LA TERRE, LE CIEL, LES CORBEAUX et la furieuse envie de vivre !
Publié le 5 Février 2022
L’énergie du désespoir, c’est assurément ce qui tient trois prisonniers de guerre, Attilio l’Italien, Vanja le geôlier russe et Fucks le soldat allemand, qui par un concours de circonstances se retrouvent à fuguer de la base militaire des îles Solovetskij sur la mer Blanche. Alors que la Seconde Guerre mondiale touche à sa fin, la soif de liberté d’Attilio a pris le dessus et voilà que la réunion des trois hommes, que tout sépare à commencer par la langue, va les contraindre se serrer les coudes pour échapper aux soldats russes lancés à leurs trousses. Alors, comment faire pour s’associer avec un autre prisonnier et un geôlier qui n’ont qu’un but commun, la liberté, lorsque l’on ne se comprend pas, que l’on ne s’aime pas voire que l’on se hait?
Malgré tout, il va leur falloir s’entendre pour ne pas se désunir et aller dans le même sens, pour fuir l’internement et la traque incessante, pour retrouver les leurs quitte à traverser d’innombrables contrées au péril de leur vie.
La neige, le froid, la faim, la fatigue mais aussi la peur au ventre sont le lot journalier des trois hommes qui malgré toutes ces embûches vont avancer….
Quelle histoire ! La scénariste Teresa Radice emporte le lecteur dans une épopée où tour à tour chaque personnage va se révéler, du volubile Italien en passant par le despotique Allemand qui ne s’exprime que par la violence et le Russe, ex-geôlier, qui se demande encore pourquoi il les a suivis. Mais le tour de force ne s’arrête pas là car, bien que les protagonistes s’expriment dans leurs langues maternelles, la compréhension reste aisée et lecteur n’aura de cesse de connaitre le dénouement.
Au récit bien ficelé, fait de temps forts pour le long cheminement mais également de temps plus sereins laissant place aux souvenirs heureux et aux rêves, s’ajoute une remarquable mise en images par de belles aquarelles réalisées par Stefano Turconi.
Après Le Port des marins perdus, Les Filles des marins perdus et Amour minuscule, le duo Radice/Turconi nous étonne encore avec un roman graphique des plus touchants.
LA TERRE, LE CIEL, LES CORBEAUX Teresa RADICE/Stefano TURCONI collection TREIZE ETRANGE Éditions GLENAT, 208 pages 22,50 €
Bernard Launois