Publié le 30 Mai 2024

AUTREVILLE, autres temps, autres mœurs

Et si l’on revenait sur les lieux de son enfance, ne serait-ce que pour goûter à une certaine madeleine de Proust ? C’est ce que décide de faire Stéphane, accompagné de son fidèle ami Luc pour un retour dans le Nord, à Autreville. La ville aura-t-elle changé et les amis qui composaient leur club des cinq, que sont-ils devenus depuis que Stéphane et Luc ont quitté leur région natale pour le Sud ? Ces questions les tarabusquent alors qu’ils apprennent par l’autoradio que des sacs contenant des fragments humains auraient été trouvés dans un village proche d’Autreville.

C’est dans cette ambiance guère sereine que nos deux amis débarquent chez Graziella et Rudy où l’accueil ne semble pas conforme à leurs attentes. Même la légendaire bonne humeur de Luc ne semble pas dérider un climat des plus bizarres sans parler du cinquième larron, le mystérieux Etienne toujours aussi discret sur sa vie et qui les rejoint pour un singulier repas. Que s’est-il passé pour en arriver à une ambiance aussi délétère ? Des rancœurs, de part et d’autre, ne sont-elles pas en train d’éclater au grand jour ?

L’auteur David Thuin aborde avec talent, sur fond de thriller, la difficulté souvent rencontrée de ne pas retrouver les gens comme on les a quittés quelques années plus tôt. Comme si on avait fait un arrêt sur image et que l’on allait réappuyer sur le bouton start pour reprendre le cours de la vie.

On appréciera la manière dont l’auteur tisse sa toile, au fur et à mesure du récit, qui prend de drôles de tournures jusqu’à un final saisissant.

Le parti pris fort réussi, de David Thuin, de mettre en scène des personnages anthropomorphes permet assurément de mieux appréhender ce thriller qui ne devrait laisser le lecteur insensible.

Alors, méfiance, ces gentils animaux apparaissent peut-être plus mignons qu’ils ne le sont véritablement.

AUTREVILLE David THUIN Éditions SARBACANE 112 pages, 22,00 €

Bernard LAUNOIS

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 26 Mai 2024

CANARY, un western inspiré de faits réels qui décoiffe

Âmes sensibles, passez votre chemin ! Si bon nombre de bandes dessinées consacrées au western ont tendance à édulcorer la rudesse de la vie à cette période, le comics Canary ne fait pas partie de ce registre. Ici pas de place pour les bons sentiments ou la prévenance, mais plutôt à l’unique attrait pour la conquête de l’Ouest et ses juteux profits quitte à y perdre son âme.

Canary est une petite ville de l’Utah plutôt quelconque sinon qu’elle se situe à proximité d’un ancien lieu d’extraction d’uranium radioactif qui a fait sa richesse. L’effondrement qui a enseveli de nombreux mineurs va, hélas, tout remettre en question jusqu’à ce que l’espoir renaisse avec la venue d’un géologue de la société minière du Colorado.

Mandaté pour protéger le géologue mais également pour résoudre une série de meurtres, le réputé Marshal William Holt est attendu comme le messie par une frange de la population mais redouté par d’autres qui n’aiment pas qu’un étranger vienne fouiller dans leur vie.

Les enquêtes sont difficiles dans un milieu fermé, avec la suspicion d’une mine hantée depuis son effondrement jusqu’à la réapparition d’un mineur sept ans après l’éboulement qui va plonger la ville dans la stupeur et la terreur.

Une nouvelle fois le scénariste Scott Snyder, réputé pour ses récits plutôt horrifiques, ne fait dans la dentelle avec un scénario où le lecteur n’aura de cesse de tourner les pages après s’être demandé ce qu’il va bien advenir dans la suivante. Rien ne se déroule comme prévu et c’est assurément un des charmes de cette histoire qui aurait été inspirée par des faits réels.

Avec un découpage plutôt classique mais diablement efficace, le dessinateur Dan Panosian plante rapidement le décor d’un monstrueux western. Des gueules plus patibulaires les unes que les autres évoluent dans des décors aux couleurs saturées renforçant le côté oppressant du récit.

Alors, prêts à tenter l’aventure d’un western peu commun ?

CANARY Scott SNYDER/Dan PANOSIAN, éditions DELCOURT COMICS 160 pages, 16,95 €

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 23 Mai 2024

Carnets d’ailleurs n°2, en route pour l’aventure dessinée avec un grand A

A l’occasion de la sortie du deuxième numéro de la revue Carnets d’ailleurs, un petit déjeuner de presse était organisé au Train Bleu par l’équipe du magazine avec la présence de Jacques de Loustal, invité d’honneur de ce numéro.

Illustrations de Christian Cailleaux

Alors pour ceux qui ne connaitraient pas encore cette nouvelle revue, elle a pour vocation de présenter des dessins croqués sur place ou encore simplement esquissés sur le vif et peaufinés en atelier, à l’occasion de périples au bout du monde ou tout simplement au bout de la rue.

Si bon nombre de revues présentent des illustrations et autres dessins souvent accompagnés de photos, le principe de laisser « carte blanche » aux carnettistes n’avait encore jamais été fait. Ici, l’important se résume à faire partager l’émotion qu’a ressentie le dessinateur à l’instant présent pour réaliser le dessin, et l’on peut dire que c’est réussi.

Illustrations de Zac Deloupy

De Christian Cailleaux avec ses travaux préparatoires à la réalisation d’un album à l’occasion d’une résidence d’auteur en Inde, au reportage dessiné sur Saint-Etienne, ville de naissance de Zac Deloupy en passant par les remarquables aquarelles sur Lisbonne d’Émilie Bourel, toutes les sensibilités se dévoilent au gré des pages.

Jacques de Loustal

Comme dans le premier numéro, on retrouvera avec plaisir dans le deuxième un maquettage qui va permettre de découvrir les actualités d’ouvrages dessinés et autres propositions d’expositions, le dossier consacré à l’invité d’honneur agrémenté d’une interview permettant de mieux connaitre ses techniques, des rencontres, des balades et autres échappées… Sans oublier la rubrique Patrimoine permettant de se replonger dans un passé dessiné plus ou moins lointain.

Enfin, il convient de terminer cet article avec Jacques Loustal, l’invité d’honneur, carnettiste de la première heure, qui outre être le talentueux dessinateur que tous connaissent s’avère également être un remarquable conteur, revenant sur ses nombreux voyages quand des revues l’envoyaient aux quatre coins de la planète pour rapporter des croquis qu’il sublime à son retour.

Bonne lecture et qui sait, des vocations vont peut-être se découvrir à l’occasion de ces aventures d’ailleurs.

CARNETS D’AILLEURS N°2 Collectif, Éditions AM PRESSE 172 pages, 17,50 €

Bernard LAUNOIS

Illustration Emilie Bourel

 

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 22 Mai 2024

SEMPER FERI T1, science-fiction ou future réalité ?

C’est assurément la question que l’on peut se poser à la lecture du premier album de la série Semper Feri. Car le sujet traite d’un monde en déliquescence où l’on a passé son temps à détruire la planète pour le profit de quelques-uns, où ces mêmes profiteurs vivent dans l’opulence au mépris de ceux qui ne font que survivre et ne rêvent que de conquêtes spatiales pour s’installer sur d’autres planètes et y reproduire les erreurs accumulées depuis tant d’années.

Hector et Rupert, deux jeunes adolescents qui font partie des mal-nés, ont perdu leurs familles assassinées par des militaires chargés de protéger le pouvoir des riches au sein d’une cité dénommé Meatfake inc., et décident de les venger en s’introduisant dans la cité. Habitués à chasser les rats pour se nourrir, nos deux jeunes compères découvrent un monde tout en couleurs à commencer par la nourriture, loin de leur grisaille quotidienne, où toutes ces tentations sont à portée de main à la seule et unique condition d’avoir des cartes de crédit Meatfake. Dépourvus de ces précieux sésames, les voilà coffrés, prêts à être balancés dans la fosse à recyclage sauf s’ils acceptent de se faire embrigader dans les Space marines, unité de combat pour conquérir de nouvelles planètes.

Pour Hector et Rupert, la situation s’apparente à passer de Charybde en Scylla et que faire alors sinon accepter le deal s’ils veulent pouvoir mener à bien leur vengeance ?

Tous les ingrédients d’une bonne science-fiction sont présents pour transporter le lecteur dans un monde lointain mais qui sait, peut-être pas si loin que ça car si les situations sont poussées à l’extrême, le scénariste Eldiablo distille des éléments et des situations finalement assez analogues à ce que nous sommes en train de vivre. Le rythme de ce premier opus apparait soutenu et l’on se laisse entrainer dans une saga qui a des airs no future.

Remarquablement mis en images par le dessinateur Mathieu Thonon, les personnages évoluent dans un décor des plus futuristes plutôt fouillé. Avec un découpage dynamique qui renforce le rythme imposé par le scénario, ce premier tome s’avère très prometteur. Alors, science-fiction ou future réalité, chaque lecteur se fera sa propre opinion…

SEMPER FERI T1 Space marines ELDIABLO/Mathieu THONON Éditions LE LOMBARD 88 pages, 16,95 €

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 14 Mai 2024

GEN WAR Level 2, jeunisme contre âgisme, demandez le programme !

Depuis que les vieux sont arrivés à interdire le retrait des trottinettes en libre-service, les jeunes ne décolèrent pas et tous les coups sont permis pour que les uns et les autres affirment leur suprématie.

On retrouve, sans déplaisir, tout ce petit monde qui se déteste. Les vieux affublés de toutes les qualités qui s’imposent à leur rang : râleurs, bagarreurs, passéistes, revanchards, couchés comme les poules, accros à la télé de Nagui, c’est dire… La liste s’avère, hélas, loin d’être exhaustive mais les jeunes en ont tout autant à leur palmarès quoique dans un autre genre : sales, fainéants au point de ne pas être opérationnels avant 16 heures, perdus sans leur internet, accros à la malbouffe…. Comment voulez-vous que ces êtres que tout oppose puissent un jour se réconcilier ? Assurément pas dans ce deuxième opus tout aussi hilarant que le premier.

Auréolé du très mérité prix Gotlib 2024 pour Tirez sur mon doigt Monsieur le Président, Mo/CDM fait travailler nos zygomatiques depuis plus d’une trentaine d’années et autant d’albums, et cet opus n’y fait pas exception.

Avec son dessin « gros nez » renforcé par des couleurs souvent criardes, Mo/CDM aime forcer le trait de ses personnages jusqu’à la caricature créant déjà l’hilarité avant même d’avoir lu les dialogues.

Alors, attention, amis neurasthéniques, passez votre chemin, cette bd n’est pas pour vous, à moins que vous arriviez à vous identifier à l’un des groupes protagonistes, jeunes ou vieux.

Enfin, à l’occasion de la sortie de cet opus, voilà que Geek War, publié en 2013 vient d’être réédité sous le titre de GEN WAR level 1. D’aucuns pourraient penser au plagiat, voire une basse manœuvre commerciale pour pouvoir relancer la série. Que les lecteurs se rassurent, cet opus a été entièrement relooké, des dialogues au couleurs en passant par le sens de certaines scènes pour pouvoir mieux coller à cet album.

GEN WAR level 2 Mo/CDM Editions FLUIDE GLACIAL  64 pages, 15,90 €

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 10 Mai 2024

HORIZONS OBLIQUES, à la recherche du temps perdu

Nous sommes en 4044, au fin fond de la galaxie et les parents d’Adley, cartographes, ne sont jamais revenus de leur dernière expédition. Sont-ils morts ? Bon nombre de l’entourage d’Adley en sont intimement persuadés mais pas elle. Il faut dire qu’elle dispose de facultés particulièrement pointues à commencer par un don de télépathie qui lui fait dire que ses parents sont toujours vivants. Les années ont passé et devenue adulte, Adley décide de partir à leur recherche, flanquée de Staden, un robot humanoïde doté d’une intelligence artificielle.

Folie douce, intuition raisonnée, Adley sait au fond d’elle-même que si elle traverse la « passerelle », frontière passée par ses parents quelques années plus tôt, elle ne tardera pas à les retrouver.

Mais pourquoi personne ne semble avoir voulu tenter de les retrouver, que vont découvrir nos deux compagnons, peut-être des êtres et des paysages urbains différents de ceux qu’ils fréquentent ? Les seuls liens de communication qui les maintiennent avec leur civilisation vont-ils tenir ?

Quel univers sorti de l’imagination foisonnante de l’auteur Richard Blake ! Si l’histoire peut paraitre simple au début du récit consistant à partir à la recherche d’êtres chers, elle se complexifie au fur et à mesure, montrant rapidement que cette aventure peut s’écrire avec un grand A.

Concernant le graphisme de cet opus, quand on apprend que c’est le premier album de bande dessinée réalisé par l’auteur, on comprend aisément les raisons de l’engouement du maître des Cités Obscures François Schuiten pour un univers graphique tellement maitrisé digne d’un dessinateur de longue expérience. Les dessins de Richard Blake apparaissent prodigieusement extraordinaires, augmentés par des couleurs envoutantes qui transportent le lecteur dans un univers fantasmagorique dont il ne sortira assurément pas indemne.

Une mention spéciale sera à ajouter au cahier graphique de fin de récit ainsi que l’étonnant entretien entre Richard Blake et François Schuiten.

HORIZONS OBLIQUES Richard BLAKE collection URBAN INDIES Éditions URBAN COMICS, 144 pages, 21,00 €

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 7 Mai 2024

DRACULA L’ordre du dragon, un retour ensorcelant et horrifique du comte Vlad III

Décidément l’œuvre de l’écrivain irlandais Bram Stoker aura marqué les esprits du monde de l’art que ce soit dans le cinéma, le théâtre, la littérature mais également, la bande dessinée. Ce nouvel opus que l’on doit au scénariste Marco Cannavo et au dessinateur Corrado Roi revisite de belle manière le mythe du roman de Dracula.

Alors, âmes sensibles s’abstenir car tous les ingrédients pour hanter les nuits des lecteurs sont omniprésents.

Quelle idée aura eue ce jeune clerc de notaire, Jonathan Harker, de rendre visite à Dracula au fin fond de la Transylvanie pour se retrouver séquestré dans son cachot ? A peine remis de ses émotions, il apprend par Greta, l’épouse répudiée par Dracula, que celui-ci file vers l’Angleterre afin d’épouser Lucy, la fiancée de Jonathan.

Voulant se venger des affres subies, Greta libère aussitôt Jonathan et lui indique le chemin pris par Dracula pour l’arrêter avant qu’il ne soit arrivé à ses fins. Va s’ensuivre une course contre la montre effrénée car Jonathan sait maintenant de la bouche de Greta que Dracula est un vampire et que la vie de sa bien-aimée est en danger.

Avec ce récit haletant, le scénariste Marco Cannavo renoue avec la légende du comte Dracula, prince sanguinaire qui survit au fil des siècles en se nourrissant du sang de ses victimes et en se ressourçant dans la terre meuble de son pays.

Si l’on pensait que le genre avait trop vieilli voire qu’il était éculé, force est de reconnaitre qu’avec cet opus, il n’en est rien.

Des dialogues alertes, des situations rocambolesques, des poursuites incessantes, tous les ingrédients sont là pour le plus grand plaisir des amoureux du genre et quand il est sublimé par le superbe noir et blanc du dessinateur Corrado Roi, on ne peut qu’applaudir des deux mains.

DRACULA L’ordre du dragon Marco CANNAVO/Corrado ROI Editions GLENAT 112 pages, 22,50 €

Bernard LAUNOIS

 

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Publié le 4 Mai 2024

LE FEU ET LA GLACE, un casting de rêve pour un rendez-vous manqué

Ça devait être le fim de la décennie des années 30, tourné sur un paquebot avec, excusez du peu, un plateau rêvé d’actrices et d’acteurs les plus en vue de cette période tels que Louise Brooks, Marlène Dietrich, Adélaïde Hall, ou Charles Vanel sous la direction du réalisateur Georg Wilhelm Pabst. À cette énumération dithyrambique, il faut ajouter que ce film doit être le premier parlant en Europe.

Si la décision de réaliser un script avec pour décors un paquebot ne s’avère guère fortuite, on comprend rapidement que les rencontres et discussions du réalisateur et des scénaristes avec les acteurs ont débouché sur ce choix car Georg Wilhelm Pabst tenait absolument à avoir Louise Brooks quelque peu surbookée dans son agenda alors qu’elle avait déjà son billet de retour pour l’Amérique.

Le scénariste Jean-Luc Cornette immerge le lecteur dans les quelques semaines de folie et d’insouciance qui ont précédé le tournage et les fameux six jours sur le S.S. Homéric pour mettre en boite la pellicule. Au-delà de cette histoire plutôt à classer dans les anecdotes du 7e art, Jean-Luc Cornette a su magnifier cette péripétie en brossant un tableau complètement incroyable d’une période d’entre-deux-guerres mêlant inventivité et insouciance mais aussi préjugés raciaux et guerres d’égo.

Avec un trait semi-réaliste et rétro choisi pour le récit, Jurgen Hermant, qui signe sous le pseudonyme de Jürg, s’adapte parfaitement au scénario, et s’il s’avère toujours aussi difficile de dessiner des huis clos, il a su renouveler les décors et donner le dynamisme qui s’impose à ce genre de récit.

Une mention particulière est à décerner pour le cahier du récit d’un film qui n’a jamais existé, réalisé par Jean-Luc Cornette qui revient, photos à l’appui, sur cette incroyable aventure cinématographique avec les acteurs qui l’ont animée.

LE FEU ET LA GLACE Jean-Luc CORNETTE/JÜRG Éditions FUTUROPOLIS 88 pages, 20,00 €

Bernard LAUNOIS

 

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Rédigé par Bulles de Mantes

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Publié le 1 Mai 2024

OCTOPOLIS, à la recherche du temps perdu

C’est quand un proche disparait que l’on s’aperçoit du vide qu’il laisse. Alors que depuis le décès de sa mère il ya sept ans Mona n’a plus revu son père, un chercheur-paléontologue, elle apprend qu’il a disparu depuis un mois. Bouleversée par cette nouvelle, elle débarque en catastrophe à Paris dans l’appartement de ses parents où elle décide de mener l’enquête pour qui sait, renouer avec lui.

Elle trouve peu d’indices sur place pour commencer les recherches sinon la présence d’un ara bleu effarouché, gardé par la concierge lors des longs déplacements de son aventurier de père. Reste quand même un ordinateur qui va révéler des informations sur ses derniers contacts, ainsi que la présence d’un répertoire dénommé Octopolis, protégé par un mot de passe qu’elle ne tardera pas à craquer pour découvrir un essai sur l’évolution du vivant et sur le comportement et l’intelligence des poulpes.

Bon nombre de questions fusent à commencer par celles-ci : pourquoi cet essai était-il protégé, son père avait-il peur d’un piratage ou que des éléments compromettants correspondant à ses découvertes soient dérobés ?

Du Musée d’histoire naturelle de Paris au centre de formation en plongée sous-marine de l’Estaque en passant par une galerie d’art océanien, Mona tente de rencontrer les derniers contacts de son père et reconstituer son parcours depuis qu’il n’a plus donné signe de vie.

Au travers de la quête d’une jeune femme à la recherche d’un père qu’elle a délaissé, l’auteur Gaétan Nocq tisse un thriller écologique fort documenté et puissant entrainant le lecteur dans les profondeurs abyssales, à la découverte d’un monde en danger, souvent méconnu du grand public.

Passé maître dans l’art du croquis sur le vif, notamment dans la réalisation de bons nombres de carnets de voyage, il s’inspire de cette technique pour réaliser un dessin tout en nuances et tout en couleurs fort approprié au récit, captivant encore mieux son lectorat.

Voilà un remarquable manifeste pour la préservation des grands fonds et espaces naturels protégés ainsi que pour la défense de la faune marine et des coraux, qui va apporter du moulin à la prise de conscience de l’emprise de l’homme sur la nature qu’il ne cesse de détruire.

OCTOPOLIS Gaétan NOCQ Éditions DANIEL MAGHEN 280 pages, 30,00 €

Bernard LAUNOIS

 

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