coup de coeur bernard launois

Publié le 24 Juillet 2021

VEI, ou le récit fantastique d’une guerrière qui ne renonce jamais…

Quel destin pour Vei, cette jeune et belle jeune fille née à Jötunheim dans la tribu des géants, sinon qu’elle est née pour combattre ? Mi-humaine, mi-géante, ses pouvoirs sont colossaux, à commencer par la maîtrise des combats : cela va lui servir alors qu’elle doit affronter l’arène pour remporter le Meistarileikir, tournoi tant convoité par les dieux et dont l’enjeu reste le contrôle de Midgard, la terre des humains. Seulement, avant de démontrer ses talents de combattante, il lui faut s’extirper d’un bateau, enchaînée et confrontée aux déchainements de la mer. Arrivera-t-elle à se sortir de ce mauvais pas en se déjouant de ces Vikings, et rejoindre la terre ferme ?

Revisiter la mythologie nordique en la dynamisant n’était assurément pas gagné ! Force est de constater que le pari est réussi. Avec un récit de plus de 300 pages, la scénariste Sara Bergmark Elfgren envoute le lecteur et ce, dès les premières pages, dans une aventure héroïc fantasy de qualité où les actions s’enchainent sans relâche. On (re)découvre avec plaisir les dieux d’Asgard, d’Odin à Thor en passant par Freyja, etc., toujours prêts à combattre les géants de Jôtunheim qui ne s’en laissent pas compter.

Au scénario remarquablement construit s’ajoute toute la maîtrise graphique du dessinateur Karl Johnsson. Avec un dessin réaliste, digne des meilleurs albums d’Héroïc Fantasy, les personnages évoluent de manière dynamique dans des décors fantasmagoriques fouillés et servis par de belles couleurs numériques.

Pour une première collaboration des deux auteurs, on peut dire que c’est un coup de maître et il faudra assurément suivre de près ce duo détonant, pétri de talent.

VEI Sara Bergmark ELFGREN/ Karl JOHNSSON Editions ANKAMA 344 pages, 26,90 €

Bernard Launois

 

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Publié le 14 Juillet 2021

LA FILLE DU QUAI, un conte qui ne laisse pas indifférent !

Le jeune Haurel, alors âgé de 8 ans, va trouver sa vie transformée lorsqu’il aperçoit sur le bout du quai la silhouette d’une élégante jeune femme abritée sous une ombrelle. Il faut dire que cette dernière traine une légende singulière, celle d’exterminer tous les gens qui auront eu la malchance de la rencontrer ! Ce conte incroyable n’est-il pas encore une de ces vieilles chimères qui se transmet de génération en génération sans aucun fondement, sinon de glacer les sangs des pauvres hères qui l’ont vue au détour d’une rue, d’un quai. Toujours est-il qu’Haurel ne vit plus et espère que la fameuse jeune fille ne viendra plus hanter ses jours et ses nuits. Hélas, il n’en est rien, plus il tente de lui échapper, plus son emprise grandit au point d’empêcher un amour… Que faire, quelle fin à ce destin qui ne cesse devenir funeste ?

La scénariste Alexine entraine avec talent le lecteur dans ce conte hallucinatoire, où le suspense s’avère omniprésent. S’attardant sur les caractères et la psychologie des protagonistes, particulièrement marqués, Alexine joue avec les extrêmes, de l’amour à l’horreur.

Les dialogues sont alertes et le découpage efficace remarquablement mis en images par le dessinateur Fabrice Meddour. Son dessin réaliste rehaussé par de superbes aquarelles, renforçant les situations, ravira le lecteur qui sera partagé entre s’attarder sur les dessins et n’avoir de cesse de connaitre la fin de cette fiction qui ne le laissera pas indifférent.

Un cahier graphique complète de belle manière cet opus en montrant tout le talent du dessinateur, si tant soit peu que l’album ne l’aurait démontré.

LA FILLE DU QUAI ALEXINE/Fabrice MEDDOUR collection 24X32 éditions GLENAT, 64 pages 15,50 €

Bernard Launois

 

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Publié le 2 Juin 2021

LA CHANSON DE RENART T2, toute une fable à déguster

Après Le Seigneur des entourloupes, aux accents plus enjoués, La Magie sans miracle termine ce diptyque de manière plus noire avec un Renart moins sarcastique et plutôt conscient que sa tâche de sauver le monde qui court à la catastrophe s’avère des plus difficiles. Et c’est sans son fidèle compère le loup Ysengrin, laissé en famille, qu’il s’adjoint les services de l’apprenti sorcier Takka alors que Merlin l’enchanteur reste désespérément momifié en pierre.

Que faire alors quand on est un goupil que tout le monde rencontré considère comme un chien ? Doit-on se révolter, le revendiquer ou se fondre dans la masse si l’on ne veut pas être chassé comme un vulgaire gibier ? Renart a fort à faire pour espérer sauver le monde et qui sait, arrivera-t-il à redonner vie à Merlin l’enchanteur ?  

Les talents de conteur de Joann Sfar ne se discutent pas et cette fois, il étonne et interroge son lectorat en le transportant au Moyen-Age, période où la magie s’apparentait au satanisme. L’auteur Joann Sfar aime faire parler les animaux et ce, de belle manière, en les rendant souvent plus intelligents que bon nombre d’humains.

Le lecteur se plaira à suivre le téméraire goupil au travers de cités du sud-ouest de la France, grâce au dessin vif de Joann Sfar, toujours remarquablement mis en valeur par les couleurs de Brigitte Findakly.

On pourra simplement regretter que cet hommage inédit au récit médiéval se finisse avec ce deuxième tome mais qui sait, il suffira d’une idée nouvelle de son créateur pour que rejaillissent de nouvelles aventures de la Chanson de Renart ?

LA CHANSON DE RENART T2 Le Seigneur des entourloupes Joann SFAR Editions GALLIMARD BANDE DESSINEE 56 pages, 16,00 €

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 31 Mai 2021

Exposition UDERZO, COMME UNE POTION MAGIQUE ... A consommer sans modération !

Exposer Monsieur Albert UDERZO dans ce bel écrin qu’est le Musée Maillol s’avère une excellente idée.

Quelle exposition ! Assurément l’une des plus réussies, tant par la richesse des pièces montrées que dans la mise en scène, sobre et soignée comme l’aurait aimée le Maître disparu depuis le 24 mars 2020.

Quand on sait combien il est difficile de monter une exposition d’une telle ampleur, et a fortiori dans ces périodes compliquées et dans des temps très courts, on mesure le travail accompli en découvrant cette belle rétrospective, menée de main de maître par sa fille Sylvie UDERZO assistée de l’agence Artcurial Culture, au travers de dessins, planches et autres crayonnés réalisés par l’artiste tout au long de sa vie. On peut aussi y découvrir la présence de figurines et autres objets.

Du 1er étage où débute l’exposition avec la jeunesse d’Albert UDERZO, au rez-de-chaussée consacré principalement à ce phénomène de l’édition qu’est la série Astérix traduite en près de 120 langues et créée avec son ami René GOSCINNY, les visiteurs vont clairement en prendre plein les yeux !

De ses cahiers d’écolier richement agrémentés de dessins qui montraient déjà ses fortes prédispositions pour le 9ème art, aux planches d’Astérix, en passant par Belloy, Johan Pistolet, Oumpah-Pah, Tanguy et Laverdure… Les talents de l’artiste sont multiples et variés. Ainsi, son trait vif et dynamique éclate aux yeux du visiteur ébahi et admiratif de tant de maîtrise, tant dans les crayonnés poussés que dans les profonds encrages, infiniment mieux mis en valeur que dans les albums.  

Ainsi l’on mesure mieux, à travers cette remarquable rétrospective riche de plus de 300 originaux, l’incroyable parcours de cet autodidacte de génie qui aura marqué le monde entier.

Alors, par Toutatis, ce n’est pas le moment de rater l’exposition de tels trésors, pour la plupart sortis de la collection personnelle familiale et que l’on n’aura sûrement plus l’occasion de revoir avant longtemps. Il ne vous reste donc plus qu’à vous précipiter au musée Maillol pour découvrir toutes les facettes d’un grand homme, discret, humble, qui a fait et fera encore rêver toutes les générations.

Enfin, signalons la réalisation par les éditions Hazan d’un superbe catalogue, riche de 288 pages, qui restera la mémoire de cette exposition.

Exposition UDERZO, Comme une potion magique Musée MAILLOL 61, Rue De Grenelle 75007 Paris, du Jeudi 27 mai 2021 au jeudi 30 septembre 2021

Catalogue UDERZO, Comme une potion magique éditions HAZAN 288 pages, 35,00 €

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 25 Mai 2021

ENTRE LES LIGNES, une affaire de famille bien singulière, tout en émotion

Baptiste se souvient de Moïse, son grand-père, comme quelqu’un de taciturne et de renfermé, voire acariâtre, qui ne s’est jamais étendu sur sa vie, sinon qu’il aura vécu la guerre avec toutes ses vicissitudes. Il aura fallu que le père de Baptiste retrouve les retranscriptions de lettres écrites par Moïse et consignées dans trois carnets, pour découvrir que la vie du nonagénaire avait été loin d’être un fleuve tranquille. Voilà que Moïse a tu à toute sa famille la présence dans sa vie d’une certaine Anne-Lise Schmidt. Qui est-elle, quelle relation a-t-elle tissée avec Moïse et ce, depuis 1960, date de la première lettre jusqu’à 2004 ? Pourquoi n’en avait-il jamais parlé ?

Si Baptiste accuse le coup, son père s’en trouve très perturbé et n’a qu’une idée en tête, celle de partir à la recherche de cette personne. Seulement, sa santé se dégrade brusquement et c’est Baptiste qui décide de le faire pour son père, peut-être un moyen de se rapprocher de lui et de renouer tous les liens familiaux à travers sa quête ?

Passée la stupéfaction engendrée par cette découverte, Baptiste décide de partir à la recherche de la fameuse Anne-Lise à laquelle Moïse semble vouer un amour immodéré.

L’enquête va se révéler compliquée d’autant plus que les années ont passé et c’est un Baptiste conquérant que les lecteurs vont découvrir dans son improbable quête.

L’auteur Dominique Mermoux a eu l’excellente idée de prendre le parti pris d’alterner les lettres de Moïse, remarquablement mises en images, avec une bande dessinée narrant tout son cheminement.  Celui-ci l’amène à découvrir des lieux, des personnages qui auraient approché Anne-Lise de près ou de loin, mais également à développer leur relation père-fils. Le récit s’avère fluide et le lecteur est tenu en haleine tout le long des 168 pages.

Voilà donc un roman graphique digne du roman de Baptiste Beaulieu, Toutes les histoires d’amour du monde, dont le récit est tiré.

ENTRE LES LIGNES Baptiste BEAULIEU/Dominique MERMOUX Éditions RUE DE SÈVRES 168 pages, 20,00 €

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 21 Mai 2021

NAUTILUS T1, retour vers l’aventure…

Nautilus, Nemo, voici des noms qui suggèrent l’aventure et cette fois encore, la magie opère. Nous sommes en 1899, alors que l’espion britannique Kimball O’Hara, plus connu sous le surnom de Kim, file un agent russe à bord d’un bateau anglais dans le port de Bombay. Échappé de justesse du HMS Northampton plastiqué, Kimball O’Hara se soustrait des services de police qui l’accusent de l’attentat qui aura liquidé des dizaines de dignitaires russes, entrainant des tensions diplomatiques.

Kim sait que les preuves de son innocence sont dans le coffre du bateau qui git dans les profondeurs de la baie et qu’il ne retrouvera son fils qu’à la seule condition de rapporter la vérité.

Or, personne ne peut descendre si profond pour fouiller l’épave sauf… Le capitaine Nemo et son fameux sous-marin, le Nautilus. Seulement le célèbre capitaine croupit dans une geôle de la « maison des morts » dans le Kazakhstan, à près de 3 000 km de Bombay et la route est semée d’embûches.

Arrivera-t-il à ses fins, rencontrer le capitaine et le convaincre de l’aider ? Et puis, le sous-marin fait-il partie lui aussi des épaves ?

Le scénariste Mathieu Mariolle aime l’aventure et dès les premières pages, le lecteur va en sentir le vent : personnages mystérieux, complots, trahisons, le tout évoluant dans une Asie du Sud flamboyante. Tous les ingrédients d’une course-poursuite sont réunis, entre la police de Bombay qui n’aura de cesse de traquer Kim, le compte à rebours pour prouver son innocence dans les meilleurs délais s’il veut un jour retrouver son fils, et aussi la nécessité d’empêcher la guerre contre la Russie car les preuves pourrissent dans l’eau du port de Bombay. Avec des dialogues alertes, associés à un découpage dynamique, Mathieu Mariolle a trouvé le dessinateur idéal, en la personne de Guénaël Grabowski, pour mettre en valeur son scénario. Avec ce dessin réaliste, le lecteur s’appropriera   rapidement les personnages qui évoluent dans de superbes décors mis en couleurs de fort belle manière par Denis Béchu.

Alors, prêt à s’aventurer dans « le théâtre des ombres » ?

NAUTILUS T1, le théâtre des ombres Mathieu MARIOLLE/Guénaël GRABOWSKI Collection 24x32 éditions GLENAT 64 pages, 14,95 €

Bernard Launois

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Publié le 19 Mai 2021

BIG G., en route pour le chaos !

Nous sommes en 2064 et vivre en France, pardon dans les Etats-Unis de la France, n’a rien de réjouissant. Il faut dire qu’après une trentaine d’années de bouleversements, entre une troisième guerre mondiale qui a tout détruit sur son passage, une reconstruction sous le règne d’un dictateur, au surnom de général Dacier, et une seconde révolution française, le pays se remet lentement en tentant de juguler violences et corruptions.  Paris-Plage devenue la capitale de la France avec plages paradisiaques et soleil à gogo rassemble toute la racaille venue faire du business et Gérard, dit Big G. a bien l’intention de s’y refaire une santé. Seulement Big G. s’avère un poissard de première et chaque fois qu’il veut défendre son semblant de liberté, il fait le coup de poing et se retrouve rapidement derrière les barreaux.

Son salut ne viendra-t-il pas de la visite d’un drôle de personnage, en l’occurrence le Président, qui lui promet de l’en sortir à la condition de récupérer une vidéo compromettante pour lui ?

Va s’ensuivre des courses-poursuites, des rencontres improbables à commencer par celle d’un ignoble personnage qui lui pourrit la vie et qui pourrait, comble de tout, avoir un lien de de parenté avec lui.

Avec un dessin semi-réaliste, forçant le trait jusqu’à rendre ses personnages parfois hideux, le dessinateur Jean-Louis Marco s’éclate sur chaque page qui ne manque pas de mouvement. Quant aux couleurs de cet opus, elles sont bien dans la veine de l’album, aussi trash que les situations exposées sur le papier.

Les frères Marco n’ont pas fait dans la dentelle, dignes des éditions FLUIDE GLACIAL, en commettant cet album. Mais au final, ce qui peut paraitre délirant sur certains points, c’est que c’est un avenir qui n’est peut-être pas si loin de celui que les générations futures vivront. Brrr….

BIG G Jean-Louis & Victor MARCO Editions FLUIDE GLACIAL 64 pages, 12,90 €

Bernard Launois

 

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Publié le 15 Mai 2021

SUITES ALGERIENNES 1962-2019, un vibrant focus sur l’histoire contemporaine de l’Algérie

Après Terre fatale, dixième album présenté comme le dernier opus de l’inoubliable série des Carnets d’Orient, la fresque algérienne de l’auteur Jacques FERRANDEZ qui se terminait sur le début des années 60 appelait une suite, alors que tant d’événements se sont déroulés depuis. C’est donc avec intérêt et envie que l’on retrouve la saga, prolongée sous le nom de Carnets d’Algérie après douze ans d’une attente due notamment à la réalisation de belles adaptations de romans d’Albert Camus.

Avec ce premier volet d’un diptyque, l’auteur Jacques FERRANDEZ plonge le lecteur, avec justesse et sans complaisance, dans cette période d’après l’indépendance souvent fort méconnue pour bon nombre de lecteurs, en remontant le temps à partir de 2019 et les manifestations pacifiques du 1er novembre en réaction au régime militaire.

Contrairement au cycle des Carnets d’Orient, l’auteur n’a pas désiré suivre une chronologie au sens propre du terme, mais plutôt revenir sur des périodes marquantes au travers principalement de personnages féminins. Car si le poids du code familial a pesé sur beaucoup, l’auteur a voulu montrer la volonté, à l’image de Nour, de résister et d’exister dans un monde où le modèle patriarcal règne.

Mais si les conditions de vie dans cette période algérienne de post indépendance sont traitées, aucun sujet n’a été édulcoré. Ainsi, l’auteur revient autant sur les conditions difficiles du retour des pieds-noirs en France que celles de l’implantation des pieds-rouges, militants de gauche français venus contribuer à la reconstruction et au développement du pays en dehors du cadre de la coopération.

Voilà 144 pages, avec un dessin réaliste rehaussé de couleurs pastel, qui se lisent d’une traite où les personnages fictifs nés de l’imagination de l’auteur apparaissent plus vrais que nature en évoluant au travers de ce qui a été leur quotidien dans l’Histoire avec un grand H.

En ajoutant les Suites Algériennes, Jacques FERRANDEZ complète une série incontournable qui a toute sa place aux côtés des manuels scolaires d’histoire.

Indispensable pour ceux qui veulent connaître cette période et mieux comprendre le présent.

SUITES ALGERIENNES 1962-2019 1ère partie Editions CASTERMAN 144 pages, 16,00 €

Bernard LAUNOIS

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Publié le 14 Mai 2021

FOURMIES LA ROUGE, la couleur du drame

Nous sommes en 1891 à l’heure où l’industrialisation bat son plein et Fourmies, petite cité du Nord spécialisée dans le textile, emploie une cohorte d’ouvrières et d’ouvriers. Enfin, quand on dit employer, on devrait plutôt dire exploiter tellement les conditions de travail y sont inhumaines, sans parler des horaires de douze à dix-sept heures par jour, une des principales revendications de la classe ouvrière. Et aujourd’hui tombe le 1er mai, le jour de manifestation initié deux ans plus tôt aux États-Unis.

Ainsi ce matin Louise, la jeune ouvrière gouailleuse et au verbe haut, est bien décidée à braver les interdits en allant manifester alors que bon nombre d’ouvriers soumis à la dictature du patronat ont franchi les portes de la filature de laine pour leur journée de labeur. Et elle n’est pas la seule à se préparer à défiler et à revendiquer la journée de 8 heures : que ce soient Maria la jeune et belle ouvrière rousse, Kléber, Émile, tous unis ! Seulement, les propriétaires sentent la colère gronder depuis quelques semaines, et l’affolement les gagne. Ils vont intimer au maire de Fourmies de faire lever l’armée par le préfet pour disperser les manifestants… et survient le drame

L’auteur Alex W. INKER retrace avec sensibilité cette journée mémorable de la ville où il a vécu enfant, avec le souvenir de ce moment sanglant, à jamais gravé dans la cité jusqu’à en avoir rajouté « la Rouge » à son nom, afin que perdure la mémoire.

Commémorant à sa manière les 130 ans de l’incompréhensible massacre ordonné par un officier à des soldats que la population adule, l’auteur ajoute une belle pierre à l’édifice en narrant en images une période trouble, où notamment les affres du chômage étaient déjà présentes dans une région tant marquée depuis par le fléau.

D’Apache à Fourmies la Rouge en passant par Servir le Peuple, le dessinateur Alex W. INKER, fer de lance des éditions SARBACANE, n’a de cesse de renouveler et d’adapter son graphisme à son récit et ce, pour le plus grand bonheur du lecteur. Au dessin plus épuré que dans ses précédents albums s’ajoute une bichromie rouge et noire qui renforce un récit fort.

FOURMIES LA ROUGE Alex W. INKER Editions SARBACANE 112 pages, 19,50 €

Bernard LAUNOIS

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Publié le 10 Mai 2021

MISTER CERVEAU, que ferait-on sans lui !

Réaliser une bande dessinée sur le ciboulot : quelle drôle d’idée a traversé le cerveau de l’auteur Jean-Yves Duhoo ? En fait, pas si saugrenue que ça car lorsqu’on sonde son entourage, les uns et les autres ont bien une vague idée de la manière dont cette belle machinerie fonctionne, mais ont également des préjugés sur ce « gros ganglion mou » qui ne pèse qu’environ 1,36 kg et qui permet à tout un chacun de vivre.

Mais comment de ne pas ennuyer le lecteur dès les premières pages avec de longues explications scientifiques sinon qu’en traitant le sujet sur un ton humoristique ?  C’est le parti pris que l’auteur a choisi, tant dans le récit que par le dessin, afin de familiariser son public avec les neurones comme l’axone et autres denditres et qui sait, lui donner l’occasion de briller dans les diners lorsque la période sanitaire s’y prêtera.

L’album est accessible pour tous, tant au niveau du récit que du dessin plutôt gros nez. Et « tout, tout, tout, vous saurez tout sur le cerveau », de l’arrivée du nouveau-né, ou des milliards de cellules et de connexions qui cohabitent, jusqu’au délitement inexorable dû à la perte de neurones que l’organisme devra compenser par la prolifération de connexions afin d’assurer la circulation des informations stockées.  Si l’anecdote concernant le cerveau d’Albert Einstein qui serait plus petit que la moyenne tendrait à rendre perplexe, le lecteur s’attardera assurément sur les relations de Mister Cerveau avec tous les organes du corps et bien d’autres choses encore.

La vulgarisation de tout sujet scientifique ou technique quel qu’il soit s’avère un exercice difficile, voire périlleux, dont l’auteur Yves Duhoo s’est affranchi avec brio, rendant le voyage à travers notre système nerveux central des plus passionnants.

MISTER CERVEAU Jean-Yves DUHOO Editions CASTERMAN 80 pages, 16,00 €

Bernard Launois

 

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