un dessin épuré son talent crève l’écran. Dans Calypso, pas besoin de couleurs pour représenter tant les paysages montagnards suisses que les profondeurs abyssales, ou encore les buildings New-Yorkais.
Indispensable…
Bernard LAUNOIS