Publié le 17 Octobre 2024

L’HÉRITAGE  FOSSILE, en route pour un aller simple

Un vieillard amoindri escorté d’une jeune enfant arpente un terrain des plus hostiles qui pourrait s’apparenter à un désert, balayé par les vents. Ainsi débute le récit qui se situe quelques 20 000 ans après le départ de la navette L’Héritage one pour rejoindre l’exoplanète Geminae. À son bord, quatre astronautes, Ryoko, Chana, Onye et  Reiz leur commandant, un milliardaire philanthrope, sans oublier la myriade d’embryons humains destinés à naitre sur Geminae. Seulement, comment rejoindre cette planète susceptible de pouvoir accueillir des humains après un voyage de 20 000 ans ? La solution réside alors dans l’utilisation de la biostase qui permettra de mettre l’équipage en léthargie avec des réveils tous les 25 ans afin de s’assurer que tout se passe bien dans la navette. Sauf que ce serait trop simple si le voyage se déroulait sans anicroche raconte Reiz, le père de Nova, la jeune enfant qui l’accompagne alors dans ses pérégrinations sur Geminae.

Qu’a-t-il pu se passer pendant tout ce trajet, que sont devenus les compagnons de Reiz ? Des questions que Nova ne pourra s’empêcher de poser…

Si le scénariste Philippe Valette nous a habitués au récit humoristique là, le registre ne s’inscrit pas dans la franche rigolade. Mais ne boudons pas notre plaisir de découvrir un scénario de science-fiction plutôt bien ficelé où la grande aventure promet son lot de surprises avec des retournements de situation et ce, jusqu’au mot fin.

Alors, à l’heure où le secteur privé s’engage à coup de milliards dans la course effrénée de la conquête spatiale pour des raisons assurément mercantiles, Philippe Valette amène le lecteur à s’interroger notamment sur le devenir de telles entreprises. Mais c’est aussi une réflexion sur l’avenir de notre planète et cette soif de découvrir, qui sait, un monde meilleur à des milliers de kms.

Développés et réalisés comme un film, le script comme le dessin donnent la belle impression que l’on va pouvoir prolonger l’aventure sur la toile. Avec une réalisation totalement numérique, le dessinateur Philippe Valette transpose ses personnages dans un paysage en 3D avec des passages hyperréalistes que ce soit dans les tempêtes de sable sur Geminae que dans le vaisseau spatial, rendant le récit encore plus envisageable mais aussi plus terrifiant.

Assurément, un des meilleurs romans graphiques d’anticipation de cette année à dévorer sans plus attendre.

L’HÉRITAGE FOSSILE Philippe VALETTE collection Neopolis Éditions DELCOURT 288 pages, 34,95 €

Bernard LAUNOIS

 

 

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 14 Octobre 2024

QUAI DES BULLES 2024, les 25-26 et 27 octobre, à l’abordage de la 43ème édition !

QUAI DES BULLES 2024, les 25-26 et 27 octobre, à l’abordage de la 43ème édition !

A tous ceux qui désirent voir de belles expositions, rencontrer des auteurs, assister à des conférences et autres concerts dessinés, voir des projections en tout genre, etc… Quai des Bulles, s’avère le meilleur endroit pour profiter de toutes ces opportunités les 25-26 et 27 octobre 2024.

Si l’affiche 2024 du 43ème festival de la bande dessinée et de l’image projetée réalisé par Lisa Mandel tranche avec celle signée par Kerascouet en 2023, elle n’en est pas moins intéressante et remplira assurément son rôle de promotionner l’événement. Souhaitons-lui qu’elle reste dans les annales comme a pu l’être la mouette « boudeuse » de Guillaume Bouzard en 2015 qui avait fait couler pas mal d’encre à sa sortie et qui aura fini par devenir la mascotte de l’association et reprise sous toutes ses formes au fil des années pour le plaisir de bon nombre.

La continuité dans le changement, c’est ce qui caractérise une fois encore le festival Quai des Bulles avec toujours autant d’activités pour petits et grands, un plateau d’auteurs renouvelé, des expositions variées, un pavillon manga qui a connu un fort succès l’année dernière reconduit en 2024, des lieux d’animation avec le Palais du Grand Large, le quai Saint-Malo, le pôle culturel la Grande Passerelle mais également en intra-muros…

Des expositions, elles sont près d’une quinzaine réparties pour 6 d’entre elles au Palais du Grand Large avec notamment, Jim Curious, voyage au cœur de l’océan, Poltron Minet, Tom-Tom, Anna, Nana, Froga… de Bernadette à Anouk, Benjamin Flao, dessiner la nature, Lucas Harari et toujours dans l’ADN de Quai des Bulles, un focus sur les Jeunes Talents à qui l’on a demandé de Réimaginer la mer ; et pour les autres disséminées dans la ville que ce soit au Pôle Culturel avec Yojimbo, le samouraï vagabond, Le Château des étoiles : expédition Vénus à la Tour Bidouane, Los Angeles – Un dessinateur à Hollywood sur le Quai de Terre neuve, Hanbok : habiller l’oubli dans le Hall de la médiathèque, Pôle culturel La Grande Passerelle et Lisa Mandel, Nouvelle observatrice au Jardin de la Légion d'honneur.

Des prix, cette fois encore, avec le grand prix de l’affiche qui remplacera la lauréate de cette année, Lisa Mandel et qui aura la lourde charge de réaliser l’affiche 2025. Les prix du journal Ouest France et ceux de l’ADAGP, Jeunesse prix de la ville de St Malo ainsi que le concours jeunes talents, futurs grands noms de la bande dessinée qui seront exposés durant la manifestation.

Des contes à bulles, au nombre de trois, accessibles à tout public, consacrés aux contes des îles du Pacifique de Céline Ripoll qui sera accompagnée aux percussions par Jean-Jacques Barbette, avec les dessinateurs Alix Garin avec La légende du cocotier et autres contes de Tahiti, Manuele Fior avec Aotearoa, Terre des Maoris (légendes de Nouvelle-Zélande) et Benjamin Flao avec À l’ombre des moai (légendes de l’île de Pâques).

Des auteurs à foison, comme à son habitude puisque pas moins de 800 auteurs seront présents encore à Quai des Bulles et ce, avec tous les genres : bd franco-belge, comics, manga, qui seront répartis sur les 150 stands dénommés cette année, salon du livre.

Pas moins de 25 rencontres s’adressant à bon nombre de publics allant des jeunes au moins jeunes. Ainsi, vous pourrez notamment assister à la masterclass de Lisa Mandel invitée d’honneur 2024, une rencontre avec Sole Otero imaginée par Babelio.com ou encore Quand Tom-Tom et Nana nous inspirent avec Bernadette Després, Anouk Ricard et Laurent Houssin.

Enfin, pour les fondus de la toile, programmation chère à l’association, 13 projections de films sont prévues, allant de DragonBall Super : Broly à Stand by me en passant par Slocum et moi de Jean-François Laguionie, en avant-première.

Encore un programme à ne plus savoir où donner de la tête mais ce qui est sûr, c’est que petits et grands y trouveront assurément leur compte sur un festival programmé, si justement, au milieu des vacances scolaires de la Toussaint.

Bon festival !

Bernard LAUNOIS

 

 

 

 

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Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Divers

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Publié le 13 Octobre 2024

D’ORS ET D’OREILLERS, un conte bien singulier et pas si enfantin

Pour devenir la future épouse de Lord Handerson, rien n’est plus simple que de passer une nuit seule dans son château de Blenkinsop. Mais quel curieux stratagème que de proposer de coucher seule dans un lit perché si haut et à quel dessein ? Toujours est-il que toutes les prétendantes se voient renvoyées dans leurs foyers, sans aucun commentaire car elles ne font pas l’affaire sauf… Sadima, simple femme de ménage qui réussit l’épreuve.

Comment a-t-elle pu réussir ce test quand toutes les jeunes filles de bonne famille ont échoué ?

Mais à peine remise de son succès, voilà qu’elle apprend que cet exercice n’était qu’un hors-d’œuvre et qu’il va lui falloir franchir deux autres étapes pour se faire passer la bague au doigt. Reste à Sadima à poser ses conditions pour tenter les nouvelles épreuves, car elle est attendue pour faire la bonniche et voudrait des assurances d’être reprise par sa patronne à son retour si elle n’était pas retenue.

Voilà un bien singulier conte écrit par la romancière Flore Vesco, intrigant où le fantasmagorique a toute sa place. Alors que l’on s’attend à une histoire bien gentillette, le lecteur va très vite s’apercevoir qu’il n’en est rien et découvrir que les rôles de chacun des protagonistes ne sont pas toujours établis.

Initialement paru aux éditions de l’École des Loisirs, ce roman de littérature jeunesse qui s’adresse plutôt aux adolescents et aux adultes a remporté un fort succès à sa sortie. Il arborait une couverture illustrée par la dessinatrice Mayalen Goust, et l’on se doute que sa lecture avait suscité en elle un intérêt tout particulier au point de le mettre maintenant en image et ce, de quelle manière !

La dessinatrice Mayalen Goust nous a déjà ravis par ses séries Kamarades ou encore La Guerre de Catherine mais cette fois, son dessin casse, avec talent, les codes de la bande dessinée en s’affranchissant des cadres traditionnels, déroutant ainsi le lecteur autant qu’a pu l’être Sadima, l’héroïne du roman dans sa découverte du château et de ses habitants. Quelle sensualité dans ce dessin remarquablement mis en couleurs qui colle parfaitement au récit de Flore Vesco et à n’en point douter, cet opus devrait donner envie de (re)lire le roman.

D’ORS ET D’OREILLERS Flore VASCO/Mayalen GOUST Éditions RUE DE SEVRES 184 pages, 20,00 € 18/09/2024

Bernard LAUNOIS

 

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 10 Octobre 2024

LES ENFANTS DE L’EMPIRE, une adolescence bien singulière

Issues de la noblesse coréenne déchue et heureusement sauvés de la misère et de la déchéance, le jeune Jun Seomoon et sa mère doivent leur salut au riche marchand Monsieur Jo qui décide de les accueillir sous son toit avec sa fille unique Arisa.

Si Jun reçoit par sa mère, une éducation coréenne des plus traditionnelles, on ne peut guère en dire autant pour Arisa, attirée par les cultures japonaises et occidentales. Adulée par son père qui n’a plus qu’Arisa, celui-ci s’avère plutôt permissif tant sur les tenues vestimentaires que sur les fréquentations et le fossé entre Jun et Arisa ne va tarder à se creuser. Difficile de réunir ces deux univers diamétralement opposés, entre une Corée paysanne emprunte de coutume, souvent pauvre et une Corée tournée vers l’avenir, aisée.

Jun se sent redevable auprès du père d’Arisa et développe un sentiment d’infériorité, d’être un « bouseux » comme il le dit et surtout quand il se sent incapable de faire face à Arisa, cette jeune effrontée mais tellement attachante mais plutôt insouciante dans sa manière de vivre.

Après l’excellent Ciel pour conquête l’autrice coréenne Yudori nous gratifie d’une belle romance adolescente, sur fond de l’histoire d’une région qui va basculer dans la modernité.

Avec des dialogues souvent vifs qui témoignent de la fugue de la jeunesse qui les animent, ces deux adolescents que tout sépare mais également que tout rapproche, apparaissent comme chien et chat. Au travers de leur histoire, c’est tout un pan de la Corée où tradition et modernité s’affrontent que l’autrice fait découvrir au lecteur.

Bien mis en images et en couleurs, le trait fin et précis de Yudori sert parfaitement le récit dans le premier opus prometteur de ce diptyque.

LES ENFANTS DE L’EMPIRE YUDORI Hors Collection Éditions DELCOURT 224 pages, 19,99 € 09/10/2024

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 8 Octobre 2024

MITSUO, un émouvant voyage en monde intérieur

Sacha a décidé que sa vie tournerait autour de Mitsuo, sa bande dessinée préférée mais ce choix s’avère incompatible avec une scolarité dite normale. Alors que peuvent faire des parents désemparés lorsqu’on les convoque pour les inciter à mettre Sacha dans un établissement spécialisé car l’Éducation Nationale n’a pas les structures pour le prendre en charge ?

Si Malo, le père de Sacha, semble résolu à l’envoyer dans un établissement spécialisé, il n’en est pas de même pour Emma, sa mère qui refuse de voir son fils abruti par des médicaments et sans perspective d’avenir.

Emma reste convaincue que Sacha a besoin de vivre pleinement dans son univers d’enfant et que la seule planche de salut, serait pour elle de tenter de rentrer dans le monde de son fils pour mieux pouvoir l’en sortir ensuite. Elle décide alors de s’enfuir quelques jours avec Sacha pour vivre une expérience qu’elle espère salutaire pour tous. Elle est hébergée par une grand-mère qui comprend rapidement le désarroi d’Emma alors que Sacha vit dans son monde, et tout le monde joue le jeu pour s’intégrer dans l’univers de Sacha.

Seulement, le retour à la réalité va revenir comme un boomerang, cette absence injustifiée dans l’établissement spécialisé ne tardant à déclencher la machinerie administrative…

Le scénariste Jérôme Hamon aborde avec délicatesse et poésie un thème rarement évoqué en bande dessinée, les TDHA (troubles de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) qui handicapent les enfants atteints par leur impossibilité de rentrer dans le moule d’une scolarité traditionnelle et qui plongent les parents dans la culpabilité et la volonté de faire que leur progéniture puisse être comme leurs petits camarades. C’est aussi un plaidoyer pour qu’enfin, les moyens soient donnés pour que notre système éducatif puisse intégrer ces enfants et accepter qu’il leur faille plus de temps pour s’épanouir au sein de ces structures.

Entre rêves assumés par Sacha et réalité non acceptée par Emma, Jérôme Hamon entraine le lecteur dans leurs mondes jusqu’à que soit dévoilées à la fin du premier tome de ce diptyque les raisons qui expliqueraient son état.

Qui de mieux pour rentrer dans cet univers que le dessinateur de la série jeunesse La boite à musique que Jérôme Gillet, alias Gigé. De l’univers fantasmagorique de Sacha à la triste réalité des parents qui doivent faire face aux troubles de leur enfant, Gigé magnifie le récit avec son dessin alerte, sans parler d’une mise en couleurs chatoyante.

Une belle réussite pour ce premier opus d’un diptyque qui ne devrait laisser personne indifférent.

MITSUO partie 1/2 Jérôme HAMON/GIGÉ Éditions LE LOMBARD 200 pages, 22,50 € 27/09/2024

Bernard LAUNOIS

 

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