Publié le 25 Avril 2024

UN SI GRAND AMOUR, récit d’une mort amoureuse pas annoncée

« Les histoires d’amour finissent mal en général » chantaient les Rita Mitsouko en 1986. Cette chanson a dû résonner souvent dans la tête de l’autrice Pauline Aubry alors qu’elle s’attelait à ce roman graphique touchant racontant la séparation d’avec son amoureux et ses conséquences.

Pauline Aubry revient sur les années d’amour, d’insouciance, de complicité avec sa moitié puis de cette cassure qu’elle n’avait pas vu venir. S’ensuit une lente et longue descente aux enfers jusqu’à...

Scindé en sept épisodes, le récit s’étale sur une période de près de six ans, de mai 2018 à décembre 2023 allant du choc de l’annonce de la rupture jusqu’à l’acceptation en passant par toutes les phases, du déni à la tristesse voire à la colère.

Dès les premières pages, son autobiographie d’une douloureuse période de sa vie est placée sous le signe de l’auto-dérision que l’autrice manie parfaitement. Car quitte à narrer une période compliquée, autant le faire sur le ton de l’humour, souvent sarcastique.

Le récit chronologique, fort bien construit, s’apparente à une mise à nu psychologique où Pauline Aubry ne passe rien sous silence.

Si le dessin de Pauline Aubry s’avère alerte, sans fioriture mais très efficace, il est à l’image des dialogues, allant droit au but et souvent touchant, là où ça fait mal.

On notera le petit clin d’œil à la génération des soixante-huitards avec l’utilisation astucieuse du fameux « carré blanc », dispositif apposé sur les films pouvant comporter des scènes réservées à un public averti et utilisé ici pour cacher ce que l’on ne saurait voir.

Après Les mutants et Les descendants, ce nouveau roman graphique achève une trilogie sur la construction de soi, sans pudeur, sans faux semblant et sous des airs tragicomiques, qui se révèle d’une grande sensibilité.

UN SI GRAND AMOUR Pauline AUBRY Histoire d’une rupture Editions LES ARENES BD 240 pages, 23,00 €

Bernard LAUNOIS

 

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 22 Avril 2024

AMERICAN PARANO T1, Black house, entre doute et certitude

À l’aube des années 70, la jeune inspectrice Kim Tayler n’en mène pas large alors qu’elle rejoint le Central de San Francisco pour y exercer. Il faut dire qu’elle espère faire honneur à son père qui a œuvré dans le service et laissé une belle réputation derrière lui. À peine est-elle arrivée, voilà qu’on lui confie l’enquête sur une étudiante retrouvée ligotée aux abords du Golden Gate National et portant sur son ventre la gravure au couteau d’un signe satanique.

Si pour Kim les frasques du fondateur de « l’église de Satan » apparaissent comme des éléments susceptibles de le désigner coupable, il va falloir maintenant s’assurer qu’il en est bien l’auteur. Seulement, être arrivée vice-major de sa promo en crim ne s’avère peut-être pas suffisant pour tout mener à bien, surtout quand on traine une persistante mélancolie.

Après Le labo, voici qu’à nouveau l’auteur Hervé Bourhis s’associe avec talent au dessinateur Lucas Varela pour un diptyque sur le thème du polar. Avec ce premier album plutôt alléchant, ne serait-ce parce que le suspense s’avère maintenu, Hervé Bourhis mène de front deux histoires en une seule : celle d’une enquête confiée à une jouvencelle dans le milieu glauque du démoniaque et du pervers plutôt à la mode dans les années 70, et peut-être la plus difficile, celle du combat de Kim pour s’affirmer dans un milieu macho où l’on considère que la gent féminine est tout juste bonne à taper sur une machine à écrire et servir le café.

Que dire du dessin mais aussi des couleurs de Lucas Varela sinon qu’ils mettent rapidement le lecteur dans le bain. Les personnages possèdent ce que l’on appelle des gueules, qui évoluent dans un San Francisco loin des clichés colorés que la ville véhicule.

Voilà tous les ingrédients d’un bon polar qui ne demande qu’à finir en beauté.

AMERICAN PARANO T1, Black house Hervé BOURHIS/Lucas VARELA collection Grand Public, éditions DUPUIS 64 pages, 16,50 €

Bernard LAUNOIS

 

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 18 Avril 2024

BORBOLETA, une quête identitaire salutaire

Cela fait déjà quelques années que Madeleine Pereira désire retrouver ses racines portugaises mais son entourage, à commencer par son père, s’avère peu loquace pour lui raconter sa jeunesse.

Et si elle prenait prétexte de réaliser une bande dessinée sur ce thème, peut-être alors que les langues se délieront ?

Il faut dire que ses parents ont émigré en France alors que la dictature de Salazar sévissait et que revenir sur cette période apparaît douloureux.

Sa quête commence en région parisienne mais s’arrête assez vite car bon nombre de ses congénères, en âge de prendre la retraite, sont repartis au Portugal et c’est tout naturellement qu’elle décide de rejoindre Lisbonne qu’elle va découvrir pour la première fois et pour finir, tenter d’en apprendre un peu plus sur elle.

Voilà un récit émouvant que nous livre l’autrice Madeleine Pereira en mettant en scène les rencontres des proches de sa famille ainsi que des amis de son père qui ont tous un ressenti et un vécu de cette période dictatoriale. Et c’est en butinant comme un borboleta, papillon en portugais, que Madeleine va découvrir auprès des Lisboètes le cheminement d’une vie difficile sous la terreur d’un régime despotique où l’on survit plutôt qu’on vit. C’est aussi un focus sur la condition féminine où le paternalisme règne, considérant la femme comme une moins que rien, corvéable corps et biens.

Si son autobiographie ne respire pas la gaieté eu égard à la période dictatoriale, l’effet est heureusement compensé par des dialogues alertes, souvent teintés d’humour et d’autodérision.

Le dessin faussement naïf de Madeleine Pereira s’adapte parfaitement au récit, associé à des couleurs plutôt chatoyantes qui apportent chaleur et réconfort à ce sujet fort.

BORBOLETA Madeleine PEREIRA Éditions SARBACANE 176 pages, 24,00 €

Bernard LAUNOIS

 

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 15 Avril 2024

BATMAN & ROBIN DYNAMIC DUO T1, tel père tel fils… Quoique !

Quel plaisir de retrouver ce duo père et fils unis, réconciliés de fraiche date pour protéger Gotham des malfaiteurs qui ne cessent de pulluler.

Cette fois, une entente criminelle se dessine et nos justiciers sont dans un premier temps dans l’impossibilité de connaitre les tenants et les aboutissants sinon la présence d’intrigants personnages déguisés en lapins. Que faire alors sinon se jeter à corps perdu avec le risque de se retrouver piégés ?

Seulement Batman a d’autres vues quant à sa collaboration avec son fils, Damian, et plutôt que de livrer bataille ensemble il préfèrerait qu’il reprenne ses études trop rapidement arrêtées. Malgré une explication plutôt houleuse, Batman ne cède pas et voilà que Damian se retrouve résigné à fréquenter les bancs du lycée Gotham Heights.

L’intermède n’apparait pas du goût du jeune ado, pris entre un profond ennui et une cohabitation difficile avec ses camarades de classe, et il finit par faire l’école buissonnière. Arrivera-t-il à montrer à son père qu’il est bien plus utile à ses côtés plutôt qu’à user ses fonds de pantalon dans ce carcan scolaire ?

Le scénariste Joshua Williamson signe là un scénario bien singulier où sur fond de bataille entre les bons et les méchants, c’est un autre affrontement qui s’opère entre un père et son ado de fils. Le récit rythmé notamment dans les poursuites dans Gotham tranche singulièrement avec des périodes plus intimistes lors de discussions entre les deux êtres qui tentent de tenir leurs rôles, celui d’un père soucieux de l’éducation de son fils et de l’autre, celui d’un jeune adolescent, certes doué mais plutôt écervelé et en recherche de maturité.  

L’auteur Simone Di Meo démontre une fois de plus que son talent de dessinateur ne s’arrête pas à la réalisation de couvertures d’album. Les pages sont graphiquement très réussies, pleines d’allant et l’on se complait à les parcourir. On ajoutera une mention spéciale aux couleurs plutôt saturées qui siéent parfaitement au récit.

Voici une série qui commence sous les meilleurs auspices.

BATMAN & ROBIN DYNAMIC DUO T1 Joshua WILLIAMSON/Simone Di MEO collection DC INFINITE URBAN COMICS 192 pages, 19,00 €

Bernard LAUNOIS

 

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 9 Avril 2024

YAN T1, une musique qui n’adoucit pas vraiment les mœurs

Après avoir passé de nombreuses années entre les barreaux pour des crimes qu’elle n’a pas commis, la jeune Yan Tiehua devenue adulte n’a qu’une obsession en tête, celle de retrouver le ou les assassins de sa famille alors sociétaire de l’illustre troupe de l’Opéra de Pékin et de les venger et ce, à n’importe quel prix !

Comment réagir après un procès sommaire puis un emprisonnement au secret dans un centre pénitentiaire de recherche ? Pourquoi et pour qui a-t-elle servi de bouc émissaire et que représentait sa famille d’artistes pour avoir été froidement éliminée ?

C’est ce que va chercher Yan, tout au long de ce triptyque en y mettant toute son énergie et son intelligence. Grimée et revêtue du costume théâtral traditionnel comme l’étaient les membres de sa famille, Yan n’a pas l’intention de faire dans la dentelle et gare aux maîtres chanteurs qui risquent d’y laisser des plumes. L’enquête va apparaitre quelque peu compliquée mais pour Yan, sa détermination reste indestructible.

Avec ce premier tome d’un prometteur triptyque, l’auteur taiwanais Chang Sheng bouleverse les codes du Seinen en projetant son héroïne dans un univers pékinois entremêlant avec talent un théâtre hyper classique avec un univers ultra-moderne, voire désaxé. Le récit s’avère rythmé avec des dialogues percutants voire grossiers quand le besoin s’en fait sentir, concentré sur Yan et sa détermination à obtenir toutes les réponses aux questions qui l’obsèdent depuis son drame personnel.

Le dessin hyperréaliste et fouillé de Chang Sheng entraine le lecteur dans un décor urbain au rythme du scénario, c’est-à-dire tout aussi trépidant. Les courses-poursuites comme les échauffourées semblent tout droit sorties d’un polar en noir et blanc.

Alors, prêt(e)s à suivre la belle Yan dans les dédales de Pékin ?

YAN T1 Chang SHENG collection Seinen Éditions GLÉNAT 352 pages, 14,95 €

Bernard LAUNOIS

 

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 8 Avril 2024

3ème BULLES EN VILLE 2024

Pour Bulles de Mantes, les années impaires sont celles consacrées à son grand  festival biennal Bulles de Mantes sur le Parc des expositions de Mantes-la-Jolie. La 9e édition en juin 2023 n’a laissé que des bons souvenirs, et la BD, on en redemande.

Alors en 2024 année de transition, place à Bulles en Ville le salon BD qui se tient dans le centre ville, histoire de ne pas frustrer les Mantais et ne pas les laisser privés de l’ambiance des dédicaces qu’ils aiment tant.

Donc re-belote, ce 3e Bulles en Ville aura lieu toute la journée du 27 avril 2024 et reprendra la même formule que les précédents : 12 à 15 auteurs BD répartis en trois endroits du centre ville dans deux rues piétonnières, la rue de Colmar devant la librairie Tonnenx et la rue du Vieux Pilori devant la librairie L’Illustrarium, et enfin sur le parvis de la Médiathèque Duhamel dans le parc derrière la mairie.

Et de nouveau trois expositions BD en plein air devraient être présentées, réparties dans les trois quartiers de Mantes-la-Jolie, une au centre ville, une autre à Gassicourt, et la troisième au Val Fourré et que nous développerons dans un prochain post.

Enfin, comme nous l'avions organisé au premier Bulles en Ville, en partenariat avec l'association Cœur de Mantes, un concours dénommé Chasse aux livres.

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Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Bulles en villes

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Publié le 6 Avril 2024

DELTA BLUES CAFE, un retour salutaire dans le pays du blues

Mais que diable Laup, jeune acteur noir de Antilles Française auréolé dans son rôle de Robert Johnson, allait-il faire dans ce bled du Mississipi sinon rencontrer le professeur Gordon Kyle Moore qui a critiqué ouvertement sa prestation ?

N’avait-il pas bien joué le rôle du célèbre musicien ? A l’issue de la projection du film Laup veut en avoir le cœur net en s’entretenant avec ce vieil homme blanc, spécialiste des musiques afro-américaines du début du XXème. Hélas, la rencontre n’a pas lieu car le vieil universitaire quitte la réunion de manière tonitruante. Vexé et contrarié, Laup n’en reste pas là et décide d’aller à la rencontre de ce vieux bougon pour arriver à avoir le fin mot de l’histoire.

Seulement, le bougre s’avère d’un abord difficile et la seule solution que trouve Laup pour l’amadouer, c’est de le suivre dans ses pérégrinations pour récupérer des vieux disques oubliés, au risque d’avorter sa campagne de promotion.

Les voilà donc sur les routes du Mississipi qui ont vu vivre bon nombre de bluesmen à commencer par Robert Johnson. Et alors qu’ils se rendent au Delta Blues Café, haut lieu des fans de blues et tenu par l’incroyable Jezie, le professeur demande à faire une halte auprès d’un personnage tout aussi grincheux que lui. Que veut-il à ce dernier, pourquoi s’emporte-t-il comme il a pu le faire lors de ses premières rencontres avec Laup ? Au fil de leur périple, Laup arrivera peut-être à comprendre les raisons de l’accueil désagréable qu’il avait reçu.

Quel plaisir de retrouver le duo formé par le scénariste Philippe Charlot et le dessinateur Miras pour cette sixième collaboration ! Abordant des thèmes comme la passion de la musique, les amitiés et puis l’état du Mississipi, berceau du blues, leur album ne laissera pas indifférent les lecteurs.

Si bon nombre de bandes dessinées consacrées au blues s’évertuent à être éditées en noir et blanc, on ne peut pas en dire autant de Delta Blues café dont les couleurs éclatent de la première à la dernière page.

Enfin, on attribuera une mention spéciale au cahier qui clôt le volume, rendant hommage aux personnages qui ont existé à la période où est située la fiction des auteurs.

DELTA BLUES CAFE Philippe CHARLOT/MIRAS collection Grand Angle Éditions BAMBOO 72 pages, 16,90€

Bernard LAUNOIS

 

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 3 Avril 2024

LA ROUTE, un chef-d’œuvre incontournable de la noirceur pour une remarquable adaptation

L’apocalypse s’est déversée sur cette bonne vieille Terre qui ne ressemble alors plus qu’à un amas de cendres et où la mort se retrouve à chaque coin de rue. Au début du récit, on ne sait encore ce qu’il reste comme survivants sinon, a minima, un père et son fils qui décident de fuir l’endroit où ils vivent pour le Sud, avec peut-être l’espoir d’y trouver une terre nimbée de clarté. Il faut dire qu’il n’existe plus que des dégradés de gris. Et, c’est flanqué d’un caddie rassemblant ce qu’il leur reste qu’ils entreprennent de prendre la route vers le Sud.

Dès les premiers kilomètres, les ennuis commencent et ce dont le père est intimement convaincu, c’est qu’ils ne vont aller que de Charybde en Scylla. Le froid, la faim, la fatigue sont le lot quotidien des deux pauvres hères qui tentent de survivre dans ce cloaque où finalement, ils finissent par tomber sur des myriades de sauvages prêts à en découdre pour assouvir leur faim quitte à dévorer leur prochain.

« Aller droit dans le mur », voilà peut-être la phrase qui pourrait le mieux qualifier l’œuvre de Cormac Mc Carthy, et d’autant plus quand l’auteur Manu Larcenet met en images cette histoire post-apocalyptique.

Depuis Blast, son mythique quadriptyque et l’adaptation de Le rapport de Brodeck, Manu Larcenet apparait au sommet de son art mais c’était sans compter sur La Route remarquablement adapté qui, tout en respectant le texte de Cormac Mc Carthy, apporte un supplément d’âme notamment dans les silences si pesants qui en disent long sur l’état de souffrance des deux personnages.

Grâce à un dessin hyperréaliste, le lecteur se retrouve rapidement immergé dans l’atmosphère irrespirable qui transpire dans chaque case allant jusqu’à le mettre mal à l’aise. L’auteur Manu Larcenet réussit à retranscrire le moindre souffle, la moindre émotion avec son trait ciselé, tel un scalpel qui tranche dans le vif des émotions.

Quelle claque en lisant cet album qui devrait assurément faire date dans le monde du 9e art !

LA ROUTE Cormac MC CARTHY/Manu LARCENET Éditions DARGAUD 160 pages, 28,50 €

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 2 Avril 2024

Londres, septembre 1940 alors que les bombardements font rage, la jeune Mary de retour d’une pension écossaise échappe aux accompagnateurs, allant à la recherche de sa maman qui devait la récupérer.

Elle tombe devant un vieux monsieur dénommé Isaac et celui-ci s’enquiert instamment de connaitre les raisons de la course effrénée de cette gamine sur les trottoirs de Londres. Alors qu’il tente de la rassurer et de prendre la mesure de l’évènement, la sirène d’une alerte aérienne retentit à leurs oreilles, les incitant à se réfugier dans le métro, abri le plus proche.

Les voilà assis dans les couloirs du métro, blottis l’un contre l’autre et Isaac pour calmer les angoisses de Mary et créer diversion, décide de lui narrer un conte fantasmagorique qui tourne autour de l’arbre aux mille couleurs qui se coloriseraient grâce aux oiseaux se posant sur ses branches. Il faut souligner que le vieil Isaac est un jardinier londonien en retraite et que toute sa vie a été consacrée à la nature et l’importance qu’elle revêt dans une métropole. Mary ne tarde pas à être subjuguée par le récit d’Isaac et finit par oublier, ne serait-ce qu’un instant, les affres du Blitz qui sévit sur Londres.

Les demandes réitérées auprès de Scotland Yard pour savoir si la mère de Mary s’est manifestée auprès des autorités pour la perte de sa petite fille restent vaines et Isaac s’avère décontenancé, se demandant ce qu’il va bien pouvoir faire de cette enfant apeurée.

Après l’excellent La Fée assassine scénarisé par Sylvie Roge, son épouse, Olivier Grenson s’empare de fort belle manière du récit touchant d’une rencontre improbable entre cette enfant et un vieillard qui pourrait être son grand-père. On s’émouvra de la complicité qui va naitre entre les deux êtres, l’insouciance de l’enfance transportée par le conte et la dure réalité de la guerre que la vieillesse tente de faire oublier par sa fiction.

Les dialogues forts sont remarquablement mis en images, et Olivier Grenson emporte le lecteur dans son univers féérique contrastant avec une ville vivant aux rythmes des bombes. Clairement, une belle réussite comme sait si bien le faire cet auteur.

LE PARTAGE DES MONDES Olivier GRENSON éditions LE LOMBARD 240 pages, 25,90 €

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 2 Avril 2024

TROMPE-L’ŒIL, un coup à ne pas se voir en peinture

L’adage dit que l’on ne choisit pas sa famille, mais qu’on choisit ses amis et cette maxime pourrait aller comme un gant à ce polar plutôt bien ficelé.

À peine sortie de prison, voilà que Jade n’a pas compris la leçon, ne rêvant que de casses du siècle avec toute l’adrénaline que ça engendre et surtout l’oseille que cela doit rapporter. Et c’est avec une ancienne codétenue, son amie Fiona et avec la famille de celle-ci, les Williams  qu’elle va revenir à ses premières amours et ce, dans une histoire de tableaux volés. Tout semble aller comme sur des roulettes, mais Fiona a bien l’intention de la jouer en solo avec la complicité de son père, un faussaire repenti, en multipliant les copies pour les revendre en sous-main, au nez et à la barbe de la famille Williams jusqu’au grippage de la belle machinerie.

Comment va réagir la famille Williams quand elle va se sentir dupée ? Que penser du rôle de son amie Fiona ? Et au-delà, comment concilier des êtres que tout oppose, les caractères comme les attitudes face à des situations inattendues ?  C’est ce que le scénariste Damien Martinière s’attache à montrer en plantant un tableau guère reluisant où les ambitions de chacun sont tout aussi démesurées et où le maitre-mot, c’est de réussir à s’élever dans l’échelle sociale quitte à marcher sur les plates-bandes des autres.

Avec des dialogues enlevés où la violence omniprésente tranche avec des situations parfois cocasses, le suspens ne cesse d’aller crescendo jusqu’à son funeste dénouement.

Le dessin semi réaliste et plutôt coloré de Paul Bona s’avère efficace notamment en adoucissant les situations souvent grinçantes.

TROMPE-L’ŒIL Damien MARTINIERE/Paul BONA Éditions JUNGLE RAMDAM 128 pages, 19,95 €

Bernard LAUNOIS

 

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