Publié le 7 Novembre 2025

HIVER NUCLEAIRE, entre colère et résilience

La région de Montréal vit depuis quelques semaines au rythme des fuites radioactives de la centrale nucléaire de Gentilly-3, et ce n’est vraiment pas la joie ! Radiations et tempêtes de neige entrainent une désorganisation dans le quotidien de chacun, excepté visiblement pour la jeune Flavie, livreuse en motoneige de son état, toujours hyperactive, semblant être dopée par les radiations. Cet état de fait n’a malheureusement qu’un temps car il lui arrive une succession de soucis qui vont mettre à mal sa bonhomie.

Entre une recrudescence de travail alors que les conditions météorologiques se sont singulièrement dégradées, la rencontre de jeunes clients capricieux, une pénurie de sirop pour la toux au sujet de laquelle elle va se charger de mener l’enquête, l’apparition d’animaux mutants et comme si ça ne suffisait pas, l’arrivée de sa sœur venue squatter son petit nid douillet, Flavie va devoir se retrouver à tout gérer en même temps.

Initialement sortie sous forme de webcomic, cette comédie douce-amère dans un univers postapocalyptique narre le quotidien d’une jeune Québécoise passant régulièrement de la résilience à la colère devant tant de difficultés tant dans sa vie sociale qu’environnementale, et avec peu d’espoir d’amélioration. Et bien qu’il faille se familiariser avec les expressions canadiennes, les dialogues de la scénariste Cab s’avèrent alertes et l’on se prend au jeu à suivre l’intrépide jeune fille dans ses pérégrinations.

Avec son dessin semi-réaliste et des couleurs numériques de bon aloi, Cab accompagne bien son scénario, doté d’un découpage efficace qui aura permis une lecture fluide tant sur le Net qu’en roman graphique.

HIVER NUCLEAIRE CAB collection AUX CONFINS éditions STEINKIS 262 pages 24,00 € 16/10/2025

Bernard LAUNOIS

 

Voir les commentaires

Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

Repost0

Publié le 6 Novembre 2025

Rencontre avec Tiburce OGER, à propos de ses 5 collectifs consacrés au Western et plus particulièrement "WOMEN OF THE WEST"

A l’occasion de la sortie du collectif de WOMEN OF THE WEST, tiré de la superbe collection que vous menez à bout de bras depuis maintenant 5 ans, notamment en tant que scénariste mais pas que… Pourriez-vous nous parler de votre implication dans ces projets, ce que ça implique comme rigueur, organisation… ? 

Oui, c’est pas mal, de rigueur et d’organisation ! Du coup, ça me prend mon année, en fait. J’étais vraiment arrivé à saturation au niveau du dessin, depuis 30 ans d’album, j’avais l’impression que ça devenait une corvée, un métier et non plus une passion. Ce que je voulais vraiment, c’était raconter des histoires et prendre 1 an pour le dessiner, pour faire un album, c’était trop long. Écrire après des albums énormes pour des auteurs, ce n’est pas évident parce qu’ils sont toujours très pris, ils ont toujours 15 projets derrière et ce principe d’histoires courtes et de, les relier par un fil conducteur, de raconter comme ça, une thématique de l’ouest sur 150 ans, ça me permettait de travailler avec 10-15 auteurs par album. Et ça été très vite accepté par l’éditeur qui a trouvé vraiment l’idée intéressante alors que l’on nous disait à l’époque que le collectif ne marchait pas. Mais là, ce n’était pas un collectif en fait, on avait une histoire complète, ne serait-ce que le point de vue historique.

On part sur 120-150 ans d’histoire et qu’il a aussi le fait, comme je suis le seul à écrire, ça donne une seule voix derrière pour le lecteur et je pense que c’est très important. Et après, on a des lumières différentes, des couleurs différentes par le fait que ceux sont des autrices et auteurs diverses qui apportent leurs pattes, leurs styles.  On a, néanmoins, une certaine homogénéité à la lecture et c’est ce que je voulais !

Effectivement, il faut le relationnel, contacter les auteurs, et maintenant c’est souvent eux qui me contactent, me demande à participer. Essayer d’agencer ça, faire plaisir à ceux qui veulent revenir tous les ans, les fidèles comme Dominique Bertail, Paul Gastine. Labiano aussi est souvent là, Renan (Toulhoat, ndlr) et puis cette espèce de famille et ça j’y tiens. Je ne marche qu’à l’affectif, il n’y a que ça qui m’intéresse, vraiment ce relationnel !

Et puis, il y a des nouveaux qui arrivent, certains avec leurs désirs, leurs caprices ou pas et on en rediscute. Leur disponibilité, ça c’est énorme et puis, une fois que ça s’est établi, je passe sur mes histoires, je fais un tri, beaucoup de recherches sur mon sujet et sur 60 histoires possibles, 60 personnages, j’essaie d’en sélectionner une douzaine. Et sur ces douze-là, j’essaie de recroiser toutes les informations pour essayer de ne pas trop raconter d’âneries, ça pourrait m’arriver de tomber sur une mauvaise date.

Alors internet aide beaucoup mais faut voir 20 fois si le personnage n’a pas trop de contradictions. Les livres, quand on peut encore les trouver, et ensuite, comme pour Women…, je voulais partir sur des personnages rayés de l’histoire, presque oubliés de l’histoire. Ce sont des femmes qui, pour beaucoup, ont contribué à cette historique, ce roman américain.

Oui, parce que l’on parle toujours des mêmes femmes telles que Calamity Jane…

Bah oui, mais citez-moi une deuxième femme.

À brûle pourpoint, je vais être en difficulté !

On est d’accord et vous n’êtes pas le seul ! Hollywood s’est emparé, à une époque, de ce personnage et a voulu en faire un personnage emblématique. Chez nous, qui est très célèbre parce que Lucky Luke lui a rendu hommage mais à part ça, il n’y en a pas !

On a appris beaucoup de choses dans cet album.

Alors, voilà, c’est ce que je voulais, divertir en apprenant des choses au lecteur. Ce qui était intéressant également, comme c’est moi qui ai écrit, j’ai forcément mon point de vue et mon mental d’homme. Je me suis dit, je vais essayer de trouver la pensée féminine, le regard féminin sur ces personnages au travers le personnage de la jeune journaliste qui va interviewer cette femme chamane qui se bagarre pour les droits des Amérindiennes, dans les années 70. On a donc ces deux femmes militantes qui essaient de faire bouger les choses à l’époque où on commence à s’y intéresser et d’amener leurs points de vue. J’ai essayé de ne pas trahir leur combat.

Et, c’est vrai que dans cet album, c’est primordial d’avoir ces quelques pages d’introduction qui vont maintenir le lecteur tout au long du récit, des différents scénarios et de découvrir, à travers cet entretien un peu hors norme, où la journaliste recadre au début cette chamane qui ne lui raconte pas ce qu’elle attend de cette interview, que ce qui va suivre n’est pas une succession de scénettes mis bout à bout mais bien un cheminement de l’interview.

C‘est un livre et je veux apprendre des choses au lecteur et qui est-ce qui nous fait partager, nous apprend les choses au quotidien, ceux sont les journalistes. Donc, il me fallait une femme, avec son point de vue, son côté militante et une journaliste qui va enquêter, va aller chercher l’information. Je ne pourrais réutiliser ce procédé, le prochain sera différent.

C’est vrai que l’on a un peu trop tendance dans les westerns à contenir les femmes dans des rôles de second plan, avec des clichés…

            Effectivement, la veuve épleurée, l’institutrice un peu rigide…

Et voir cette force de résilience qu’elles ont pu avoir, de résistance. Quand les hommes étaient morts, il fallait bien qu’elles les remplacent dans toutes les tâches quel quelles soient.

Et justement, c’est ça qui leur a donné cette combativité qu’il n’y avait pas dans la vieille Europe et c’est pour ça que c’est les femmes de l’Ouest, d’états conquis en tout dernier, dans l’Oregon et qui ont les premières à acquérir le droit de vote, les droits à la propriété parce qu’effectivement, c’était même juste une question de survie pour l’état en lui-même. C’était de se dire, par exemple, on a 10 000 fermes qui sont tenus uniquement par des femmes parce qu’elles sont veuves, parce que les hommes sont morts à la guerre, de maladie ou autre. Donc, si on ne donne pas accès à la propriété, notre économie locale va tomber. Et du coup, on réalise que les femmes sont importantes dans l’économie locale, comme c’est marrant !

Remarquez qu’en Europe, lorsqu’il y a eu les guerres, les femmes ont été réquisitionnées en usine pour fabriquer de l’armement.

On s’est rendus par contre que lorsque les guerres furent terminées, on a vite oublié qu’elles avaient remplis ce rôle.

Mais ne pensez-vous pas qu’aujourd’hui, ce combat soit toujours d’actualité ?

C’est pour ça que, en fait que je considère que si j’ai fait ce livre, car le combat n’est pas terminé. Quand on voit le discours de Trump actuellement, qui est contre l’avortement, on se rencontre que ce combat n’est pas terminé.

Comment vous organisez-vous avec Hervé Richez, scénariste et directeur de collection ?

En fait, je suis totalement libre, je lui propose le thème, il accepte toujours. Ensuite, on discute des auteurs que l’on va prendre et il fait des propositions. On essaie de faire notre casting et une fois que l’on a l’accord, j’écris des histoires sous forme de nouvelles et je lui envoie. J’ai un premier jet qui va lire et comme c’est un passionné, il va lire et tout de suite mettre le doigt sur la petite faille, tel chapitre, c’est confus. Comme il a un regard neuf, tout de suite, alors que moi je suis déjà dans mes recherches, même si je fais des relectures, je ne vais pas forcément le voir.

De là, je refais encore un travail d’écriture. Parfois, il me dit que c’est top, tu ne touches à rien et ça, c’est 1 fois sur 10 et s’il y a un petit truc je rectifie.

Finalement, c’est confortable

C’est super bien ! Au lieu de se dire, je me lance mais on va voir ce que ça donne, j’ai déjà eu son regard, sa critique et c’est énorme ! C’est la raison pour laquelle je mets toujours, à chaque fois, au début de l’album avec la collaboration d’Hervé Richez. Je dois préciser que c’est d’un confort que je n’avais jamais eu en quarante ans de métier. Donc ça, c’est précieux et j’aimerais que tous les écrivains et les auteurs aient cette relation avec leurs directeurs de collection.

 Et après, vous essayez de voir, en fonction des dessinateurs(rices), de leurs habitudes de travail, de leurs envies ?

Alors ça, je ne vous l’ai pas dit mais quand j’ai écrit l’histoire, par exemple si je vais donner tel sujet à Virginie Augustin, j’ai son trait, son dessin en tête. Par contre, si c’est François Boucq, je ne vais pas mettre le même ton dans l’histoire et ça, c’est génial parce que c’est un exercice de style qui va me donner une façon d’écrire, un ton, une tonalité de la petite histoire qui sera totalement différent.

Donc, cela sous-entend qu’il y a une recherche au niveau des dessinateurs, de leur travail, de ce qu’ils ont déjà fait…

C’est ça, je ne pars pas dans l’inconnu, ça je ne peux pas ! Parfois, on a eu des défections avec certains auteurs qui ne pouvaient faire au dernier moment pour différentes raisons et donc, il fallait trouver quelqu’un d’autre et qu’il soit dans la même veine. Quitte à retravailler, à réécrire des choses. Faut vraiment que je m’adapte à chacun. Ensuite, il y a le retour d’autrice, auteur qui, après lecture me dise qu’il préfèrerait plus ça ou que cela leur convient parfaitement.

Vous leur envoyez l’ensemble de l’histoire ?

Oui, je renvoie toute l’histoire sous forme de nouvelles mais en séparant déjà chaque case qui correspond à un petit paragraphe. Ce qui fait que lorsqu’ils ont besoin de faire leurs découpages, je leur laisse faire leurs découpages et ils n’ont pu qu’à rassembler, par exemple, les quatre premiers paragraphes correspondent à la 1ère page. Comme je suis dessinateur, je leur donne déjà dans mon descriptif, dans la façon d’écrire, il faut qu’ils aient l’ambiance, la sensibilité de la case, ça c’est important !

Je ne suis pas Maupassant mais j’essaie de donner l’atmosphère de l’histoire. Ensuite, on en discute et parfois, il apparait évident qu’il manque ou qu’il y a une case en trop et retravaille ensemble s’il y a besoin.

Vous passez votre temps au téléphone alors ?

Bah, beaucoup et sur internet également. C’est au moins 3 heures/jour car avec la douzaine d’auteurs pour chaque album et c’est énorme !

 Mais, c’est passionnant ?

C’est passionnant ! Après, il y a la mise en réalisation de leur part et tous les matins, je me lève en me disant : je vais recevoir une page de qui aujourd’hui ? C’est jouissif et ça, c’est un vrai bonheur ! En plus, dans celui-là, j’ai pu travailler avec ma fille qui est illustratrice jeunesse et c’était grandiose ! C’est moi qui lui ait demandé et ce fut un refus dans un premier temps en me disant qu’elle ne pouvait se retrouver au milieu de tous ces grands auteurs.

Et ce n’est pas, quelque part, plus difficile de travailler avec sa fille ?

Non, elle s’est très bien s’adapter. Son métier de graphiste lui demande de s’adapter aux demandes des clients. Quelques fois, je lui redemandais de retravailler un cheval, de rebosser une case avec un cadrage.

On est peut-être plus exigeant avec sa fille ?

Je pouvais peut-être me permettre. Marini, je lui ai demandé une fois de refaire un cheval parce que l’arrière n’allait pas, j’ose et après l’auteur m’envoie balader ou pas.

Après, ils doivent être heureux de faire partie de l’aventure…

Oui, et puis ça leur fait une récréation, une visibilité parfois pour ceux qui sont 2-3 ans sur un album, qui n’ont pas de sortie, pas de parution, pas d’actualité, on va reparler d’eux.

C’est clairement un livre qui est attendu.

Bah ça, c’est gentil ! J’ai toujours peur à chaque sortie.

Quel bilan pouvez-vous tirer aujourd’hui alors que nous sommes déjà à 5 collectifs, avec un casting de folie : 42 dessinateurs, une dizaine de coloristes, tous aussi talentueux les uns que les autres. Comment avez-vous fait pour les recruter et pour certains, les fidéliser ?

Euh, je ne sais pas ! Il y a aussi les indépendants. Par exemple, Olivier Taduc qui me dit qu’il a bossé sur le premier tome et après j’ai mes albums et je n’en ferais donc pas d’autres mais c’est un grand cadeau, son histoire de trappeur était formidable. Alors lui, ç’aurait été un fidèle, ça serait resté un copain. Quelqu’un que je ne connaissais pas ou de loin et en fait, ça fait une quarantaine d’autrices et auteurs qui deviennent des amis et pour moi, c’est une famille. Et de ce travail assez solitaire que j’avais depuis trente ans, je me retrouve là avec une bande de copain.

En fait, vous ressemblez à un chef d’orchestre

Oui, en quelque sorte. En fait il faut que je l‘assume à un moment donné. Un chef d’orchestre qui les guide dans ma vision, dans la direction que je veux que l’album prenne, ça c’est important. Et puis, il y en a avec qui ça roule, François Boucq, on lui envoie l’histoire…

 Dominique Bertail, je suppose que c’est pareil ?

Dominique, c’est pareil effectivement, c’est un vrai bonheur.  Et Dominique, il veut être là tous les ans. Je lui dis, « Tu es sûr que tu veux être dans celui-là, parce que pour celui-là, il y aura beaucoup d’autrices » ? « Je me déguise en femme mais je veux ma place ».

D’autant plus qu’il avait aborder le sujet avec ses deux westerns Mondo Verso où il avait déjà laissé une large place à la gent féminine.

Cette série était très drôle et très intelligente, il avait effectivement déjà trouvé avec son scénariste, ce petit truc comme quoi il fallait laisser un petit plus la place aux femmes.

Dix femmes auteur(e)s sur treize, pour cet album, belle performance, on peut dire que le contrat a été rempli ?

On aurait pu faire la totale mais sauf que, comme c’est moi qui écris, je suis un homme, jusqu’à présent…

Est-ce que ça été difficile de les faire adhérer au projet ?

Non, non. Il y a eu en fait un petit peu de réticences ou de craintes au départ car ce n’est pas forcément des dessinatrices de western, à part Laura Zuccheri qui d’emblée a dit oui. Elles ont dit oui mais moi, je ne sais pas dessiner les chevaux, les armes et je leur ai dit que l’on peut faire une histoire de l’Ouest sans cheval et sans arme. Il y a plein de pionnières, de pionniers qui sont venus avec des chariots tirés par des bœufs, des mules et qui n’ont pas touché une arme de leur vie et qui néanmoins, on fait la conquête de l’Ouest.

C’est pour cela que vous avez donné un sujet plutôt qu’un autre de telle manière à ce qu’elles soient le plus à l’aise possible dans la réalisation.

C’est ça ! Maintenant, il se trouve qu’au final, elles ont toutes eu à dessiner des chevaux, les pauvres, et que quelque fois, j’ai fait quelques croquis pour leur montrer et les aider au besoin. Elles ont toutes jouer le jeu et bosser plus sérieusement que les hommes. Je peux dire qu’il n’y avait pas de retard, pas d’angoisse.

Il y a donc bien le côté chef d’orchestre…

Oui, mais avec les dessinatrices, quasiment pas ! Ça été rudement bien ! Et puis surtout, un regard bienveillant sur mon écriture. Très très peu de discussions, de mise en cause sur le propos. Je pense que je ne m’étais pas trop planté, elles ont vraiment soutenu ça, avec leurs regards. Il y a des dessins de Daphné Collignon que j’adore par exemple, son style, c’est super beau, c’est extrêmement élégant, on dirait du vitrail. Donc, j’étais flatté qu’elle accepte de collaborer. Toutes après : Nathalie Ferlut ça a vachement de pêche, c’est rigolo comme tout. Nathalie, je n’allais pas lui dire de refaire un fusil parce qu’il ne ressemble pas à une vraie Winchester. Un dessinateur réaliste, je vais l’embêter, elle non ! C’était pas le propos, ces armes plus cartoon vont très bien dans son style. Je pense que cet album m’a amené de la modernité graphique. C’est-à-dire que le western est quand même, beaucoup cantonné d’un côté Blueberry et on fait du réaliste et on a de grands auteurs comme Ralph Meyer, Paul Gastine et autres qui font ça très bien. De l’autre, l’école Lucky Luke, Tuniques Bleues, c’est de l’humour, c’est jeunesse, c’est gros nez. Mais après, il n’y a pas forcément un point de vue d’auteurs modernes et qui franchement, dans le graphisme, amène depuis 30-40 ans un regard moderne depuis Claire Brétécher, c’est quand même les dessinatrices.

Avec Hervé Richez, on s’était dit que ça allait peut-être trop varié dans les styles, on va peut-être se planter et effrayer les lecteurs. Et en fait, c’est homogène, il est plus coloré que les autres et on peut passer, par exemple, de Laura Zucchelli qui a un trait très réaliste, aquarellé à Nathalie Ferlut, plus cartoon, Caran d’Ache et ça fonctionne super bien ! Donc ça, c’est une belle homogénéité, ça fait plaisir et je suis super content. Après, on a des couvertures magnifiques de Laurent Hirn, Béatrice qui était très malade, a trouvé la force de faire une superbe couv’ et qui fera une histoire avec Olivier dans un prochain tome parce que je compte bien la faire bosser sur une histoire et ça, c’est bien car c’est quelqu’un qui m’avait dit « je fais plutôt de l’imaginaire, de l’Héroïc-Fantasy, je ne vais pas savoir-faire » auquel je lui ai répondu qu’il y a l’enrobage qui change et ton dessin, ton âme, tu ne le changes pas. Ces auteurs sont toujours dans le doute.

Vous ne l’êtes pas, vous ?

Bien sûr que si ! Mais comme là, je me protège derrière leurs dessins et c’est surtout en ça que c’est plus confortable. Alors après, il faut que j’assume les propos. Alors ça, c’est bibi, c’est moi qui morfle.

J’ai connu, comme beaucoup de lecteurs, un Tiburce Oger aussi auteur complet, Buffalo runner, Ghost Kid, Gord, La piste des ombres et l’incontournable Ma guerre.

Ça, oui !

Or, ce travail de scénariste à temps plein vous a éloigné de celui de dessinateur, le regrettez-vous et envisagez-vous d’y revenir ?

Alors, j’y reviendrais mais je n’ai vraiment pas du tout envie pour l’instant. Vous savez, j’ai terminé sur le diptyque « L’enfer pour aube », avec le scénariste Philippe Pelaez qui a une très belle écriture, qui a été un très gros morceau sur la Commune de Paris, une espèce de roman qui était passionnant à faire. Sauf que je préfère dessiner des coins sauvages et des montagnes que des allées Haussmannienne et ça été terrible. En plus, je ne voulais pas faire du réalisme, toutes perspectives étaient tracées et ensuite, je les déformais, les triturer, les rendre comme si chaque mur bougeait. Mais c’était un boulot de malade et comme je travaille toujours en grand format, sur format raisin, c’est énorme. Et puis, cette envie de raconter et j’étais bloqué avec le scénario de Philippe, il fallait que je termine cette histoire et je me suis dit que plus jamais je ne ferais ça, je n’en pouvais plus !

Ce qui me plait, c’est de raconter des histoires et si les autrices et auteurs de talent me prêtent leurs pinceaux, c’est génial ! Il me faudrait plus d’un an pour réaliser tout seul « Women of the West ». Le fait de le faire avec tous, on gagne un temps fou !  

Oui, et puis en plus, il y a le public qui voit qu’il y a untel et untel qui participent à cet album et de les découvrir dans un registre sous différent du leur, hors de leur zone de confort.

Oui, alors ça, c’est important. Par exemple, quand on a, par exemple, une dessinatrice comme Gaëlle Hersent qui avait un « Calamity Jane » avec un propos un peu différent, un autre regard, ça c’était bien. Et j’avais vu sur internet qu’elle avait des petites illustrations aquarellées et là je lui ai suggéré que, compte tenu de la petite histoire, c’était le moment de faire ces quelques pages en couleurs directes. Et elle a fait des pages que je trouve d’une beauté, des ciels du Colorado, des choses, c’est somptueux et l’on prend de la couleur plein la tronche ! C’est en ça que c’est des cadeaux ! On a Isabelle Mandrot qui elle, doit être actuellement une des plus grosses ventes de bd jeunesse qui là, réalise une petite histoire, elle adore les chevaux, c’est une cavalière, elle s’est régalée et ça se sent ! Je lui ai fait refaire des cases, elle aurait pu m’envoyer promener et bien non, chaque fois, c’était la bonne élève. Pour moi, c’est le royaume enchanté, c’est du cadeau bonus.

Et ça, se sent et ce, dès les premières pages, qu’il y a eu le plaisir de les réaliser et non pas comme un travail de commande.

Ouais, c’est ça, je suis d’accord ! J’avoue que j’ai plus souffert sur ma série « Les chevaliers d’émeraude » avec Anne Robillard. Le 1er tome a été tiré à 100 000 exemplaires et puis les tomes suivants, Anne Robillard avait toujours la même mécanique, qui marche bien en roman et qui en bd apparait répétitif. J’en ai fait 7 tomes et à la fin, je m’ennuyais et je pense que les lecteurs se sont ennuyés également. La série s’est arrêtée et il pense la reprendre avec un autre dessinateur. J’étais malheureux et je vois beaucoup de dessinateurs qui souvent, sont dans l’alimentaire. C’est-à-dire que pour la survie, ils ont accepté tel ou tel contrat et ça se sent, ils ne sont pas dedans et moi je sens que le lecteur va le sentir. Pour ma part, c’est du grand luxe, avec la crise actuelle, la difficulté de beaucoup d’auteurs, je suis plutôt un enfant gâté et j’en profite.

Trouvez-vous encore du temps pour vous adonner à votre passion du tir ?

Ah oui, quand même ! C’est au moins deux fois par semaine, mon épouse en fait, on a des copains et c’est sur les armes anciennes qui sont vraiment ma passion ! Et depuis 5-6 ans, je fais de la compétition, ce que je ne faisais pas avant les trente premières années et ça vide bien la tête.

Vous en faites avec Éric Herenguel aussi ?

Éric en fait mais on n’est pas dans le même coin. Je l’avais emmené, une fois ou deux, à mon stand pendant le festival. J’ai emmené plein d’autrices et d’auteurs venir essayer des armes de l’Ouest pour leur montrer notamment, qu’on ait loin des films d’Hollywood.

C’étaient des pétards…

Par contre, c’est précis quand on sait s’en servir et la plupart des gens ne savent s’en servir. Beaucoup de bruits, beaucoup de fumées, les néophytes sont toujours impressionnés avec les premiers contacts avec ce type d’armement.

Voir les commentaires

Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Interviews

Repost0

Publié le 31 Octobre 2025

Prix de la bd aux couleurs du blues : Gradimir SMUDJA en dédicace les 9 et 10 novembre 2025

À l’occasion de la remise du prix de la bande dessinée aux couleurs du blues 2025 qui se déroulera le 10 novembre à l’espace Faure à Limay avant le concert programmé par Blues s/Seine, l’auteur Gradimir SMUDJA fera deux séances de dédicaces avec l’album Jess Owens :

  • Le dimanche 9 novembre, de 16h30 à 18h30 à l’espace Brassens de Mantes-la-Jolie, dans le cadre du Tremplin Blues s/Seine.
  • Le lundi 10 novembre, à partir de 20 heures avant le concert d’Anna Popovic, dans le cadre du festival Blues sur Seine (entrée : 18€).

L’album « Jesse Owens » sera en vente sur place et son achat ouvrira le droit à la dédicace. Gradimir SMUDJA se fera un plaisir de vous dédicacer votre exemplaire.

Lire un album dessiné par Gradimir Smudja, c’est découvrir une histoire bien sûr mais au-delà d’un découpage soigné, c’est s’émerveiller devant tout le talent d’un peintre et ce, à chaque page, à chaque case qui pourraient être encadrées tant elles ressemblent à un tableau de maître. Encore un de ces livres qu’il faut lire à minimum deux fois, une pour apprécier le récit et l’autre pour s’arrêter devant chaque case afin d’en apprécier la qualité.

Cet auteur de talent n’est jamais venu en région mantaise et c’est donc l’occasion rêvée de le rencontrer à l’occasion de ces deux séances de dédicaces.

Espace culturel Georges BRASSENS 18 rue de Gassicourt 78200 MANTES-LA-JOLIE

Espace culturel Christiane FAURE 34 rue des quatre chemins 78520 LIMAY

Bernard LAUNOIS

Voir les commentaires

Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Divers

Repost0

Publié le 16 Octobre 2025

SILENT JENNY, une fin de trilogie en apothéose

Après Shangri-La consacré à la hard science, Carbone & Silicium avec pour thème le cyber-punk, il aura fallu attendre quatre ans pour pouvoir dévorer Silent Jenny, le dernier tome de la trilogie avec pour thème le post-apocalyptique… mais quel régal de science-fiction !

Le récit s’inscrit dans un futur plutôt lointain, quoique, où notre pauvre planète n’est plus que désolation notamment à cause de la disparition des insectes pollinisateurs et de la biodiversité, rendant la vie quasi impossible. Malgré tout quelques humains habitant dans des monades, sortes de maisons sur roues qui se déplacent au gré des conditions météorologiques, tentent de survivre.

Chercheuse d’abeilles, la taciturne Jenny s’escrime chaque jour à bord de son char à voile à parcourir les étendues désolées afin de fouiller la moindre parcelle de terre qui pourrait recéler des traces du fameux insecte, avec l’espoir de trouver l’échantillon qui permettra de toucher une prime auprès de Pyrrhocorp et qui sait, de relancer la pollinisation.

Seulement, malgré de plus en plus de difficultés rencontrées pour exercer son activité, la routine s’installe, et en même temps que l’espoir s’amenuise de trouver des jours meilleurs Jenny s’étiole, fuyant la compagnie de ses congénères jusqu’à…

Le scénariste Mathieu Bablet conclut sa trilogie par un excellent road-trip avec une fiction alternant les moments forts dans la quête perpétuelle de l’héroïne et d’autres plus intimistes dans ses moments de repos et d’introspection. Et si l’on met quelques pages à se familiariser avec ce monde peuplé de créatures étranges allant des Mange-Cailloux, êtres immunodéprimés voués rapidement à la mort aux Thanatopracteurs, personnages indispensables aux rituels de l’enterrement, ou à l’errance des pénitents, etc, on rentre rapidement dans le récit pour découvrir un univers incroyable.

Comme le dessinateur Mathieu Bablet a l’habitude de nous en gratifier dans ses albums, la remarquable mise en images et en couleurs permet au lecteur de se retrouver immergé dans ce récit onirique aux décors extrêmement fouillés où évoluent des personnages qui par certains côtés s’avèrent attachants.

Enfin, pour parfaire la lecture de Silent Jenny, il ne reste plus qu’à se procurer et écouter le vinyle Inframonde, fiction sonore composée et produite par The Toxic Avenger, imaginée comme la BO de l’album.

SILENT JENNY Mathieu BABLET collection Label 619 éditions RUE DE SEVRES 320 pages, 31,90 € 15/10/2025

Bernard LAUNOIS

 

Voir les commentaires

Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

Repost0

Publié le 14 Octobre 2025

​JESSE OWENS, lauréat du 12ème Prix de la BD aux couleurs du blues 2025

Créé il y a onze ans maintenant, le Prix 2025 de la BD aux couleurs du blues a été décerné à Jesse Owens, des miles et des miles, un album scénarisé et dessiné par Gradimir Smudja et publié aux éditions Futuropolis en juin 2024.

Né en 1913 en Alabama dans une fratrie de 11 enfants, petit-fils d’esclave, Jesse Owens est resté célèbre comme quadruple champion olympique aux Jeux de Berlin. Si on n’oublie jamais de préciser qu’Hitler avait refusé de lui serrer la main, Jesse Owens complétait : « c’est le président Roosevelt qui m’a snobé. Il ne m’a même pas envoyé un télégramme. À mon retour aux États-Unis, je ne pouvais pas m’asseoir à l’avant des autobus, je devais m’asseoir à l’arrière, je ne pouvais pas vivre là où je le voulais ».

Lire un album dessiné par Gradimir Smudja, c’est découvrir une histoire bien sûr mais au-delà d’un découpage soigné, c’est s’émerveiller devant tout le talent d’un peintre et ce, à chaque page, chaque case qui pourraient être encadrées tant elles ressemblent à un tableau de maître. Encore un de ces livres qu’il faut lire au minimum deux fois, l’une pour apprécier le récit et l’autre pour s’arrêter devant chaque case afin d’en apprécier la qualité.

Le Prix sera décerné à Gradimir Smudja à l’occasion du concert d’Anna Popovic, dans le cadre du festival Blues sur Seine, le 10 novembre 2025 à l’Espace culturel Christiane Faure de Limay.

Une séance de dédicaces de Gradimir Smudja devrait être réalisée à cette occasion (les albums de Jesse Owens seront à la vente sur place)

couverture Gradimir Smudja © Futuropolis, 2024

Voir les commentaires

Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Divers

Repost0

Publié le 14 Octobre 2025

LES SENTIERS D’ANAHUAC, un vibrant hommage à l’homme qui s’est consacré à la préservation de la mémoire du peuple aztèque

Nous sommes au XVIème siècle, période de découvertes de mondes nouveaux mais aussi de tentatives pour les conquérants d’avoir la fâcheuse tendance à vouloir façonner le pays conquis et sa population à leur gré, que ce soit dans leur manière de vivre mais également par le convertissement à leur dieu. En l’occurrence c’est la tâche principale du missionnaire franciscain, le Padre Bernardino de Sahagun, mais pas que. Voilà que celui-ci, intéressé par la culture aztèque et convaincu que c’est maintenant qu’il faut graver dans le marbre les us et coutumes des Aztèques avant qu’elles ne tombent dans les oubliettes, entreprend de réaliser un livre consacré aux origines et tout particulièrement à Anahuac, ce monde disparu et ce, avec le concours d’Antonio Valeriano, un jeune Indien.

Ce dernier se révèle particulièrement apte à remplir la tâche de collecte d’information dans les bibliothèques et de restitution.  Une complicité entre les deux êtres se tisse au fil du temps et le jeune Antonio s’avère un remarquable chef d’orchestre dans la rédaction du monumental Codex de Florence.

Épaulé par l’éminent historien Romain Bertrand, le scénariste Jean Dytar embarque le lecteur dans un récit des plus passionnants, revenant sur la période consécutive à l’occupation espagnole du Mexique et le désir du Franciscain de découvrir cet univers voué à l’oubli, et de le consigner ne serait-ce que pour un devoir de mémoire.  

Le dessinateur Jean Dytar attache pour ses bandes dessinées autant d’importance au fond qu’à la forme et Les Sentiers d’Anahuac ne fait pas exception. Le début de l’album avec des pages remplies de hiéroglyphes aztèques symbolisant la période avant l’invasion va, petit à petit faire place à des pages « ligne claire », européanisées.

Enfin, il convient d’apporter une mention particulière pour la qualité dans la conception et l’impression de cet ouvrage, qui sublime le récit.

LES SENTIERS D’ANAHUAC Romain BERTRAND/Jean DYTAR collection La découverte éditions DELCOURT 160 pages 34,00 € 08/10/2025

Bernard LAUNOIS

 

Voir les commentaires

Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

Repost0

Publié le 13 Octobre 2025

LEAVE THEM ALONE, un western bd taillé pour le cinéma

La recette pour réaliser un bon western semble aisée surtout quand tous les ingrédients sont au rendez-vous : des mines patibulaires avides d’argent et particulièrement chatouilleuses de la gâchette, des diligences dépouillées et leurs occupants retrouvés lâchement assassinés, des autorités locales véreuses et poltronnes, de braves gens qui ne demandent qu’à vivre en harmonie et sont continuellement à se demander de quoi demain sera fait. Seulement, c’est comme en cuisine, il faut l’art et la manière de captiver le lecteur de bout en bout et c’est ce qu’ont réussi, de fort belle manière, les auteurs Roger Seiter au scénario et Chris Regnault au dessin et à la couleur.

Nous sommes en 1874, dans le tranquille relais Dead indian Peak, en plein Ouest américain, régi par la mamie Marian et Elfie sa petite fille, vivant au rythme du passage des convois qui s’arrêtent pour restaurer voyageurs et chevaux lorsqu’une succession d’événements va troubler cette quiétude : l’arrivée concomitamment de Mattie, une jeune femme à pied complètement terrorisée, d’une horde de pillards à la recherche de l’on ne sait quoi, ainsi que d’un drôle de cow-boy solitaire qui semble être un habitué des lieux… Et c’est ainsi que les deux résidents du relais ne vont pas tarder à passer de spectateurs ébahis à acteurs résolus.

Grâce à un scénario à tiroir bien construit on sent bien dès les premières pages qu’il va y avoir du grabuge, que les événements vont s’enchainer et qu’on appréciera que le suspense soit maintenu jusqu’à la dernière page. Avec un découpage efficace, alternant les plans larges et les gros plans, le scénario n’en est que rendu plus vivant.

Avec son dessin semi-réaliste rehaussé par de belles couleurs chaudes, à l’image des paysages traversés, Chris Regnault s’avère être un amoureux des westerns et particulièrement ceux réalisés par le maître Jean Giraud, et ça se sent.

Une belle surprise de rentrée que tout fan de western se doit de lire.

LEAVE THEM ALONE Roger SEITER/Chris REIGNAULT collection Grand Angle éditions BAMBOO, 160 pages, 24,90 € 15/10/2025

Bernard LAUNOIS

 

Voir les commentaires

Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

Repost0

Publié le 11 Octobre 2025

QUAI DES BULLES 2025, les 24-25 et 26 octobre, en avant pour une 44ème édition qui promet !

Que demander de plus sinon que le beau temps soit au rendez-vous de Quai des Bulles, l’incontournable festival automnal où l’on pourra encore découvrir les belles expositions concoctées par l’organisation, un plateau d’auteurs toujours aussi fourni mais également des projections de films, des rencontres, des contes à bulles…

Le dernier week-end du mois d’octobre voit venir le changement en heure d’hiver, mais pas seulement : c’est aussi l’occasion de se rendre à Saint-Malo, en plein milieu des vacances scolaires de la Toussaint, pour profiter de cette pépite qu’est le festival Quai des bulles incontournable pour petits et grands. D’autant que pour cette 44ème édition, il y en aura pour tous les amoureux de l’image qu’elle soit sur papier, numérique ou encore projetée.

Le festival Quai des Bulles s’inscrit, depuis de bons nombres d’années, comme faisant partie des festivals bd les plus réputés. Mais comme dans beaucoup de manifestations, le plus dur n’est pas d’atteindre le sommet mais de s’y maintenir, et cette année encore Quai des bulles tient toujours fermement la barre contre vents et marées pour présenter un programme de qualité. Jugez-en à la lecture de ces propositions tout aussi alléchantes les unes que les autres.

En tout bien tout honneur, commençons par parler du vainqueur du Grand Prix de l’Affiche décerné en 2024 pour illustrer cette nouvelle édition 2025 : Nicolas Barral (L’intranquille monsieur Pessoa, Sur un air de Fado, Nestor Burma, Dieu n’a pas toujours raison…) qui a réalisé une superbe affiche très poétique sur fond du célèbre Fort National de Saint-Malo et qui devrait plaire à beaucoup, amateur de bandes dessinées ou pas.

Cette année encore, les expositions sont à l’honneur avec pas moins d’une dizaine qui devraient retenir l’attention de chacun à commencer par celle du grand maître André Franquin consacrée à son travail à la mine de plomb ; remarquons aussi Radiant, dessiné par le manfra Tony Valente et devenu, au fil des albums, un phénomène éditorial au sein du panorama manga, ou encore celle consacrée au dessinateur Sylvain Vallée qui, en une vingtaine d’albums (Gil St André, Il était une fois en France, Katanga, Tananarive…) s’est imposé comme l’un des grands noms de la bande dessinée contemporaine francophone. Seront aussi exposées une vingtaine de planches originales en noir et blanc, à l’encre de Chine et au fusain de Sixtine Dano, révélée par son premier roman graphique Sibylline, chroniques d’une escort girl. N’oublions pas de visiter également Léa Mazé, fragments d’un univers sensible, Aime comme métal, Transidentités en BD, Jeunes Talents – par-delà les frontières et De façade en façade.

Les prix remis à l’occasion de Quai des bulles revêtent toujours une grande importance tant pour les auteurs que pour

le public, à commencer par le Grand Prix de l’affiche 2025 qui aura l’infime honneur de remplacer Nicolas Barral, le Prix Jeunes Talents qui s’avère un bon coup de boost pour des auteurs en herbe et bien sûr, le Prix Ouest-France/Quai des Bulles qui désignera un ouvrage paru dans l’année et viendra récompenser son auteur. Notons la particularité de ce prix très populaire, d’être décerné par un jury de lecteurs âgés de 18 à 35 ans.

Près de 40 rencontres auront lieu, parfois surprise comme celle de Mathieu Bablet qui vient de clôturer sa trilogie de SF avec Silent Jenny, ou encore avec Patrick Sobral et Cécile Corbel pour le film Les Légendaires, engagées avec Sixtine Dano sur le thème du récit de vie et la précarité, jeunesse avec la scénariste Émilie Tronche à propos de la série et la bd Le Journal de Samuel, poétique avec Léa Mazé, graphique et théâtrale avec Genis Rigol… Et puis citons aussi les masterclass avec Nicolas Barral, Tony Valente et NaokurenEnfin, saluons l’initiative de la revue ZOO, avec ses off, offrant l’opportunité de faire partager des moments privilégiés avec les auteurs tels que Nicolas Kéramidas, Zanzim, Léo, Marguerite Abouet et Donatien Mary, Julien Solé et Ariane Gotlib, Espé et Philippe Pelaez à l’occasion d’un petit-déjeuner, un café ou un apéro.

Les maisons d’édition et leurs libraires se sont à nouveau pliés en quatre pour vous présenter leurs stands avec leurs auteurs qui auront tout le loisir de vous rencontrer tout au long de ces trois jours, que ce soit en bandes dessinées franco-belge ou en manga. A noter que pour la troisième année, le manga dispose d’un espace dédié.

Des contes à bulles, au nombre de trois, accessibles à tout public, sont consacrés avec trois auteurs de grand talent qui illustreront en direct des contes de Chine et de Taïwan transmis par Blanche Chia-Ping Chiu, qui sera accompagnée par Jean-Louis Cuenne, percussionniste multi-instrumentiste.

Les amoureux de l’animation projetée, qui sont souvent les mêmes que les afficionados de la bande dessinée, sont encore gâtés avec près d’une dizaine de projections, de Tom Boy à Mutafukaz en passant par La princesse Dragon et Le règne animal

Avec ces quelques mots, vous aurez compris que le programme Quai des Bulles 2025 s’avère toujours aussi riche et varié.

N’hésitez pas à vous rendre sur le site https://festival.quaidesbulles.com/ pour le programme régulièrement mis à jour avant l’évènement.

Bon festival !

Bernard LAUNOIS

Voir les commentaires

Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Divers

Repost0

Publié le 10 Octobre 2025

PICSOU ET LES BIT-COINCOINS, une belle madeleine de Proust à savourer sans modération !

Ici pas de bulle spéculative mais des phylactères remplis de malice pour un Picsou complètement désemparé ! Rendez-vous compte, voilà qu’il a perdu la place de « number one » du canard le plus riche du monde. Et le comble, c’est que c’est tout au profit d’un vulgaire canard dénommé Carsten Duck qui a l’outrecuidance de surfer sur l’argent virtuel !

Que faire pour redorer le blason de notre ex-richissime oligarque qui ne connait que les espèces sonnantes et trébuchantes, sinon que de faire appel à la nouvelle génération ! Qu’à ne cela ne tienne, écoutons les neveux de Donald férus de réseaux sociaux et plus connus des internautes en tant qu’influenceurs « Re-reel », « Wiffi » et « Loo-look », et investissons également dans la cryptomonnaie.

Seulement à ce jeu, on risque d’y laisser des plumes, surtout que Carsten Duck, averti de l’investissement de l’oncle Picsou, va s’employer à dénicher tous les stratagèmes pour le ruiner en s’adjoignant notamment les services des Rapetou, toujours aussi bêtes et méchants.

Biberonné aux bandes dessinées franco-belges mais également à l’univers Disney, l’auteur Jul, notamment scénariste du cow-boy solitaire depuis douze ans, s’attaque avec talent et maestria à Picsou la série culte de Disney en dynamisant notre sympathique canard, toujours aussi pingre mais tellement attachant.

Reprenant un concept cher au maitre René Goscinny d’offrir plusieurs degrés de lecture dans les phylactères de telle manière à toucher tout public, Jul fait rire petits et grands. On retrouve avec plaisir tous les protagonistes qui ont fait la renommée de la série Picsou, de Donald à Riri, Fifi, Loulou en passant par Géo Trouvetout et son fidèle Filament, Daisy… entrainés dans une aventure menée tambour battant.

Après qu’il ait travaillé une dizaine d’années sur les long-métrages au studio Walt Disney Feature Animation France et dessiné deux albums de la prestigieuse collection Créations originales dédiés respectivement à Mickey et à Donald, le choix du dessinateur Nicolas Keramidas coulait de source pour servir le scénario de Jul. Avec son dessin très dynamique, il fait évoluer les personnages dans des décors fouillés rehaussés par de superbes couleurs.

Souhaitons tout le succès qu’il mérite à cet opus et que soit prolongée la magie de la collaboration Jul/Keramidas

PICSOU ET LES BIT-COINCOINS JUL/Nicolas KERAMIDAS collection Créations Originales 48 pages, 11,50 € 08/10/2025

Bernard LAUNOIS

 

 

Voir les commentaires

Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

Repost0

Publié le 8 Octobre 2025

ROCKABILLY, une belle chronique sociale d’une Amérique profonde des années 50

On choisit ses amis, pas sa famille, c’est sûrement une maxime qui a dû effleurer Marie-Barbara, alias Barbie, quand elle a débarqué au sein de sa nouvelle tribu en rejoignant son mari Bram après un mariage arrangé par correspondance.

Elle est accueillie par son beau-frère Hank et son pick-up dans la petite ville de Hazard, Bram étant trop occupé pour daigner venir à la gare en guise de bienvenue. La pimpante Barbie se demande si, en venant s’enterrer dans ce trou perdu, elle n’a pas quitté la proie pour l’ombre.

Mais au diable les regrets, adieu l’institution religieuse et sa sévérité, bonjour l’inconnu, synonyme de liberté et… Elle ne va pas être déçue ! Du père lubrique à son mari brut de décoffrage en passant par Eddie la crapule, Evy la névrosée, etc… Les Wayne s’apparentent plutôt à une famille « tuyau de poêle » mais heureusement qu’il y a Hank et sa passion communicative pour sa guitare et le rock’n roll pour lui changer les idées.

En l’absence de la mère Wayne, Barbie ne va tarder à devenir la boniche dans la maison où il y a fort à faire. Les événements s’enchainant, la vie au sein de cette famille déjantée devient de plus en plus pesante jusqu’à…

Tenant à la fois du polar et d’une chronique de la vie sociale dans les années 50 au fin fond du Kentucky, le scénariste Rodolphe transporte le lecteur dans un univers à la Steinbeck, rempli de rudesse de cette vie de misère, le tout dans une atmosphère des plus pesantes.

Le dessinateur Christophe Dubois s’est emparé du scénario de fort belle manière avec son dessin réaliste, rendant le climat délétère lorsqu’elle se trouve confrontée à la vie de tous les jours, mais contrastant avec les moments de détente en compagnie de Hank.

Cette passion pour le rock partagée par les auteurs transpire dans le récit et le lecteur prendra assurément encore plus de plaisir à écouter leur playlist tout en se délectant de cet excellent album.

ROCKABILLY RODOLPHE/Christophe DUBOIS éditions Daniel MAGHEN 104 pages, 19,50 € 11/09/2025

Bernard LAUNOIS

 

Voir les commentaires

Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

Repost0