Publié le 10 Septembre 2014
Alors que Charlotte de Saint Hubert croyait pouvoir bénéficier de la loi dite du "milliard des immigrés" qui lui aurait permis de retrouver une partie de la fortune spoliée de sa famille, elle ne s'attendait pas à retrouver son frère Christian lui barrant la route. Elle le croyait encore dans les geôles anglaises, mais il avait pourtant rejoint Paris, bien décidé à y refaire fortune et faire payer à sa sœur son incarcération dont il est persuadé qu'elle est l’instigatrice. Sans argent, obligée de se prostituer pour subsister, Charlotte a-t-elle encore un avenir dans ce Paris qui ne l'attend pas ? Son frère devient son meilleur ennemi et elle n'aura de cesse de le faire tomber... au risque d'y laisser des plumes !
La haine de Charlotte, déjà exacerbée à la fin du premier album lorsque toutes ses affaires capotent, prend encore une nouvelle dimension dans la confrontation avec son frère et l'on se demande bien comment cela va se terminer. Depuis leur série Dantès, les coscénaristes Pierre Boisserie et Philippe Guillaume sont passés maitres dans l'art de fomenter des vengeances, et cette fois encore ils ont su nous surprendre. On appréciera le rythme endiablé du scénario et ses retournements de situation qui sont légion.
Remarquablement documentée, l'histoire dans l'Histoire n'en est que plus réaliste et les dialogues des personnages qui évoluent dans le Paris du début du 19ème siècle paraissent plus vrais que nature.
Avec ce deuxième opus, le dessinateur Julien Maffre démontre qu'il maitrise parfaitement le récit et l'on se complait à voir évoluer ses personnages, que ce soit dans le Palais Brongniart fraîchement inauguré, ou au fin fond de la campagne Orléanaise. La coloriste Delf n'est pas en reste avec des aplats numériques qui complètent bien le dessin.
Il faut décerner un satisfecit pour le cahier de six pages de fort bon aloi qui clôture l'album, en apportant une touche historique et technique des prémices du milieu bancaire.
Enfin, s'il fallait retenir une phrase de cet album, ce serait assurément celle prononcée par Christian De St Hubert dans un accès de colère : "Le vrai pouvoir est entre les mains de ceux qui ont l'argent", qui nous rappelle que ce triste constat pouvait déjà être fait il y a près de deux siècles et qu'il n'a jamais été tant d'actualité.
LA BANQUE T2 1815-1848 BOISSERIE/GUILLAUME/MAFFRE/DELF Editions DARGAUD 54 pages 13.99 €
Bernard LAUNOIS