Publié le 11 Février 2020

SENGO, que la défaite est lourde à porter !

1945, la guerre sino-japonaise a tourné à l’avantage des Chinois et c’est la tête basseque les soldats rescapés regagnent, tant bien que mal, un Tokyo occupé par l’armée américaine et qui ressemble à un champ de ruine. Kadomatsu, bonhomme débonnaire et sans famille, se demande bien comment il va pouvoir refaire sa vie. C’est alors que la chance tourne lorsqu’il retrouve Toku, son supérieur hiérarchique dans l’armée. Mais cette opportunité est-elle bonne pour tout le monde dans un environnement de magouilles, et de trafics, sans oublier la prostitution ? Retrouveront-ils la solidarité qu’ils avaient tissée dans l’adversité ?

Le mangaka Sansuke Yamada développe une histoire des plus originales sur les rapports humains plutôt particuliers, quand ils se sont initiés dans un climat de survie. Loin d’être plombant, eu égard au sujet, le ton drôle et décalé s’avère de mise. On prend alors plaisir à suivre les péripéties, au travers de dialogues truculents parfois réservés à un public averti, des  deux acolytes que tout oppose mais qui n’oublient pas qu’ils ont partagé des moments difficiles, voire insoutenables. C’est également une chronique acerbe des conditions de vie pendant et après le conflit sino-japonais.

Avec un dessin réaliste au dynamisme certain, les personnages sont croqués avec talent et évoluent dans un décor plutôt épuré mais terriblement efficace.

Inaugurant une série prévue en sept tomes, les deux premiers tomes sont particulièrement attachants et apparaissent très prometteurs.

Distinguée par le prix Osamu Tseuka et le grand prix de la Japan Cartonnist Association, cette série s’affirme comme l’une des plus belles réussites de l’année 2019 qui est promue également à une belle carrière en France.

A suivre avec grand intérêt !

Bernard Launois

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 8 Février 2020

FIBD 2020 : Interview de Kan Takahama pour l'adaptation de "l'amant"

Tout d’abord, je voulais vous féliciter pour cette excellente adaptation que vous avez réalisée avec le roman L’amant de Marguerite Duras. L’adaptation d’un roman reste un exercice très difficile et ce, d’autant plus, quand il s’agit de mettre en dialogue et en image un tel roman, qui plus est, porté au cinéma quelques années plus tôt. Cette adaptation donne une furieuse envie de se replonger dans le roman et rien que pour ça, il était important de le faire.

A ce propos, est-ce que c’était votre intention première et en avez-vous eu d’autres ?

L’objectif, c’était effectivement de donner envie de relire le roman.

C’est réussi !

C’était aussi pour moi, personnellement, l’occasion de relire le roman. Et, parce que je l’ai lu quand j’étais très jeune, je l’ai lu d’une traite et j’avais encore peu d’expérience. 23 ans plus tard, retravailler, relire, le roman avec une expérience différente était important. Moi aussi, j’ai eu différents expériences difficiles dans ma vie, avec un moment de dépendance à l’alcool, avec aussi un moment « teenagers ». Avoir envie de créer quelque chose mais ne pas pouvoir y arriver, ne pas savoir dans quel sens aller.

Petit à petit, je suis arrivée à être reconnue et notamment, obtenir des prix au Japon, avec des moments où les gens se sont intéressés un peu plus à moi. Et donc, des moments difficiles, entre la personne que je suis et l’auteur. Je pense que pendant ces 23 ans, je me suis rapproché, j’ai fait des expériences personnelles qui m’ont permis de mieux comprendre ce que disait Marguerite Duras.

Comment avez-vous appréhendé son écriture ?

Il y a un peu d’une vision de l’intérieur. Elle dit « elle » mais c’est « je ». C’est donc une autobiographie, en tout cas, basée sur son expérience, avec beaucoup d’éléments personnels qu’elle injecte dans ce « elle » qui est « je ». Et si j’avais conçu le livre en incluant trop de passage écrit du livre, ça aurait été trop écrit. Et j’ai essayé, par le dessin, de faire sentir ce qu’il se passait mais en ne mettant pas de mot.

Dans le scénario, on sent une certaine fluidité dans le phrasé qui fait, que ça coule.

Parce que j’ai eu envie de travailler beaucoup sur l’environnement, le paysage. Et tout ce qu’elle voit, de dessiner tout ce qui entoure le personnage.

La particularité de cet album est de comporter peu de cases par page (5 maxi.) mais malgré tout, vous réussissez le tour de force d’en tirer toute la quintessence : pourquoi avoir fait ce choix ?

Alors, quand j’ai commencé à dessiner, j’adorais dessiner vite et ça, ça me plaisait. Et souvent, je dessinais sans effacer le crayonné. Et petit à petit, mon dessin a évolué. J’ai vu aussi comment les auteurs de bandes dessinées s’attardaient à dessiner plus précisément chaque case et je m’en suis inspiré aussi.

J’aimerai connaitre la relation que vous avez entretenue avec votre éditrice, Nadia Gibert,  pour la réalisation de cet album ? Comme avez-vous travaillé avec elle ?

C’est une éditrice qui s’intéresse à la littérature, et donc de travailler sur la présentation de l’œuvre littéraire a été très agréable.

Avec Nadia Gilbert, mon éditrice, nous avons une longue histoire ensemble puisqu’elle a été la première à m’éditer, à mes débuts, chez Casterman. Et quand on échange, quand on parle de nos goûts littéraires, on parle des mêmes ouvrages. On a des points communs : elle aime bien Bukowski par exemple, et moi aussi.

Si vous aviez pu rencontrer Marguerite Duras, quelle aurait été la première question que vous lui auriez posée ?

Tout d’abord, le style de Duras, c’est d’inclure des éléments autobiographiques à une fiction. Et donc, quand on dit Duras dans le livre, en fait, elle nous a eu avec ça parce que il y a du Duras mais aussi de la fiction ! C’était sans doute quelque chose dont elle plaisir. Et en même temps c’était pour sûrement compliqué pour elle. J’aurais aimé lui demander quel était la part de plaisir et la part de difficultés dans ce qu’elle faisait en mélangeant la belle là l’autobiographie la fiction.

Enfin, j’ai eu, moi aussi, une période assez longue de dépendance à l’alcool que j’ai pu arrêter totalement. Il y a, après le sevrage, cette période de sérénité, dont on parle, quand on a été alcoolique. Marguerite Duras avait du mal à arrêter l’alcool mais comme elle a eu un accident et qu’elle a été dans le coma et qu’après, elle s’est mis à écrire le roman, j’aurai voulu lui demander, même si ce temps a été court, comment elle a vécu ce temps de sérénité.

Avez-vous l’intention de vous lancer, à nouveau, dans l’adaptation d’un roman, peut-être celui de l’amant de la Chine du Nord ?

Pas L’amant de la Chine du Nord, en tout cas. Fondamentalement, je préfère créer mes propres histoires. Mais, par exemple, j’ai un ami qui m’a conseillé d’adapter Houellebecq. J’ai fais des études d’art, mais il y a un roman (la carte et le territoire) sur lequel Houellebecq traite cette question de l’art. Cet ami me dit que ça l’intéresserait beaucoup de voir ce que je ferai avec ce roman mais ce n’est pas un projet actuellement.

Que la notoriété et le succès vous soient venus plutôt de l’Europe dans un premier temps que de votre pays, le Japon, vous ont-ils interpellé, voire peiné ?

Tout simplement peut-être, de la reconnaissance que ce soit passé comme ça. Mais il y a aussi des livres qui se sont mieux vendus au Japon.

Je parlai simplement de votre début de carrière.

Alors que je n’avais qu’un seul livre publié au Japon j’ai pu travailler en France avec un grand éditeur, Casterman pour lequel j’ai accepté ce projet, sans mesurer l’ampleur que cela pourrait prendre, et pendant un certain temps, je me suis posée des questions là-dessus. Ensuite, il y a eu un moment où je n’arrivais plus vraiment à dessiner et c’est la période où j’ai réfléchi au scénario. Finalement, j’ai continué à réfléchir à travailler à ce que je pourrais créer.

A la lumière de vos réponses dans cette interview, On sent bien que cette période de dépendance a été particulièrement traumatique pour vous.

Avec l’alcool, et pas seulement l’alcool, aussi une dépendance psychologique qui a entraîné une période difficile, oui psychologiquement.

On en ressort, paraît-il plus fort

Oui, tout à fait !

Propos recueillis le 1er février 2020 auprès de Kan Takahama en salle de presse des éditions RUE DE SEVRES à l'occasion de la sortie de l'album L'AMANT.

Je remercie sa traductrice sans qui l'interview n'aurait pu se faire.

Bernard Launois

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 7 Février 2020

FIBD 2020 Interview Miguelanxo Prado à l'occasion de la sortie de l'album « Le triskel volé »

Tout d’abord, je tenais à vous féliciter pour ce conte qui mêle la mythologie, le fantastique dans le quotidien galicien.

Comment cette histoire vous est venue ? Je suppose qu’il a un rapport évident  avec la manière dont les humains martyrisent la terre.

Oui il y avait deux questions, deux points que j’essayai de combiner d’un côté, c’est ça. C’est l’évidence que nous avons un gros problème avec le rapport avec la terre c’est même un problème d’autodestruction. Je pense qu’il n’est pas nécessaire d’avoir une sensibilité écologique pour comprendre, simplement l’intention de survivre, de permettre à notre fils à nos petits-fils de continuer. Et de l’autre, l’idée que, et tu la connais bien, cette position que oui, il y a des problèmes, des mea culpa mais que ce n’est jamais notre faute, ce n’est jamais soit, mais plutôt l’autre. Il y a aussi une question de responsabilité, de culpabilité pourquoi pas ? C’est la psychologie moderne de ne pas parler de culpabilité, je pense que oui c’est absolument nécessaire le sentiment de culpabilité pour vraiment essayer de changer les choses. C’était vraiment parti de là pour cette histoire.

 

Le scénario, fort bien construit au demeurant, montre une angoisse crescendo au fur et à mesure que l’on avance dans l’album. Pouvez-vous expliquer cette technique narrative ?

Oui, oui mais c’est une structure de thriller assez classique je veux dire. En fait, c’est une façon, de comprendre les événements. Je pense que notre cerveau, c’est sa façon habituelle de le faire. Avec cette histoire, comme tu l’as dit, c’est une structure très différente d’Ardalen, Parce que, dans ses autres histoires, j’avais tenté avec le lecteur de prioriser les sentiments. Mais dans ce cas, J’avais besoin d’une narration plus côté thriller, aventure. Parce que, en même temps, c’est une histoire en trois albums avec des histoires indépendantes Mais, avec un fil conducteur, mais avec une différence temporelle énorme. Il y aura trois pactes, entre le monde de la magie et le monde des humains. Alors là ici ce sont les pactes de la léthargie, et pour faire cette liaison, avec les trois histoires et pour avoir la possibilité de développer les personnages, j’avais besoin d’une structure qui monte pour le lecteur afin que cela finisse pour le troisième, en apothéose. Le deuxième livre raconte chronologiquement comment nous sommes arrivés à ce point. Et le troisième c’est la conclusion....

Que je crains !!!

 

Rires de Miguelanxo.

 

Je suppose que le côté Triskell et Celtiques vous a été inspiré par votre région d’Espagne, la Galice. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Bien sûr, oui, la culture celtique est pour moi, celle qui s’est emparé de la culture européenne. Nous avons pas mal de connaissances par beaucoup de restes, notamment de dolmens. Mais comme elle est une culture quasiment sans écriture, il reste le problème de l’interprétation.

Nous avons trouvé des choses qui sont arrivés à nous, au travers de la tradition. Nous connaissons les druides et ce rapport religieux lié tout particulièrement avec la nature ; l’idée étant de déifier la nature et je trouvais que ça collait parfaitement pour mon histoire.

 

Votre opus finit plutôt par une note optimiste avec l’espoir que les humains vont se réveiller à temps pour sauver la terre et que la fin du monde n’est pas encore d’actualité. Etes-vous finalement si optimiste que cela ?

Je suis convaincu que je suis très optimiste. Je crois que je suis très réaliste ! Au moment d’analyser, je préfère continuer vivant plutôt qu’à me suicider. Je ne suis pas pessimiste, j’ai toujours l’espoir d’arriver à une petite solution. Mais en même temps il faut quand même reconnaître le problème. L’optimiste qui élimine le problème comme ça. Fermer les yeux comme le font certains hommes politiques est absurde et cette négation est un vrai suicide.

 

Quelques humains de cet album s’apparentent à des « magiques », êtres surnaturels, et l’on se surprend à trouver ses transformations particulièrement réussis. Comment avez-vous trouvé ces métamorphoses diaboliques ?

Mon rapport avec le dessin, avec la peinture est bien plus naturel que l’on peut penser et ce n’est pas une question intellectuelle. J’ai commencé à dessiner en ayant l’intention de trouver le personnage humain et c’est tout naturellement qu’en déformant ses traits qu’il s’est métamorphosé en démon. En fait, je ne suis pas capable de rester à faire la même chose longtemps et de la même manière.

 

Je trouve que c’est plutôt bien de se renouveler.

 

Peut-être pour toi c’est très bien mais les éditeurs n’aiment pas que l’on change de style. Quand j’ai commencé à créer l’histoire, j’ai compris immédiatement que je ne pourrai pas le faire graphiquement de la même manière qu’Ardalen ou que Proies faciles. Alors, j’avais besoin de trouver une autre manière, un autre style de raconter.

 

Le titre Le pacte de la léthargie, en espagnol est devenu Le triskell volé en France, savez-vous pourquoi le titre a été changé ?

 

Bon, tu sais le monde de l’édition a bien changé. Maintenant c’est nécessaire de se poser beaucoup de questions concernant le marketing. Alors, c’est vrai si je ne connais pas vraiment bien le français je ne sais pas si un titre est plus marquant plus qu’un autre. Le titre en portugais c’est le même, le titre en espagnol c’est aussi le même le titre en galicien également. Toute l’équipe de Casterman a dit au non le titre n’est pas assez parlant, Avec le mot léthargie il y a une idée, de très passive. Je comprends que l’éditeur soit décisionnaire sur le choix de l’album et je préfère en discuter et que l’on décide ensemble plutôt que je le découvre en recevant l’album comme Venin de femmes qui était tangent. L’éditeur Album Michel avait changé le titre sans me consulter. Ici, j’ai été consulté et le Triskell volé faisait partie des options que j’avais proposé.

 

Depuis quelques albums, vous dénoncez les dérives que peuvent engendrer le pouvoir et

l’argent comme par exemple Proies faciles : est-ce que c’est pour vous la gangrène de notre monde moderne et celui qui risque de nous mener à notre perte ?

 

Nous avons un problème, et ça c’est déjà une réflexion, politique, historique, le XXe siècle apparaissait idyllique, après avoir combattu le féodalisme. Nous avons réussi, après la révolution française, la révolution rouge à instituer que l’État moderne prenne la responsabilité de la protection du citoyen et nous avons perdu la bataille parce que le pouvoir est devenu celui de l’économie et de la spéculation. Aujourd’hui, nous avons un pouvoir sans contrôle : nous pouvons changer de gouvernement mais nous ne pouvons rien faire pour contrôler les milliardaires et là, je ne suis pas optimiste.

Propos recueillis le 30 janvier 2020 à la salle de presse Casterman à Angoulême.

Bernard Launois

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 6 Février 2020

FIBD 2020 Interview CHINA LI T2 Maryse & Jean-François CHARLES

Vous retrouver est toujours un plaisir sans cesse renouvelé. Nous n’avions pas eu l’opportunité de nous rencontrer à la sortie du premier album China LI. Aussi, il me semblait important de le faire avec ce 2ème opus, tout aussi réussi que le premier.

 

Si l’histoire s’est installée dans le 1er opus, le deuxième commence très fort et sans dévoiler le dénouement, il apparait beaucoup de chamboulement dans les vies de LI et de l’honorable Monsieur Chang. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

 

M : Li, l’album commence quand elle arrive en Europe, à Paris. Pourquoi Paris, parce que son professeur était français. Elle quitte Shanghai compte-tenu des événements, son protecteur a envie de la savoir en sécurité en l’envoyant loin de la Chine. En outre, les Chinois comme les chinoises des grandes familles, on les envoie en Europe pour faire leurs études.

 

Votre amour pour l’histoire avec un grand H est indéniable et cette fois encore, le lecteur prend plaisir à trouver une belle intrigue dans un décor et ce, dans un contexte historique des plus fouillés. J’aimerai que vous reveniez sur votre amour de l’histoire et sur les techniques scénaristiques que vous utilisez pour arriver à vos fins, de mêler ainsi la fiction à l’Histoire au point de se demander si l’ensemble n’a pas existé ?

 

M : Jean-François a quand même un sixième sens, car quand on commence une histoire, on connaît l’histoire avec un grand H, la géographie en 20 ou 30 mots, on en connaît pas plus et on se documente. Ça s’étoffe et puis les personnages se détachent et au bout d’un moment, ils ont une vie à eux. On a bientôt l’impression qu’on a plus qu’à les suivre, il existe déjà. Et je sais que Jean-François voulais parler d’un eunuque assez tôt chef de mafia et qui aurait été lettré. C’est vrai qu’en lisant, en se documentant, on a appris qu’à la Cité Interdite, les eunuques volaient les œuvres d’art. Qu’à un moment même, ils ont été expulsés. Afin que l’on ne connaisse pas leurs rapines ils ont même été jusqu’à mettre le feu à la pièce qui contenait les œuvres d’art afin de ne pas montrer qu’ils en manquaient.

Donc, souvent Jean-François pressent une certaine vérité, c’est vrai ?

 

JF : oui, Je pense quand même temps, on dit toujours, la fiction dépasse toujours la réalité ou plutôt le contraire. Mais il me semble que les choses vont de soi. On rentre dans une période historique et si on laisse aller les personnages, quelque part, il me semble qu’il y a une certaine logique. Ils s’agissent comme ça. C’est souvent que les choses se regroupent, se rejoignent, un peu comme dans un film. C’est aussi un peu comme si, nous, nous vivions l’événement. Ça va de soi quelque part, les choses se font naturellement il n’y a pas de plan particulier.

 

Eu égard à la période où se déroule le récit dans une Chine déjà devenue très secrète, avez-vous des difficultés à trouver de la matière, tant pour le scénario que pour le dessin ?

JF : Au départ, quand on commence une histoire, et j’aime bien le dire, on regarde ce que l’on a à la maison. On a, parfois, acheté des livres sur la période avec de très belles photos sur la Chine. En 1930, la photo est en plein essor. Et puis, bon, il y a les témoignages des coloniaux qui sont allés en Chine., qui photographiaient, qui filmaient. Il y a de très beaux films muets sur cette période et tout ça est passionnant. C’est vrai qu’au début, on n’y comprend rien il y a tellement de nom que l’on ne connaît pas et puis, on finit par s’imprégner du sujet. Petit à petit, les personnages qui ont existé deviennent familiers. C’est une période passionnante et puis la documentation elle vient au fur et à mesure. Pour le tome trois, dont le scénario est terminé, on a trouvé beaucoup de documentation. Mais au départ, il faut se lancer. Au tout début de l’aventure des journalistes nous vous avaient dit : il vous faut rencontrer untel ou untel qui va répondre à toutes vos questions. Mais ce n’est pas vrai ! Le problème, c’est que les gens nous demandent ce que l’on veut savoir. Mais nous, on ne sait pas encore ce que l’on veut savoir et c’est un peu, du coup, un dialogue de sourds. Sur la période de Mao, on a lu beaucoup de choses mais après, il faut s’en faire son idée. En plus, ce n’est pas un bouquin d’histoire, on est dans un contexte historique. Il faut aborder le sujet avec humilité.

 

A ce stade, alors que je suppose que vous avez déjà entamé la conception du tome 3, possédez-vous le dénouement de l’histoire ou celui-ci est-il susceptible d’être encore modifié ? Je viens d’apprendre, en lisant des interviews de mes confrères, que la série ne s’arrêterait pas au 3ème tome.

JF : Au bout du premier album, on s’est dit, on raconte l’histoire de Li, elle couvre le siècle chinois et la raconter en 3 albums nous auraient obligé à faire des ellipses énormes même si, dans une vie, tout ne marque pas. Nos parents, ils ont été marqués par la guerre et ça a duré cinq ans. Après, il y a une période de 20 30 ans où il ne s’est pas passé grand chose de marquant. La vie de Li, c’est la même chose. Mais, ç’aurait été dommage de la compresser d’autant plus que nous savons très bien que l’on ne reviendra pas sur la Chine.On a décidé, en accord avec l’éditeur, de réaliser cette série en quatre ou cinq albums. Et je pense, que c’est une installation une respiration aussi. Et en plus, j’aime bien dire, qu’il y a eu cette période où les séries bd ont été décriées et ce n’est plus le cas aujourd’hui. Et aussi, maintenant je m’aperçois que notamment avec les séries télé, dont on est très, très, adeptes tous les deux, permettent d’installer les personnages qui deviennent familiers. si j’avais fait cette série en trois albums, je n’aurais pas pu faire ses grandes pages que j’affectionne tout particulièrement. On se plaît beaucoup dans cette histoire, et c’est l’occasion y a tellement de choses à raconter sur la période de Mao.

 

Entre des décors somptueux et la sublimation de la femme, toutes les cases (421 en tout et 62 planches) sont des œuvres d’art. Comment réussissez-vous le tour de force de réaliser avec talent un album chaque année ?

JF: C’est du boulot, en moyenne 10 heures par jour, Week-end compris. En même temps, c’est une passion que nous avons tous les deux et on a la chance de pouvoir la vivre à deux. Il n’y a qu’une chose qui est dommage, c’est que l’on ne voit pas le temps passer !

 

Depuis Sagamore, en 1988, vous travaillez main dans la main, tous les deux depuis plus de 30 ans. Est-ce que votre manière d’aborder la création d’un album à tous les deux a changé en 30 ans ? Si oui, de quelles manières ?

JF : Le fait de travailler ensemble avec Maryse, a féminisé mon dessin. Elle donne toute cette part féminine Il y a dans le dessin et dans l’histoire. La manière d’aborder  la condition féminine, ne serait pas la même si Maryse n’était pas là.

Maryse : je trouve que ça se fait inconsciemment, évidemment. On a chacun sa personnalité et c’est une fusion de nos deux personnalités.

Propos recueillis le 31 janvier 2020 dans la salle de presse CASTERMAN à l'occasion du Festival International de Bande Dessinée d'Angoulême.

Bernard Launois

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 6 Février 2020

Harley Quin et les sirènes de Gotham, quand de drôles de dames s’associent !

Depuis que le Chevalier Noir a disparu, rien de va plus à Gotham city où de drôles de dames ont décidé de s’allier, et l’on peut s’attendre à tout !

Mais qu’est-ce qui peut bien leur donner envie à nos trois justicières, Catwoman, Poison Ivy  et Harley Quinn, de s’entendre ainsi et d’aller jusqu'à partager un appartement ? N’y a-t-il pas anguille sous roche ? Peut-être un désir de se ranger des affaires pour couler une petite vie tranquille toutes les trois, ou plutôt s’allier pour enfin régner sur Gotham city ? Le lecteur va vite être mis dans le bain car après l’irruption du bad boy Boneblaster qui a l’intention de leur faire mordre la poussière, les ennuis volent en escadrilles, avec notamment l’affreux Edward Nigma qui entre dans la danse et qui fera qu’elles ne seront pas trop de trois pour répondre aux agressions diverses et variées.

Voilà un scénario, écrit par le trio Paul Dini, Scott Lobdell et Guillem March, des plus enlevés, peuplé de rebondissements et laissant peu de place à la respiration et à la méditation, que l’éditeur Urban Comics a eu la riche idée de mettre à son catalogue !

Quel plaisir de suivre les aventures de ces trois créatures, fort complémentaires, de l’univers de Batman, remarquablement croquées par le dessinateur espagnol Guillem March. Elles évoluent dans les décors fouillés de cette ville maudite, peuplée d’êtres malfaisants toujours prêts à faire un mauvais coup qui pourrait rapporter de l’argent ou du pouvoir.

A l’heure de la sortie imminente du film Birds of Prey, la « fantabuleuse » histoire d’Harley Quinn, c’est le moment idoine de se plonger dans ce « classique » américain de très bonne facture.

HARLEY QUINN & LES SIRENES DE GOTHAM DINI/MARCH/LOBDELL 256 pages, 22,50 €

Bernard Launois

 

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 26 Janvier 2020

47ème Festival International de la Bande Dessinée 2020, l’événement attendu et incontournable du début d’année

La fin du mois de janvier, immuablement, et pour le plus grand plaisir des amateurs de bande dessinée, les organisateurs du FIBD nous ont concoctés une fois encore, un programme digne de son rang, celui du plus grand festival mondial de bande dessinée.

47 ans et pas une ride ! Le FIBD, c’est des animations, des expositions, etc… Et la possibilité de découvrir un plateau de plus de 1 500 auteurs venus du monde entier qui ne pourront que ravir tous les aficionados.

Le choix est phénoménal et comme chaque année, il devient cornélien de choisir sur quelles activités on va pouvoir jeter son dévolu. Aussi, pour vous aider dans cette pléthore d’animations, je vous ai sélectionné quelques unes qu’il m’a semblé intéressant de plébisciter :

- Les masterclass, c’est l’occasion de rencontrer scénaristes et dessinateurs qui, pendant 1 heure et demie, répondront à toutes les questions des spectateurs sur leurs travaux, leurs projets. Ainsi, vous pourrez dialoguer avec le scénariste Robert Kirkman, auteur notamnent de Walking Dead ou encore les mangakas Yukito Kishiro et Inio Asano.

- Les concerts dessinés avec notamment celui d’Hugh Coltman et Juanjo Guarnido, fruit d’une collaboration fructueuse entre deux festivals de renommée internationale, Jazz à Vienne et le FIBD.

- Les incontournables expositions avec notamment parmi les quatorze présentées, celles de Robert Kirkman, Walking Dead et autres mondes pop,  le manga culte  Gunnm, l'ange mécanique, un hommage à un dessinateur animalier des années 40 avec Calvo, un maître de la fable mais aussi, un focus sur des plus grands scénaristes avec Dans la tête de Pierre Christin.

- Un espace manga qui a quitté les bords de la Charente au profit d’un espace de 2 000 mattenant à l’Alpha médiathèque  et qui comportera de nombreuses animations.

- Une quarantaine de spectacles, avec des Live drawing  et autres Picmaton, répartie dans l’ensemble des structures

Et bien évidemment, la remise des récompenses dans une dizaine de catégories, à commencer par la sélection officielle avec les Fauves d’Or – Prix du meilleur album, Prix Spécial du Jury, prix de la Série, prix Révélation. Mais également, les sélections FAUVE, Polar SNCF, Patrimoine, Jeunesse, la Sélection Bande dessinée alternative, le prix de l’ACBD.

Bref, vous savez désormais ce qu’il vous reste à faire, vous précipitez dans la cité angoumoise pour passer de merveilleux moments. De plus amples renseignements sur le site du festival ( www.bdangouleme.com ) afin de parfaire son choix.

Bon festival !

Bernard Launois

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 24 Janvier 2020

Un auteur de bd en trop, à la recherche d’un succès inespéré !

Daniel, dessinateur de bd qui n’arrive pas à percer, dispense des cours à de jeunes étudiants désirant embrasser la carrière. De projets non retenus par les éditeurs aux bandes dessinées dont les sujets ne passionnent guère, Daniel se pose beaucoup de questions, sans vraiment se remettre en question quand… Kévin, un jeune ado débarque dans sa vie ! Bien que bd ne le passionne pas vraiment car il a en tête de se réaliser dans l’art contemporain, il jette quand même quelques planches qu’il soumet à Daniel et c’est la claque ! L’idée est géniale, le scénario est une vraie tuerie : comment un gamin, à peine pubère, peut-il pondre un truc pareil ? La comparaison avec ses sujets minables est trop insupportable ! Et s’il envoyait ce projet à son éditeur en se faisant passer pour le génial géniteur ?  

Le résultat ne se fait pas attendre, voilà que l’éditeur lui propose un pont d’or pour réaliser cet album qui devrait assurément faire partie de la sélection d’Angoulême ! Daniel en rêve depuis tellement longtemps, et l’occasion ne se reproduira pas deux fois ! Seulement, comment convaincre Kévin d’aller au bout de ce projet ? Aura-t-il le courage de lui annoncer qu’il lui a piqué son idée ou laissera-t-il pourrir la situation au risque d’être accusé de plagiat ?

L’auteur complet Daniel Blancou dépeint avec talent et justesse l’angoisse de la page blanche et toutes les affres qui y sont attachées. C’est aussi l’occasion de revenir avec une pointe d’humour et de cynisme sur la précarité d’un métier de plus en plus difficile à exercer. Le tour de force du scénariste réside assurément à confronter le lecteur à un cruel dilemme : soutenir ce pauvre looser qui fait souvent pitié ou le vilipender pour ses attitudes amorales.

Avec un dessin semi-réaliste rehaussé par des aplats de couleurs vives, Daniel Blancou accompagne son héros malheureux, sans fioriture et finalement de façon terriblement efficace.

Une mention spéciale sera donnée au crédit de l’éditeur Sarbacane avec la réalisation d’un bel album toilé.

UN AUTEUR DE BD EN TROP BLANCOU Editions SARBACANE 80 pages, 22,50 €

Bernard Launois

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 19 Janvier 2020

Les Maitres des Iles T2, Martinique 1847

Ouragans…

 

Deux ans sont passés et plus que jamais Eliza Huc, l’indomptable héritière de la plantation sucrière, tente de construire l’avenir avec une détermination sans faille,

s’affrontant tour à tour à la ruine qui guette le domaine, au cynisme jamais démenti d’un grand-père esclavagiste, et au désordre de ses propres sentiments amoureux. Alors qu’avec ingénuité elle tente désespérément d’obtenir un secours des banques, son frère ainé rentre de ses études en France, rappelé par sa famille qui espère en lui un successeur salvateur. Saura-t-elle composer avec les surprenantes foucades de celui-ci ? Leur grand-père, naviguant entre violences et racisme, acceptera-t-il de

passer la main ? Eliza pourra-t-elle dominer ses pulsions et choisir parmi ses prétendants ?

 

Le récit explore les mutations d’une période charnière pour les Antilles, alors que l’ancien monde dont l’économie et les mentalités reposent entièrement sur l’esclavage doit se préparer à l’émergence des idées de liberté apportées depuis la Révolution, et à la modernisation de l’industrie.

Grâce à un Stéphane Piatzszek en grande forme à la manœuvre, le scénario se

densifie encore avec ce second tome pour promener le lecteur d’ouragans en ouragans : le cyclone dévastateur qui frappe l’habitation, l’imminente proclamation de l’abolition, ou encore le tourbillon des sentiments d’une fougueuse et très moderne Eliza. Les personnages gagnent en densité et montrent leurs failles et leurs contradictions jusqu’à les rendre attachants. Jamais le Morne Folie n’aura aussi bien porté son nom !

 

Le dessin réaliste de Gilles Mezzomo met parfaitement en images la société vieillissante des plantations avec des personnages expressifs campés dans des décors précis et soignés, ajoutant encore de l’authenticité au récit.

 

Un album passionnant et coloré riche en rebondissements et en sentiments.

Les Maitres des Iles T2, Martinique 1847

par Stéphane Piatzszek et Gilles Mezzomo

Éditions Glénat, janvier 2020

62 pages, 14,95 €

 

Illustrations : Piatzszek et Mezzomo © Glénat 2020

 

 Jérôme Boutelier

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Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Chronique de Jérôme BOUTELIER

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Publié le 19 Janvier 2020

ALDOBRANDO, ou le sens de l’honneur

Le père d’Aldobrando se sachant perdu alors qu’il doit combattre dans la « fosse », décide de confier son jeune garçon chétif à un mage qui lui était redevable et à qui il a fait promettre d’en faire un homme. Les années passent, Aldobrando grandit gentiment, chéri par le mage qui parfait chaque jour son éducation et alors que l’heure de découvrir le monde et toutes ses vicissitudes a sonné, ALdobrando, en ratant une potion, cause une blessure au vieux mage. Que faire, sinon se lancer dans l’aventure à la recherche de l’herbe du loup, seul remède pour soigner son œil griffé ? Aldobrando quitte alors précipitamment la chaumière à la quête de l’ingrédient indispensable à la guérison, ingrédient dont il ne connait pas la forme, ni ne sait où le trouver. Adieu le cocon familial et bonjour les mauvaises rencontres ! Aldobrando arrivera-t-il à se sortir des pétrins dans lesquels il a la candeur et la naïveté de royalement se mettre  et finira-t-il par sauver son père adoptif qu’il chérit tout particulièrement ?

Les lecteurs habitués à lire des albums entièrement réalisés par l’auteur complet Gipi se contenteront ici de ne le retrouver qu’au scénario, mais quel scénario ! En deux cents pages, ce formidable conteur transporte le lecteur dans un grand récit d’initiation que n’aurait pas renié l’écrivain Rabelais. L’histoire est originale, fort bien construite avec un suspense qui est maintenu tout au long de l’album. Après l’album Terre des fils, qui traitait de la transmission du savoir et de l’éducation avec un grand E, Gipi revient avec talent sur ce thème qu’il affectionne tout particulièrement et ce, pour le plus grand plaisir du lecteur. Alors, quand on ajoute le talent du dessinateur Luigi Critone et les mises en couleurs de Francesco Daniele et Claudia Palescando, on se retrouve assurément avec une belle pépite dans les mains à déguster sans modération.

Une version luxe noir et blanc, qui permettra d’encore mieux apprécier le dessin fouillé de Luigi Critone, vient compléter ce bel opus.

ALDOBRANDO CRITONE/GIPI Editions CASTERMAN 200 pages, 23,00 €

Bernard Launois

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Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

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Publié le 16 Janvier 2020

Moi, Mikko et Annikki, quand un quartier s’insurge contre sa destruction…

Annikki reste encore un des rares quartiers historiques de la ville finlandaise de Tempere à être conservé quasiment comme il a été construit deux siècles plus tôt. Mais pour combien de temps encore ?

La folie immobilière guette ce quartier historique qui pourrait devenir un « joli » petit îlot bien rentable pour les promoteurs. Heureusement, les habitants de ses petites maisons de bois ne l’entendent pas de la sorte, et un combat acharné s’engage entre la municipalité favorable au modernisme et les habitants soudés en communauté et qui n’ont qu’un rêve, c’est qu’on les laisse tranquilles rénover au lieu de tout détruire. Le combat du pot de fer contre le pot de terre peut commencer et le lecteur, après avoir découvert l’histoire du charmant petit quartier, anciennement un des plus industrialisés de la région, va suivre pas à pas les actions menées de part et d’autre par des protagonistes tous persuadés qu’ils œuvrent pour le bien de l’îlot.

Après avoir vécu de l’intérieur tous les démêlés avec les autorités municipales puis nationales, l’auteur complet Tiitu Takalo s’est lancé dans un récit autobiographique qui pourrait, hélas, être transposé dans bon nombre de quartiers et ce, à travers le monde entier, tellement le sujet est omniprésent : la quête du soi-disant bien-être de l’habitant qui n’a, en fait, de finalité que celle d’enrichir les promoteurs immobiliers et les donneurs d’ordre.

Rafraîchir et redonner le lustre d’antan plutôt que faire table rase d’un patrimoine historique ? Tel est le leitmotiv que Tiitu Takalo ne cesse de marteler tout au long de son album.

Le récit bien ficelé se voit mis en valeur par un dessin semi-réaliste de bon aloi ajouté à des couleurs chatoyantes qui rendent la lecture de cet opus très agréable, et l’on comprend rapidement les raisons pour lesquelles cet album a reçu des honneurs.

Saluons ici l’heureuse initiative des éditions de Rue de l’Echiquier BD pour avoir édité cette bande dessinée, lauréate du prix Finlandia en 2015, qui devrait ravir celles et ceux qui se battent pour la défense du patrimoine quel qu’il soit.

MOI, MIKKO ET ANNIKKI TAKALO Editions RUE DE L’ECHIQUIER BD 248 pages, 21,90 €

Bernard Launois

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Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

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