coup de coeur bernard launois

Publié le 30 Juin 2023

UN TOURNAGE EN ENFER, Apocalypse Now : retour sur la réalisation apocalyptique d’un des plus grands films du 20e siècle

Apocalype Now est assurément un des chefs d’œuvre du cinéma qui aura marqué les années 80 par son importance culturelle, historique ou esthétique. Primé de nombreuses fois à commencer par une Palme d’or au Festival de Cannes 1979, mais également nommé pour huit oscars, alors autant dire que ce film est un monument.

Mais combien savent que le film a été également un monument de débauche financière pour le réaliser, de conditions apocalyptiques pour le tourner, de caprices divers et variés des auteurs engagés… ?

C’est ce que propose de découvrir l’auteur Florent Silloray en plongeant le lecteur au milieu du tournage comme s’il y était. Dès les premières pages, le lecteur se retrouve ainsi immergé dans la jungle luxuriante de la province de Pagsanjan aux Philippines, endroit retenu comme étant le plus ressemblant aux lieux de combats, en l’absence d’autorisation des autorités vietnamiennes pour tourner. Les ennuis s’enchainent à vitesse grand V et sont à la mesure de la production hollywoodienne.

Le scénario plutôt bien construit montre la particularité d’utiliser la voix off d’un personnage fictif, en l’occurrence celle d’une jeune attachée de production, permettant de prendre du recul par rapport à l’action. Et de l’action, le lecteur en dévorera tout au long du récit que ce soit sur le lieu de tournage ou dans les allers et retours aux Etats-Unis du réalisateur Francis Ford Coppola.

Le dessin s’avère bien en phase avec le scénario, plutôt haut en couleurs, rendant parfaitement bien les paysages tantôt somptueux tantôt devenus apocalyptiques eu égard au climat de guerre.

Voici un album fort réussi, à lire avant ou après le (re)visionnage du film Apocalypse Now, histoire de le voir d’une autre manière et de mieux en apprécier la réalisation.

UN TOURNAGE EN ENFER Florent SILLORAY Editions CASTERMAN 160 pages, 24,00 €

Bernard LAUNOIS

 

Voir les commentaires

Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

Repost0

Publié le 27 Juin 2023

NAUFRAGEURS, où la piraterie va-t-elle se nicher ?

Qui ne dit mot consent, voilà un principe de droit qui colle parfaitement à la situation où se retrouve Jim, contraint et forcé de taire une situation des plus intolérables.

Nous sommes le 14 septembre 1704, au sud de l’Angleterre, et la population du village de Greenway survit comme elle peut car hormis la pêche, point de salut sauf… le pillage des bateaux, consistant à faire des signaux ressemblant aux phares afin que les navires viennent s’échouer contre les rochers.

C’est une première pour Jim, en âge d’assister à cette boucherie et quelle première car le Mérédith transporte un mystérieux passager porteur d’un fabuleux trésor. Conscients que leur forfaiture ne tarderait pas à être découverte par les soldats dépêchés sur place, les pilleurs planquent tout leur butin dans une crique.

Vont-ils arriver à préserver le secret et au-delà sauver leur peau car c’est le gibet de potence qui les attend si le pot aux roses venait à être découvert ? Beaucoup de monde est au courant de ces exactions et il va falloir s’assurer que personne n’ouvre la bouche, mais à quel prix !

Infatigable raconteur d’histoires, le scénariste Rodolphe sait également mettre les nerfs du lecteur à rude épreuve en ménageant le suspense, servi à haute dose. Distillant au fur et à mesure des ingrédients propres à brouiller les pistes, il va rapidement amener le lecteur à se poser bon nombre de questions, mais pas forcément les bonnes.

Voilà un thriller psychologique bien ficelé remarquablement mis en images avec le dessin hyperréaliste de Laurent Gnoni, où les acteurs du drame évoluent dans de superbes décors alternant les paysages maritimes et terrestres et qui ne devraient pas laisser indifférent.

NAUFRAGEURS RODOLPHE/Laurent GNONI Editions Daniel MAGHEN, 72 pages 16,50 €

Bernard LAUNOIS

Voir les commentaires

Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

Repost0

Publié le 15 Mai 2023

OMULA ET REMA T1 LA FIN D’UN MONDE, quand le péplum tutoie la science-fiction

Imaginons une planète en surpopulation pour laquelle la seule échappatoire réside dans la recherche d’une exoplanète apte à recevoir une partie de la population. C’est dans cette aventure que la jeune Omula embarque avec ses parents. Seulement, eu égard à la durée du voyage, chaque membre d’équipage dispose de deux clones susceptibles de pouvoir servir de pièces de rechange s’il advenait qu’un organe de leur corps ait besoin d’être remplacé. Concomitamment, notre bonne vieille terre s’avère être le théâtre d’un complot politique au sein de la Rome antique.

Mais quel rapport peut-il bien avoir entre les deux planètes, avec des civilisations aux antipodes ?

Des événements dramatiques ne vont pas tarder à modifier le voyage spatial qui vont précipiter Omula et Rema, un de ses substituts, dans une histoire des plus incroyables.

Quel scénario original pour le récit que nous a concocté le talentueux scénariste Yves Sente, qui verra son dénouement dans un prochain album ménageant ainsi le suspense. Habitué à des séries plutôt classiques telles que XIII, Thorgal ou encore Blake et Mortimer, Yves Sente réunit ici deux univers qu’il affectionne et ce, pour le plus grand plaisir du lecteur. Aventure avec un grand A au travers de l’univers, retour sur une civilisation antique où tous les coups sont permis, tous ces éléments concourent à tenir en haleine le lecteur et lui impose de patienter pour en voir la fin.

Le dessin hyperréaliste de Jorge Miguel, mis en couleur par Delf, colle parfaitement au récit, alternant les couleurs chatoyantes de la cité antique en contraste avec celles plutôt sombres de l’espace.

Enfin, le titre Omula et Rema s’approche tellement de Romulus et Remus que l’on ne peut s’empêcher de penser que ce n’est guère fortuit. Le deuxième opus nous en apportera peut-être la réponse.

À découvrir instamment.

OMULA ET REMA T1 LA FIN D’UN MONDE Jorge MIGUEL/Yves SENTE Éditions RUE DE SEVRES 88 pages, 18,00 €

Bernard LAUNOIS

 

Voir les commentaires

Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

Repost0

Publié le 9 Mai 2023

MARECAGE T1, bienvenue dans le monde fantasmagorique d’Antonio Zurera Aragon

Rien ne va plus au royaume de Palantia, voilà que la princesse Valadira, nouvelle reine après avoir fomenté la mort de sa sœur n’a qu’une seule idée en tête, c’est de faire disparaitre Ysaut, l’héritière légitime du trône heureusement enlevée par le vieux et fidèle Ariston Bergère. Mais où fuir avec un nourrisson quand on a une horde de cavaliers à ses trousses sinon s’enfoncer dans le marécage où seuls les pires criminels sont envoyés ? Hélas, Ysaut trop faible ne résista pas à cette chevauchée mais comment alors trouver un subterfuge pour garder vivant son nom et pousser les traitres à entamer une traque dans le marécage ? Ariston Bergère a plus d’un tour dans son sac mais il sait qu’il se trouve dans un milieu des plus hostiles pour les humains et qu’il n’a pas droit à l’erreur jusqu’à l’arrivée de Sombra, l’aventurière masquée du marécage…

Le décor est planté, les protagonistes prêts à en découdre pour démêler cet imbroglio moyenâgeux où se mélange réel et fantastique. Avec un scénario plutôt bien ficelé, l’auteur Antonio Zurera Aragon emporte le lecteur dans un univers fantasy animalier que ne renierait pas le talentueux Régis Loisel, auteur de La quête de l’oiseau du temps.

Non content d’être un bon conteur, l’auteur Antonio Zurera Aragon s’avère également être un remarquable dessinateur et le lecteur s’étonnera de découvrir des êtres tout aussi fantastiques les uns que les autres évoluer dans une nature aussi luxuriante qu’inquiétante. Avec un dessin des plus dynamiques, on se croirait, au détour de certaines planches, dans un dessin animé. Enfin, on attribuera une mention particulière à la superbe mise en couleurs d’Hiroyuki Ooshima qui sublime le dessin.

MARECAGE T1 Sombra Antonio ZURERA ARAGON Éditions DUPUIS 112 pages, 21,95 €

Bernard LAUNOIS

 

Voir les commentaires

Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

Repost0

Publié le 1 Mai 2023

CARLETTI, un voyageur moderne au temps du XVIIème siècle, mythe ou réalité ?

Né avec une cuillère d’argent dans la bouche, le jeune florentin Fransesco Carletti entreprend de suivre la carrière de son père Antonio, qui a fait fortune dans le commerce. C’est après une formation de deux ans en Espagne que père et fils s’embarquent dans une singulière aventure, celle de faire le tour du monde en espérant faire fortune avec le trafic humain, visiblement plus lucratif que celui des soieries et autres épices en perte de vitesse. Seulement, traverser les mers alors que les guerres font rage s’avère des plus périlleux et la vie confortable d’une bourgeoisie florentine n’est plus qu’un lointain souvenir à bord de navires où les conditions de vie sont particulièrement difficiles.

A la rudesse des traversées s’ajoutent les tracasseries administratives notamment pour passer les frontières où seule la monnaie sonnante et trébuchante s’avère une planche de salut. Alors, quand enfin ils arrivent à négocier l’achat d’esclaves, le retour avec la cargaison de malheureuses victimes de pauvres hères se révèle encore plus difficile que l’aller. Combien arriveront à bon port, quand sur le bateau la nourriture commence à manquer et les maladies ne cessent de progresser ? Quel regard va finalement porter Franscesco sur ce commerce d’esclaves ?

Réalité, fiction ou plutôt un mix des deux, l’historien et scénariste Giorgio Albertini construit son scénario des plus exaltants à la manière du carnet de bord, tenu au jour le jour, d’un périple peu ordinaire où le jeune Carletti tantôt découvre des paysages merveilleux des contrées traversées de l’Afrique au Japon tantôt se trouve confronté à des conditions de vie des plus inhumaines et insupportables.

L’intérêt du récit réside à la fois dans l’évocation d’un personnage qui a réellement existé et vécu cette aventure extraordinaire, mais aussi dans le plaisir d’un scénario bien ficelé où le suspense est entretenu tout au long d’un opus de plus de 250 pages.

À son talent de scénariste Giorgio Albertini ajoute celui de dessinateur avec une remarquable mise en images qui devrait assurément passionner les amoureux de l’aventure avec un grand A.

CARLETTI un voyageur moderne Giorgio ALBERTINI Éditions CASTERMAN 268 pages, 25,00 €

Bernard LAUNOIS

Voir les commentaires

Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

Repost0

Publié le 15 Avril 2023

TROIS CHARDONS, voilà de belles plantes qui ne peuvent laisser indifférent !

35 ans, voici un âge qui s’avère être bien trop jeune pour enterrer un mari. C’est hélas, le sort de Moïra qui se retrouve alors sans ressources pour élèver ses deux jeunes enfants. Nous sommes en 1933 et Moïra qui n’a jamais travaillé, sait qu’elle aura toutes les peines du monde à s’insérer dans la vie professionnelle. Que faire alors, sinon se rapprocher de sa famille, en l’occurrence de Margaret sa sœur ainée, qui lui offre l’hébergement jusqu’à ce qu’elle trouve du travail afin notamment de nourrir sa progéniture et s’occuper l’esprit.

Seulement, pour Moïra, passer d’une maison cossue à une ferme écossaise des plus austères au fin fond de l’ile de Skye relève de la gageure, sans parler de la cohabitation avec son ainée qui vivait jusqu’alors seule, endeuillée de son unique enfant. Et comme si ça ne suffisait pas, voilà qu’Effie, la petite dernière fuit son mari volage pour rejoindre ses ainées.

Mais le tempérament de nos trois jeunes soeurs est radicalement différent, voire explosif en ce qui concerne la petite dernière qui ne s’en laisse pas compter. Arriveront-elles à vivre ensemble au jour le jour sans que les rancœurs, les luttes intestines ne ressurgissent comme lorsqu’elles demeuraient encore sous le même toit chez leurs parents ? Pourront-elles s’insérer dans la vie du village, et peut-être y trouver l’amour ?

L’autrice Cécile Becq dépeint avec justesse une fratrie malmenée par la vie qui ne l’a guère ménagée depuis ces dernières années mais qui, malgré tout trouve la force de caractère pour avancer.

La condition féminine apparait un sujet que Cécile Becq affectionne tout particulièrement, que ce soit avec Ama, le souffle des femmes s’attardant sur la condition de vie de femmes japonaises, pêcheuses d’ormeaux, ou avec ce nouvel opus de Trois chardons, plantes à épines mais aussi à belles fleurs, un récit sensible et sans tabou.  

Son dessin hyperréaliste colle parfaitement au sujet, tout en douceur, plein de sensibilité et de sensualité. Clairement, un bel album à ne pas manquer.

TROIS CHARDONS Cécile BECQ Éditions SARBACANE 128 pages, 24,00 €

Bernard LAUNOIS

Voir les commentaires

Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

Repost0

Publié le 12 Avril 2023

SHAMISEN, quand la musique adoucit les mœurs

Qui ne connait pas encore le shamisen, instrument traditionnel japonais, a tout intérêt à se plonger dans la lecture de ce conte qui se déroule au XXème siècle : la resplendissante Haru joue de ce luth à trois cordes accompagné de ses chants mélodieux, au gré des lieux qui l’inspirent au risque de ne pas plaire à tous. Ainsi, bien que sa prestation dans un jardin public ait été accueillie avec ferveur par la foule rassemblée pour l’écouter, il suffit qu’un grincheux la traite de mendiante pour qu’elle se confonde en excuse. Et c’est là que la magie opéra par la survenance d’un kappa, sorte de monstre issu du folklore japonais tombé sous le charme de la musicienne. Cette dernière lui tint de tels propos à son encontre, lui faisant réviser ses a priori sur la condition humaine, qu’il lui offrit la clé de la dimension divine.

Nantie de cette clé, elle se lance dans un voyage où elle ne tarde pas à rencontrer des personnages de la mythologie japonaise. La quête sera longue mais qu’obtiendra-t-elle au bout de ce long périple ?

Tiago Minamisawa, plutôt connu comme réalisateur et producteur de courts-métrages, signe là son premier scénario de bande dessinée et ce de fort belle manière, envoutant le lecteur dès les premières pages. Il mélange avec talent la vie de cette jeune musicienne à la mythologie japonaise, pour en faire une belle unité dans une jolie balade philosophique.

Le dessin réaliste, rehaussé de superbes couleurs, de Guilherme Petreca ajoute un caractère féérique à la fable, entrainant le lecteur dans des décors fantasmagoriques aux couleurs chatoyantes.

Enfin, ajoutons une mention particulière pour le soin apporté à l’édition de ce conte, remarquablement mis en valeur que ce soit dans la réalisation très soignée du livre que dans sa conception éditoriale avec notamment des bonus permettant de mieux appréhender son univers merveilleux.

SHAMISEN Tiago MIMAMISAWA/Guilherme PETRECA Éditions ANKAMA 160 pages, 21,90 €

Bernard LAUNOIS

Voir les commentaires

Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

Repost0

Publié le 7 Avril 2023

ENVIRONNEMENT TOXIQUE, un drôle de retour dans l’univers masculin des camps de travailleurs du pétrole

La jeune Kate Beaton sort de ses études financées par un prêt étudiant qu’elle va devoir rembourser instamment. Seulement, trouver du travail quand on réside dans un village de l’ile de Cap-Breton, sur la côte canadienne, s’avère une pure gageure alors… Pourquoi ne pas tenter de s’expatrier dans les mines de sables bitumeux qui, parait-il, lui permettraient de se remettre à flot dans les meilleurs délais ?

Passées les réticences familiales à la laisser partir dans un milieu hostile, Kate décide de faire les 5 000 kms pour rejoindre le camp de travailleurs de Long Lake où elle a été engagée au rythme de douze heures en alternant les jours/nuits. Kate est courageuse et les horaires ne lui font pas peur, l’environnement polluant la tracasse mais elle surmonte ses appréhensions. Ce qu’elle craignait avant son arrivée, c’était de se retrouver dans un milieu confiné peuplé presque exclusivement d’hommes et elle n’a pas été déçue : sobriquets, blagues grivoises, compliments intéressés voire tentatives de flirt plus ou moins insistantes s’enchainent. Et le comble de tout, c’est la résignation des quelques femmes qui travaillent dans ce milieu et qui ont fini par baisser les bras. A 21 ans, Kate n’a pas l’intention de se laisser faire mais seulement, comment briser le silence ?

L’autrice Kate Beaton décrit avec justesse l’ambiance particulière d’un milieu de confinement où les seules distractions, après un travail difficile dans des conditions sanitaires plutôt limite, sont les beuveries des jours de repos avec les opportunités de finir les soirées dans les draps d’une employée du groupe ou d’une autochtone.

Malgré tout, l’autrice traite le sujet avec beaucoup d’empathie pour ces hommes loin de chez eux et qui, pour beaucoup d’entre eux, n’ont pas eu d’autre solution que d’accepter ce travail.

Avec un dessin plutôt réaliste, Kate Beaton se met en scène au milieu de ses collègues et au travers des 400 pages d’un roman graphique où le lecteur n’aura de cesse de découvrir tous les tourments des deux années passées dans un environnement bientôt plus toxique psychologiquement que physiquement.

ENVIRONNEMENT TOXIQUE Kate BEATON Éditions CASTERMAN 440 pages, 29,95 €

Bernard LAUNOIS

 

Voir les commentaires

Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

Repost0

Publié le 4 Avril 2023

LE VOYAGEUR, du Louvre à la Toscane tout un programme

Le métier de gardien de musée n’a, a priori, rien de vraiment passionnant, et a fortiori quand on est cantonné dans le même secteur depuis des lustres. C’est hélas le triste sort de Patrick, chargé notamment de surveiller la Joconde, supportant à longueur de journées les explications des guides et les commentaires des spectateurs. Alors, non seulement il ne peut plus voir la Joconde en peinture, mais rien d’autre non plus. Et quand on rajoute son statut de célibataire vivant chez maman, le rejet de ses collègues qui le trouvent trop ringard, sa timidité maladive qui l’empêche d’aborder Geneviève la caissière dont il s’est entiché, voilà un funeste tableau bien dressé… Jusqu’à ce que l’incroyable, voire l’inconcevable survienne.

Voilà que notre quinquagénaire se retrouve happé dans le tableau de la Joconde et ses paysages Toscans.  Quel choc, découvrir l’environnement de Léonard de Vinci, guidé par Ginerva, la sœur de Mona Lisa alors que quelques instants plus tôt, il ne faisait que vociférer devant cette Joconde !

Où cette escapade le mènera-t-elle, comment ressortira-t-il de cet intermède qui l’extirpe d’une vie bien morose ? C’est ce que la scénariste Théa Rojzman s’emploie à faire avec talent tout au long d’un récit envoutant dont le lecteur n’aura de cesse de connaître l’épilogue. De la rencontre d’un enfant qui ressemble tant à Patrick, aux recommandations de Léonard de Vinci à son encontre, la scénariste brouille habilement les pistes entre réalité et fiction, pour mieux surprendre le lecteur.

On retrouve avec bonheur le trait réaliste du dessinateur Joël Alessandra qui aura pris la pleine mesure d’un scénario oscillant entre le XVème siècle et nos jours, notamment en marquant les périodes bleues correspondant à la vie peu palpitante du gardien de musée contrastant avec les couleurs chatoyantes d’une Toscane flamboyante.

Une mention particulière est à ajouter pour un superbe cahier graphique de l’aquarelliste Joël Alessandra, qui complète bien l’album.

LE VOYAGEUR Théa ROJZMAN/Joël ALESSANDRA Éditions Daniel MAGHEN 150 pages 26,00€

Bernard LAUNOIS

 

Voir les commentaires

Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

Repost0

Publié le 28 Mars 2023

ANGE LECA, une singulière enquête en eaux troubles

Nous sommes en janvier 1910, alors que la Seine fait des siennes en envahissant la Capitale, semant la panique parmi les Parisiens. La gent animale, à commencer par les rats, locataires des sous-sols, tente de sauver sa peau comme elle peut. Mais, comme si cela n’était pas suffisant voilà que tout remonte à la surface, mêmes les cadavres. Et celui que va découvrir le journaliste Ange Leca interpelle : imaginez le tronc d’une jeune femme dont on a soigneusement scalpé la poitrine. Aussi, qui peut bien avoir réalisé une telle boucherie et ce, dans quel but ? Le ou les meurtriers avaient-il peur que la victime soit reconnue ?

Les scénaristes Tom Graffin et Jérôme Ropert ont intelligemment placé le récit dans la période de la Belle Époque où l’insouciance règne, et plus particulièrement dans les milieux bourgeois tandis que le petit peuple parisien tente de survivre quand survient la crue du siècle. Le lecteur s’attachera assez rapidement au profil du journaliste, qui bien que n’étant pas du métier, ne tarde pas à se transformer en Sherlock Homes. On rajoutera, pour corser le tout, ses vies amoureuses et professionnelles qui s’avèrent particulièrement compliquées.

L’album, fort bien réussi graphiquement par le dessinateur Victor Lepointe, laisse transpirer une ambiance toute particulière oscillant entre une atmosphère souvent lourde, à la manière d’un Jack l’éventreur dans un Paris assiégé par les eaux, avec des couleurs sombres et des couleurs pastel, de bon aloi pour mettre en scène notamment le Paris de la fête.

Enfin, pour ceux des lecteurs qui ne se souviendrait pas ou n’aurait pas eu connaissance de cette période de la Belle Époque, ils découvriront avec intérêt un cahier photographique agrémenté de textes, tant dans un Paris sous les eaux que dans une vie parisienne à l’aube du XXème siècle.

ANGE LECA Tom GRAFFIN & Jérôme ROPERT/Victor LEPOINTE Collection GRAND ANGLE Éditions BAMBOO 72 pages, 15,90 €

Bernard LAUNOIS

 

Voir les commentaires

Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

Repost0