Publié le 22 Novembre 2018

Remise du 5ème prix de la BD aux couleurs du blues

Depuis 2014, la volonté des associations Bulles de Mantes et Blues sur Seine de mettre en évidence les connexions entre le blues et la bande dessinée se réalise notamment dans la création du Prix de la bande dessinée aux couleurs du blues.

Pour ce vote, près d’une vingtaine d’albums parus entre juin 2017 et juin 2018 ont été examinés par un comité de lecture de Bulles de Mantes, pour sélectionner cinq titres dans la liste finale:

  • La ballade de Dusty  T1(Ducoudray et Goulesque) éditions Grand Angle
  • Les enfants du Bayou T1 (Bottier et Roussel) éditions Jungle
  • Karen Dalton (Rassat et Rousse) éditions Sarbacane
  • Les Maîtres de White Plain (Chevais-Deighton et Giner-Belmonte) éditions Grand Angle
  • Panama Al Brown (Goldstein et W. Inker) éditions Sarbacane

Le Prix de la BD aux couleurs du blues récompense le meilleur album illustrant une thématique du blues ou des musiques afro-américaines qui en sont dérivées, ou encore illustrant le contexte social et historique en relation.

L’excellent album Panama Al Brown, paru aux éditions Sarbacane a remporté le concours haut la main, faisant de cet album le 5ème Prix de la bande dessinée aux couleurs du blues 2018.

La cérémonie de remise du prix a eu lieu juste avant les concerts de Kolas Experiment et de Molly Johnson dans l’espace Maurice Béjart de Verneuil-sur-Seine et ce, pour la deuxième année consécutive. Le prix a été remis par Ghislain Limelette, Président de Blues sur Seine et Bernard Launois, Président de Bulles de Mantes, à Jean-Marie Clergeot, représentant des établissements Selmer, en l’absence des auteurs excusés.

Deux expositions des planches de Panama Al Brown ont été présentées, du 9 au 25 novembre 2018 à la médiathèque Georges Duhamel de Mantes-la-Jolie et du 5 au 30 novembre 2018 à la médiathèque de Verneuil-sur-Seine.

Bernard Launois

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Publié le 21 Novembre 2018

Midnight Tales T2, où l'ésotérisme féminin au pouvoir

L'aventure fantastique continue avec ce deuxième opus tout aussi passionnant que le précédent, comprenant quatre bandes dessinées aux quatre coins de la planète, du Massachusetts à la Thaïlande avec la suite de Devil's garden, en passant par l'Egypte et l'Angleterre sans oublier deux nouvelles pas ordinaires agrémentées d’illustrations de Mathieu Bablet. On commence par l’histoire de Witch Winchester où les scénaristes Morse, Maudoux et Bablet rebondissent avec talent sur la légende de la malédiction de la famille Winchester qui veut que l'épouse du créateur de la carabine éponyme fasse construire une maison avec autant de pièces que de personnes tuées par la Winchester afin de recueillir leurs âmes.

L'Égypte des pyramides et ses mystères autour de la mort reste un terrain propice à l'hermétisme que n'hésite pas à revisiter l'auteur complet Mathieu Bablet avec la terrifiante histoire de Sir Bartholomew, lequel frappé d’un sortilège et devant tenir dans une urne, sera prêt à y laisser sa fortune pour recouvrer sa taille normale. Réussira-t-il à se sortir de ce guêpier avec le talent des midnight girls ? 

Résumer cet album de 136 pages à ces deux seuls récits serait particulièrement réducteur, compte tenu de la qualité des histoires tout aussi passionnantes les unes que les autres, mais n'est-ce pas là un stratagème pour inciter le lecteur à s’y plonger et découvrir par lui-même ces histoires fantasmagoriques ? Après tout, cette chronique n'aura peut-être comme seule finalité que de donner l'eau à la bouche ?

Quant aux dessins et aux couleurs, s'ils sont diamétralement opposés les uns les autres, il s'en dégage néanmoins une belle unité donnant sens à ce deuxième collectif.

Enfin, le lecteur appréciera de retrouver, en encart dans la couverture, les sources qui ont permis de bâtir les récits pour lui donner l'envie d'en connaître un peu plus.

Voilà un pari bien réussi pour ce deuxième collectif placé sous le signe de l'ésotérisme féminin, qui réussit à captiver son lectorat de la première à la dernière page.

MIDNIGHT TALES Collectif Label 619 Éditions ANKAMA 136 pages 13,90 €

Bernard Launois

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Publié le 17 Novembre 2018

DAS FEUER, quand l’horreur est universelle...

« Un mètre cinquante de longueur sur soixante-dix centimètres de largeur et sur quatre-vingt centimètres de profondeur », c’est le trou que le croque-mort réalise pour enterrer le cercueil ? Que nenni, c’est l’excavation que doit faire chaque soldat allemand pour se « protéger » face aux attaques du front français. C’est sur ces propos cyniques que s’illustre le récit d’un épisode de la  « drôle de guerre ». S’ensuit une longue litanie de toutes les misères qu’ont pu supporter les différents protagonistes de cette boucherie organisée par des gradés des deux camps, Allemands et Français.

La suite, bon nombre de personnes la connaissent pour avoir eu dans leur famille, leurs amis, parmi leurs arrière-grands-pères, des personnes qui ont subi les affres de la guerre. L’originalité de cet album réside dans une très bonne adaptation du roman « Le feu » d’Henri Barbusse (prix Goncourt 1916) par le scénariste Patrick Pécherot qui a transposé l’action dans le camp allemand.

De troufion Kropp au caporal Müller en passant par Katczinsky, c’est bientôt trois générations de poilus qui croupissent dans leurs trous en attendant de se faire canarder par les Français. Le scénariste Patrick Pécherot a su très justement tirer toute la quintessence du poignant roman d’Henri Barbusse sublimé par le dessin de Joe Pinelli sans cesse renouvelé, album après album. Les crayonnés poussés sont renforcés par un gris soutenu, accentuant le caractère angoissant du récit.

Tout est là, le texte percutant, accablant, le dessin vif, haletant et si cet album vient s’ajouter aux innombrables ouvrages consacrés, à juste titre, à ces horreurs, il fait assurément partie de ceux incontournables au devoir de mémoire pour les nouvelles générations.

  DAS FEUER PECHEROT/PINELLI Collection Ecritures Editions CASTERMAN 200 pages, 22.00 €

Bernard Launois

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Publié le 12 Novembre 2018

APOSIMZ – LA PLANETE DES MARIONNETTES T1, bienvenue dans le monde des zombies !

Aposimz, astre artificiel venu de nulle part, à l’air raréfié et traversé par un froid sibérien, abrite une poignée d’hommes essayant de survivre dans ce cloaque. A l’occasion d’une sortie en vue de trouver de l’eau et de la nourriture, Ao, Biko et Esserow rencontrent une jeune fille agonisante poursuivie par une horde de soldats qui ont décidé de lui faire la peau. Alors qu’ils s’approchent d’elle pour venir à son secours, la jeune fille remet à Ao un code et sept espèces de balles qui auraient le pouvoir de détruire le monde… Info, intox, toujours est-il qu’après avoir caché les corps des soldats de l’empire, que vont-ils pouvoir faire ? Taire leur découverte avec un sentiment de culpabilité pour ne pas s’être assurés de la véracité des  dires de la jeune fille morte dans leurs bras, ou bien tout raconter au risque d’encourir de graves soucis ? Et puis, lorsque l’on s’apercevra que les soldats de l’empire ont failli à leur mission, ne tentera-t-on pas par tous les moyens de retrouver le précieux présent ?

L’auteur complet Tsutomi Nihei embarque le lecteur, dès les premières pages, dans un univers de science fiction plutôt original où les héros du récit disparaissent les uns après les autres pour faire place à des êtres immortels, plus proches du zombie que de la marionnette. S’engage une course contre la mort entre les êtres qui ont la capacité de pouvoir se régénérer en marionnettes et les autres. Aux dialogues alertes s’ajoute un dessin réaliste tout autant alerte et du plus bel effet. Les personnages  de l’équipe aventurière sont attachants, évoluant dans un univers  glauque des plus hostiles. On regrettera assurément que cet opus  n’ait pas été mis en couleurs, ne serait-ce que pour renforcer le côté anxiogène du récit.

Tsutomi Nihei fait partie des incontournables dans le monde du manga dark fantasy et le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême ne s’y trompe pas, en lui consacrant une grande exposition en janvier 2019 qui devrait ravir tous les amateurs de manga et au-delà, tellement son univers est riche et varié.

APOSIMZ La Planète des marionnettes NIHEI Editions GLENAT, 180 pages 7,60 €

Bernard LAUNOIS

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Publié le 4 Novembre 2018

Mozart à Paris, où la musique n’adoucit pas forcément les mœurs de tout le monde !

Après bien des années à faire le tour de l’Europe pour se produire, bien que très jeune, accompagné de son père et de sa sœur Maria-Anna, Wolfgang Amadeus Mozart se retrouve au point de départ, à Salzbourg, la ville qu’il n’a jamais aimée. Enfin, l’opportunité d’en partir se dessine quand le prince-archevêque qui l’emploie lui rend sa liberté.

C’est accompagné de sa mère, son père n’en ayant pas été autorisé par le prince-archevêque, que Wolfgang Amadeus Mozart entreprend de conquérir Paris avec les appuis du diplomate et homme d’affaires Melchior Grimm. Arrivera-t-il à se faire un nom dans la Ville Lumière alors que personne ne l’attend ?

 

L’auteur complet Frantz Duchazeau, féru et fin connaisseur de musique classique et plus particulièrement de celle du génie Wolfgang Amadeus Mozart, raconte en images une période peu glorieuse pour le jeune musicien compositeur. Du fait de sa petite taille et de son aspect juvénile, il était considéré encore comme un gamin tout juste bon à agrémenter les soirées et à donner des cours à des nobles pour qui il ne servait que de faire valoir. Le scénario romance de fort belle manière la vie chaotique d’un Mozart tiraillé entre son père resté à Salzbourg et sa mère qui s’étiole chaque jour dans un appartement parisien, et ne rêvant que de retour. Les dialogues sont vifs et percutants, à la manière de la fougue d’un jeune prodige en quête de reconnaissance.

Avec un dessin semi-réaliste, chaque fois renouvelé dans ses différentes œuvres, Frantz Duchazeau transporte le lecteur dans le Tout-Paris de cette fin du XVIIIème siècle, utilisant l’artifice de grandir ou réduire ses personnages en fonction de l’ascendant psychologique qu’il veut leur donner dans la case. On ajoutera une mise en couleurs des plus agréables réalisée par Walter pour cet opus, une belle réussite qui donne assurément l’envie de se replonger dans les chefs d’œuvre du maître.

MOZART A PARIS DUCHAZEAU Editions CASTERMAN 94 pages, 18.95 €

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 31 Octobre 2018

Viravolta T1, quand l’Orchidée noire, fine fleur vénitienne, débarque à la cour du Roi-Soleil

Difficile de se faire une réputation d'espion à la cour du roi Louis XIV lorsqu'on est un ancien détenu vénitien. Heureusement Pietro Viravolta, plus communément connu sous le pseudo de "l'Orchidée noire", débarque en France avec de sérieux gages d'être une des plus fines lames d'Europe. Une tentative d'assassinat du roi va le propulser dans les arcanes du Tout-Paris où les comploteurs contre le roi sont légion. On constate une fois de plus que les ennemis peuvent être partout et ne sont pas souvent ceux que l'on croyait. Rapidement embringué dans un imbroglio des plus scabreux, sera-t-il alors à la hauteur de ses exploits vénitiens ?

Voilà une enquête policière des plus intéressantes, remarquablement bien scénarisée par l'écrivain Arnaud Delalande, qui connaît de nombreux succès avec des romans traduits dans une vingtaine de pays, tels que Notre-Dame sous la terre ou encore Les fables du sang. Pour cette première adaptation en bande dessinée tirée de sa série en 5 tomes, Le piège de Dante, autant dire que le contrat est rempli et ce, mené tambour battant ! Avec des dialogues alertes, des rebondissements divers nombreux,  le final de ce premier opus apparaît au lecteur pour le moins inattendu.

On retrouve avec grand plaisir un Éric Lambert au sommet de son art, avec son dessin hyperréaliste collant parfaitement au récit. Les décors sont particulièrement fouillés, particulièrement bien mis en valeur par la mise en couleurs numérique de Filippo Rizu. On ne pourra que s'extasier devant les paysages vénitiens, parisiens et versaillais du XVIIIème.

Les récits de cape et d'épée sont nombreux et variés mais ce dernier retient toute l'attention à la fois par sa construction de l'intrigue mais également le rendu d'un dessin efficace. Cette série, à priori conçue sous forme de one-shots devrait ravir assurément un large public.

VIRAVOLTA T1 L'Orchidée noire DELALANDE/LAMBERT  Collection 24x32 Éditions GLENAT 13,90 €

Bernard LAUNOIS

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Publié le 29 Octobre 2018

Interview de Dimitri Armand à l’occasion de la sortie de TEXAS JACK aux éditions LE LOMBARD

Après Sykes, le duo Pierre Dubois et Dimitri Armand remet le couvert pour réaliser l’excellent western Texas Jack aux éditions Le Lombard. La venue de Dimitri Armand sur le festival Quai des Bulles était l’occasion de parler de cet album et plus généralement de son regard sur la bande dessinée.

Bonjour Dimitri

Votre première collaboration avec le scénariste Pierre DUBOIS a eu lieu en 2014 avec Sykes, comment ça s'est passé cette fois-ci ?

En fait, ça c'est très bien passé. Au départ, c'est le Lombard qui nous a mis en relation et on s'est tout de suite très bien entendu. Je pense que, du coup, c'était assez astucieux de la part du Lombard, de nous mettre en relation. Je pense que ça a assez surpris les gens qui s'attendait de voir Pierre DUBOIS sur du western alors que l'on l'attend plutôt sur des elfes.

Plutôt de sujets poétiques comme il a l'habitude de le faire.

Là aussi, il y a de la poésie (rires)

Je ne suis pas convaincu qu'ici, ça soit la même !

Comme ça s'était super bien passé avec le premier album, on a remis le couvert pour Texas Jack qui va bientôt sortir.

J'ai eu l'occasion de le lire et de l'apprécier tout particulièrement. Quelles sont les méthodes de travail entre Pierre et vous ?

Avec Pierre, c'est un peu particulier qu'avec les autres scénaristes, car le scénario était écrit comme une nouvelle, donc sans découpage BD, pas de page 1, case 1... C'est donc moi qui aie dû découper l'album. De plus, c'est un scénario manuscrit ! Je dois dire que ça m'a surpris au début, j'ai plutôt trouvé cela plutôt charmant. De voir le scénario écrit et pas du tout découpé, j'ai trouvé ça plutôt intéressant au final.

Une fois le découpage réalisé, lui avez-vous envoyé ? De quelle manière est-il intervenu ou pas ?

En fait, pour ainsi dire jamais ! En gros, ce sont deux choses qui m'ont fait peur au départ : le fait que le scénario ne soit pas découpé et le fait d'être livré un peu à moi-même. Au final, ça été les deux choses les plus enrichissantes sur ces projets-là. Du coup, j'ai dû apprendre à découper un bouquin car normalement c'est un travail de scénariste habituellement. Ça m'a permis de me former là-dessus.

Un gros challenge alors ?

Effectivement et il y a des trucs que je regrette un petit peu au niveau mise en scène. J'aurai aimé après coup, les faire différemment mais malheureusement ou pas, ça fait partie de l'apprentissage. En plus, il m'a fait une confiance aveugle. C'est à dire que lorsque l'on a commencé à travailler ensemble, je faisais livrer les pages imprimées par courrier, 5 à 6 pages dans un premier temps et il a tout adoré. J'ai eu que des retours dithyrambiques et chaque fois, il était ravi. Il n'a jamais eu rien à redire et pourtant au début, j'étais disposé à retoucher si c'était pertinent ou autre à suivre ses remarques mais il a toujours adoré ma façon sur ces bouquins-là de mettre en scène et de faire les pages. J'étais hyper libre et ça c'est vraiment jouissif.

C'est à la fois libre et contraint par un énorme challenge car c'est quand même un album qui fait 120 pages, tant pour le découpage que pour la réalisation ensuite ?

Bah oui, au départ il devait faire la taille de 75 pages mais le problème, c'est que le manuscrit faisait déjà 90 pages et qu'en faisant le story-board, au fur et à mesure, je me rendais compte que j'allais exploser la pagination. Je n'ai pas voulu décaler la date de sortie car on s'est dit avec l'éditeur que ce serait bien de le sortir pas très de loin de Sykes.

Pourquoi pas en deux albums alors ?

Ça été pensé, le souci c'est que c'est vraiment une quête et que dans la première partie, il n'y a vraiment d'événements mais plus la relation entre les personnages qui va se tisser tout le long de l'album et du coup, coupé en deux, s'aurait fait un premier album où il ne s'y passe pas vraiment grand chose. Il aurait alors fallu réécrire la structure.

Je ne suis pas tout à fait d'accord quand vous dites qu'il ne se passe rien dans la première partie.

En fait, je pense que ça aurait un peu cassé la montée en puissance de l'intrigue et des relations entre les personnages et la rencontre finale.

Texas Jack ressemble, par certains côtés, à Buffalo Bill et son côté grand spectacle, comment avez-vous appréhendé le personnage ?

C'est une autre chose qui m'a beaucoup plu dans l'écriture de Pierre, c'est que quand je lis son scénario, j'ai tout de suite des images qui me viennent et en fait, lui je l'ai toute de suite imaginé comme ça. Oui, c'est une forme de Buffalo Bill.

Où tout est dans l'apparat quand même ? Dès les premières pages, il est dans un spectacle, en représentation, tel que je l'ai compris ?

Oui, c'est exactement ça !

Sauf qu'à un moment, il va se retrouver dans la vraie vie.

Et il va vite le regretter !

Il va va se faire piéger ?

C'est ça qui était intéressant, c'est que comme graphiquement, j'avais fait Sykes avec un personnage plus sombre, les yeux fatigués, une moustache noire... J'ai vu cette espèce de petit minet, blondinet, toujours avec le sourire ridicule. Mais, c'est son personnage !

Ce que je trouve important dans cet album, c'est que vous avez dessiné vraiment des "gueules" au sens où nous avons des personnages burinés, des visages et des postures expressifs. Il apparaît très important d'avoir cette densité dans ces personnages qui évoluent dans de superbes paysages. Par contre, beaucoup de violence, ce qui n'est pas dans les habitudes de Pierre DUBOIS, plutôt dans un registre poétique. Est-ce que cela vous a gêné ?

Non, je pense même qu'il s'est plutôt amusé de ce côté-là parce qu'il savait qu'au contraire, j'aimais bien dessiner ce genre de scènes.  La violence n'est jamais gratuite parce que même si j'ai tendance à exagérer les impacts de balles ou autres, au final ça met en avance la faiblesse de Texas parce qu'en temps que lecteur, on va s'identifier à Texas Jack qui est en fait en dehors de tout ça car il tire sur des assiettes et c'est tout. On prend presque pitié de lui a un certain moment dans l'album.

Cet album est vif, rythmé et l'on sent que vous avez pris un réel plaisir à le réaliser, je me trompe ?

Non, vous ne vous trompez pas, je me suis clairement éclaté. Il m'aurait fallu clairement six mois de plus pour vraiment le faire comme je voulais.

Près de 125 pages, on ne s'ennuie pas un seul instant. Quel a été la recette pour tenir le lecteur en haleine ?

La grosse qualité de Pierre sur cet album réside dans la multiplicité des personnages qui ont tous des dialogues qui vont les présenter avec toutes leurs personnalités. Ce que j'aime beaucoup dans le travail de Pierre Dubois c'est qu'il n'y a pas dialogue gratuit. Tout ce que les personnages vont dire, ça va les installer, les faire exister vraiment dans l'album.

Y aura-t-il une prochaine collaboration avec Pierre Dubois ?

On aimerait beaucoup en fait, L'idée d'une trilogie, on aimerait beaucoup faire rencontrer Sykes et O'Malley et le problème, c'est que Pierre a de superbes idées. Déjà avec Sykes, je m'étais dit que je ne ferai que cet album mais un jour, il m'a juste envoyé la suite et j'ai pas pu faire autrement que de plonger. Le problème actuellement, c'est qu'il faudra attendre un peu pour une nouvelle collaboration car je viens de commencer une nouvelle série au Lombard.

Vous faites partie des artistes à maîtriser la réalisation d'un western en bande dessinée et s'il fallait citer quelques noms d'auteurs que vous admirez dans cette discipline, ce seraient lesquels ?

Au début, je dirai qu'il y a François Boucq sur le Bouncer qui m'a bien inspiré, Ralph Meyer pour Undertacker avec un dessin très propre. On ne dessine pas du tout pareil tous les deux mais nous partageons un dessin assez lisse, assez propre comparé à Mathieu Lauffray qui va avoir un trait beaucoup plus lâché, beaucoup plus expressif. Il y a également Mathieu Bonhomme que j'ai découvert tard sur Texas Cow-boy. Album que j'ai adoré car il a, par exemple, un don sur les postures des personnages. Bien qu'il y ait très peu de trait, les personnages existent vraiment. Enrico Marini qui a toujours été une grosse influence pour moi. Je ne pense pas que mon dessin ressemble mais c'est dans sa façon de gérer l'efficacité des scènes, en fait. Marini est extrêmement impressionnant graphiquement mais quand on regarde bien, je sais que c'est facile à dire, ce sont des recettes assez simple, il va mettre en avant son personnage qui est au cœur de l'action, il va esquisser un morceau de décor, et tout envoyer à la couleur et ça va être super impressionnant. Il ne va jamais mettre trop d'information et ça c'est vraiment quelque chose que j'aime bien !

Je ne suis pas doué pour faire, comme par exemple, comme Otomo dans Akira où il y a là une débauche visuelle et malgré tout, ça reste d'une grande lisibilité et je trouve ça hallucinant. Pour ma part, si je commence à faire des traits partout, ça faire un truc illisible.

Là, justement, le trait est clair, c'est fluide

Merci ! J'ai essayé du coup de le rendre le plus lisible possible.

Et vous ne citez pas Jean Giraud, il ne fait pas partie des auteurs qui vous ont influencé ?

Bah non, je l'ai lu et c'est un passage obligé, j'adore son travail, je l'ai regardé régulièrement.

Lui aussi va avoir un dessin extrêmement fouillé  et malgré tout assez lisible et puis il ne faut pas oublier que c'est un pilier de la bande dessinée franco-belge. C'est vrai qu'au départ, il ne fait pas vraiment partie de ma culture et quand vous m'avez posé la question, ce n'est pas un nom qui m'est sorti spontanément.

Propos recueillis par Bernard LAUNOIS dans le cadre du festival Quai des Bulles St Malo le 13 octobre 2018

 

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 24 Octobre 2018

Interview de Fred Vignaux à l’occasion de la sortie de Kriss de Valnor T8

Entre la sortie du très attendu tome 8 du spin-off « Kriss de Valnor », dessinée par Fred Vignaux, qui clôturera la série et l’information comme quoi c’est Fred Vignaux qui reprend la série Thorgal, l’interview de ce dernier, dans le cadre du festival Quai des Bulles à St Malo, tombait à point nommé.

Pour ce dernier opus, Kriss de Valnor a désormais un seul but : retrouver son fils Aniel. Pour le rejoindre au plus vite, elle a choisi d'escalader la Montagne du Temps. Mais l'épreuve s'avère bien plus cruelle qu'elle ne l'avait imaginé... Entre temps, Jolan poursuit son duel sans merci contre l'empereur Magnus.

Vous venez de terminer le tome 8 du spin-off « Kriss de Valnor » qui sera le dernier, comment l’avez-vous Vécu ?

Paradoxalement, la fin de cette série est un commencement pour moi  et on en va en reparler plus tard dans l’interview, ça été un vrai plaisir et ce deuxième album clôt un beau diptyque qui forme une belle histoire très cinématographique, avec Mathieu Mariolle et Xavier Dorison, ça ne pouvait être qu’ainsi. Je m’en suis vraiment rendu compte à la fin car il y a eu des choses de semé dans le 1er tome qui se résolvent dans le second. Au final, ça se rapproche pas mal  du tome les Archers qui est un petit film en soi. Comme cela va s’inscrire dans la continuité, cet album n’est en fait pas vraiment une fin.

Si  cet album est très fluide dans la narration, il n’en est pas moins dense, avec beaucoup de cases mais aussi beaucoup de bulles, est-ce que cela t’a posé des problèmes particuliers ?

Il y a effectivement à certains moments beaucoup de dialogues notamment pour placer la psychologie des personnages  mais ça alterne avec des pages beaucoup moins dense. Je ne le ressens pas comme ça, quand tu vois le nombre de cases dans « Neige », c’était beaucoup plus contraignant. Je pouvais néanmoins utiliser les fonds perdus, il y avait des panoramiques, là, la charte Thorgal est plus contraignante mais néanmoins créative. Ce qui est intéressant, c’est que ce soit un challenge et je n’ai pas vraiment rencontré de difficulté.

Quant à la  densité, je trouve ça plutôt intéressant dans la bande dessinée car il ne faut que la bd soit lue en 20 minutes. Finalement, la densité pour moi, c’est important. Alors après, j’en avais discuté avec Rosinski, quand on regarde les Thorgal, ce que disait Van Hamme, il y a des albums de scénariste et des albums de dessinateurs. Donc, quand il lui présentait un album, il lui disait « Tu vois Grzegorz, celui-ci sera un album de scénariste, ce qui veut dire qu’il y aura plus de cases mais la prochaine fois, je te ferai plaisir en te faisant un album de dessinateur ».

Pour le prochain Thorgal, y a-t-il déjà des orientations ?

On va plutôt être dans le classique, avec une histoire complète.

Alors, si mes comptes sont bons, tu es le petit dernier arrivé dans l’équipe Thorgal et c’est toi qui a la charge et l’honneur de reprendre la série.

Surtout le poids…

Est-ce que tu ressens un gros poids, une grande pression à reprendre les albums de Thorgal ?

J’ai déjà deux tomes avec le spin-off, même si ça ne fait pas beaucoup, néanmoins, ça s’inscrit dans la continuité. Alors, c’est amusant parce que le poids, la bande dessinée est un métier solitaire, on est chez soi, on se bat contre soi, ses propres réflexions et le poids, on le rencontre lors de séances de dédicaces avec les lecteurs et là on se dit,  que peut-être effectivement avec Thorgal, il faut se mettre un petit peu la pression.

Alors, c’est venu comment avec Rosinski pour que finalement, ce soit vous qui repreniez le personnage ?

C’est un peu une énigme, comme il l’a expliqué en conférence de presse lors de la passation, il retrouvait un peu de lui dans mon dessin. Je pense que c’est surtout cette énergie, le foisonnement. C’est vrai que j’aime bien, même dans les paysages, que ça vive et je sais que lui avec ses personnages, quand on lit un Thorgal, c’est le reflet de ses émotions tout au long d’une année, tout au long de la création. Le personnage bouge beaucoup et n’est pas forcément constant, c’est ça qui est intéressant. C’est vrai, je pense qu’en bande dessinée, on ne fait pas d’illustration, pas du dessin animée. En dessin animée, le personnage est toujours au modèle, il ne bouge jamais, tout le temps parfait. Moi, j’estime mais c’est ce qu’ils font en manga, toute proportion gardée, que le personnage doit vivre en fonction des cases, en fonction de ce qui se passe. Il n’est pas obligé qu’il soit toujours pareil, bien constant : le dessin des personnages, c’est le reflet de notre humeur du moment, sachant qu’il ne faut quand même pas que ça varie trop non plus.

Alors, tu parlais d’illustrations, j’ai cru comprendre que les albums Kriss de Valnor étaient réalisés de manière numérique.

C’est ça, tout à fait !

Du coup, ça fait une sacrée différence même si je trouve le dessin tellement dynamique que ça ne pose pas de problème. Maintenant quand on voit les dessins de Rosinski qui ressemble plus à des peintures. Pourquoi avoir choisi de se tourner vers des procédés électroniques, est-ce que Rosinski a-t-il vu cela d’un bon oeil ?

En fait, Rosinski est sensible à la nouveauté, il faut voir qu’il s’est toujours renouvelé dans sa carrière et là, je pense qu’il est intrigué par cette technique. On ne parle pas trop avec Rosinski  de technique, traditionnelle ou numérique. Par contre, les originaux revêtent une grande importance car pour ma part, j’ai appris la bande dessinée en allant voir des originaux, en regardant comment les coups de pinceaux ont été mis. Avec quels outils, le dessin a-t-il été réalisé. A l’époque de mes débuts, il n’y avait pas Internet et je pense que c’est très important de faire des originaux car sinon les générations futures n’auront rien à regarder. Le traditionnel, le numérique, ce sont des techniques et quelles qu’elles soient, on fait toujours de la bande dessinée.  Je ne pense pas qu’aujourd’hui, on voit quelles techniques sont utilisées mais je pense par contre qu’il est important pour Thorgal, c’est qu’il y ait des originaux.

Je vais sur le prochain album faire en sorte petit à petit à me remettre à faire des originaux.

C’est une très bonne idée, d’autant plus qu’aujourd’hui, il devient de plus en plus prégnant de ne pas se passer des revenus de la vente d’originaux.

Effectivement, ça peut être une part non négligeable dans la rémunération mais au-delà de ça, il y a aussi l’aspect retraite qui permettra peut-être de l’assurer un peu mieux.

C’est important également de posséder des originaux pour l’organisation d’exposition ?

 Effectivement, après avec quelques auteurs qui travaillent en numérique, on se pose la question de créer des sortes d’originaux à partir de numériques en faisant réaliser un tirage papier de qualité, labellisé, signé et qui serait en quelque sorte le seul et unique original.

Je ne suis pas convaincu que ça rencontrerait un vif succès.

Cela pourrait marcher à la condition que beaucoup d’auteurs le font. EN fait, la question se pose vraiment, c’est vrai que l’on nous demande de faire de plus en plus vite des albums et que se pose le moment de laisser une trace.

Ne pourrait-on pas alors, alterner les pages numériques et traditionnelles dans un album ?

C’est une solution envisageable d’autant plus quand on sait que l’on va faire une illustration pleine page.

Concernant les originaux, j’ai lu dans l’interview d’un confrère, que Rosinski continuera à dessiner les couvertures. Est-ce qu’il est prévu que tu les réalises également un peu plus tard ?

En fait, ça me fait extrêmement plaisir que ce soit Grzegorz qui les réalise. Thorgal, c’est la bande dessinée de mon enfance et j’ai toujours vu Rosinski les faire et également, comme j’ai la casquette « cover artist » de la collection Mythologie (éditions GLENAT), cela ne me gêne pas que quelqu’un d’autre fasse la couverture à ma place, je trouve important qu’il y ait une homogénéisation des couvertures pour une série. De plus, c’est quand même Rosinski qui fait les couvertures dont quelques unes sont quand même mythiques. C’est pour moi un énorme cadeau, ça me fait extrêmement plaisir.

Par ailleurs, je sais que s'il arrête la bande dessinée, c’est qu’il a envie de se faire plaisir en  faisant de la peinture.

Revenons à Kriss de Valnor, est-ce que Rosinski est intervenu sur ton dessin ?

Il est intervenu sur le premier album, alors que je lui avais envoyé les dix premières pages, en redessinant certaines cases en me montrant les émotions, les intentions, qu’il fallait faire passer.  C’était plus un côté didactique qu’autre chose. Les modifications ont porté principalement sur le visage de Kriss, afin de transmettre une certaine émotion. Après, il m’a laissé  réaliser l’album.

Quand je fais une planche, tout est transparent, je l’envoie à Rosinski, aux scénaristes et à l’éditeur, je montre à tout le monde.

Alors comment fonctionnez-vous avec le scénariste  Mathieu Mariolle, comment recevez-vous le synopsis ?

Sur le premier diptyque, je suis arrivé alors tout était déjà a peu près bouclé. Par contre, pour le second, Mathieu a fait un synopsis qu’il nous a soumis (le dessinateur et Gauthier Van Meerbeeck, directeur éditorial des Éditions du Lombard) et après quelques petits ajustements, Mathieu a fait le découpage. De toutes les façons, que ce soit au story-board, au niveau du scénario ou quand je fais mes encrages, il y a la possibilité d’intervenir à tout moment, de modifier. La planche faite, je la scanne et l’envoie au scénariste et à l’éditeur. En début de mois, j’envoie six à sept planches de story-board qui correspondra aux planches encrées réalisées en fin de mois.

Tu as une puissance de travail, c’est dix à douze heures par jour ?

Oui, c’est ça et d’autant plus cette année que j’avais un « Neige » à faire ! Je m’étais engagé auprès des deux éditeurs, Glénat pour Neige et Le Lombard pour Kriss de Valnor, à respecter les délais de chacun et ça été complètement transparent pour eux. Maintenant, le challenge est de ne faire que Thorgal pour les deux à trois années à venir et les couvertures de Mythologie car c’est un vrai plaisir de les dessiner. L’objectif étant de faire un album de Thorgal par an, sachant que je ne ferai pas les couleurs.

Ne ressent-tu pas alors une frustration à ne pas faire les couleurs ?

 Non, les couleurs de Thorgal, ce n’est pas celles que je ferai.

Donc, du coup, si tu fais des originaux de Thorgal, il faudra que tu t’adaptes à ces couleurs ?

Non, on va revenir sur du noir & blanc. Je ne vais pas faire de la couleur directe sur les planches de Thorgal. Pourquoi aussi, parce que sa couleur, c’est une patte qui lui est propre ; sa façon de faire les couleurs est hyper personnelle. Honnêtement je peux plus refaire ses encrages que sa couleur. Même si sur Neige, je m’approchais un petit peu de ce côté pictural. En fait, c’est un travail de lumière, c’est très structuré. Comme je travaille en numérique, c’est possible mais ce n’est pas l’intérêt de faire ça. Je pense que beaucoup de lecteurs sont sensibles à l’encrage. Je ne sais pas si c’est mieux ou moins bien mais moi, j’ai envie de revenir à de l’encrage classique comme j’ai fais sur Kriss. Donc, pas de frustration sur la couleur et après, j’ai une approche couleur dans le sens où quand je fais mes encrages, je pense au sens des lumières et à ce que va faire le coloriste après. Pour Gaëtan, j’essaie de lui offrir le maximum de documentation, de lui décrire le maximum de mes intentions afin qu’il puisse bien travailler.

Revenons à  Thorgal, de qui sera le scénario du prochain ?

De Yann, je suis actuellement sur les premières planches. Avec Yann, c’est un bon dialogue qui s’instaure entre nous et il y a un truc très marrant, c’est qu’il propose sur son synopsis  des versions alternatives et que je suis allé souvent sur ses versions alternatives ! Il fait en sorte ensuite de réajuster. Ce que je ne sais pas, c’est si c’était des perches qu’il me tendait pour voir un peu comment je réagirai. Une fois les ajustements, il a fait entièrement tout le découpage de l’album, ce que j’aime particulièrement car ça permet à chacun de tenir sa place.

Propos recueillis par Bernard LAUNOIS dans le cadre du festival Quai des Bulles St Malo le 13 octobre 2018

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Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Interviews

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Publié le 21 Octobre 2018

SERVIR LE PEUPLE, quel bel engagement !

Alors que la Chine populaire de Mao Tsé-Toung est en pleine expansion, la jeune mariée au soldat Petit Wu n’a pas conscience que dans ses trois demandes faites à son mari quand il retourne dans son régiment, le dernier sera exécuté à la lettre : «Tu dois me jurer que tu obéiras à tes chefs ! Sans avoir peur de souffrir pour monter en grade et me donner une vie heureuse ! ». Fort des injonctions de sa jeune épouse exigeante qu’il désire conserver, Petit Wu va donc devoir se plier à toutes les exigences de la vie militaire mais assurément pas comme il l’aurait imaginé. Voilà que désigné comme ordonnance auprès d’un colonel, ce dernier lui demande d’être à l’entière disponibilité de son épouse alors qu’il est appelé à Pékin pour une durée de deux mois. 

Petit Wu s’avère être un bon petit soldat révolutionnaire prêt à tout pour gravir les échelons hiérarchiques, et bien que plutôt naïf de nature il comprend rapidement qu’il doit s’apparenter à un parfait caméléon s’adaptant à toutes les situations, et quelles situations !

Mais que Tante Liu, jeune et jolie épouse du colonel, a-t-elle dans la tête ? Comment compte-t-elle traiter ce jeune freluquet, tout juste bon à lui servir des petits plats ?

Après Apache et l’excellente biographie du boxeur Panama Al Brown, l’auteur Alexandre Widendaele, plus connu sous le nom d’Alex W. Inker, frappe encore très fort avec ce troisième opus.

Sur une adaptation du très controversé livre éponyme de Yan Lianke, Alex W. Inker entraîne le lecteur dans une satire de l’univers de l’Armée rouge où cette organisation et sa propagande ne sont guère épargnées.  A chaque album sa technique de dessin et ses codes graphiques : Servir le peuple  apparait conçu comme les lianhuanhua, bandes dessinées chinoises qui recèlent de superbes illustrations très fouillées, remplies de décors et de personnages en pied.

Les dessins faussement naïfs sont rehaussés par des couleurs à dominante rouge et verte formant une ambiance surannée de bon aloi.

Une mention particulière pour les éditions Sarbacane qui ont réalisé un bel objet, fort soigné, mettant un joli écrin à ce bel album, tout en sensualité.

Immanquable !

SERVIR LE PEUPLE W. INKER Editions SARBACANE 202 pages, 28,00 €

Bernard LAUNOIS

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Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

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Publié le 18 Octobre 2018

CYBERFATALE T1, une bd qui tient « hacker » !

La cyber, préfixe mystérieux apparu il y a maintenant une cinquantaine d’années pour regrouper tout ce qui concerne la fameuse révolution numérique, est aujourd’hui volontiers mise à toutes les sauces. Et quand elle touche à la Défense nationale et qu’elle s’appelle cyberdéfense, elle revêt un caractère d’autant plus mystérieux qu’elle appartient à la « grande muette ».

Alors, quand un cliché représentant le chef de l’État en slip léopard dans les appartements de son amoureuse circule sur  le net et ce, de manière virale, cela s’apparente vite à  un scandale d’état qu’il faut tuer dans l’œuf. Et puis il faut redorer le blason d’un service qui aurait failli : rien de tel alors que de proposer à une émission d’actualité la présence d’un journaliste, pour montrer tout le sérieux d’une telle organisation. Seulement le reportage va-t-il se dérouler comme prévu ? Les situations plutôt cocasses s’enchainent et le lecteur va tomber de Charybde en Scylla, ne sachant plus s’il nage en plein délire ou pas.

Réalité ou fiction, telle est la question, que nous délivrent là les scénaristes regroupés sous le nom de Cépanou afin sans doute de ne pas être reconnus. Le lecteur jugera de lui-même… Le dessin de Clément Oubrerie, récemment mis à l’honneur au festival BD Quai des Bulles 2018, fait merveille, collant parfaitement au scénario.

Il n’empêche que malgré le caractère humoristique et d’autodérision que les auteurs ont voulu donner à cet opus, la cybercriminalité combattue par ce service reste un problème grave qui est pris à bras le corps et qui n’apparait pas toujours évident à endiguer. Car malgré les compétences avérées des personnels qui composent la cyberdéfense, force est de constater que les hackers ont toujours un coup d’avance et qu’il appartient non seulement de se prémunir contre les attaques mais également de les anticiper.

A la manière du diptyque « Quai d’Orsay » qui avait ravi bon nombre de lecteurs à commencer par les protagonistes, souhaitons que ce Cyberfatale remporte le même succès tout aussi mérité.

 

CYBERFATALE T1 si ça sort, on est morts Editions Rue de Sèvres 56 pages, 15.00 €

Bernard LAUNOIS

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Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

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