Publié le 6 Novembre 2025
A l’occasion de la sortie du collectif de WOMEN OF THE WEST, tiré de la superbe collection que vous menez à bout de bras depuis maintenant 5 ans, notamment en tant que scénariste mais pas que… Pourriez-vous nous parler de votre implication dans ces projets, ce que ça implique comme rigueur, organisation… ?
Oui, c’est pas mal, de rigueur et d’organisation ! Du coup, ça me prend mon année, en fait. J’étais vraiment arrivé à saturation au niveau du dessin, depuis 30 ans d’album, j’avais l’impression que ça devenait une corvée, un métier et non plus une passion. Ce que je voulais vraiment, c’était raconter des histoires et prendre 1 an pour le dessiner, pour faire un album, c’était trop long. Écrire après des albums énormes pour des auteurs, ce n’est pas évident parce qu’ils sont toujours très pris, ils ont toujours 15 projets derrière et ce principe d’histoires courtes et de, les relier par un fil conducteur, de raconter comme ça, une thématique de l’ouest sur 150 ans, ça me permettait de travailler avec 10-15 auteurs par album. Et ça été très vite accepté par l’éditeur qui a trouvé vraiment l’idée intéressante alors que l’on nous disait à l’époque que le collectif ne marchait pas. Mais là, ce n’était pas un collectif en fait, on avait une histoire complète, ne serait-ce que le point de vue historique.
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On part sur 120-150 ans d’histoire et qu’il a aussi le fait, comme je suis le seul à écrire, ça donne une seule voix derrière pour le lecteur et je pense que c’est très important. Et après, on a des lumières différentes, des couleurs différentes par le fait que ceux sont des autrices et auteurs diverses qui apportent leurs pattes, leurs styles. On a, néanmoins, une certaine homogénéité à la lecture et c’est ce que je voulais !
Effectivement, il faut le relationnel, contacter les auteurs, et maintenant c’est souvent eux qui me contactent, me demande à participer. Essayer d’agencer ça, faire plaisir à ceux qui veulent revenir tous les ans, les fidèles comme Dominique Bertail, Paul Gastine. Labiano aussi est souvent là, Renan (Toulhoat, ndlr) et puis cette espèce de famille et ça j’y tiens. Je ne marche qu’à l’affectif, il n’y a que ça qui m’intéresse, vraiment ce relationnel !
Et puis, il y a des nouveaux qui arrivent, certains avec leurs désirs, leurs caprices ou pas et on en rediscute. Leur disponibilité, ça c’est énorme et puis, une fois que ça s’est établi, je passe sur mes histoires, je fais un tri, beaucoup de recherches sur mon sujet et sur 60 histoires possibles, 60 personnages, j’essaie d’en sélectionner une douzaine. Et sur ces douze-là, j’essaie de recroiser toutes les informations pour essayer de ne pas trop raconter d’âneries, ça pourrait m’arriver de tomber sur une mauvaise date.
Alors internet aide beaucoup mais faut voir 20 fois si le personnage n’a pas trop de contradictions. Les livres, quand on peut encore les trouver, et ensuite, comme pour Women…, je voulais partir sur des personnages rayés de l’histoire, presque oubliés de l’histoire. Ce sont des femmes qui, pour beaucoup, ont contribué à cette historique, ce roman américain.
Oui, parce que l’on parle toujours des mêmes femmes telles que Calamity Jane…
Bah oui, mais citez-moi une deuxième femme.
À brûle pourpoint, je vais être en difficulté !
On est d’accord et vous n’êtes pas le seul ! Hollywood s’est emparé, à une époque, de ce personnage et a voulu en faire un personnage emblématique. Chez nous, qui est très célèbre parce que Lucky Luke lui a rendu hommage mais à part ça, il n’y en a pas !
On a appris beaucoup de choses dans cet album.
Alors, voilà, c’est ce que je voulais, divertir en apprenant des choses au lecteur. Ce qui était intéressant également, comme c’est moi qui ai écrit, j’ai forcément mon point de vue et mon mental d’homme. Je me suis dit, je vais essayer de trouver la pensée féminine, le regard féminin sur ces personnages au travers le personnage de la jeune journaliste qui va interviewer cette femme chamane qui se bagarre pour les droits des Amérindiennes, dans les années 70. On a donc ces deux femmes militantes qui essaient de faire bouger les choses à l’époque où on commence à s’y intéresser et d’amener leurs points de vue. J’ai essayé de ne pas trahir leur combat.
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Et, c’est vrai que dans cet album, c’est primordial d’avoir ces quelques pages d’introduction qui vont maintenir le lecteur tout au long du récit, des différents scénarios et de découvrir, à travers cet entretien un peu hors norme, où la journaliste recadre au début cette chamane qui ne lui raconte pas ce qu’elle attend de cette interview, que ce qui va suivre n’est pas une succession de scénettes mis bout à bout mais bien un cheminement de l’interview.
C‘est un livre et je veux apprendre des choses au lecteur et qui est-ce qui nous fait partager, nous apprend les choses au quotidien, ceux sont les journalistes. Donc, il me fallait une femme, avec son point de vue, son côté militante et une journaliste qui va enquêter, va aller chercher l’information. Je ne pourrais réutiliser ce procédé, le prochain sera différent.
C’est vrai que l’on a un peu trop tendance dans les westerns à contenir les femmes dans des rôles de second plan, avec des clichés…
Effectivement, la veuve épleurée, l’institutrice un peu rigide…
Et voir cette force de résilience qu’elles ont pu avoir, de résistance. Quand les hommes étaient morts, il fallait bien qu’elles les remplacent dans toutes les tâches quel quelles soient.
Et justement, c’est ça qui leur a donné cette combativité qu’il n’y avait pas dans la vieille Europe et c’est pour ça que c’est les femmes de l’Ouest, d’états conquis en tout dernier, dans l’Oregon et qui ont les premières à acquérir le droit de vote, les droits à la propriété parce qu’effectivement, c’était même juste une question de survie pour l’état en lui-même. C’était de se dire, par exemple, on a 10 000 fermes qui sont tenus uniquement par des femmes parce qu’elles sont veuves, parce que les hommes sont morts à la guerre, de maladie ou autre. Donc, si on ne donne pas accès à la propriété, notre économie locale va tomber. Et du coup, on réalise que les femmes sont importantes dans l’économie locale, comme c’est marrant !
Remarquez qu’en Europe, lorsqu’il y a eu les guerres, les femmes ont été réquisitionnées en usine pour fabriquer de l’armement.
On s’est rendus par contre que lorsque les guerres furent terminées, on a vite oublié qu’elles avaient remplis ce rôle.
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Mais ne pensez-vous pas qu’aujourd’hui, ce combat soit toujours d’actualité ?
C’est pour ça que, en fait que je considère que si j’ai fait ce livre, car le combat n’est pas terminé. Quand on voit le discours de Trump actuellement, qui est contre l’avortement, on se rencontre que ce combat n’est pas terminé.
Comment vous organisez-vous avec Hervé Richez, scénariste et directeur de collection ?
En fait, je suis totalement libre, je lui propose le thème, il accepte toujours. Ensuite, on discute des auteurs que l’on va prendre et il fait des propositions. On essaie de faire notre casting et une fois que l’on a l’accord, j’écris des histoires sous forme de nouvelles et je lui envoie. J’ai un premier jet qui va lire et comme c’est un passionné, il va lire et tout de suite mettre le doigt sur la petite faille, tel chapitre, c’est confus. Comme il a un regard neuf, tout de suite, alors que moi je suis déjà dans mes recherches, même si je fais des relectures, je ne vais pas forcément le voir.
De là, je refais encore un travail d’écriture. Parfois, il me dit que c’est top, tu ne touches à rien et ça, c’est 1 fois sur 10 et s’il y a un petit truc je rectifie.
Finalement, c’est confortable
C’est super bien ! Au lieu de se dire, je me lance mais on va voir ce que ça donne, j’ai déjà eu son regard, sa critique et c’est énorme ! C’est la raison pour laquelle je mets toujours, à chaque fois, au début de l’album avec la collaboration d’Hervé Richez. Je dois préciser que c’est d’un confort que je n’avais jamais eu en quarante ans de métier. Donc ça, c’est précieux et j’aimerais que tous les écrivains et les auteurs aient cette relation avec leurs directeurs de collection.
Et après, vous essayez de voir, en fonction des dessinateurs(rices), de leurs habitudes de travail, de leurs envies ?
Alors ça, je ne vous l’ai pas dit mais quand j’ai écrit l’histoire, par exemple si je vais donner tel sujet à Virginie Augustin, j’ai son trait, son dessin en tête. Par contre, si c’est François Boucq, je ne vais pas mettre le même ton dans l’histoire et ça, c’est génial parce que c’est un exercice de style qui va me donner une façon d’écrire, un ton, une tonalité de la petite histoire qui sera totalement différent.
Donc, cela sous-entend qu’il y a une recherche au niveau des dessinateurs, de leur travail, de ce qu’ils ont déjà fait…
C’est ça, je ne pars pas dans l’inconnu, ça je ne peux pas ! Parfois, on a eu des défections avec certains auteurs qui ne pouvaient faire au dernier moment pour différentes raisons et donc, il fallait trouver quelqu’un d’autre et qu’il soit dans la même veine. Quitte à retravailler, à réécrire des choses. Faut vraiment que je m’adapte à chacun. Ensuite, il y a le retour d’autrice, auteur qui, après lecture me dise qu’il préfèrerait plus ça ou que cela leur convient parfaitement.
Vous leur envoyez l’ensemble de l’histoire ?
Oui, je renvoie toute l’histoire sous forme de nouvelles mais en séparant déjà chaque case qui correspond à un petit paragraphe. Ce qui fait que lorsqu’ils ont besoin de faire leurs découpages, je leur laisse faire leurs découpages et ils n’ont pu qu’à rassembler, par exemple, les quatre premiers paragraphes correspondent à la 1ère page. Comme je suis dessinateur, je leur donne déjà dans mon descriptif, dans la façon d’écrire, il faut qu’ils aient l’ambiance, la sensibilité de la case, ça c’est important !
Je ne suis pas Maupassant mais j’essaie de donner l’atmosphère de l’histoire. Ensuite, on en discute et parfois, il apparait évident qu’il manque ou qu’il y a une case en trop et retravaille ensemble s’il y a besoin.
Vous passez votre temps au téléphone alors ?
Bah, beaucoup et sur internet également. C’est au moins 3 heures/jour car avec la douzaine d’auteurs pour chaque album et c’est énorme !
Mais, c’est passionnant ?
C’est passionnant ! Après, il y a la mise en réalisation de leur part et tous les matins, je me lève en me disant : je vais recevoir une page de qui aujourd’hui ? C’est jouissif et ça, c’est un vrai bonheur ! En plus, dans celui-là, j’ai pu travailler avec ma fille qui est illustratrice jeunesse et c’était grandiose ! C’est moi qui lui ait demandé et ce fut un refus dans un premier temps en me disant qu’elle ne pouvait se retrouver au milieu de tous ces grands auteurs.
Et ce n’est pas, quelque part, plus difficile de travailler avec sa fille ?
Non, elle s’est très bien s’adapter. Son métier de graphiste lui demande de s’adapter aux demandes des clients. Quelques fois, je lui redemandais de retravailler un cheval, de rebosser une case avec un cadrage.
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On est peut-être plus exigeant avec sa fille ?
Je pouvais peut-être me permettre. Marini, je lui ai demandé une fois de refaire un cheval parce que l’arrière n’allait pas, j’ose et après l’auteur m’envoie balader ou pas.
Après, ils doivent être heureux de faire partie de l’aventure…
Oui, et puis ça leur fait une récréation, une visibilité parfois pour ceux qui sont 2-3 ans sur un album, qui n’ont pas de sortie, pas de parution, pas d’actualité, on va reparler d’eux.
C’est clairement un livre qui est attendu.
Bah ça, c’est gentil ! J’ai toujours peur à chaque sortie.
Quel bilan pouvez-vous tirer aujourd’hui alors que nous sommes déjà à 5 collectifs, avec un casting de folie : 42 dessinateurs, une dizaine de coloristes, tous aussi talentueux les uns que les autres. Comment avez-vous fait pour les recruter et pour certains, les fidéliser ?
Euh, je ne sais pas ! Il y a aussi les indépendants. Par exemple, Olivier Taduc qui me dit qu’il a bossé sur le premier tome et après j’ai mes albums et je n’en ferais donc pas d’autres mais c’est un grand cadeau, son histoire de trappeur était formidable. Alors lui, ç’aurait été un fidèle, ça serait resté un copain. Quelqu’un que je ne connaissais pas ou de loin et en fait, ça fait une quarantaine d’autrices et auteurs qui deviennent des amis et pour moi, c’est une famille. Et de ce travail assez solitaire que j’avais depuis trente ans, je me retrouve là avec une bande de copain.
En fait, vous ressemblez à un chef d’orchestre
Oui, en quelque sorte. En fait il faut que je l‘assume à un moment donné. Un chef d’orchestre qui les guide dans ma vision, dans la direction que je veux que l’album prenne, ça c’est important. Et puis, il y en a avec qui ça roule, François Boucq, on lui envoie l’histoire…
Dominique Bertail, je suppose que c’est pareil ?
Dominique, c’est pareil effectivement, c’est un vrai bonheur. Et Dominique, il veut être là tous les ans. Je lui dis, « Tu es sûr que tu veux être dans celui-là, parce que pour celui-là, il y aura beaucoup d’autrices » ? « Je me déguise en femme mais je veux ma place ».
D’autant plus qu’il avait aborder le sujet avec ses deux westerns Mondo Verso où il avait déjà laissé une large place à la gent féminine.
Cette série était très drôle et très intelligente, il avait effectivement déjà trouvé avec son scénariste, ce petit truc comme quoi il fallait laisser un petit plus la place aux femmes.
Dix femmes auteur(e)s sur treize, pour cet album, belle performance, on peut dire que le contrat a été rempli ?
On aurait pu faire la totale mais sauf que, comme c’est moi qui écris, je suis un homme, jusqu’à présent…
Est-ce que ça été difficile de les faire adhérer au projet ?
Non, non. Il y a eu en fait un petit peu de réticences ou de craintes au départ car ce n’est pas forcément des dessinatrices de western, à part Laura Zuccheri qui d’emblée a dit oui. Elles ont dit oui mais moi, je ne sais pas dessiner les chevaux, les armes et je leur ai dit que l’on peut faire une histoire de l’Ouest sans cheval et sans arme. Il y a plein de pionnières, de pionniers qui sont venus avec des chariots tirés par des bœufs, des mules et qui n’ont pas touché une arme de leur vie et qui néanmoins, on fait la conquête de l’Ouest.
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C’est pour cela que vous avez donné un sujet plutôt qu’un autre de telle manière à ce qu’elles soient le plus à l’aise possible dans la réalisation.
C’est ça ! Maintenant, il se trouve qu’au final, elles ont toutes eu à dessiner des chevaux, les pauvres, et que quelque fois, j’ai fait quelques croquis pour leur montrer et les aider au besoin. Elles ont toutes jouer le jeu et bosser plus sérieusement que les hommes. Je peux dire qu’il n’y avait pas de retard, pas d’angoisse.
Il y a donc bien le côté chef d’orchestre…
Oui, mais avec les dessinatrices, quasiment pas ! Ça été rudement bien ! Et puis surtout, un regard bienveillant sur mon écriture. Très très peu de discussions, de mise en cause sur le propos. Je pense que je ne m’étais pas trop planté, elles ont vraiment soutenu ça, avec leurs regards. Il y a des dessins de Daphné Collignon que j’adore par exemple, son style, c’est super beau, c’est extrêmement élégant, on dirait du vitrail. Donc, j’étais flatté qu’elle accepte de collaborer. Toutes après : Nathalie Ferlut ça a vachement de pêche, c’est rigolo comme tout. Nathalie, je n’allais pas lui dire de refaire un fusil parce qu’il ne ressemble pas à une vraie Winchester. Un dessinateur réaliste, je vais l’embêter, elle non ! C’était pas le propos, ces armes plus cartoon vont très bien dans son style. Je pense que cet album m’a amené de la modernité graphique. C’est-à-dire que le western est quand même, beaucoup cantonné d’un côté Blueberry et on fait du réaliste et on a de grands auteurs comme Ralph Meyer, Paul Gastine et autres qui font ça très bien. De l’autre, l’école Lucky Luke, Tuniques Bleues, c’est de l’humour, c’est jeunesse, c’est gros nez. Mais après, il n’y a pas forcément un point de vue d’auteurs modernes et qui franchement, dans le graphisme, amène depuis 30-40 ans un regard moderne depuis Claire Brétécher, c’est quand même les dessinatrices.
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Avec Hervé Richez, on s’était dit que ça allait peut-être trop varié dans les styles, on va peut-être se planter et effrayer les lecteurs. Et en fait, c’est homogène, il est plus coloré que les autres et on peut passer, par exemple, de Laura Zucchelli qui a un trait très réaliste, aquarellé à Nathalie Ferlut, plus cartoon, Caran d’Ache et ça fonctionne super bien ! Donc ça, c’est une belle homogénéité, ça fait plaisir et je suis super content. Après, on a des couvertures magnifiques de Laurent Hirn, Béatrice qui était très malade, a trouvé la force de faire une superbe couv’ et qui fera une histoire avec Olivier dans un prochain tome parce que je compte bien la faire bosser sur une histoire et ça, c’est bien car c’est quelqu’un qui m’avait dit « je fais plutôt de l’imaginaire, de l’Héroïc-Fantasy, je ne vais pas savoir-faire » auquel je lui ai répondu qu’il y a l’enrobage qui change et ton dessin, ton âme, tu ne le changes pas. Ces auteurs sont toujours dans le doute.
Vous ne l’êtes pas, vous ?
Bien sûr que si ! Mais comme là, je me protège derrière leurs dessins et c’est surtout en ça que c’est plus confortable. Alors après, il faut que j’assume les propos. Alors ça, c’est bibi, c’est moi qui morfle.
J’ai connu, comme beaucoup de lecteurs, un Tiburce Oger aussi auteur complet, Buffalo runner, Ghost Kid, Gord, La piste des ombres et l’incontournable Ma guerre.
Ça, oui !
Or, ce travail de scénariste à temps plein vous a éloigné de celui de dessinateur, le regrettez-vous et envisagez-vous d’y revenir ?
Alors, j’y reviendrais mais je n’ai vraiment pas du tout envie pour l’instant. Vous savez, j’ai terminé sur le diptyque « L’enfer pour aube », avec le scénariste Philippe Pelaez qui a une très belle écriture, qui a été un très gros morceau sur la Commune de Paris, une espèce de roman qui était passionnant à faire. Sauf que je préfère dessiner des coins sauvages et des montagnes que des allées Haussmannienne et ça été terrible. En plus, je ne voulais pas faire du réalisme, toutes perspectives étaient tracées et ensuite, je les déformais, les triturer, les rendre comme si chaque mur bougeait. Mais c’était un boulot de malade et comme je travaille toujours en grand format, sur format raisin, c’est énorme. Et puis, cette envie de raconter et j’étais bloqué avec le scénario de Philippe, il fallait que je termine cette histoire et je me suis dit que plus jamais je ne ferais ça, je n’en pouvais plus !
Ce qui me plait, c’est de raconter des histoires et si les autrices et auteurs de talent me prêtent leurs pinceaux, c’est génial ! Il me faudrait plus d’un an pour réaliser tout seul « Women of the West ». Le fait de le faire avec tous, on gagne un temps fou !
Oui, et puis en plus, il y a le public qui voit qu’il y a untel et untel qui participent à cet album et de les découvrir dans un registre sous différent du leur, hors de leur zone de confort.
Oui, alors ça, c’est important. Par exemple, quand on a, par exemple, une dessinatrice comme Gaëlle Hersent qui avait un « Calamity Jane » avec un propos un peu différent, un autre regard, ça c’était bien. Et j’avais vu sur internet qu’elle avait des petites illustrations aquarellées et là je lui ai suggéré que, compte tenu de la petite histoire, c’était le moment de faire ces quelques pages en couleurs directes. Et elle a fait des pages que je trouve d’une beauté, des ciels du Colorado, des choses, c’est somptueux et l’on prend de la couleur plein la tronche ! C’est en ça que c’est des cadeaux ! On a Isabelle Mandrot qui elle, doit être actuellement une des plus grosses ventes de bd jeunesse qui là, réalise une petite histoire, elle adore les chevaux, c’est une cavalière, elle s’est régalée et ça se sent ! Je lui ai fait refaire des cases, elle aurait pu m’envoyer promener et bien non, chaque fois, c’était la bonne élève. Pour moi, c’est le royaume enchanté, c’est du cadeau bonus.
Et ça, se sent et ce, dès les premières pages, qu’il y a eu le plaisir de les réaliser et non pas comme un travail de commande.
Ouais, c’est ça, je suis d’accord ! J’avoue que j’ai plus souffert sur ma série « Les chevaliers d’émeraude » avec Anne Robillard. Le 1er tome a été tiré à 100 000 exemplaires et puis les tomes suivants, Anne Robillard avait toujours la même mécanique, qui marche bien en roman et qui en bd apparait répétitif. J’en ai fait 7 tomes et à la fin, je m’ennuyais et je pense que les lecteurs se sont ennuyés également. La série s’est arrêtée et il pense la reprendre avec un autre dessinateur. J’étais malheureux et je vois beaucoup de dessinateurs qui souvent, sont dans l’alimentaire. C’est-à-dire que pour la survie, ils ont accepté tel ou tel contrat et ça se sent, ils ne sont pas dedans et moi je sens que le lecteur va le sentir. Pour ma part, c’est du grand luxe, avec la crise actuelle, la difficulté de beaucoup d’auteurs, je suis plutôt un enfant gâté et j’en profite.
Trouvez-vous encore du temps pour vous adonner à votre passion du tir ?
Ah oui, quand même ! C’est au moins deux fois par semaine, mon épouse en fait, on a des copains et c’est sur les armes anciennes qui sont vraiment ma passion ! Et depuis 5-6 ans, je fais de la compétition, ce que je ne faisais pas avant les trente premières années et ça vide bien la tête.
Vous en faites avec Éric Herenguel aussi ?
Éric en fait mais on n’est pas dans le même coin. Je l’avais emmené, une fois ou deux, à mon stand pendant le festival. J’ai emmené plein d’autrices et d’auteurs venir essayer des armes de l’Ouest pour leur montrer notamment, qu’on ait loin des films d’Hollywood.
C’étaient des pétards…
Par contre, c’est précis quand on sait s’en servir et la plupart des gens ne savent s’en servir. Beaucoup de bruits, beaucoup de fumées, les néophytes sont toujours impressionnés avec les premiers contacts avec ce type d’armement.
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