coup de coeur bernard launois

Publié le 27 Mai 2022

PARTITIONS IRLANDAISES, quand l’amour se mêle à la guerre

Que peut bien réunir Tim et Mary sinon l’amour, un amour improbable dans une Irlande meurtrie par le conflit opposant deux communautés religieuses ?

Jeune protestant mais pas vraiment pratiquant, Tim a vu mourir son père Frankie Brown lâchement assassiné vingt ans plus tôt, et fuit ce passé qui lui colle à la peau.

Quand à Mary, catholique et fille de Patrick Pearse, un ancien activiste de l’IRA retiré depuis une vingtaine d’années alors que les accords de paix du Vendredi Saint n’avaient pas encore été signés, elle assure les activités de barmaid dans le troquet nouvellement fréquenté par Tim.

Attirés l’un par l’autre comme des aimants alors que tout les oppose, ils ne tardent à faire meilleure connaissance, mais cette union fugace a-t-elle un avenir quand on connait leurs parcours et le poids des traditions qu’ils trainent comme un boulet ? Ne seront-ils pas obligés de mentir, de tricher auprès des leurs s’ils désirent défendre leur amour naissant et improbable ?

Avec le premier opus de ce diptyque, le talentueux scénariste Kris immerge rapidement le lecteur dans un univers glauque post IRA où des évènements vont raviver des blessures jamais réellement jamais refermées. Les événements s’enchaînent, comme si tout était inéluctable, et la pression monte crescendo avec des tragédies aussi attendues que redoutées au point de se demander comment va se concrétiser la fin du deuxième tome.

Vincent Bailly rend parfaitement l’univers du récit, d’un trait ici aussi écorché que peuvent l’être les deux protagonistes du mélodrame, et qu’il relève par des couleurs de bon aloi.

PARTITIONS IRLANDAISES KRIS/Vincent BAILLY Éditions FUTUROPOLIS 64 pages, 14,90 €

Bernard Launois

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Publié le 30 Avril 2022

PIGALLE, 1950 quand les Corses règnent sur le Paris de la nuit

Antoine n’a que 18 ans quand il décide de délaisser les hauts plateaux de l’Aubrac, comme bon nombre de ses compatriotes, pour tenter l’aventure dans le Paris qui le fait tant rêver. Seulement, l’arrivée chez son oncle, bougnat de profession, n’a rien de glamour et il va lui falloir une dose de courage pour intégrer un milieu qui ne lui est guère familier jusqu’à… l’opportunité d’être au service d’une boite de nuit où l’alcool et les petites pépées sont monnaie courante quand la nuit recouvre la capitale.

Antoine est jeune, plutôt beau gosse, toujours prêt à rendre service et ses aptitudes ne vont pas tarder à être reconnues tant par le dirigeant de La lune bleue qu’auprès des filles. Alors c’est la belle vie, loin des burons où l’on bouffe du lard rance et du pain rassis sans jamais voir personne sinon ses compagnons d’infortune : place aux girls qui lèvent la jambe et à une vie aux apparences plus faciles !

Seulement, Antoine comprend rapidement que ce milieu de la fête attire une pègre qui n’est là que pour s’enrichir auprès des clients venus s’encanailler, et que le patron de l’établissement s’avère obligé de composer avec les véritables boss, des Corses qui règnent en maîtres sur la nuit parisienne. D’abord spectateur, Antoine ne risque-t-il pas, à moment donné, de se retrouver embringué dans de drôles de situations et finalement servir d’acteur pour des tâches bien particulières auxquelles il n’est pas préparé ?

Quel plaisir de retrouver le scénariste Pierre Christin qui renoue avec un récit sur la période des années 50 qu’il avait déjà mise en scène en partenariat avec la tant regrettée dessinatrice Annie Goetzinger dans la série L’agence Hardy. Avec un scénario, qui se déroule comme un bon feuilleton qu’on aurait pu découvrir dans un des journaux de l’époque, Pierre Christin passionne le lecteur dès les premières pages, l’entraînant dans le tourbillon de la nuit et toutes ses vicissitudes. Les dialogues s’avèrent alertes et l’on retrouve sans déplaisir l’argot tel qu’il était pratiqué dans la capitale dans les années 50.

Plutôt habitué à voir tout le talent du dessinateur Jean-Michel Arroyo dans des aventures aériennes où il n’a pas son pareil pour croquer les carlingues, le lecteur prendra rapidement la mesure d’un dessin noir et blanc réaliste qui colle parfaitement au récit.

Alors pour les nostalgiques de cette époque ou ceux qui ne l’ont pas connue, c’est le moment de se lancer dans la période d’insouciance de l’après-guerre en découvrant cette belle pépite.

PIGALLE, 1950 Pierre CHRISTIN/Jean-Michel ARROYO Collection AIRE LIBRE Éditions DUPUIS 152 pages, 25,95 €

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 27 Avril 2022

AÏDA, quand les repères de la vie sont perdus

Aïda, est une jeune étudiante milanaise passionnée de photos qui se cherche depuis quelques années, tiraillée entre des amies dont elle sent bien que leurs relations sont d’un superficiel et d’une mère divorcée de son père qu’elle considère comme tyrannique. Crise d’adolescence assurément, mais n’est-ce que ça, n’y a-t-il pas de raisons plus profondes que celle-là ?

Jusqu’à la découverte d’un panneau publicitaire vantant la possibilité « d’offrir du temps » à tout un chacun, en scannant un QR code pour en savoir plus, qui va l’attirer. Et si elle suivait celui qui vient de placarder cette affiche ? Sa curiosité l’amène dans les bas-fonds de Milan où se sont réfugiés de jeunes marginaux réunis pour activer « The virus », commando artistique qui n’a pour but que de détourner la population d’un univers virtuel omniprésent pour la recentrer vers une vraie vie, telles que l’on pu connaître les générations précédentes.

Et ce premier coup d’éclat consistant à désactiver les portables en cliquant sur ce fameux QR code ne va-t-il pas être sans conséquence pour des centaines de milanais avides de « gagner du temps » et finalement, privés de leurs joujoux ? Rapidement séduite par ces jeunes gens qui la change de ses copines fadasses, de ses études qui ne l’intéressent pas plus et sans parler de sa mère qu’elle ne supporte plus, Aïda ne va pas tarder à rejoindre le groupe et multiplier les exactions. Mais jusqu’où ira-t-elle pour se fondre dans ce groupe et rejeter tous ces idéaux ?

Avec ce scénario plutôt bien construit, l’auteur Sergio Gerasi aborde des sujets d’actualité à commencer par l’éveil des consciences, au travers d’Aïda son personnage principal qui va découvrir qu’elle vit depuis son adolescence dans un monde superficiel et que cette révolution culturelle est peut-être l’opportunité à saisir de changer le monde dans laquelle on vit. Peut-être alors, de repasser à la réalité après s’être fait envahir par le virtuel ?

Il ne faudra pas s’arrêter au dessin semi-réaliste de Sergi Gerasi, rehaussé par des couleurs saturés, qui force le trait de son scénario jusqu’à interpeller son lectorat risquant de le déstabiliser dans un premier temps.  En fait, toute la substantifique moelle réside dans une alchimie réussie entre scénario et dessin qui reste à saluer.

AÏDA Sergio GERASI Éditions ANKAMA BD 176 pages, 18,90 €

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 21 Avril 2022

SAKAMATO DAYS, quand le passé revient à la surface

La réputation de l’assassin Taro Sakamoto n’est plus à faire, allant jusqu’à terroriser tous les malfrats de la planète et puis… Pfuitt, plus rien ! Voilà maintenant cinq ans qu’il ne fait plus les unes des journaux, sûrement éliminé par une bande rivale, jusqu’à ce que Shin, un jeune assassin télépathe, le reconnaisse bien que la plastique du Sakimoto d’aujourd’hui ne ressemble plus à celle d’antan !

Grossi voire empâté, l’incroyable gangster s’est mué en un tranquille épicier, homme à tout faire de tout le quartier au point d’être devenu incontournable auprès de la population. Alors, pourquoi ce revirement, l’envie de tirer un trait sur une période peu glorieuse ? La raison s’appelle Aoi, une jolie jeune femme dont il est fort épris et à qui il a promis qu’il serait rangé à tout jamais des affaires.

Seulement le sieur Sakamoto a quitté l’organisation et Shin est commandité pour l’éliminer, car on ne quitte jamais cette mafia sinon que les pieds devant. Que faire alors, s’en débarrasser, en a-t-il le courage, lui qui était l’adjoint de Taro Sakamoto et s’il s’y risque, ne va-t-il pas tomber sur un os ?

La cause est grave et c’est à partir de ce moment que la machine s’emballe ! L’auteur Yuto Suzuki manie l’humour et la dérision avec talent dans un monde où la violence n’est jamais très loin. Avec des dialogues enlevés dans des scènes qui se déroulent à un rythme effréné, le lecteur n’a clairement pas le temps de s’ennuyer, se demandant continuellement comment cela va se finir, comment ce diable de Sakomoto va se sortir de ce pétrin tout en respectant ses engagements.

Le dessin est à la hauteur du scénario, plutôt riche, transportant le lecteur dans les décors urbains d’une mégalopole japonaise. Voilà une série qui commence sous les meilleurs auspices et qui, si elle tient ses promesses, a beaucoup d’avenir.

SAKAMATO DAYS T1 Yuto SUZUKI Shonen Manga Editions GLENAT 200 pages, 6,90 €

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 18 Avril 2022

FRITZ LANG LE MAUDIT, retour sur un génie du 7ème art

De Metropolis au Testament du docteur Mabuse en passant M le maudit, qui ne connait pas ces chefs d’œuvre du cinéma des années 20 et 30 réalisés par Friedrich Christian Anton Lang, plus connu sous le nom de Fritz Lang ? Ce que l’on connait moins par contre, c’est dans quels contextes et avec la collaboration de qui ses films ont été réalisés.

C’est ce que Arnaud Delalande, le scénariste de Fritz Lang le maudit, accompagné du dessinateur Éric Liberge, propose au lecteur en le plongeant dans un univers des plus étranges eu égard déjà à la période placée sous le signe de la guerre mais aussi à la personnalité si particulière de l’artiste.

Après La jeunesse de Staline en deux tomes et Le cas Alan Turing, déjà édités chez Les Arènes bd, c’est une nouvelle collaboration que nous offrent les deux auteurs en s’attaquant au biopic de ce monstre du cinéma. On retrouve avec plaisir les scénarii du romancier Arnaud Delalande, avec ses récits linéaires bien construits et remarquablement documentés qui ont le don de captiver le lectorat dès les premières pages.

Fort d’une centaine de pages, l’album déroule toute la première partie de la vie de Fritz Lang qu’elle soit professionnelle ou amoureuse, permettant ainsi de mieux comprendre comment ce génie est arrivé à laisser un tel patrimoine cinématographique.

Pour accomplir sa magnifique réalisation graphique, le dessinateur Éric Liberge s’est immergé dans la vie du cinéaste et livre là une belle œuvre, tout en finesse, avec des décors fantasmagoriques à couper le souffle en arrivant notamment à créer un drôle de climat.

Au-delà du divertissement que pourra procurer la lecture de l’opus, la qualité de sa réalisation tant scénaristique que graphique incitera assurément bon nombre de lecteurs à se (re)plonger dans l’univers cinématographique de Fritz Lang et qui sait, le regarder d’un œil nouveau.

FRITZ LANG LE MAUDIT Arnaud DELALANDE/ERIC LIBERGE Éditions LES ARENES BD, 112 pages, 22,00 €

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 13 Avril 2022

CE QUE NOUS SOMMES, quand la technologie supplante l’homme

Constant, un fringant jeune homme n’ayant pourtant jamais mis les pieds à l’école, maîtrise parfaitement une douzaine de langues, et connait l’encyclopédie intégrale comme sa poche… Comment est-ce possible d’emmagasiner tant de connaissances alors qu’il frise la trentaine ? Tout simplement parce que nous sommes en l’an 2113 et que ce trentenaire fait partie de la première génération « augmentée » à disposer d’une puce dans le crâne faisant office de deuxième cerveau et connectée au DataBrain Center.

Tout semble se passer au mieux dans le meilleur des mondes pour Constant : ses connaissances mises régulièrement à jour par le DataBrain Center, il profite de l’insouciance de sa jeunesse jusqu’à une violente perte de connaissance. Que s’est-il passé, pourquoi a-t-il perdu tous ses acquis au point de ne plus se souvenir de son nom ? Le piratage de sa puce ayant entraîné un bug, le voilà maintenant réduit à tenter de rejoindre le DataBrain Center pour réinitialiser les données de son deuxième cerveau.

La tâche va nécessairement s’avérer ardue, car quand on a perdu tous ses repères jusqu’à ne plus savoir lire, et qu’en fait on n’a jamais fait fonctionner son cerveau, c’est comme si on redémarrait à zéro.

Cette technologie, réservée à une élite fortunée, est rejetée par la société de consommation, et les errances de Constant vont l’amener à rencontrer des gens qui en sont dépourvus et qui doivent chaque jour lutter pour trouver le peu d’électricité que le DataBrain Center n’use pas pour alimenter ses fameux cerveaux.

Après Une histoire d’hommes, Un bruit étrange et beau, The End et Paris 2119, tous édités chez Rue de Sèvres, le talentueux auteur Zep nous gratifie encore d’une fiction qui fait la part belle à une réflexion sur la folie des hommes, avec cette course technologique effrénée qui soulève notamment des problèmes tant éthiques qu’écologiques.

Le dessin réaliste de Zep, contrastant avec celui plus « gros nez » de Titeuf, sied parfaitement à ce type de fiction, montrant, s’il en était encore besoin, tout le talent de l’auteur.

Indispensable !

CE QUE NOUS SOMMES ZEP Éditions RUE DE SEVRES 88 pages, 20,00 €

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 6 Avril 2022

CELLE QUI PARLE a de l’or dans la bouche

Début du XIème siècle, alors que les guerres de clan en Amérique centrale font rage, Malinalli, jeune fille du cacique d’Ollita est enlevée par les Mexicas pour servir d’esclave. Réduite à trimer dans les champs de maïs dans la journée et destinée au repos du guerrier la nuit, la jeune amérindienne envisage son avenir de manière bien sombre quand l’arrivée des conquérants espagnols va changer la donne. En effet, Malinalli maîtrise parfaitement plusieurs langues et ce don va lui être salvateur car elle va devenir la traductrice d’Hernán Cortez, l’impitoyable conquistador auprès de ses maîtres. Devenant indispensable pour le conquistador qui veut négocier avec les peuples amérindiens, elle ne va guère tarder à le suivre dans tous ses périples et devenir Marina, son amante.

Quelle ascension pour cette jeune femme qui doit son salut à sa force de caractère mais également à l’éducation que lui a donné son père ! L’autrice espagnole Alicia Jaraba s’est emparée de fort belle manière de l’histoire de la Malinche et livre là un récit poignant de cette jeune femme courageuse qui n’a jamais baissé les bras, toujours prête à découvrir autrui dans leur environnement mais aussi à s’affirmer dans un monde masculin. Au fil des 216 pages qui composent ce one-shot richement documenté, la scénariste s’emploie à captiver son lectorat, l’entrainant dans une histoire des plus rocambolesques.

Et c’est avec un dessin plutôt réaliste rehaussés par des couleurs chatoyantes qu’Alicia Jaraba emmène le lecteur dans des décors enchanteurs où hélas, la violence reste omniprésente.

Voilà un titre qui fait bien mentir le dicton comme quoi, « la parole est d’argent, le silence est d’or » car pour cette fois, la parole a permis à cette jeune Malinalli de s’élever et de sortir de sa misérable condition.

CELLE QUI PARLE Alicia JARABA Collection Grand Angle Editions BAMBOO, 216 pages, 24,90 €

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Publié le 3 Avril 2022

JEROME K. JEROME BLOCHE T28 ET POUR LE PIRE, et pourtant le meilleur est bien là !

Avec cet album, Alain Dodier fête dignement les quarante ans de sa série Jérôme K. Jérôme Bloche qui n’a pas pris une ride, voire n’a jamais été aussi bonne.

On se demande comment ce diable d’auteur va chercher ses histoires tellement elles sont bien ficelées, et celle-ci ne déroge pas.

Humour, drame psychologique, tout y passe et avec talent. Cette fois encore, son détective fétiche a tout de l’anti-héros et c’est assurément le roi pour se mettre dans des affaires souvent inextricables au point de se demander s’il ne le fait pas exprès et surtout, le lecteur se demande comment il va bien pouvoir s’en sortir.

C’est en retentant de passer son permis pour la énième fois qu’il sauve Rebecca, une jeune mariée qui tentait de mettre fin à ses jours en se jetant d’un pont du périph’.  Essayant de la sortir de son état, il décide de l’aider mais cette dernière s’avère très envahissante. Cet élan de générosité à son égard sera-t-il du goût de Babette, son éternelle fiancée ? Qu’a donc en tête la jeune femme sinon s’attirer les faveurs du candide détective ?

Affranchi depuis une vingtaine d’années du dictat des quarante-huit pages et ce, depuis le tome 16, le scénariste Alain Dodier s’ingénie à développer de belle manière ses intrigues. Cette fois encore, il brouille les pistes dès les premières pages, cherchant à intriguer le lecteur. Le résultat est une histoire réussie, bien ficelée, où les caractères psychologiques de chacun se développent au fil des pages, et le tout est mis en images de bien belle manière.

Avec son trait hyperréaliste, rehaussé par les belles couleurs de Cerise, Alain Dodier excelle aussi bien dans le dessin que dans le scénario, et l’on ne peut que souhaiter de fêter encore et encore les années en la compagnie de ce détective distrait et gaffeur, mais tellement intelligent et attachant.

JEROME K. JEROME BLOCHE T28 ET POUR LE PIRE Alain DODIER Editions DUPUIS 72 pages, 13,95 €

Bernard Launois

 

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Publié le 23 Mars 2022

LE LIVRE DES SORCIERES, quand l’obscurantisme hantait les campagnes

Dépêché en catastrophe par le duc Guillaume de Clèves, le jeune médecin Jean Wier se retrouve avec la lourde tâche d’enrayer la psychose à propos d’un loup-garou qui multiplierait les méfaits dans un village de campagne. Le jeune homme ne se voit pas l’âme d’un héros mais n’a d’autre choix que de se rendre auprès des villageois apeurés et hantés par la présence de l’animal.

Si Jean Wier ne comprend pas l’insistance du duc pour qu’il intervienne, il en réalise les raisons assez rapidement sur place. En effet le chevalier Gerhard, qui l’accueille, a été averti par le duc que le médecin avait été confronté dans son enfance à une jeune fille sujette à des visions, et qui avait alors été considérée comme une sorcière, ainsi que sa mère. Ce souvenir, qu’il avait enfoui dans sa mémoire, lui revient comme un boomerang et peut-être le duc a t’il considéré qu’il serait la personne la plus idoine pour mener l’enquête ? Seulement cette information sur son approche de personnes dérangées psychologiquement ne tarde pas à se répandre dans le village comme une traînée de poudre, et ne va-t-il alors pas être pris pour un suppôt de Satan ?

Néanmoins déterminé pour sa mission, il rend visite aussitôt arrivé sur place à une jeune fille mordue par le lycanthrope et ne peut que constater les morsures. Est-ce un loup, comme il en pullule dans la contrée, ou un humain dérangé ?  Affabulation ou réalité ?

La peur engendre des attitudes irrationnelles que le médecin va devoir combattre pour tenter de ramener à la raison les habitants du village.

À partir de la véritable vie du médecin, le mangaka Ebishi Maki ficelle une enquête policière des plus originales, qui se déclinera en trois tomes, et entretient le suspense en transportant le lecteur dans un monde où le rationnel n’a pas sa place. Son trait plutôt réaliste est souvent enrichi de décors fouillés, et le lecteur se prendra rapidement au récit… pour ne plus le quitter.

LE LIVRE DES SORCIERES T1 Ebishi MAKI Seinen Manga Editions GLENAT 240 pages, 10,75 €

Bernard LAUNOIS

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Publié le 15 Mars 2022

LES DAMES DE KIMOTO, de génération en génération, le poids des traditions…

Hana a le cœur aussi serré que sa main enchâssée dans celle de Toyono, sa grand-mère alors qu’elle franchit en sa compagnie les dernières marches de pierre qui vont les mener au temple Jison. Il faut dire qu’en franchissant la porte du temple, elle sait pertinemment qu’elle va se marier avec Keisaku mais aussi avec sa nouvelle famille Matani, et tirer un trait sur les vingt premières années de sa vie en n’appartenant plus du tout à la famille Kimoto, à commencer par Toyono qui la chérit plus que tout.

Et le changement ne tarde pas à s’opérer, l’oisiveté s’installe dans sa vie, alors qu’elle n’a pour unique tâche de la journée qu’à servir son petit-déjeuner à Keisaku. Bien que son mari soit aimant, il rentre chaque soir tellement fatigué par ses responsabilités de maire du village qu’il n’aspire qu’au repos, au grand dam de la jeune femme qui pense plutôt à profiter de sa jeunesse. Quant à sa belle-famille, elle commença enfin à s’intéresser à la nouvelle venue lorsqu’elle sut qu’elle attendait un heureux événement.

Cruelle désillusion pour cette jeune femme si cultivée qui se retrouve mère au foyer ! Se résignera-t-elle au rang qui lui a été attribué ?

L’auteur Cyril Bonin s’empare, de belle manière, du roman de Sawako Ariyoshi en mettant en images la condition féminine au Japon depuis la fin du 19ème et ce, sur trois générations. Avec un savant découpage, l’auteur transporte le lecteur dans un univers feutré où le poids des traditions s’avère immuable, entre les arrangements familiaux pour prolonger la dynastie, l’héritage qui ne revenait qu’à l’ainé, digne représentant de la branche principale de la famille, etc.

Avec son trait fin et précis rehaussé par les superbes couleurs pastel qui lui sont si chères Cyril Bonin plonge le lecteur au cœur d’un superbe récit teinté de mélancolie.

LES DAMES DE KIMOTO Cyril BONIN Éditions SARBACANE, 112 pages, 19,90 €

Bernard LAUNOIS

 

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