coup de coeur bernard launois

Publié le 7 Avril 2023

ENVIRONNEMENT TOXIQUE, un drôle de retour dans l’univers masculin des camps de travailleurs du pétrole

La jeune Kate Beaton sort de ses études financées par un prêt étudiant qu’elle va devoir rembourser instamment. Seulement, trouver du travail quand on réside dans un village de l’ile de Cap-Breton, sur la côte canadienne, s’avère une pure gageure alors… Pourquoi ne pas tenter de s’expatrier dans les mines de sables bitumeux qui, parait-il, lui permettraient de se remettre à flot dans les meilleurs délais ?

Passées les réticences familiales à la laisser partir dans un milieu hostile, Kate décide de faire les 5 000 kms pour rejoindre le camp de travailleurs de Long Lake où elle a été engagée au rythme de douze heures en alternant les jours/nuits. Kate est courageuse et les horaires ne lui font pas peur, l’environnement polluant la tracasse mais elle surmonte ses appréhensions. Ce qu’elle craignait avant son arrivée, c’était de se retrouver dans un milieu confiné peuplé presque exclusivement d’hommes et elle n’a pas été déçue : sobriquets, blagues grivoises, compliments intéressés voire tentatives de flirt plus ou moins insistantes s’enchainent. Et le comble de tout, c’est la résignation des quelques femmes qui travaillent dans ce milieu et qui ont fini par baisser les bras. A 21 ans, Kate n’a pas l’intention de se laisser faire mais seulement, comment briser le silence ?

L’autrice Kate Beaton décrit avec justesse l’ambiance particulière d’un milieu de confinement où les seules distractions, après un travail difficile dans des conditions sanitaires plutôt limite, sont les beuveries des jours de repos avec les opportunités de finir les soirées dans les draps d’une employée du groupe ou d’une autochtone.

Malgré tout, l’autrice traite le sujet avec beaucoup d’empathie pour ces hommes loin de chez eux et qui, pour beaucoup d’entre eux, n’ont pas eu d’autre solution que d’accepter ce travail.

Avec un dessin plutôt réaliste, Kate Beaton se met en scène au milieu de ses collègues et au travers des 400 pages d’un roman graphique où le lecteur n’aura de cesse de découvrir tous les tourments des deux années passées dans un environnement bientôt plus toxique psychologiquement que physiquement.

ENVIRONNEMENT TOXIQUE Kate BEATON Éditions CASTERMAN 440 pages, 29,95 €

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 4 Avril 2023

LE VOYAGEUR, du Louvre à la Toscane tout un programme

Le métier de gardien de musée n’a, a priori, rien de vraiment passionnant, et a fortiori quand on est cantonné dans le même secteur depuis des lustres. C’est hélas le triste sort de Patrick, chargé notamment de surveiller la Joconde, supportant à longueur de journées les explications des guides et les commentaires des spectateurs. Alors, non seulement il ne peut plus voir la Joconde en peinture, mais rien d’autre non plus. Et quand on rajoute son statut de célibataire vivant chez maman, le rejet de ses collègues qui le trouvent trop ringard, sa timidité maladive qui l’empêche d’aborder Geneviève la caissière dont il s’est entiché, voilà un funeste tableau bien dressé… Jusqu’à ce que l’incroyable, voire l’inconcevable survienne.

Voilà que notre quinquagénaire se retrouve happé dans le tableau de la Joconde et ses paysages Toscans.  Quel choc, découvrir l’environnement de Léonard de Vinci, guidé par Ginerva, la sœur de Mona Lisa alors que quelques instants plus tôt, il ne faisait que vociférer devant cette Joconde !

Où cette escapade le mènera-t-elle, comment ressortira-t-il de cet intermède qui l’extirpe d’une vie bien morose ? C’est ce que la scénariste Théa Rojzman s’emploie à faire avec talent tout au long d’un récit envoutant dont le lecteur n’aura de cesse de connaître l’épilogue. De la rencontre d’un enfant qui ressemble tant à Patrick, aux recommandations de Léonard de Vinci à son encontre, la scénariste brouille habilement les pistes entre réalité et fiction, pour mieux surprendre le lecteur.

On retrouve avec bonheur le trait réaliste du dessinateur Joël Alessandra qui aura pris la pleine mesure d’un scénario oscillant entre le XVème siècle et nos jours, notamment en marquant les périodes bleues correspondant à la vie peu palpitante du gardien de musée contrastant avec les couleurs chatoyantes d’une Toscane flamboyante.

Une mention particulière est à ajouter pour un superbe cahier graphique de l’aquarelliste Joël Alessandra, qui complète bien l’album.

LE VOYAGEUR Théa ROJZMAN/Joël ALESSANDRA Éditions Daniel MAGHEN 150 pages 26,00€

Bernard LAUNOIS

 

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 28 Mars 2023

ANGE LECA, une singulière enquête en eaux troubles

Nous sommes en janvier 1910, alors que la Seine fait des siennes en envahissant la Capitale, semant la panique parmi les Parisiens. La gent animale, à commencer par les rats, locataires des sous-sols, tente de sauver sa peau comme elle peut. Mais, comme si cela n’était pas suffisant voilà que tout remonte à la surface, mêmes les cadavres. Et celui que va découvrir le journaliste Ange Leca interpelle : imaginez le tronc d’une jeune femme dont on a soigneusement scalpé la poitrine. Aussi, qui peut bien avoir réalisé une telle boucherie et ce, dans quel but ? Le ou les meurtriers avaient-il peur que la victime soit reconnue ?

Les scénaristes Tom Graffin et Jérôme Ropert ont intelligemment placé le récit dans la période de la Belle Époque où l’insouciance règne, et plus particulièrement dans les milieux bourgeois tandis que le petit peuple parisien tente de survivre quand survient la crue du siècle. Le lecteur s’attachera assez rapidement au profil du journaliste, qui bien que n’étant pas du métier, ne tarde pas à se transformer en Sherlock Homes. On rajoutera, pour corser le tout, ses vies amoureuses et professionnelles qui s’avèrent particulièrement compliquées.

L’album, fort bien réussi graphiquement par le dessinateur Victor Lepointe, laisse transpirer une ambiance toute particulière oscillant entre une atmosphère souvent lourde, à la manière d’un Jack l’éventreur dans un Paris assiégé par les eaux, avec des couleurs sombres et des couleurs pastel, de bon aloi pour mettre en scène notamment le Paris de la fête.

Enfin, pour ceux des lecteurs qui ne se souviendrait pas ou n’aurait pas eu connaissance de cette période de la Belle Époque, ils découvriront avec intérêt un cahier photographique agrémenté de textes, tant dans un Paris sous les eaux que dans une vie parisienne à l’aube du XXème siècle.

ANGE LECA Tom GRAFFIN & Jérôme ROPERT/Victor LEPOINTE Collection GRAND ANGLE Éditions BAMBOO 72 pages, 15,90 €

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 20 Mars 2023

OLIPHANT, le récit poignant d’une aventure polaire qui tourne au cauchemar

Alors que la guerre fait rage dans toute l’Europe, c’est le moment que choisit l’émérite capitaine Emerson de se lancer dans une nouvelle aventure, avec 28 hommes d’équipage dont Arcadi, son fils, qu’il prend avec lui pour la première fois. Le brise-glace file droit vers l’Antarctique, « l’ultime terre inconnue du globe… Nous vivons le dernier exploit humain du monde » se complait à dire le capitaine explorateur dont la réputation n’est plus à faire. Mais qu’est-ce qui les attend sur ces terres gelées, vont-ils arriver à leurs fins ?

La vie n’est pas un long fleuve tranquille et d’autant plus lorsqu’on brave les affres de la mer. Alors, quand le brise-glace passe de l’enlisement au naufrage, c’est tout un équipage qui se retrouve à terre. Que faire, sinon entreprendre de rejoindre par tous les moyens la Géorgie du Sud et voilà que l’expédition tourne au cauchemar.

Quelle histoire ! La scénariste Loo Hui Phang s’est emparée de l’histoire d’Ernest Shackleton, le premier des grands explorateurs du cercle polaire, pour en faire une fiction des plus réussies, terriblement humaine. Vivre en autarcie génère assurément des tensions et l’on peut étouffer avec des températures polaires. C’est ce que va vivre cet équipage pas vraiment préparé à vivre une expédition aussi désastreuse sans parler de la dimension psychologique des rapports père-fils entre le capitaine et Arcadi.

On appréciera le découpage en huit chapitres, chacun débutant par un sujet scientifique en rapport avec les phénomènes rencontrés par l’équipage.

Quant au dessin de Benjamin Bachelier, il transcende le récit en immergeant le lecteur dans cet univers polaire. Tout en couleurs directes, avec des apports de matières selon le sujet traité, ses planches collent parfaitement à l’esprit qu’a voulu rendre la scénariste.

Alors, prêt pour l’aventure avec un grand A ?

OLIPHANT Loo Hui PHANG/Benjamin BACHELIER Éditions FUTUROPOLIS 256 pages, 36,00 €

Bernard LAUNOIS

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Publié le 17 Mars 2023

LE NID : LES FILS DE LA MORT, chronique d’une fin annoncée

Juin 1944, alors que les revers militaires du IIIème Reich se multiplient, c’est au fin fond des Alpes bavaroises qu’Hitler s’est retiré, accompagné de ses plus proches dignitaires. « Le nid » de Berchtesgaden, sorte de cocon niché entre forêts et montagnes semble être la résidence idéale pour faire le point sur l’état des troupes, mais aussi pour se ressourcer et tenter de calmer ses problèmes de santé.

Au lieu de ça, ses démons et ses angoisses ne font qu’empirer, son médecin n’ayant d’autre solution que d’accepter de lui administrer bon nombre de drogues. Les fêtes se succèdent pour la poignée d’invités conviés à la résidence mais le cœur n’y est pas et tout un chacun s’évertue à faire comme si de rien n’était. Quant aux offensives décidées unilatéralement par le dictateur pendant cette retraite, elles ne feront qu’accélérer la chute de l’empire germanique.

L’auteur Marc Galli précipite le lecteur dans un vase clos des plus nauséabonds où luttes de pouvoir, faux semblants, résignations et dénis se côtoient. Avec un récit plutôt bien construit, le lecteur va découvrir un Führer naviguant entre sa vie publique au milieu de sa cour et ses moments d’intimité lorsqu’il se retranche dans ses appartements, envahi d’hallucinations voire de folies provoquées notamment par les substances injectées.

Avec un dessin aux accents caricaturaux, renforcés par des aplats de couleurs volontairement ternes rendant une ambiance des plus délétères, l’auteur dépeint des êtres torturés à des degrés divers, rongés par l’angoisse d’une fin de règne qu’ils sentent imminente.

Alors, il convient de mettre en garde le lecteur car voilà un livre déroutant, envoutant que, si l’on commence à le lire, on ne lâche plus jusqu’à sa fin.

LE NID : LES FILS DE LA MORT Marco GALLI Éditions SARBACANE 176 pages, 24,00 €

Bernard LAUNOIS

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Publié le 16 Mars 2023

L’ANNÉE FANTÔME, un touchant retour sur l’enfance

Quand l’humoriste Collot décide de faire son show, mieux vaut ne pas être dans son viseur car personne n’est épargné. De l’article assassin à la chronique radiophonique acerbe, en passant par ses sorties dans les soirées mondaines, Collot en impose jusqu’à une invitation à un débat télévisé. Incapable de sortir ses sempiternelles réparties, il sortira complètement démonté de cette joute oratoire au point de renoncer à sa carrière médiatique.

Mais qu’y-a-t-il derrière ce masque satirique, une fuite en avant, une enfance refoulée mise en exergue par ses séances psy ? Comment Gilles Collot-Sopiedard, de son vrai nom, va-t-il se sortir de cette passe difficile ? Peut-être que renouer avec sa famille nordiste, retourner sur son enfance, serait le commencement d’un long parcours du combattant salutaire ?

L’auteur Didier Tronchet décortique au scalpel les états d’âme de son personnage principal, tiraillé entre l’être et le paraître. « Chassez le naturel, il revient au galop » pourrait être assurément une des maximes de ce tendre récit avec un personnage qui touche le fond pour mieux remonter à la surface.

Avec un ton juste, passant des répliques cinglantes aux remarques attendrissantes, ce diable de Didier Tronchet réussit le tour de force de faire paraître son personnage, souvent des plus détestables, comme un être plutôt attachant.

En quelques traits, Didier Tronchet campe ses personnages dans des décors sans fioritures, ne serait-ce que pour aller à l’essentiel, celui de raconter de belles histoires.

Alors l’année fantôme sera-t-elle le chaînon manquant qui permettra à Collot de mieux se comprendre ?

Préfacé par le talentueux François Morel, voilà un beau récit qui ne laissera pas le lecteur indifférent.

 

L’année fantôme Collection Aire Libre Didier TRONCHET Éditions DUPUIS 192 pages 27,00 €

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 19 Février 2023

ROYAL FONDEMENT, un récit truculent pour un sujet qui ne l’est pas moins

Le jeune Geoffroy se désespère de voir que son entreprise de barbier n’arrive pas à être aussi florissante qu’il l’aurait espéré. De l’ambition, il en a à revendre mais les gentes dames ne se bousculent pas dans l’échoppe de son père boucher pour se faire coiffer. Heureusement, la chance sourit aux audacieux et voilà qu’en sauvant de la noyade un laquais du Roi-Soleil, il trouve le moyen d’approcher le chirurgien de Louis XIV.

Ses techniques de réanimation étant venues aux oreilles du Roi, ce dernier ne tarde pas à s’intéresser à  ce barbier peu ordinaire et à demander au chirurgien Charles-François Félix de le prendre à ses côtés. Voilà Geoffroy introduit dans l’entourage et c’est triomphant qu’il retourne auprès de son père afin de lui faire part de ses nouvelles ambitions. Pendant ce temps, l’abcès mal placé du roi, ne cesse de croitre et embellir, occupant toutes les attentions de la cour mais aussi aiguisant les appétits de certains en voyant le monarque bien diminué.

Intrigues, complots autour du roi, Geoffroy va-t-il comprendre que sa nouvelle place n’est pas de tout repos et qu’il risque d’y perdre des plumes s’il n’est pas plus méfiant ?

Réaliser un scénario avec pour thème principal la fistule anale du Roi-Soleil, il fallait oser ! Et force est de reconnaitre que le scénariste Philippe Charlot s’en est plutôt bien sorti en plongeant le lecteur dans un récit historique bien ficelé auquel il ajoute une bonne dose d’humour qui permet, dès les premières pages, de faire adhérer son lectorat. Les dialogues s’avèrent alertes et l’on passe du rire aux larmes au gré de l’histoire.

Le dessin tout en rondeur d’Éric Hübsch n’est pas en reste pour mettre en valeur un scénario des plus grotesque. Les personnages croqués évoluent dans des décors plutôt fouillés, passant des échoppes versaillaises aux fastes royaux, et le tout est agréablement mis en couleurs par Orlane Chambert.

Apprendre en s’amusant, c’est assurément ce que le lecteur découvrira dans ce récit porté sur l’intime du roi.

ROYAL FONDEMENT Philippe CHARLOT/Éric HÜBSCH Collection GRAND ANGLE Éditions BAMBOO 72 pages 16,90 €

Bernard LAUNOIS

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Publié le 16 Février 2023

LES FILLES DES MARINS PERDUS T2, retour sur une saga de belles personnes

Des histoires de marins, il s’en raconte dans tous les ports et de tout temps et dans ce livre II de Les filles des marins perdus, l’on retrouve avec plaisir ces récits qui sentent bon les embruns.

Cette fois, la belle et intelligente Tess cherche par tous les moyens de rejoindre son frère, la seule personne de sa famille qu’il lui reste, à Madras. Seulement, elle est ici à Plymouth et pour ça il faut payer le voyage en bateau alors qu’elle n’a pas le moindre sou. Aussi quand sa meilleure amie lui propose de rejoindre la pension du Pilar, elle n’hésite pas à devenir une femme de petite vertu. Son arrivée dans le bordel rencontre un succès fou auprès des marins et lui permet d’entrevoir son voyage tant désiré, mais maintenant il va falloir convaincre un capitaine de vaisseau de la prendre à son bord. C’est en Yasser Allali, capitaine du Last chance qu’elle va fonder tous ses espoirs. Réussira-t-elle à l’amadouer pour entreprendre cette périlleuse traversée ?

Après le succès de Le port des marins perdus, Teresa Radice au scénario et Stefano Turconi au dessin avaient récidivé avec Les filles des marins perdus. C’est donc une heureuse surprise qu’ils ont offert aux lecteurs en réalisant un livre II de ce dernier titre, tout aussi passionnant que les précédents ouvrages. L’album est composé de deux parties, comme l’a été le livre I, et le lecteur va s’attacher dès les premières pages à cette jeune femme courageuse et téméraire qui n’hésite pas à braver son entourage pour arriver à ses fins. Les rebondissements ne manquent pas et l’on peut se prendre à rêver d’un troisième opus.

Le dessin réaliste de Stéfano Turconi sied toujours parfaitement au scénario permettant au lecteur de retrouver ses décors particulièrement soignés et fouillés où les personnages évoluent au gré du récit.

LES FILLES DES MARINS PERDUS Livre II Teresa RADICE/Stefano TURCONI Collection TREIZE ETRANGE Éditions GLENAT 128 pages, 17,00€

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 13 Février 2023

CHEVROTINE, un coup à ne pas manquer !

Bienvenue dans le petit monde de Chevrotine, jeune femme plutôt délurée à la tête d’une « petite » famille tout aussi fantasque que leur mère. Blottis dans une cabane au fin fond d’une forêt, les cinq zouaves Nope, Nougatine, Mornifle, Mandale flanqués de Chevrotine et sans oublier Cassidy le chien qui parle, vont vous entrainer dans des aventures tout aussi loufoques que fantasmagoriques.

Composé de six chapitres et d’un épilogue, le scénario réalisé par Pierrick Starsky décoiffe par un drôle de récit où science-fiction, western, sorcellerie et onirisme s’entremêlent avec délice. De l’astronaute en panne de vaisseau spatial aux voisins qui détestent les sorcières, en passant par le facteur en moto volante ou encore l’enfant qui a décidé qu’il ne grandirait plus, les situations burlesques s’enchainent et si les premières pages déroutent quelque peu, cette impression s’estompe très vite au profit d’un réel plaisir de lecture.

Avec son dessin réaliste, Nicolas Gaignard plante bien le décor en mettant en valeur les personnages tout aussi cocasses les uns que les autres, et le parti pris de griser quasiment l’ensemble de l’album hormis quelques touches de bleu s’avère réussi.

Attention lecteurs, voici 56 pages de détente dont vous ne ressortirez assurément pas indemne et dont la lecture ne devrait laisser aucun indifférent. Reste à souhaiter que ce récit en amènera d’autres, ne serait-ce que pour suivre la belle Chevrotine à la détente facile.

CHEVROTINE Pierrick STARSKY/ Nicolas GAIGNARD Éditions FLUIDE GLACIAL 56 pages, 16,90 €

Bernard Launois

 

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 10 Février 2023

LES GRIMACIERS, quand les justiciers masqués s’emballent

À l’aube de la quarantaine et de la crise qui l’accompagne, le Napolitain Luigi trouve que sa vie n’a plus aucun sens, entre son

commerce de santons guère palpitant tant financièrement qu’intellectuellement et une vie de famille pas plus épanouissante, où sa compagne passe son temps à lui reprocher de négliger sa famille. Bref, rien ne va plus et quand l’on rajoute que sa bonne vieille ville napolitaine est gangrenée par les individus de la Camorra qui passent leur temps à racketter, la coupe est pleine. Lui vient alors l’idée de se transformer en justicier masqué et de faire sa propre police puisque les autorités ont baissé les bras depuis fort longtemps. Affublé d’un masque de Polichinelle, le voilà à régler les comptes la nuit tombée de jeunes voyous en mal de larcins. Mais pris à un jeu qui fonctionne plutôt bien, voilà qu’il décide de s’acoquiner avec d’anciennes connaissances afin de monter d’un cran.

Jusqu’où ira cette association de « bienfaiteurs » dans son équipée sauvage et nocturne ? Où s’arrête la conviction de faire le bien et commence le constat d’être devenu assassin à son tour ? Clairement, la frontière s’avère particulièrement ténue.

C’est autour de ce thème que le scénariste Cheero Deemartsio, dont c’est la première bande dessinée, bâtit son récit.  Il gratifie le lecteur d’un album particulièrement bien construit, l’entrainant dans une sarabande étourdissante jusqu’à…

Avec un dessin semi-réaliste, Luca Albanese plante rapidement le décor aussi noir que le récit avec notamment des personnages taillés à la serpe, seyant parfaitement au scénario. Quant aux couleurs, naviguant entre le bistre et le bleu sale, tellement éloignées des couleurs chatoyantes du sud de l’Italie, elles concourent à renforcer l’ambiance sombre du récit.

Lecteurs, accrochez-vous pour un récit des plus palpitants !

LES GRIMACIERS Cheero DEEMARTSIO/Luca ALBANESE Editions SARBACANE 140 pages, 22,90 €

Bernard LAUNOIS

 

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Rédigé par Bulles de Mantes

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