Publié le 21 Mars 2021

DESSINER ENCORE, ou les affres d’une reconstruction difficile

 

Dessiner encore et encore, c’est le leitmotiv de Coco, scénariste et autrice de bande dessinée, qui a trouvé refuge dans le dessin pour s’exorciser de l’horreur qu’elle a vécue un certain 7 janvier 2015 alors qu’elle s’apprêtait à quitter le siège du journal satirique Charlie Hebdo.

Depuis, des images d’un scénario improbable lui reviennent en boucle et ce, à toute heure du jour et de la nuit. Si, parfois, ces images semblent s’estomper de sa mémoire, c’est pour mieux revenir comme un boomerang et ce, sans qu’elle en connaisse l’explication.

 

De ses séances chez le psy, qui ne lui semblent pas d’une réelle efficacité, aux retours sur cette terrible journée proprement surréaliste, l’autrice Coco se dévoile, sans fard. Entre cris de colère contre cette injustice et attendrissements pour Cabu et Charb, ses amis perdus, elle n’a de cesse, tout au long de l’album, de livrer son état d’esprit.

En suivant le cours du récit, le lecteur va se trouver immergé au sein de l’équipe de Charlie tout d’abord à l’occasion de la conférence de rédaction, moment de joyeuses joutes et prélude indispensable à la conception du journal. Puis il assistera à cette fin de journée cauchemardesque dont Coco ressasse inlassablement le déroulement en se disant qu’elle aurait peut-être dû appeler au secours, s’échapper, avertir ceux qui étaient à la rédaction. Le sentiment de culpabilité reste palpable tout au long de l’album, comme  un leitmotiv lancinant la ramenant à ce point de non retour.

 

Avec quelques traits appuyés, incisifs lorsque la situation le réclame, plutôt doux quand il s’agit de revenir sur les moments privilégiés avec le maître Cabu, qu’elle glorifiait, lorsque celui-ci lui donnait des conseils pour la réalisation d’une caricature, Coco retranscrit avec talent ses états d’âme. Les couleurs froides, du bleu au noir, alternent avec des rouges et des marrons pour renforcer la narration.

Malgré tout, la vie continue et il faut tenir, avancer, ne serait-ce que pour ses proches mais également pour le souvenir de ses amis à jamais perdus.

 

 

DESSINER ENCORE COCO Éditions LES ARENES BD 352 pages, 28,00 €

Bernard Launois

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Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

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Publié le 20 Mars 2021

Il y a un an, le 24 mars 2020, s’éteignait l’illustre et talentueux saxophoniste Manu Dibango. A l’occasion de l’anniversaire de sa disparition, l’immense artiste qu’il était va recevoir un hommage de Mantes-la-Ville, où s’était souvent rendu Manu Dibango pour acheter ou pour entretenir ses instruments : il se fournissait en effet fidèlement auprès de la Manufacture Selmer, le célèbre fabricant mantevillois de saxophones.

Bulles de Mantes s’est associée à l’événement et propose une exposition de bande dessinée mettant à l’honneur le saxophone. Grâce à la collaboration des éditions Glénat et l’aimable autorisation de l’éditeur japonais Shogakukan, la série manga Blue Giant est présentée au CVS Augustin Serre, à Mantes-la-Ville.

Blue Giant est une série manga en dix volumes parue au Japon dès 2013 et traduite en français à partir de 2018, qui raconte le parcours d’un lycéen débutant au saxo, et décidé à devenir le meilleur saxophoniste de jazz du monde. De multiples pages mettent en valeur le saxophone ténor avec lequel il joue, véritable second héros d’un récit dans lequel transpire l’amour de l’auteur de Blue Giant, Shinichi Ishizuka, pour le jazz et pour l’invention du génial Adolphe Sax.

                                              Illustration Shinichi Ishizuka ©Shogakukan,2013 ©Glénat,2018

Exposition du 24 mars au 14 mai 2021.

CVS Augustin Serre, 60 rue Louise Michel, à Mantes-la-Ville.

Ouvert du lundi au vendredi 9h-12h30 et 13h-17h30.

Entrée gratuite.

Bulles de Mantes remercie les Editions Glénat et Shogakukan pour leur aide précieuse.

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Rédigé par Jérôme Boutelier

Publié dans #Bulles en villes

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Publié le 14 Mars 2021

FACTEUR POUR FEMMES T2, ou le dénouement tant attendu d’une drôle d’histoire

Le  beau récit émouvant et attachant que livrait il y a cinq ans Facteur pour femmes réclamait une suite salvatrice, demande heureusement entendue par le scénariste Didier Quella-Guyot qui nous livre là un scénario aussi fort que dans le premier opus. Alors que la Grande Guerre se termine, les soldats qui ont réchappé à cette boucherie, avec plus ou moins de bonheur, s’apprêtent à rejoindre leur île bretonne et leurs femmes.

Mais celles-ci ont appris à se passer d’eux pendant près de quatre ans, particulièrement en accomplissant en leur absence toutes les tâches qu’ils se glorifiaient naguère d’exécuter. C’est donc avec une certaine assurance, malgré tout entachée de la crainte du retour de leurs hommes, que les iliennes vont les accueillir alors qu’elles viennent d’enterrer Maël, le seul mâle exempté de défendre la patrie eu égard au pied bot qui l’handicapait, et désigné comme facteur de remplacement.

Le souvenir du facteur devient-il maintenant trop gênant, alors qu’il s’était rapproché de bon nombre de femmes en mal de réconfort ? Un pacte semble lier une partie de la population féminine de l’ile, et le retour d’Australie en 1958 de la jeune Linette, fille de Solange et Maël, désireuse de mieux connaitre son père, ne va-t-il pas le faire voler en éclats ?

On saluera l’excellent travail du dessinateur Manu Cassier qui a su s’approprier le récit en respectant tant le code graphique que celui des couleurs du premier album réalisé par Sébastien Morice, tout en lui apportant néanmoins sa patte.

Un cahier graphique d’une dizaine pages revient notamment sur les recherches de nouveaux personnages absents du livre I, sur le making-off, et sur des essais de couverture qui complètent agréablement le volume.

FACTEUR POUR FEMMES Livre 2 Didier QUELLA-GUYOT/Manu CASSIER Collection Grand Angle Editions BAMBOO 112 pages, 18,00 €

Bernard Launois

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 12 Mars 2021

COMME PAR HASARD, et si c’était écrit ?

Le hasard fait parfois bien les choses, c’est une remarque qui interpelle le comptable Victor Namas depuis quelques jours alors que des épisodes inattendus viennent troubler sa petite vie bien rangée de célibataire. Lui, le cartésien jusqu’au bout des ongles, pétri de certitudes sur le fait que tout est chiffre, le voilà sérieusement ébranlé par une succession d’évènements. De la découverte d’un  billet pour l’Opéra de Paris qu’il aurait jeté il y a encore peu, à son coup de foudre pour une jeune danseuse à la sortie du concert, les hasards se multiplient et pour ce pauvre Victor, ce ne sera  que le début d’enchainements qui vont bouleverser son quotidien.

Persuadé qu’il ne reverra jamais l’amour de sa vie, voilà qu’il retrouve la belle Tania Volkova à Baden-Baden, à plus de 500 kms de leur premier lieu de rencontre, alors qu’il séjourne dans la ville pour soigner une mauvaise bronchite. Que fait-elle ici dans la salle de jeux à dépenser éperdument tout son argent et à quelle fin ? Quel terrible secret la jeune femme, emplie de tristesse, va-t-elle lui révéler ?

Avec un scénario des plus originaux dont il a le secret, l’auteur Cyril Bonin, au fur et à mesure du récit, distille avec soin une série d’évènements propres à troubler et intriguer le lecteur qui foncera avec Victor dans un tourbillon où hasards et destinées se disputent la vedette.

Avec son joli trait acéré et si caractéristique, l’auteur fait évoluer ses personnages dans des scènes riches et détaillées, le tout dans un décor Belle époque de fort belle facture, et offre au lecteur le plaisir de découvrir les arcanes de l’album dans un cahier graphique.

COMME PAR HASARD Cyril BONIN Collection HORS COLLECTION Éditions VENTS D’OUEST 104 pages, 18,00 €.  

Bernard Launois

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 9 Mars 2021

Anatole(s), toute une vie en 80 pages

L’auteur James n’est pas à un défi près et consacrer une page à chaque année de la vie d’un homme, ce n’est pas banal, voire compliqué car il faut tenir sur la longueur, et l’on peut dire que c’est plutôt réussi. Banal par contre, c’est assurément le qualificatif que l’on peut donner à Anatole, le personnage principal de l’album : ni beau, ni moche, ni pauvre, ni riche. Plutôt l’archétype de ce que l’on appelait encore il y a quelques décennies un « français moyen », avec une enfance couvée par une mère qui, comme toutes les mères, rêve de faire de son enfant un être d’exception. Suit une adolescence tumultueuse en recherche de personnalité ; puis, les vies professionnelle et personnelle où ce brave Anatole va, sans cesse, chercher sa place d’homme « moderne » qui peut se résumer à être un bon copain, un bon ami, un bon père, un bon grand-père et bien sûr, un bon amant ! 

Car toute sa vie est jalonnée d’amour, pas avec un grand A loin s’en faut mais plutôt avec des hauts et des bas. James manie avec talent la dérision, le cynisme, et une de fois de plus le lecteur va être servi. Mais pas que, c’est parfois attendrissant, souvent drôle voire hilarant, mais c’est avant tout terriblement humain. Avec un découpage millimétré et concentré sur six cases par pages, le dessin de James fait mouche et sert fort bien son scénario.

Mais attention, au fond de chacun de nous ne réside-t-il pas un petit Anatole ? Ce serait bien étonnant que  les lecteurs ne retrouvent pas, au travers d’une ou plusieurs de ces planches de bd, une histoire analogue vécue ou entendue.

ANATOLE(S) JAMES Editions FLUIDE GLACIAL 80 pages, 12,90 €

Bernard Launois

 

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 7 Mars 2021

FUKUSHIMA, chronique d’un accident sans fin…  Mais pas sans conséquence !

11 mars 2011, voilà dix ans que la centrale de Fukushima Daiichi, victime d’un tsunami suite à un tremblement de terre de magnitude sur l’échelle de Richter, allait devenir le théâtre de la plus grande catastrophe nucléaire après Tchernobyl que nous ayons connue depuis l’exploitation de l’atome à des fins industrielles. Dix ans déjà et pourtant ça semblait hier tellement cet événement médiatisé a pu marquer les esprits.

C’est notamment à partir des auditions de commissions d’enquêtes, rendues publiques, de Masao Yoshida directeur de la centrale au moment de la catastrophe que le scénariste Bertrand Galic a conçu ce scénario terrifiant en s’appuyant sur les  cinq premiers jours qui ont été déterminants pour la suite. Comme si la nature ne suffisait pas à déclencher le malheur, il a fallu la conjonction de trois éléments d’importance pour plonger l’équipe sur place dans le plus profond désarroi : fusion des cœurs des quatre réacteurs entrainant le perçage des cuves, puis leur explosion entrainant la diffusion de nuages radioactifs incontrôlables. Avec un découpage précis associé à des dialogues percutants, le scénariste arrive à immerger le lecteur au milieu de ces femmes et ces hommes dévoués à leur cause pour sauver tout ce qui peut être sauvé sans penser un seul instant au point de non-retour qui pendait au dessus de leur tête. Entre des dirigeants inconséquents au siège de Tepco incapables de donner des instructions cohérentes et un gouvernement qui ne cherche qu’à garder la face, c’est un miracle que le pragmatisme du directeur d’exploitation l’emporte, en faisant fi des directives et en motivant ses troupes pour que l’esprit de groupe  l’emporte dans ces moments désespérés. Bien que nous en connaissions l’issue fatale, le scénario bien ficelé incite le lecteur, dès les premières pages, à se plonger au cœur de cette aventure héroïque d’une poignée de valeureux guerriers face à l’adversité nucléaire.

Avec un dessin vif et précis, le dessinateur Roger Vidal a su remarquablement mettre en images la dramaturgie de ce récit haletant. Après Au cœur de Fukushima, un manga documentaire relatant la vie d’un dessinateur qui s’était fait engagé pour nettoyer la centrale après la catastrophe, Fukushima, chronique d’un accident sans fin apporte un éclairage salutaire sur un événement qui n’aurait sûrement jamais dû prendre de telles proportions si des mesures préventives avaient été mises en place alors que la région est sujette à des tremblements de terre fréquents.

Enfin, le lecteur appréciera le dossier fort complet d’une douzaine de pages de Pierre Fetet qui complète le récit en revenant sur les enquêtes ainsi que sur les conséquences de la catastrophe.

FUKUSHIMA, chronique d’un accident sans fin Bertand GALIC/Roger VIDAL Editions GLENAT 128 pages, 18,50 €

Bernard Launois

 

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 5 Mars 2021

MEGAFAUNA, quand la duperie s’avère un fin stratagème

En l’an 1488, nanti de son diplôme de médecin, Timoléon de Veyre se voit confier par son oncle la difficile tâche d’aller rencontrer derrière la Haute Muraille les Nors, un peuple de Néandertaliens. Quelle idée saugrenue pour un Homo Sapiens, d’aller de se rendre auprès de ce peuple avec lequel ils sont en guerre et qui, ayant fermé ses frontières depuis fort longtemps, ne commerce plus avec eux ! Fier d’avoir été choisi pour cette mission, c’est accompagné de son ami  Pontus, également médecin, qu’il va relever le défi de rencontrer les Nors et de les inciter à commercer à nouveau car il en va de la survivance de ses congénères dans leur contrée, devenue désertique. Seulement comme les Néandertaliens ont la triste réputation d’être obtus,  peu fiables et plutôt enclins à suivre leurs instincts bestiaux, il a de forts doutes sur ses qualités de diplomate.

Passée la Haute Muraille, c’est un tout autre paysage qui s’offre à eux, luxuriant  à souhait. Quant aux Nors, sorte de géants, ils ne ressemblent pas vraiment à la réputation dont les affublent les Homo Sapiens. Reçus avec les honneurs de leur rang, les deux compères gagnent rapidement la confiance du chef Vorel en réussissant un accouchement réputé difficile, et c’est en compagnie de Gasgar, la fille du chef, que Timoléon découvre le pays. Gasgar ne va pas tarder à s’amouracher de lui et à le mettre dans la confidence de problèmes mettant en danger toute la population des Néandertaliens. Quelle attitude adoptera alors Timoléon devant de telles révélations ? Ses relations avec Gasgar ne vont-elles pas entacher le climat de confiance qui s’était établi petit à petit avec le chef ?

L’auteur Nicolas Puzenat livre là un beau récit sur les relations humaines souvent complexes, l’appréhension de tout un chacun devant l’inconnu mais également sur les stratagèmes de certains pour arriver à leurs fins. Les lecteurs se prendront vite à cette histoire haletante et n’auront de cesse d’arriver au dénouement qui en surprendra plus d’un.

Le dessin réaliste, associé à des couleurs de belle facture, agrémente de belle manière un récit surprenant et envoutant qui ne laissera personne indifférent.

Une mention particulière pour la réalisation de ce bel objet qui mérite assurément de s’y arrêter.

MEGAFAUNA Nicolas PUZENAT Éditions SARBACANE, 92 pages 18,00 €

Bernard Launois

 

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 3 Mars 2021

LE MINISTERE SECRET T1 Héros de la République, quand les ex-présidents rempilent !

Attention, dossier SECRET DEFENSE et pourtant à partager avec les lecteurs et ce, absolument sans modération ! C’est l’histoire loufoque que proposent les deux compères, Joann Sfar et Mathieu Sapin qui mettent en scène deux ex-premiers personnages de la République, Nicolas Sarkozy et François Hollande, chargés de sauver le monde en compagnie du dessinateur Mathieu Sapin.

Alors qu’un gros balourd, doué d’une force surhumaine, écrase tout sur son passage dans l’aéroport JFK de New-York, la pimpante Julie tire son François du sommeil du juste pour répondre à un appel pressant de Nicolas et l’aventure commence ! A part la consigne reçue de venir sans garde du corps, François n’a aucune idée des intentions de Nicolas lorsqu’il va l’attendre dans un café. Il est accompagné par son pote Mathieu, rompu aux arcanes du pouvoir et prêt à le seconder dans la mission secrète de Nicolas. Eric Cantona, également attablé, apparait très nerveux et insiste beaucoup auprès de François pour connaître la fameuse mission secrète, rendant Mathieu très soupçonneux… à juste titre car la discussion tourne court quand Cantona, se sentant découvert, sort un flingue et poursuit François dans la rue. En fait, de l’enveloppe de Cantona émerge un  horrible reptilien, rapidement neutralisé par Mathieu qui en sortira salement amoché. L’apparition de Sarkozy, planqué dans une ambulance, apportera-t-elle des éléments susceptibles d’éclairer la lanterne de François et de Mathieu ? Et puis, cette invasion de reptiliens a-t-elle un rapport avec les frasques du géant à New-York ?

Si Joann Sfar et Mathieu Sapin sont réputés, tous les deux séparément, pour ne pas engendrer la mélancolie, autant dire que leur association dans cette nouvelle série décuple leur capacité à manier le rire et l’autodérision dans un thriller déjanté, où l’on s’amuse tour à tour d’un Hollande en Batman aux commandes d’un scooter volant, d’un Donald Trump plus bête que jamais, ou d’un Poutine bodybuildé. Mis en images par Mathieu Sapin avec son dessin semi-réaliste très efficace, cette nouvelle série mérite d’avoir une belle carrière, ne serait-ce que pour faire travailler les zygomatiques, plutôt en chômage ces derniers temps, des lecteurs.

LE  MINISTERE SECRET T1 Héros de la République Joann SFAR/Mathieu SAPIN Editions DUPUIS, 64 pages, 14,95 €

Bernard Launois

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 24 Février 2021

Les Rivières du passé tome 1 La voleuse, bien mal acquis ne profite jamais !

Telle est la devise que Linn aurait bien dû prendre à son compte ! Voleuse, de père en fille, rien ne résiste à la jeune fille rousse, pas même les dispositifs les plus sophistiqués : et ça, Benjamin Argonovitch l’a bien compris lorsqu’il s’est s’adjoint ses services pour récupérer un bijou ancien égyptien qui appartient à une belle et grande dame archéologue répondant au nom de Lamia.

Seulement, le bijou dérobé à Lamia plaît trop à Linn pour le rétrocéder, contre récompense, à Argonovitch. Elle se retrouve alors pourchassée et bientôt rattrapée par les sbires d’Argonovitch et par Lamia laquelle, dans la confusion ambiante, finit par récupérer son bien et disparaitre. Que reste-t-il à Argonovitch sinon faire confiance à nouveau à Linn pour traquer Lamia ? Cette course poursuite les mènera jusqu’à la demeure où s’est réfugiée l’archéologue. C’est grâce à une porte magistrale que Linn pousse par inadvertance qu’elle échappera à Argonovitch mais pour se voir téléportée dans... un Paris moyenâgeux.

Alors, pourquoi ce pendentif suscite-t-il tant d’intérêt ? Peut-être parce qu’il a appartenu à Akhenaton, inventeur du culte d’Aton, le premier monothéisme de l’histoire ? Que va découvrir notre jeune voleuse dans ce Paris à feu et à sang, envahi de Shayks, créatures fantasmagoriques assoiffées de vengeance ?

Dans quelle aventure rocambolesque, le scénariste Stephan Desberg nous emmène-t-il ?

Habituellement cantonné dans la pagination classique d’un album, Stephen Desberg s’en affranchit de belle manière avec les éditions Daniel Maghen, en proposant un diptyque plus étoffé. Celui-ci met en opposition monothéisme et polythéisme au travers de personnages qui possèdent tous de drôles de singularités et chez qui l’intolérance reste un point commun. Avec un récit des plus endiablés, le lecteur vivra au rythme des protagonistes, tous animés de ferveur mais avec des buts fort différents.

Avec un graphisme semi-réaliste et un découpage des plus originaux dont notamment des incrustations de cases sur fond de paysages, Yannick Corboz met remarquablement en valeur ce scénario mystique, et ses couleurs renforcent l’ambiance souvent dramatique.

Un cahier graphique, comme on ne s’en lasse pas chez les éditions Daniel Maghen, montre les esquisses préparatoires des personnages qui peuplent ce premier opus d’une série qui démarre sous de beaux auspices.

LES RIVIERES DU PASSE T1 La voleuse Stéphan DESBERG/Yannick CORBOZ Editions Daniel MAGHEN, 76 pages, 16,00 €

 

Bernard Launois

 

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 23 Février 2021

LA FEE ASSASSINE, c’était inéluctable...

C’est Noël ce soir et cette année, c’est au tour Fanny de recevoir Tania sa sœur jumelle et sa maman, alors que Thibault son compagnon médecin assure une garde. Noël habituellement s’avère une période privilégiée pour se retrouver en famille mais Fanny craint que cette énième confrontation avec sa mère soit encore difficile alors qu’elle n’a pas son compagnon à ses côtés pour l’épauler.

Elle ne le retrouvera qu’au commissariat de Police à l’occasion de sa garde à vue, car visiblement la réunion de famille ne s’est pas déroulée dans les meilleures conditions. Mais qu’a-t-il donc bien pu se passer cette nuit-là pour que Fanny Duroy se retrouve emprisonnée entre quatre murs, dans l’attente de Maître Garelle, son avocat ?

Voilà une histoire bien singulière concoctée par la scénariste Sylvie Roge qui signe là son premier scénario, en narrant les entretiens que son avocat mène avec Fanny pour tenter de comprendre les raisons qui ont poussé la jeune fille à commettre l’irréparable et de construire une ligne de défense. Si le lecteur est plongé rapidement dans une affaire de meurtre, ce n’est qu’au fur et à mesure que la scénariste Sylvie Roge déroule la pelote de l’intrigue, remplie de drames pour un final des plus poignants. Beaucoup d’émotions à la lecture de ce bel album qui touche avec talent à des sujets encore trop rarement abordés,  la complexité de la gémellité mais également des relations familiales compliquées parents-enfants qui laissent souvent pour héritage des traces indélébiles toute une vie.

La sensibilité graphique du dessinateur Olivier Grenson magnifie cette dure et belle histoire avec un dessin hyperréaliste léché, rehaussé par un panel de couleurs pastel en parfaite adéquation avec le récit. De Paris au Touquet, les décors enchanteurs réalisés par le dessinateur contrebalancent les moments pathétiques qui peuplent l’enfance de ces deux jumelles.

Indispensable.

LA FEE ASSASSINE Sylvie ROGE/Olivier GRENSON Editions LE LOMBARD 192 pages, 22,50 €

Bernard Launois

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