WHISKY SAN quand la ténacité finit par payer

Publié le 23 Mars 2024

WHISKY SAN quand la ténacité finit par payer

Concevoir du whisky au pays du soleil levant relève de la gageure et c’est pourtant l’intention de Masataka Takersuru, alors héritier d’une prestigieuse lignée de brasseurs de saké.

Mais d’où vient cet engouement pour une boisson honnie par son père car issue d’un pays étranger qu’il considère comme décadent ? En partie grâce à son grand-père qui lui en a parlé alors qu’il l’avait apprécié quelques années plus tôt, mais surtout après l’avoir goûté en cachette avec le fils d’un futur doctorant écossais venu faire sa thèse sur l’économie portuaire au Japon.

Masataka intègre rapidement la distillerie de saké de son père et ne tarde pas à faire sa fierté car il a développé très rapidement ce que l’on appelle un nez, capable de trouver tous les ingrédients et les saveurs en humant et goûtant les breuvages qu’on lui présente à l’aveugle.

Mais ce talent, il n’a pas l’intention de l’exercer pour la boisson nationale mais plutôt pour le fameux whisky qu’il rêve de produire sur ses terres, au grand dam de son père qui le chasse de chez lui. Dépité mais tout autant déterminé, il décide de faire équipe avec Shinjiro Torij un marchand de vins et spiritueux tokyoïte mais ce dernier, voyant que les qualités du jeune homme risquent de lui porter ombrage, décide de faire cavalier seul. Que faire alors sinon de se lancer seul dans l’aventure en rejoignant l’Ecosse pour apprendre à distiller le breuvage qu’il affectionne tant ? Ne va-t-il pas retrouver sur sa route son ex-associé ?

Les scénaristes Fabien Rodhain et Didier Alcante distillent un récit plutôt intéressant, ne serait-ce que pour faire découvrir ou rappeler que les Écossais n’ont pas l’apanage du meilleur whisky et qu’à force de ténacité mais aussi d’opportunité, on finit par arriver à ses fins. Le scénario s’avère limpide, permettant de suivre pas à pas le cheminement de ce Japonais qui n’a pas hésité à s’intégrer en Ecosse à une période où la démarche était loin d’être commune.

La dessinatrice espagnole Alicia Grande, découverte en France avec son dessin réaliste sur le diptyque Retour de flammes, s’attache avec talent à mettre en image le récit avec des décors fouillés, et le lecteur prendra plaisir à suivre les aventures de ce diable de Japonais tant sur sa terre natale que dans la vieille Europe.

WHISKY SAN Fabien RODHAIN/Didier ALCANTE collection GRANDE ANGLE Éditions BAMBOO 136 pages, 24,90 €

Bernard LAUNOIS

 

Rédigé par Bulles de Mantes

Publié dans #Coup de coeur Bernard LAUNOIS

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