CACHE-CACHE BATON, comme un goût de madeleine de Proust
Publié le 15 Novembre 2022
Vivre dans une communauté dans les années 70 n’est certes pas banal, et lorsqu’on participe à cette expérience dans la petite enfance, cela laisse forcément des souvenirs que l’auteur Emmanuel Lepage s’était juré de raconter un jour.
Mais que reste-t-il aujourd’hui de ces moments passés en groupe, où enfants et adultes ont partagé des bouts de vie ?
Assurément des souvenirs qui sont souvent bien fugaces, et si l’on veut ne pas les perdre complètement, mais aussi les compléter, il ne faut pas tarder à les interroger ceux qui les ont vécus avant qu’ils ne disparaissent. C’est ce qu’Emmanuel Lepage a entrepris ces derniers temps avant de réaliser l’album, en interviewant les protagonistes qui ont répondu à son appel.
S’il ne reste principalement pour l’auteur que de bons souvenirs de ces cinq ans passés en communauté, il apparait que ce ne soit le cas de tout le monde, à commencer par ses parents qui auraient préféré que cette enquête soit réalisée après leur mort. La ténacité de l’auteur permettra d’écouter mais encore plus d’entendre comment tout un chacun a vécu cette expérience, assurément hors du commun eu égard à la période, et d’en retracer une histoire sociale.
Emmanuel Lepage signe là un scénario des plus intimes et on peut se demander si ce retour aux sources ne s’apparente pas, d’une certaine manière, à une certaine forme de thérapie.
Devant une formidable mise en images, le lecteur se prendra au jeu de l’enquête, découvrant alors un univers, un mode de vie assez révolutionnaire lorsque la tendance de l’époque virait plutôt à l’individualisme. On appréciera les aquarelles avec des changements d’ambiance de couleurs, rythmant les différentes périodes du récit, permettant ainsi une belle lisibilité. Voilà une belle pierre à l’édifice du talent d’Emmanuel Lepage qui ne pourra laisser personne indifférent.
A lire et (re)lire instamment !
CACHE-CACHE BATON Emmanuel LEPAGE Éditions FUTUROPOLIS 304 pages, 29,90 €
Bernard LAUNOIS